« Protéger ceux qui nous protègent »... Brigade des Loups ou Police républicaine ?
Quand un pouvoir devient illégitime, il a tendance à vouloir transformer sa police en milice.
« L'exaspération croissait, une exaspération de peuple calme, un murmure grondant d'orage, sans violences de gestes, terrible au-dessus de cette masse lourde. »
E. Zola, Germinal (1885), III, IV
« Protéger ceux qui nous protègent ». Tel est l’objectif affiché par les promoteurs de l’article 24 de la proposition de loi « pour une sécurité globale », qui a été adoptée avec enthousiasme à l’Assemblée nationale le 24 novembre 2020.cf. Texte : https://www.vie-publique.fr/loi/277157-loi-de-securite-globale-police
Mais, au-delà des discours et de cette mesure qui vise à limiter la diffusion d’images des forces de l’ordre, beaucoup plus qu’attenter à la liberté d’informer - celle des journalistes, et plus généralement celle de tout citoyen -, ne s’agit-il pas plutôt et surtout de la protection et de l’intégrité-même des citoyens face aux sérieux dérapages de la police républicaine qui est en jeu ? En attendant les dérapages probables sinon certains de cette chaîne de délégation du pouvoir régalien aux polices municipales et aux sociétés de sécurité privée.
Assurément, comme le montre ce billet qui traite ici de l'agression caractérisée d'un citoyen par la Police Nationale, in vivo.
M.Jean Castex, Premier ministre, s’est récemment engagé, comme on le sait, sans doute pour gagner du temps et allumer un contre-feu, à soumettre l’article 24 de la loi « sécurité globale » à l’examen du Conseil constitutionnel.
Le Premier ministre a en effet tenté de rassurer les opposants au texte sanctionnant toute diffusion malveillante d’images de forces de l’ordre. Les opposants à cette mesure ont quant à eux appelé à poursuivre la mobilisation.
Le déferlement d’images prises lundi 23 novembre 2020 au soir à Paris et montrant des forces de l’ordre en train de procéder fermement à l'évacuation d’un camp d'immigrés clandestins et donc illégaux, rassemblés avec 400 tentes de manière subreptice par une association place de la République, à Paris, a une nouvelle fois poussé M. Castex à monter au créneau.
« Il n’est pas question d’empêcher quiconque de filmer ou de diffuser des images permettant d’éclairer un fait ou un événement à caractère public, a-t-il déclaré devant les députés, mardi 24 novembre, à l’ouverture des débats sur la proposition de loi sur la “sécurité globale”. Ce n’est pas ça, l’article 24. Et d’ailleurs, je l’expliquerai aux syndicats de journalistes et aux représentants de la presse que je recevrai cette semaine. »
Autre geste destiné à donner des gages aux contestataires : le chef du gouvernement a annoncé qu’il saisirait lui-même, « à l’issue du processus législatif », le Conseil constitutionnel, sans attendre que l’opposition lui coupe l’herbe sous le pied. Ce texte passera-t-il l’examen des juges constitutionnels ? Et sur quels critères se prononceront-ils ? « Une disposition doit être proportionnée à son objectif, rappelle d’abord Bertrand Mathieu, ex-professeur de droit constitutionnel, aujourd’hui membre du Conseil d’Etat. Cet objectif, qui est de protéger les policiers, relève bien de l’intérêt général, mais il faut que cela porte le moins possible atteinte à la liberté de la presse. La difficulté, ici, est d’évaluer si le curseur est bien placé. »
I-Effectivement, tout réside dans l’évaluation et l’interprétation du Droit dont chacun connaît la flexibilité selon la position dudit "curseur".
Ainsi, selon le juriste et docteur en droit Dominique Rousseau, cet article 24 – qui prévoit de pénaliser la diffusion d’images susceptibles de « porter manifestement atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’un policier ou d’un gendarme » – pourrait, en l’état, « être censuré, car il porte incontestablement atteinte à l’article 11 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui considère que la liberté d’informer est l’un des droits les plus précieux de l’homme ». Aux yeux du juriste, les précisions apportées au texte en vue de le rendre plus acceptable – notamment celle qui insiste sur la volonté « manifestement » malveillante – ne sont pas suffisantes, et laissent « trop de marge à l’appréciation des juges et de la police ».
