Passer de la misère à une pauvreté soutenable
Une longue analyse dans Mediapart aujourd’hui. Extrait :
"Bolsa Familia, littéralement « Bourse
Famille », c’est l’allocation créée par le gouvernement à partir de
2004, destinée aux foyers les plus pauvres (moins de 60 euros de revenu mensuel
par tête). Pour y avoir droit, les familles s’engagent à ce que leurs enfants
ne manquent pas l’école, et que leur vaccination soit à jour. Depuis qu’elle a
sa petite carte jaune, Adriana reçoit tous les mois 72 euros. « Ce n’est pas énorme, mais j’ai récupéré mes
enfants, et avec cela, je peux leur acheter une paire de tongs, et de quoi
manger. Quand j’avais leur âge, je n’avais rien de tout cela »,
dit-elle, en montrant ses benjamines, deux jumelles chaussées de tongs
fluorescentes.
Comme Adriana, près de 13 millions de foyers de Brésiliens reçoivent
aujourd’hui la Bolsa Familia, considérée par la Banque mondiale comme le plus important transfert de revenus du
monde. Les municipalités, qui en ont la gestion, ont pour consigne de favoriser
l’octroi de l’allocation aux femmes. « Soit
elles sont seules avec leurs enfants, nés de plusieurs pères, soit le mari est
là, mais sa préoccupation première n’est pas l’alimentation des enfants »,
explique Davi Antunes, le coordinateur du programme à Niteroi, en référence
pudique aux allocations « bues » dans le bar du coin.
Dans les
municipalités les plus pauvres, l’allocation a un impact multiplicateur :
le
petit commerce est revitalisé par l’émergence d’une myriade de
micro-consommateurs, freinant l’exode rural à la campagne, et
revitalisant les
favelas. « C’est d’une efficacité
redoutable, et tout cela, pour un coût ridicule : moins de 0,5% du
PIB ! », précise Marcelo Neri, économiste de la Fondation Getulio Vargas, à Rio de
Janeiro...."