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Commentaire de Christophe Claudel

sur Zemmour Président : l'esprit du taon


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Christophe Claudel Christophe Claudel 14 février 2021 21:31

@Octave Lebel : A vrai dire la question de savoir si Zemmour a une excellente culture, une bonne culture ou juste une culture est sans intérêt. Tout étant relatif, vu le niveau désastreux du PAF et encore plus de la basse-cour politique, tout homme un tant soit peu cultivé est à lui seul la Bibliothèque nationale à côté d’un Hanouna ou d’un élu LREM.

La question c’est de savoir de quelle culture on parle et à quoi elle sert.

Zemmour est un représentant et un produit de ce qu’on appelle la culture classique. Comme Finkielkraut et bien d’autres avant eux, vestiges du monde d’avant aujourd’hui oubliés. Une culture ringardisée par une autre qui se veut plus actuelle, plus accessible, plus cash, mais aussi mondiale ou métissée, superficielle et tape-à-l’œil, sans racines : celle du zapping où tout est équivalent à tout et réciproquement.

Une anticulture en somme, puisque la culture sert précisément à inscrire la conscience individuelle et collective dans une horizontalité (l’étendue des formes, des idées et des domaines qu’elle embrasse), et une verticalité (les modèles et les valeurs qui découlent du dialogue structurant des discours qu’elle produit). Or aujourd’hui les discours ne dialoguent plus : peut-on d’ailleurs parler de discours quand ils ne se résument plus qu’à des affects vagissants ?... Ils s’imposent par le rapport de force, la culpabilisation et la négation de l’autre. Ils s’opposent dans une cacophonie anarchique, chacun pour soi et Dieu pour personne. Ou ils se superposent dans un relativisme béat.

La culture classique est ce qui a fait la France que chérit Zemmour. Elle était autrefois un privilège de classe, celui des aristocrates raffinés et des princes mécènes des artistes et des hommes et lettres. De quelques clercs chargés de lui donner une légitimité spirituelle et une rectitude morale. Et de quelques bourgeois de robe éclairés.

Il ne s’agit pas de ranimer la querelle des classiques et les modernes. Mais aujourd’hui les « modernes », ou plutôt les « branchés », sont ceux qui promeuvent une culture faussement « populaire ». En réalité une culture commerciale destinée à vendre des produits en série conçus par des multinationales du secteur de l’édition, du multimédia et des loisirs, à des abrutis sans aucune conscience de qui ils sont, pour leur donner des sensations, l’illusion d’être quelqu’un, et un vernis tendance.

 

Tous cela n’a absolument rien de populaire. Et relève au contraire d’un mépris total du peuple, qu’on enferme dans une caricature vulgaire. Tout au plus cela flatte le narcissisme de la plèbe, en lui tendant un miroir déformant pour lui faire croire qu’une verrue sur le nez serait un diamant sur une couronne. Et exciter les cons à piailler sur le mode « C’est mon choix ». Pour mieux les diviser et les occuper à se jalouser et pavaner comme des précieuses ridicules.

Mais cette volonté systématique d’abolir la culture classique, de la ringardiser, de la moquer, d’assimiler ses derniers représentants à des nazis, et de lui substituer le nihilisme culturel consumériste et normatif le plus abêtissant, n’est pas comme on le croit souvent la résultante d’une « décadence ». C’est un projet délibéré : un génocide, un meurtre de masse et de l’esprit. 

Pour quoi faire ? Pour détruire les cultures singulières, nationales notamment, les modèles d’identification et les valeurs qu’elles véhiculent, et faire place au Nouvel Ordre Mondial. Pour permettre à la dictature qui vient, la plus radicale et sophistiquée qui ait jamais existé, de prendre le pouvoir sur des consciences vidées de toute substance et de liant collectif. Et de s’imposer sur un champ de ruine intellectuel, culturel et spirituel, où tous les modèles de pensée, de savoir, d’action, de relation, d’information et de communication auront été broyés et normalisés.

 

Avec cette fausse "culture mondiale" qui est tout sauf un authentique cosmopolitisme, et rien de plus qu’une interdiction radicale de faire dialoguer les cultures en leur permettant de se féconder, et donc d’évoluer et éveillant les consciences. Ce qu’elles ont toujours fait depuis que l’humanité existe. Au mieux c’est la concurrence mimétique de la connerie métissée, au pire c’est le non-être et le Néant.

D’où le fait que les savoir enseignés dans les écoles, les lycées, les universités et les grandes écoles sont totalement uniformisés, vidés de ce qu’on appelait autrefois les humanités, c’est-à-dire ce qui permettait de fabriquer l’honnête homme au 17e siècle, et le citoyen au 19e ou 20e siècle : un être libre, capable de raisonner, de mettre en perspectives différents points de vue, de les articuler et d’élaborer une pensée libre, originale, individuelle, féconde, ouverte et respectueuse des autres.

Au lieu de cela on fabrique à la chaîner des robots qui feront des bons ouvriers spécialisés, de bons informaticiens pour faire tourner les machines, de bons cadres pour diriger les entreprises vers la rentabilité et le profit, de bons fonctionnaires et de bons politiques, obéissants et baratineurs comme Macron, qui appliqueront à la lettre l’agenda dicté par leurs maîtres. Et une cohorte d’abrutis qui se contenteront de dépenser leurs allocs ou leur revenu universel en avalant des films débiles, en se projetant dans des jeux débiles, en bouffant de la merde et gobant des pilules du bonheur pour oublier qu’ils sont des larves dont la Matrice n’a plus besoin.

Zemmour a 1000 fois raison de se révolter contre un tel massacre. Qu’il ressent plus intuitivement que par aversion légitime pour la beauferie triomphante, lui qui doit tout à la France des beaux esprits et à la culture classique.

Et je doute qu’aucun politique providentiel ne vienne changer la donne. Ce qu’il faut ce n’est pas une révolution ni une insurrection, mais un grand Réveil.


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