Polices municipales, sécurité privée… la proposition de loi qui prolonge un rapport parlementaire sur le continuum de sécurité. a surtout rapidement pris un tour polémique en raison d’une série de mesures sécuritaires pilotées par le ministère de l’intérieur autour de la « guerre des images » censées viser les forces de l’ordre.
Si des dispositions sur les caméras-piétons ou l’utilisation des drones ont suscité l’inquiétude d’associations citoyennes ou de militants de gauche, c’est finalement et surtout ce fameux article 24 du texte qui a principalement cristallisé passions et antagonismes.
Avec raison.
Car pour « protéger ceux qui nous protègent », jetés « en pâture sur les réseaux sociaux », la majorité a décidé de pénaliser d’un an de prison et de 45 000 € d’amende la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » de membres des forces de l’ordre en intervention, quand elle porte « atteinte » à leur « intégrité physique ou psychique ».
« Je ne doute pas que les débats parlementaires qui vont encore se poursuivre permettront de l’améliorer davantage et de clarifier ce qui mérite encore de l’être pour que ne subsiste aucun doute sur notre ferme intention d’assurer l’indispensable protection de nos forces de sécurité dans l’entier respect de nos libertés démocratiques et de l’Etat de droit », a ajouté le chef du gouvernement, renvoyant les critiques à des « procès d’intention ».
Parlons-en, effectivement.
II- A la question que le Public pourrait alors se poser avec beaucoup d'acuité, en ouvrant de grands yeux interrogatifs pour savoir ce qu’il en sera lorsque des éléments incontrôlés revêtus ou non des insignes et des uniformes de la Police Nationale portent et porteront volontairement atteinte, de manière violente, brutale, manifeste et incontestable, à l’intégrité physique et/ou psychique d’un citoyen, voici la réponse en un fait divers dont on se félicitera qu’il ait été filmé par des caméras (vidéosurveillance privée, en l’occurrence) et par le public, attiré par les clameurs entourant durant plusieurs minutes la perpétration d’infractions d'une violence bestiale filmées à leur insu et commises en direct par la Police nationale.
III- Les faits sont très simples, qui mettent en cause les agissements d'une véritable Brigade des Loups
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé jeudi 26 novembre 2020 la suspension de plusieurs policiers visés par une enquête du parquet de Paris pour "violences" et "faux en écriture publique" après le tabassage d'un producteur de musique samedi dernier à Paris et dont la vidéo a été - fort heureusement -, diffusée sur les réseaux sociaux.
Trois officiers de police ont ainsi été suspendus par le directeur de la police nationale.
Cette affaire intervient en pleine polémique sur un projet de loi qui encadre la diffusion des images des forces de l'ordre en opération et après l'évacuation musclée, lundi dernier, d'un camp de migrants illégaux au cœur de la capitale, place de la République.
Les images publiées jeudi par le site Loopsider montrent ainsi un homme dénommé "Michel" qui subit une volée de coups assénés par des policiers alors qu'il se trouve à l'entrée de son studio de musique situé dans le XVIIe arrondissement de Paris.
Selon leur procès-verbal consulté par l'AFP, (!) les policiers indiquent avoir tenté de l'interpeller pour défaut de port du masque. "Alors que nous tentons de l'intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment", écrivent-ils.
DOCUMENT : la séquence intégrale des 13 minutes de l'agression policière contre un producteur de musique parisien. Attention : images difficiles de violences et d'insultes racistes. pic.twitter.com/37EbfgID2T
— Loopsider (@Loopsidernews) November 26, 2020
Sur les images de vidéosurveillance de ce studio, également consultées par l'AFP, on voit plutôt les trois fonctionnaires de police entrer dans le studio en agrippant l'homme puis le frapper à coups de poing, de pied ou de matraque.
Dans leur rapport, les policiers écrivent à plusieurs reprises que "l'homme les avait frappés".
Selon ces mêmes images, "Michel" résiste en refusant de se laisser embarquer, puis tente de se protéger le visage et le corps. Il ne semble pas porter de coups. La scène de lutte- particulièrement brutale -, dure cinq minutes.
