Les cousus d’or de St Cyr
Alors que Jean Luc Mélenchon a déclaré la guerre aux nantis, dans la banlieue cossue de Lyon à St Cyr au mont d’or, ceux-ci philosophent sur le bonheur d’être riche, tout en stigmatisant « les feignants qui vivent à leurs crochets ».
On doit ce reportage éclairant à Annabelle Brouard et Olivier Minot diffusé sur l’antenne de « France Culture », le jeudi 29 mars 2012, et le contenu de cet interview (les hauts revenus du lyonnais) est tellement énorme qu’on serait tenté de penser qu’il ne s’agit que d’un poisson d’avril, avant la date.
Extraits :
« Les cent papiers, c’est pas normal qu’on leur donne de l’argent, qu’ils aient la médecine gratuite… »
Un autre, qui déclare gagner 8 à 10 000 euros par mois ne comprend pas la dévalorisation du mot « travail »…et il déclare « ce qui m’énerve, c’est cette complainte, on a l’impression qu’en France il y a 65 millions de pauvres gens asservis, qu’il y a un trésor caché à Versailles, que le roi ne veut pas sortir… ».
Un autre habitant de cette florissante commune, se plaint que « l’on paye des impôts pour des gens qui ne sont pas productifs… » ajoutant « on ne peut pas mettre des gens en difficulté au nom de la protection sociale (…)on a donné de l’argent à tous ceux qui en demandaient pour des raisons…heu…des pressions (évoquant les syndicats)…on menace de mettre tout le pays en grève pour une petite poignée de personnes qui mettent le pays dans la désespérance »
« Si vous aviez le président en face de vous que lui diriez-vous ? » demande le journaliste :
« Je crois que le président a été un petit peu ligoté par peur de mouvements sociaux, dans les banlieues par exemple (…) et bien je lui dirais, s’il est réélu, cette fois ci, il faut qu’il y aille, même si ça doit générer du sang et des larmes ! ».
Celui-ci déclare gagner 180 000 euros par an, prouvant sur sa feuille d’impôt, qu’il paye plus de 50 000 euros par an se plaignant que « l’impôt sur la fortune est un petit peu stupide, …il faut continuer à payer (…) pour faire plaisir aux pauvres (…) la simple progressivité de l’impôt sur le revenu est une taxation qui fait énormément payer les riches ».
Il affirme au passage payer plus de TVA que les pauvres, car il a un train de vie plus important que ceux-ci, puisque, dit-il, les pauvres achètent des produits de première nécessité qui sont taxés à 5,5% alors que les riches subissent des taxes plus élevées, rapport aux produits chers qu’ils achètent.
Une interviewée demande à Sarközi « d’arrêter de faire du social, d’arrêter de donner des avantages à ceux qui n’en ont pas besoin, qu’ont redonne le gout du travail aux gens, qu’on arrête de les payer à ne rien faire, (…) il faudrait un bon dictateur pour tout remettre en place, et là, ça ira bien ».
L’intégralité du reportage est sur ce lien.
Pas étonnant des lors que les expatriés se multiplient en France, puisqu’ils seraient 2 millions à avoir fuit la France afin de ne plus payer leurs impôts dans leur pays. lien
Il est probable que la volonté du candidat socialiste d’instaurer une tranche d’imposition à 75% ne sera pas de nature à les faire revenir, pas plus que la promesse du candidat président qui prétend forcer les exilés fiscaux à payer leurs impôts en France, d’autant que nombreux sont ceux qui doutent que cette nouvelle promesse soit suivie d’effet, ajoutant qu’elle mettrait de toute façon du temps à se concrétiser. lien
On le sait, Jean-Luc Mélenchon, en hausse permanente dans les sondages, (lien) va lancer, s’il est élu, la chasse aux riches fraudeurs, et lors de sa prestation à Rouen, le 6 mars 2012, a dévoilé les noms d’une dizaine d’exilés dorés, planqués en Suisse.
De Wertheimer (Chanel) à Peugeot, en passant par Castel (vichy, st Yorre, Bieres 33 export) ou Bic, Defforey et Fournier (Carrefour), le candidat du front de gauche n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, menaçant que « toute personne qui ne veut pas être imposée domiciliée fiscalement en France ne pourrait pas exercer une responsabilité exécutive dans une entreprise française ».
