Huit
jeunes, dont trois mineurs, ont écopé de peines de un à sept ans pour
avoir commis des actes racistes et violents contre des immigrés, des
homosexuels et des juifs religieux.
L’un d’eux est le petit-fils de rescapés de la
Shoah. Dimanche, huit jeunes tous originaires de l’ex-URSS ont été
condamnés par le tribunal de district de Tel-Aviv à des peines de un an à
sept ans de prison ferme pour « activité néo-nazie » en Israël.
Les
membres de ce groupe, qui ont plaidé coupable, étaient jugés pour une
série de délits racistes et des actes de violences commis entre 2005 et
2007. Leurs victimes, qui se compteraient par douzaines, étaient des
travailleurs immigrés d’origine asiatique, des drogués, des SDF, des
homosexuels, mais aussi des juifs ultra-orthodoxes.
Le groupe,
qui se faisait appeler « Patrouille 36 » et avait pour emblème un crâne, a
également été reconnu coupable d’avoir projeté d’agresser des groupes
punk à l’aide d’explosifs et d’avoir profané la synagogue Petah Tikva,
dans la banlieue de Tel-Aviv, en dessinant des croix gammées sur ses
murs.
Le chef du gang Eli Bunyatov, qui se faisait appeler « Ely
le Nazi », a écopé de sept ans de prison. Il a été notamment reconnu
coupable d’avoir commémoré l’anniversaire d’Adolf Hitler au cours d’une
cérémonie durant laquelle les membres de son groupe ont prêté le serment
de défendre la « race blanche jusqu’à la dernière goutte de leur sang ».
L’autre leader du groupe, Dima Bugativ, un membre de l’armée, n’était
pas présent au procès, ayant réussi à fuir Israël depuis son
arrestation.
Il s’agit d’un « phénomène grave, choquant et
horrible qui nous rappelle les événements les plus sombres de la Nuit de
Cristal (pendant cette nuit de 1938, les nazis s’étaient livrés à des
pogromes anti-juifs à travers toute l’Allemagne, NDLR). Le fait qu’ils
aient été juifs venant de l’ex-Union soviétique et qu’ils aient
sympathisé avec des éléments croyant dans des théories racistes est
terrible », a estimé le juge Tsvi Gurkinkel, dans ses attendus.
Pas juifs d’un point de vue religieux
Lorsque
ces jeunes hommes ont été arrêtés en août 2007, des photographies les
montrant en train de faire le salut nazi et portant des insignes
nationaux-socialistes ont été retrouvés en leur possession. L’enquête a
montré que les membres du groupe âgés à l’époque de 16 à 21 ans, avaient
des liens avec d’autres groupes néo-nazis, notamment en Russie.
Lors
de perquisitions, des uniformes nazis, des portraits d’Hitler, un
pistolet et des explosifs ont été retrouvés. Dans une cassette filmée,
on voit les condamnés contraindre un drogué juif à se mettre à genoux et
à demander « pardon au peuple russe pour être juif et drogué ». Des
documents trouvés sur leurs ordinateurs ont permis de découvrir qu’ils
prévoyaient également de célébrer l’anniversaire d’Adolf Hitler au
mémorial de Yad Vashem, dédié aux victimes de la Shoah.
« Certains
des membres de leur famille sont juifs, mais aucun d’entre eux n’est
considéré comme juif d’un point de vue religieux », avait affirmé l’an
dernier la commissaire Révital Almog, qui a mené l’enquête, en référence
au fait que la judaïté ne se transmet que par la mère. Ils étaient
arrivés en Israël à la faveur de la « loi du retour », qui permet à tout
juif d’immigrer en Israël et souffraient, selon leur dossier, de
difficultés d’intégration au sein de l’Etat hébreu.
Dans le cas
des résidents des pays de l’ex-URSS, cette possibilité a été étendue aux
conjoints non-juifs et à ceux dont un des grands-parents était juif.
Pour les religieux, seuls ceux nés d’une mère juive ou convertis par des
ultra-orthodoxes sont considérés comme juifs.
Sur près de 1,2 million d’immigrants venant de l’ex-URSS depuis le début des années 1990, plus de 300.000 n’étaient pas juifs.