Dans un second temps, des personnes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio parviennent à rejoindre l'entrée, provoquant le repli des policiers à l'extérieur et la fermeture de la porte du studio.
Les policiers tentent ensuite de forcer la porte et jettent à l'intérieur du studio... une grenade lacrymogène qui enfume la pièce. D'autres images dévoilées par Loopsider et tournées par des riverains montrent les policiers pointer leurs armes dans la rue et intimer à "Michel" en vociférant , de sortir du studio.
Ça s'est passé samedi à Paris. 15 minutes de coups et d'insultes racistes.
La folle scène de violences policières que nous révélons est tout simplement inouie et édifiante.
Il faut la regarder jusqu'au bout pour mesurer toute l'ampleur du problème. pic.twitter.com/vV00dOtmsg— Loopsider (@Loopsidernews) November 26, 2020
Postérieurement à cette interpellation, la victime - car c'en est une, particulièrement amochée sinon esquintée (le terme est ici justifié, il n'est qu'à voir son visage) a dans un premier temps été placée en garde à vue (!)dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Paris pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "rébellion".
Comme on le voit, "le papier ne refuse pas l'encre " de sorte qu'en la matière l'autorité judiciaire serait à mon avis fort inspirée de faire montre de plus de discernement et de moins de précipitation.
Mais le parquet de Paris a fort heureusement classé cette enquête et ouvert mardi une nouvelle procédure pour "violences par personnes dépositaires de l'autorité publique" et "faux en écriture publique", confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices.
"Je demande au préfet de police de suspendre à titre conservatoire les policiers concernés", a alors gazouillé jeudi sur Twitter le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en souhaitant que "la procédure disciplinaire puisse être conduite dans les plus brefs délais".
Le préfet de police de Paris a pour sa part demandé au Directeur général de la police nationale "de suspendre à titre conservatoire les policiers impliqués".
"Mon client a fait 48 heures de garde à vue de manière injustifiée sur des propos mensongers des services de police qui l'ont outrageusement violenté", a quant à elle dénoncé de son côté l'avocate de Michel, Me Hafida El Ali.
"Si nous n'avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison", a-t-elle ajouté (avec raison, à mon avis) à l'AFP.
"Ces images sont insoutenables", a réagi jeudi sur Twitter le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire. "Terribles et injustifiables images", a ajouté le député Mathieu Orphelin.
IV-Business as usual
L'Assemblée nationale a voté cette semaine la proposition de loi "Sécurité globale", dont l'article 24 réprime d'un an de prison et 45.000 euros d'amende la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" de membres des forces de l'ordre en intervention, quand elle porte "atteinte" à leur "intégrité physique ou psychique".
Ce texte, qui doit encore être examiné au Sénat, a suscité de vives critiques de la part des journalistes et des défenseurs des libertés.
Mardi, le parquet de Paris avait déjà ouvert deux enquêtes relatives à des faits de "violences" dont sont soupçonnés des policiers sur un migrant et un journaliste lors de l'évacuation d'un campement de migrants lundi soir place de la République à Paris.
Mais la séquence dont nous parlons ici réunit pour sa part tous les véritables éléments d’une agression raciste caractérisée.
V-Impressions et questions urgentes en suspens
Nul doute qu’après ce sérieux dérapage l'on pourrait imaginer que leurs auteurs soient arrêtés, mis en détention préventive, voire même cités à comparaître pour être jugés, sévèrement condamnés en une juste et exacte application de la loi en attendant leur révocation immédiate.
Mais peu importe l'annonce de M. Darmanin ce même 26 novembre indiquant qu'il allait demander la révocation des policiers en cause. Ce n'est là que la moindre des choses car le problème de fond demeure, entier, même s'il faut prendre en considération en un équilibre difficile le cas spécifique des "policiers qui déconnent", pour citer les propos très élégants du ministre, lequel ne se prononce pas sur l'illégalité des actions menées par les associations pro-immigration illégale, hors-la-loi, pour lesquelles les règles de confinement, le port de la muselière, les amendes à 139 € et l'installation d'une autre smala au coeur de Paris n'existent manifestement pas. https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/deconfinement/les-policiers-qui-deconnent-seront-sanctionnes-assure-gerald-darmanin_4194839.html
En effet, avec un ministre de l’Intérieur qui manifestement dit et fait n’importe quoi et a prouvé qu’il n’était pas de taille à se faire respecter de ses troupes en les purgeant d’éléments dangereux fort éloignés de la mission glorieuse et citoyenne des Gardiens de la Paix, il me semble que la solution s’impose d’évidence : la démission immédiate et la porte.
