Je
souhaite poser ici , à propos de Rimbaud quelques phrases de
la Lettre d’Arthur Rimbaud à Paul Demeny, dite lettre du
« voyant » qui introduit le « je est un autre »
Extraits
Je
dis qu’il faut être voyant, se faire voyant...
Et
aussi
Le
Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement
de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de
folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons,
pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a
besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient
entre tous le grand malade ...— Car il arrive à l’inconnu !
Le
« je »du poète n’est pas le « moi » . Il prête
voix à ce qui d’ordinaire est silencieux : les désirs , les
aspirations, les rêves et étend les domaines du possible .
Ecrire
de la poésie, c’est travailler sur le langage , le poète se sert de
l’ensemble des potentialités d’une langue dans le rapport au sens de
ce qu’il souhaite dire ou signifier ...au travers d’images ,de
correspondances , de pensées saugrenues, voire surprenantes .
Aube,
Les illuminations
J’ai
embrassé l’aube d’été ...
En
haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée
avec ses voiles amassés et j’ai senti un peu son immense
corps.L’aube et l’enfant
tombèrent au bas du bois.
Au
réveil il était midi.