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Commentaire de Luniterre

sur Partis et mouvement prolétariens vs révolution prolétarienne


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Luniterre Luniterre 27 octobre 2018 12:10

Selon M. Bibeau :


«  1. (...) Il faut un prolétariat très développé, de hautes technicités et à forte productivité pour diriger une révolution prolétarienne moderne.

2. La révolution prolétarienne ne pourra être menée à terme avant que la totalité des moyens de production et des forces productives, que le mode de production capitaliste est capable de valoriser, ait été engagée dans le procès de production. Marx soulignait qu’un mode de production ne disparaît « jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’il est assez large pour contenir ». De nos jours, le système capitaliste a-t-il atteint ce point de rupture sans retour (?) voilà une des questions importantes que les organisations révolutionnaires prolétariennes devraient examiner. 

3. Pendant les périodes de croissance puis de stagnation du mode de production, la lutte de classe dans l’instance économique est dominante et déterminante. Ce n’est que pendant les phases insurrectionnelles populaires, puis révolutionnaires prolétariennes que la lutte dans les instances idéologique et politique devient déterminante. Alors, la classe révolutionnaire saisit son sort, et celui de toute l’humanité, entre ses mains et oriente son destin en construisant le nouveau mode de production émergeant de l’ancien.  »


*****************


De ces trois points ressort une conception à la fois totalement mécaniste et spontanéiste de la lutte de classe. Mais surtout, mécaniste, tout comme sa « lecture » de Marx, du reste.


De fait, elle contient, en outre, sa propre négation.


«  Un prolétariat développé » et « à forte productivité », c’est par définition un moment transitoire vers la régression du prolétariat face à la robotisation.



https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/01/03/la-societe-de-larnaque-un-theme-de-reflexion-pour-2018/


(Voir le débat en lien)


C’est la phase actuelle de l’évolution du capitalisme. Le prolétariat industriel continue de se développer dans les pays émergents, mais dès qu’un bon niveau de productivité y est atteint, le mouvement de régression de la classe prolétarienne face à la robotisation s’y amorce déjà.


Globalement, la « prolétarisation » de la société capitaliste, au sens de développement du prolétariat industriel, a probablement déjà atteint son apogée, et commence, de fait, à régresser.


https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/09/08/social-chauvinisme-et-gauchisme-2-voies-actuelles-de-kollaboration-de-classe-avec-limperialisme/


(Voir les diagrammes en fin d’article)


Ce que Marx explique, dans le passage cité (point 2), c’est simplement le remplacement d’un mode de production obsolète par un autre, plus performant et plus adapté, et non pas nécessairement la condition d’une révolution prolétarienne.


Le mode de production esclavagiste antique a disparu sans que les révoltes d’esclaves y aient joué un rôle déterminant, en fin de compte. Elles n’en étaient pas moins l’expression de la lutte de classe à cette époque. Mais la féodalité a finalement imposé son propre mode de production sans l’appui de la classe des esclaves.


Il n’y a donc pas de relation mécanique incontournable dans les transformations sociales, et une nouvelle classe dominante peut se former, même à partir des débris de l’ancienne, et transformer le système d’exploitation sans laisser sa chance à la classe des exploités.



Dans son point 8, M. Bibeau nous précise :


«  C’est l’exploitation via le procès de valorisation du capital qui produit la classe des esclaves salariés prolétarisés (producteurs de plus-value) »


confirmant par là qu’il ne voit d’issue révolutionnaire à la lutte de classe que par le prolétariat industriel et lui seul, ce qu’il nous a déjà assené à maintes reprises.


Il y aurait donc, selon lui, un processus incontournable qui se développerait avec les forces productives, et passant de la lutte «  économique » à l’ « insurrection populaire » et enfin à la «  révolution prolétarienne ». Thèse on ne peut plus spontanéiste et mécaniste, à la fois, et finalement, en réalité, complètement déconnectée de l’évolution actuelle du système.



On ne perdra donc pas de temps à discuter les autres points, et notamment celui de l’organisation révolutionnaire, parti ou non, ni même de son programme, choses tout à fait inutiles, effectivement, dans ce processus imaginaire.


Luniterre




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