Est-il besoin de dire en effet qu'avec une "bavure" aussi monumentale l’on est peut-être passé à côté d’une « affaire » qui aurait pu devenir une sorte de George Floyd « à la française » – avec, qui sait ? ce qui aurait pu se terminer par la mort de l’intéressé -, avec les conséquences alors ingérables d’une véritable « intifada » dont il aurait alors été difficile de nier la gravité des causes, une sorte d'incendie qui n'attend que de repartir au moindre prétexte tant la France vit actuellement dans une guerre sociale, ethnique, économique de basse intensité mais constante ?
Rien n'empêche d'imaginer d'ailleurs que certains foyers d'agitation ou certaines associations ne saisiront pas au vol une occasion aussi parfaite pour crier à la "barbarie des keufs" et proférer les insultes habituelles du style "ACAB" etc.
VI-Est-il besoin de faire la différence entre police et milice ?
Plus que jamais dans la mesure où voilà bien un corps dont la composition comme l'image et le fonctionnement doivent être repensés de fond en comble. Comme l'écrivait déjà le 14 janvier 2020 la revue Eléments sous la plume du chroniqueur Xavier Eman dans un article intitulé ,"La Police est-elle la milice du Système ? " https://www.revue-elements.com/la-police-est-elle-la-milice-du-systeme/, ces derniers mois, à coups de primes et de promesse de conservation de régime spécial, la police française semble clairement s’être transformée en garde rapprochée de cette oligarchie qui a fait sécession, qui a rompu avec son propre peuple."
"En effet, depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, prolongé par l’actuelle agitation sociale, pas une journée ne passe sans que soient diffusées une ou des vidéos rapportant des actes indéfendables commis par des membres des forces de l’ordre : tabassage collectif, tirs de LBD à bout portant, coups gratuits, ripostes disproportionnées, insultes… Le tout en bénéficiant à la fois de la plus parfaite impunité (un seul policier condamné jusqu’à présent pour le jet d’un pavé sur des manifestants…) et d’un invraisemblable silence médiatique. Les médias, jadis si prompts à hurler au loup et à mobiliser les belles âmes à la moindre gifle reçue par un voyou de banlieue, se montrent aujourd’hui d’une extrême discrétion quant aux innombrables exactions commises par des membres des forces de sécurité. Pour un peu, ils les justifieraient, et les excuseraient même. Il est vrai que les victimes ne sont au final que des sales populistes, des sans-dents haineux et rétrogrades qui cherchent à entraver la glorieuse marche progressiste initiée par le président Macron."
"Pourtant, comme l'observe encore l'auteur précité dans la revue Eléments, la radicalisation de la répression policière des mouvements sociaux n’a rien d’anodine ni d’anecdotique. D’une part, elle marque le raidissement du pouvoir, la dictature « soft » l’étant de moins en moins ; et de l’autre, elle entérine le divorce entre le peuple et les forces de l’ordre. Les policiers ne sont désormais plus des « gardiens de la paix », mais des fauteurs de guerre civile. Il faut avoir vu ce policier tirant en série au LBD en hurlant « a voté ! » à chaque fois qu’il touchait un manifestant, ou ces autres se masquant l’œil de la main, rigolards, en toisant les Gilets jaunes, pour en être convaincu.
"- Ouais ! Dans ta gueule !"
"- Bouyaka ! Bouyaka !"
"- Fils de pute !"
"- A voté !"
Commentaires joyeux de policiers qui tirent des balles en caoutchouc sur les manifestants. pic.twitter.com/j1UGYwl1g9— Nantes Révoltée (@Nantes_Revoltee) December 11, 2018
Ces derniers mois, à coups de primes et de promesse de conservation de régime spécial, la police française semble clairement s’être transformée en garde rapprochée de cette oligarchie qui a fait sécession, qui a rompu avec son propre peuple.
