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Neos 28 septembre 2007 12:06

Bonjour, un bon article qui met exergue les sempiternelles prouesses britanniques pour boter en touche sans (trop) égratigner la verve européenne de ses partenaires historiques de l’UE.

Pour avoir eu le plaisir de vivre d’assez près les batailles de couloirs sur le lancement des négociations d’adhésion à la Turquie et à la Croatie, ainsi que celles qui portaient sur le paquet des perspectives financières (qui déboucha à un accord sous la présidence britannique en décembre 2005), j’ai observé avec un sourire la technique bien britannique d’être particulièrement enthousiaste sur les dossiers très ambitieux qui nécessitent de gros efforts (parfois déraisonnables) d’intégration économique ou politique, en espérant en leur for intérieur que cette ambition se désagrège face à l’obstacle de l’enjeu, en quelque sorte « noyer l’ambition d’intégration dans un trop plein d’intégration ».

Je donne un exemple : si l’objectif unanimement affiché par les 27 est d’obtenir un accord sur l’élargissement à l’Etat X, le UK, très enthousiaste, fera montre d’une grande ambition européenne en soumettant l’idée de l’élargissement à ce pays, mais aussi à cet autre candidat, avec l’espoir que cette idée bloque le processus initial (certains Etats y voyant une décision trop ambitieuse et déraisonnable) voire en espérant que cet élargissement trop large n’handicape l’UE dans son ensemble en l’empêchant de digérer convenablement un énième élargissement. Au moins pendant plusieurs années.

Je reviens par ailleurs sur le projet de traité établissant une Constitution pour l’Europe. En 2004, le Premier ministre Blair a signé le texte à Rome. Je fus étonné de cet effort car le texte contrevenait brillament aux ’lignes rouges’ et à l’identité nationale britanniques dont fait mention l’article en son sein à propos du projet de traité modificatif adopté à Bruxelles en juin 2007. Comment en effet le UK pourrait il supporter la ratification d’un traité aux vertus « constitutionnelles » ?? Impensable dans un pays de coutume tel que celui ci. Je pense que la stratégie de Blair fut encore une fois de ne pas froisser ses partenaires enthousiastes, de faire preuve d’une fantastique volonté politique vis à vis du continent européen... et de voir si (..) les Etats membres qui se prononcent avant le UK sur le texte ne le repoussent pas d’abord. Qu’y a-t-il de plus confortable en effet que de ne pas vouloir un texte, et de regarder les autres le repousser à notre place ? Faite le travail à ma place, je ne serai pas responsable - mais qu’est ce que cela m’arrange !

Oui, la question de la place du UK dans l’UE est posée. Plus que jamais. C’est la raison pour laquelle il est désormais indispensable de doter l’UE d’une procédure de retrait au sein des traités. Et même s’il y a fort à parier le gouvernement britannique (ainsi que la plupart des financiers britanniques s’y opposeraient sans réserve) refuserait d’envisager un retrait de l’UE, cela offrirait aux Etats europhiles un argument de poids pour faire pression sur l’ile afin qu’elle cesse d’enrhumer le continent avec ses ambitions vicieuses et joue le jeu lors des grands événements d’un Etat responsable capable de dire ’non’ à des mesures qui lui contreviennent plutôt que de recourir une fois encore à cette politique hypocrite qui n’est pas sans rappeler la terminologie de droit privé de « l’homicide volontaire ». A vouloir avancer tout le temps trop loin trop vite, on prend le risque de sanctionner l’UE dans son ensemble qui devra encaisser les ambitions déraisonnables des eurosceptiques dissimulés sous leurs costumes d’occasion de « fantastiques euro-enthousiastes ».

Ce qui me fait dire en guise de conclusion à mon intervention : Etats membres de l’UE, soyez optimistes, soyez déterminés. Mais cessez d’être téméraires lorsque certains d’entre vous sortent un trop plein d’As de leurs poches et font miroiter des perspectives chimériques, voire s’offrent des privilèges d’un autre âge, que l’on ne peut se permettre de valider ou d’assimiler.

A ces Etats, je pense qu’il est temps de dire : Non. Vous avez signé un traité, vous êtes dans le bateau, vous pagayez comme les autres.


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