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asterix asterix 4 avril 2011 15:05

Cher auteur,
Chers autistes,
Chers parents d’autistes,

Mon fils cadet a 35 ans, il est autiste. A raison de 4 garçons pour 1.000, chiffre dont je dispose, ce n’est pas que je suis ou ne suis pas d’accord avec l’auteur. Je vous livre simplement un témoignage qui reste encore gravé au fer rouge 28 ans après un diagnostic tombé comme un couperet :
- votre fils est autiste
- c’est quoi ça ?
Je voyais bien que cela tournait mal avant, que Nicolas ne se comportait pas comme les autres gosses de son âge mais je n’imaginais pas, ne savais rien, n’avais plus personne à qui me raccrocher, plus aucune relation humaine normale avec personne, la volonté farouche de le « guérir » de tout faire pour l’en sortir.
Et c’est alors que la médecine m’a assassiné, a assassiné sa mère, assassiné notre couple. 28 ans, vous ai-je écrit : à l’époque, la doctrine en vogue prétendait qu’un enfant développait cette maladie parce qu’il n’avait pas été aimé, désiré par sa mère et, réflexe de défense, se retirait dans son monde.
Imaginez comment un couple peut résister à cela ?
Quelques années plus tard, coucou ; toujours la même médecine nous dit : eureka, on a trouvé, la maman n’y est pour rien, c’est la partie 7 du cervelet qui lui manque, la faculté de globalisation.
Pas un mot d’excuse, de compréhension. Rien ! Une condamnation à vie pour n’avoir rien fait, sinon tiré le mauvais numéro.
Entre-temps, le mal était fait, nous nous sommes séparés. Elle a mené sa vie, moi pas et il m’a fallu 7 ans pour en sortir. 7 ans d’incompréhension ( t’as vu ce vieux pédé qui se promène main dans la main avec un gamin ? - oui, on t’aime bien Asterix, mais.... - espèce de père indigne, ne vois-tu pas qu’il se masturbe en public ? Des gens comme cela, on les élimine... et j’en passe, j’en passe ) 7 ans de came dans lequel se plongea mon autre fils parce que je ne me suis pas occupé, moins à vrai dire de lui que de son frère. 7 ans de galère où j’ai perdu mon travail, toute volonté de vivre. 7 ans d’injures, tout au plus de compassion. 7 ans d’exclusion familiale. 7 ans de nerfs à vif, d’épuisement mental, de volonté de casser un mur de béton à mains nues, d’impossibilité de faire face. Seule une thérapie m’a permis d’en sortir du jour où j’ai compris que je devais mener ma vie, que je n’étais responsable de rien.
Je dis toujours que Nicolas m’a appris une chose : devenir bon, défendre le plus faible. Il a aujourd’hui 35 ans, presque 36 et se trouve en institution, la meilleure institution de Belgique où il a enfin été admis après 17 ans d’attente. DIX SEPT ANS !!! Il y finira sa vie et sa mère et moi, qui nous nous sommes vaguement réconciliés depuis, avons enfin pu avoir les mêmes droits que les autres.
Je songe tout particulièrement aux parents qui n’ont pas reçu la possibilité qui nous a été offerte, au calvaire quotidien qui est le leur, à cette lancinante question : que se passera-t-il après, quand nous ne serons plus là ?

Cher auteur, j’ai du respect pour votre étude. Je n’y crois pas, pas plus qu’à d’autres. L’augmentation des cas que vous manifestez m’interpelle, c’est tout.
Me reste à stigmatiser, parce que c’est vrai, les pouvoirs publics qui n’ont jamais ou si peu aidé les parents en créant des structures adaptées pour les autistes adultes car ils ont le droit à une vie adaptée. Mais non, il faut du fric pour la présidence, les politiques, nos représentants, le gaspillage, les banques, les bombes en Libye et que sais-je encore.
Mais rien pour les autistes, eux ne votent pas.

 


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