-Pourquoi attaches-tu tant
d’importance à faire de la volonté de puissance une donnée culturelle quand
Nietzsche la désignait comme l’essence de la vie ?
A mon tour de ne pas savoir
par ou commencer :
Déjà, Nietzsche peut avoir tort. C’était un artiste et il
exprimait philosophiquement son art qui était imprégné d’idéologie.
Ensuite, de Nietzsche, je n’ai vraiment lu qu’ « Ainsi parlait Zarathoustra » ( j’ai aussi lu « Par delà le
Bien et le Mal » mais c’était il y’a une dizaine d’année, il faudrait que
je le relise ). Il y est évidemment question de volonté de puissance mais c’est
un livre très compliqué, je suis loin d’avoir tout compris et je me demande même
s’il ne faut pas plutôt « sentir » de façon intuitive que de
comprendre de façon rationnelle et construite. Bref , c’est compliqué et c’est à cause de cette complexité que ce livre a été sujet à d’innombrables interprétations
aussi différentes les unes que les autres , c’est peut être le but même
de ce livre de rester toujours neuf, toujours à réinterpréter, quitte à
faire apparaître toutes les interprétations comme autant de contre sens , il n’y
a d’ailleurs aucun édifice théorique.
Et pour finir , ce que j’ai compris de la volonté
de puissance dans ce livre : il ne s’agit pas tant de désir de domination
que du fait de s’arroger le droit de créer des valeurs nouvelles (l’enfant )
mais avant de conquérir cette liberté ( le lion ) une fois qu’on a réalisé qu’on
est un gentil mouton vivant par des codes crées par d’autres ( le chameau).
En toute franchise, je pense même que c’est hors
sujet. Après , je ne sais pas non plus tout ce que Nietzsche
a pu écrire dessus.
-Imaginer les individus
humains comme un livre vierge prêt à être rempli par des données culturelles
est confortable, mais la nature humaine existe et elle est déterminante.
------> La nature humaine existe, c’est une évidence.
L’humain est par exemple un bipède. L’humain est
un animal social.
Je ne suis pas un constructiviste social radical
qui fait de l’humain une page blanche et qui va jusqu’
à nier la notion même de nature. Cette idéologie postule en quelque sorte que
les hommes ne sont que des êtres culturels, la part du biologique dans ce que
nous sommes devant être réduit au maximum. C’est de cette vision qu’est issue
par exemple l’idéologie du genre à laquelle je m’oppose. Mais je ne suis pas
non plus un naturaliste radical qui nierait
les comportements culturels de l’homme.
La nature humaine est déterminante
en sa qualité de nature, c’est indéniable mais l’erreur consiste à considérer
qu’elle détermine totalement les comportements humains.
Ce n’est pas que j’essaie
de sauver ma conception des communautés primitives mais au contraire, ce sont elles
( entre autres ) qui confirment et
illustrent mon constat.
- »je dirai qu’il est nécessaire de
comprendre les cultures humaines dans toutes leurs complexités
et dans toutes leurs déviances afin de ne pas générer un système social naïf,
défaillant mais aussi cyniques."- Oui, je peux l’admettre, mais à la
différence des besoins naturels, les modulations culturelles sont dynamiques et
peuvent être modifiées en cas de besoin (dans une certaine mesure et avec une
certaine progressivité).
------> Voilà,
justement :ce que je dis , c’est qu’il en est ainsi de la volonté de
puissance : elle peut être modifiée selon les circonstances.