Bien sûr, être policier est un métier « ingrat et difficile » - et très dangereux -, ajouterais-je, nul ne le nie ; bien sûr, l’institution compte dans ses rangs des gens qui sont individuellement de « bonnes personnes », et, bien évidemment, aucun régime ne peut se passer d’une police. Mais ceci étant dit, rien ne peut expliquer – et encore moins légitimer – les comportements sadiques, les agissements de voyous, le zèle agressif et vindicatif que toute personne ayant participé à l’une ou l’autre des récentes manifestions a pu constater, si ce n’est par une rupture complète de la police avec son rôle premier, qui est la protection des « honnêtes gens », une rétractation sur-elle-même, sur un corporatisme étroit et calculateur, des considérations uniquement matérielles et carriéristes et un désintérêt total pour le reste de la population. Une situation particulièrement inquiétante et dangereuse pour ce qui reste de démocratie en France."
Le fait est que l'autorité devrait comprendre que les citoyens ne sont pas des "proto-délinquants" en puissance et que par-delà les dystopies à la "Minority Report" et les "Robocops" en roue libre il existe une immense majorité de gens normaux, pacifiques, honnêtes, sans défense, respectueux de la légalité républicaine, qui ne demandent qu'à vivre tranquillement et aimeraient être sûrs de pouvoir compter sur la réelle et bienveillante protection des forces de l'ordre sans vivre avec l'idée sinon la certitude que toute rencontre fortuite avec un détachement des forces de l'ordre - dont la Police -, présente le risque de "mal se terminer".
VII- Un très sérieux malaise
Le constat est à la fois simple et terrible : la Police républicaine, comme beaucoup d'institutions républicaines, est en réalité malade de ses...politiques et donc de ses dirigeants.
Protéger ceux qui protègent, certainement et plus que jamais, mais là encore il faut que chacun comprenne, de la présidence au gouvernement, que plus que jamais la vidéo protège les victimes de violences policières. Persister à vouloir empêcher son usage par et au bénéfice des citoyens ne peut avoir d’autre sens qu’une volonté de couvrir et donc encourager les exactions de certains policiers. Que se serait-il passé si personne n'avait filmé les agissements du jeune Benalla venu faire le "coup de poing" sur ses concitoyens et se dégourdir en compagnie de ses petits camarades ?
Je crois fermement, et ce sera la conclusion de ce billet, qu’en démocratie, la Police doit inspirer confiance.
Encore faut-il pour cela qu’elle soit respectée et respectable, ce qui ne sera possible qu’avec des chefs respectés et respectables qui ne se trompent pas d’ennemi et disposent de la maturité comme de l'autorité nécessaires pour rappeler aussi bien à leurs subordonnés qu’aux citoyens ce que sont la personne et la mission des Gardiens de la Paix.
Je le répète : la Police comme beaucoup d'institutions est en réalité malade de ses politiques et donc de ses dirigeants.
Il est en effet infiniment regrettable que le travail exemplaire de la majorité des policiers soit sali par ceux qui lynchent, humilient, donnent cours à leur bestialité, font n’importe quoi et se laissent aller à des violences incontrôlées, exorbitantes du droit commun.
Est-il besoin, enfin, de dire que l’obligation du port du « masque » - la "Muselière Nationale" -, rend fou et donne libre cours au débridage de toutes les pulsions de contrôle autoritaire ?
Peut-être serait-il temps tout simplement que l’exécutif et toute cette camarilla désormais en roue libre « plient les gaules » et débarrassent le plancher avant que les choses ne tournent vraiment mal.
Avant le coup de grisou, par exemple, comme dans le Germinal de Zola.
Avant que d'autres Brigades - républicaines, celles-ci, et réellement respectueuses de la légalité -, ne prennent le relais pour les éjecter et répondre à la question posée par Juvénal dans la Satire VI, : " Mais qui les gardera, eux les gardiens ? Sed quis custodiet ipsos custodes ?
Une éjection polie mais ferme.
Pour insuffisance professionnelle et incompétence avérées, par exemple.
Quant aux policiers voyous, puisse leur comportement filmé dans cet incroyable et inattendu fait divers, servir à enrayer les mesures de cette loi inepte qui sera prochainement soumise à l'examen du Sénat.
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