Il a aussi évoqué le cas de Paul Dubrule, ex-maire de Fontainebleau, ex-sénateur, et président du groupe hôtelier « Accor », qui s’est exilé fiscalement dès 2006, le bouclier fiscal ne l’ayant pas convaincu, pas plus que les autres, de revenir en France, économisant au passage plus de 2 millions d’euros. lien
Il a tiré ses noms de la liste des 300 plus riches de Suisse, parus dans la revue économique helvétique « Bilan », (lien) dans laquelle figure les noms de 44 français, cumulant une fortune de 30 milliards d’euros. lien
Mais faire payer les riches n’est pas l’apanage du seul Jean-Luc Mélenchon, puisque Warren Buffet, et d’autres dirigeants envisagent aujourd’hui de pratiquer une imposition renforcée destinée aux « super riches ».
Le ministre des finances anglais, George Osborne, ne dit pas autre chose, tout en réduisant les impôts des petits et moyens revenus, serait apparemment décidé à faire payer les « très riches », en mettant dans son programme une taxe sur les propriétés de plus de 2 millions de livres. lien
Il est vrai que dans notre beau pays « fraternel », le fossé entre les plus riches et les plus pauvres ne cesse de se creuser, et de Bernard Arnault, avec ses 30 milliards d’euros à Pierre Bellon, en passant par Pinault, Dassault, et 7 autres fortunés, les Français milliardaires sont à l’abri du besoin. lien
Malgré la crise, le nombre de milliardaires à battu un nouveau record et on compte sur la planète 1 226 milliardaires, pesant au total 4600 milliards de dollars, record absolu depuis les 25 ans que le classement existe. lien
Parallèlement, la France vient de battre un nouveau record, car si le candidat président se flatte d’avoir limité le déficit à 5,2 du PIB, la dette du pays (1717,3 milliards fin 2011) vient de passer le seuil des 1700 milliards, soit 85,8% du PIB. lien
Le compteur de la dette en temps réel est sur ce lien
Sur les 195 états de la planète, la France est le 19ème pays le plus endetté au monde, ce qui signifie qu’il y a dans le monde 107 pays moins endettés que le notre, et le seul paiement des intérêts de la dette représente 638 euros par an et par habitant.
Sur ce graphique, le déficit public à partir de 1959, montrant que dans les années 80, il frôlait la barre du zéro.
Notre dépense publique, par rapport au PIB, est l’une des plus importantes d’Europe, dépassant déjà dès 2007 la barre des 50, comme on peut le voir sur ce lien.
Ce qui justifia la décision de Standard & Poor de mettre le triple A de la France sous surveillance négative, et qui décida Fitch d’abaisser à la fin décembre 2011, de stable à négative la perspective de la note française à long terme. lien
Alors, si aujourd’hui, le président candidat veut surtout mettre en avant le déficit limité à 5,2 du PIB, tentant de cacher le montant record de la dette, il va encore plus loin, affirmant que « la crise est derrière nous et la France va rapidement retrouver le chemin de la croissance forte ». lien
Ce qui semble bien optimiste, et qui n’est pas l’avis de nombreux économistes, tel François d’Orcival, s’exprimant sur « canal academie ».
Constatant que la situation serait en train de se normaliser en Grèce, que les marchés boursiers reprennent des forces et que 600 000 emplois ont étés créés en 3 mois aux USA, il affirme que « si le pire est passé, la maladie demeure (…) et nous sommes condamnés cette année à emprunter 200 milliards d’euros sur les marchés » ajoutant « les français auraient bien tort de voter le mois prochain comme si tout était réglé ». lien
Un autre économiste, Marc Touati, directeur général de « Global Equities », lui emboite le pas, affirmant : « il est de notre devoir de rester réalistes : les accords européens n’ont absolument pas résolu le problème de fond de la zone euro, à savoir l’absence d’une croissance forte et de véritable politique fédérale au sein de l’UEM (…) la consommation française à baissé de 0,7 en décembre (…) il est clair que la France est bien retombée en récession a partir du 4ème trimestre 2011 (…) il est probable que l’attentisme préélectoral et la forte augmentation des impôts prévue après les présidentielles aggraveront encore la situation » concluant : « Dans ce contexte, annoncer que la crise est finie parait plutôt déplacée ». lien
Mais l’autocrate président, n’en a cure, et fait tout pour faire oublier son bilan, tentant d’enflammer manifestement les banlieues, mettant en scène des arrestations, (lien) profitant de « l’effet Toulouse-Montauban » pour apparaitre comme le garant d’une sécurité nationale dont il veut affirmer qu’elle serait menacée. lien
Ce qui n’est pas sans rappeler la campagne de 2007. lien
Pourtant, chacun sait que les actes de délinquance et d’insécurité se produisent en majorité dans le cadre familial, bien loin des banlieues oubliées et stigmatisées. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « qui mendie en silence, meurt de faim en silence ».
L’image illustrant l’article provient de « tinkuy.fr »
Olivier Cabanel
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