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Accueil du site > Tribune Libre > Prix Nobel au Parlement européen

Prix Nobel au Parlement européen

Pour marquer le cinquantième anniversaire de la signature des Traités de Rome, le Parlement européen a tenu, le 9 mai, Journée de l’Europe, une séance spéciale avec des lauréats européens de Prix Nobel. L’un d’eux a évoqué la barrière des langues comme un frein majeur à la naissance d’une identité européenne. En France, aucun journal ni aucune télévision nationale n’a rapporté l’événement. Pourquoi ? (Dans le cas contraire, merci de me le faire savoir).

Reinhard Selten est un économiste allemand né le 5 octobre 1930. Pour ses travaux sur la théorie des jeux, il a reçu en 1994 le Prix Nobel en sciences économiques, avec John Harsanyi et John Nash. Il est aussi connu pour ses travaux sur la rationalité limitée, et peut être considéré comme l’un des pères fondateurs de l’économie expérimentale. Il est professeur émérite à l’Université de Bonn. Il a produit des œuvres en espéranto, et a soutenu la branche allemande du parti Europe-Démocratie-Espéranto aux élections européennes.

« Reinhardt Selten a d’abord exprimé son "honneur et sa joie" d’être accueilli au Parlement à l’occasion des 50 ans de l’Europe, soulignant que "l’intégration économique a progressé de manière stupéfiante", et rappelant que l’union monétaire qu’on croyait impossible est un "grand succès". A ce sujet, il espère que "l’indépendance de la Banque centrale restera intacte" avec le traité constitutionnel. Il a ensuite appelé à la nécessité d’une identité européenne forte. Pour lui, ce déficit d’identité est lié au problème linguistique, et estimant que la domination de la langue d’une nation n’était pas acceptable, il a plaidé pour l’enseignement de l’espéranto, qui "permettrait une solution neutre". »

« Pour le moment, ce sont les élections régionales ou nationales qui attirent toute l’attention ; cela devrait être plutôt les élections européennes. Il devrait aussi y avoir un changement institutionnel mais ce n’est pas tout. La langue est aussi un domaine important pour développer une identité européenne : l’espéranto serait utile dans ce sens. Et il n’existe toujours pas de journal quotidien qui soit distribué et lu partout en Europe.

Voici un extrait de son allocution, version originale en allemand, traduite en français d’après la version espéranto :

« Ein wichtiges Hindernis auf dem Weg zu einer starken europäischen Identität sind die innereuropäischen Sprachbarrieren. Dieses Sprachproblem bedarf einer Lösung. Die Dominanz einer Nationalsprache kann nicht die Antwort sein. Auf die Dauer ist nur eine neutrale Lösung akzeptabel. Keine Nation darf benachteiligt werden.

Eine leicht erlernbare Plansprache wie Esperanto ermöglicht eine neutrale Lösung des Sprachproblems. Eine zweite Fremdsprache wird sehr viel leichter erlernt als die erste. Der Zweitspracheffekt ist so stark und Esperanto ist so leicht, dass es günstiger ist, erst Esperanto zu lernen und dann eine nationale Fremdsprache, als nur diese Fremdsprache allein. Das ist durch Schulversuche wissenschaftlich erwiesen. »

« La barrière des langues au sein de l’Europe est un obstacle important sur le chemin d’une plus forte identité européenne. Ce problème linguistique demande une solution. La suprématie d’une langue nationale ne peut être la solution. Sur le long terme, seule une langue neutre est acceptable. Aucune nation ne doit être désavantagée. »

"Une langue facile à apprendre comme l’espéranto permet une solution neutre du problème linguistique. On apprend plus facilement une seconde langue étrangère que la première. L’effet d’une seconde langue est si fort, et l’espéranto est si facile, qu’il est plus favorable d’apprendre l’espéranto en premier, et ensuite une langue nationale, plutôt que cette langue étrangère seule. C’est scientifiquement prouvé par des tests scolaires. Quelques pays pourraient d’abord faire un traité sur l’enseignement scolaire de l’espéranto. On pourrait ensuite étendre ce traité aux autres pays." (Traduction de la deuxième partie par le site SAT-Amikaro : http://www.esperanto-sat.info/ )

Pour faire bonne mesure et confirmer le boycott et les réticences de nos médias traditionnels à aborder le thème de la barrière des langues dans l’UE, de l’hégémonie de l’anglais toujours plus évidente dans l’UE, voici une autre info récente que vous ne verrez probablement pas commentée beaucoup :

Début juillet, le groupe libéral ALDE a organisé dans le Parlement européen un séminaire ouvert au public sur le thème de la discrimination linguistique dans l’Union européenne. Une dizaine d’orateurs ont parlé, entre autres le Pr François Grin, dont le rapport (2006) a été boycotté par tous les médias français. Il a présenté à nouveau les diverses solutions linguistiques possibles pour l’UE, essentiellement le plurilinguisme, l’anglais, l’espéranto, se refusant à choisir en tant qu’expert, car ce choix dépend des critères retenus : coût pour chaque pays, aspect démocratique, efficacité, ou autres facteurs. Etaient également présents Giorgio Pagano pour l’ERA (Esperanto Radikala Asocio) et Renato Corsetti, président de l’UEA (Universala Esperanto Asocio), et Marco Cappato pour le MEP (Parti radical, Italie).

Si vous souhaitez une confirmation de la conférence débat, sur le site de l’Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe

ou en anglais sur le site Eurolang :

« The sociolinguist and economist François Grin discussed how the European Union’s 23 official languages mean up to 506 theoretical language combinations for interpretation and translation. He illustrated that, if there were a language policy and plan, that various mechanisms could facilitate the practical implementation of multilingualism at an EU level whilst keeping overall costs within 1 % of the total EU budget. »

Il faut remarquer, tant sur le site de l’ALDE que sur Eurolang, l’absence de toute mention de l’espéranto, pourtant largement analysé parmi les solutions possibles, et malgré la présence d’une association française et une italienne ! Pourquoi ?

Conclusion :

Cette fois-ci, dans mon article, aucun argumentaire sur l’espéranto ni sur les inconvénients de la solution anglais lingua franca de l’UE (ce sera pour une prochaine fois), rien que de l’info brute, de l’officiel estampillé Europa francophone (si, si, ça existe... un peu), confirmé sur l’Europa anglophone - si, si, ça existe... beaucoup !

A chacun de réfléchir, de se demander pourquoi certaines infos sont boycottées et moins commentées que les maillots de bains de l’été ou les bouchons sur la route des vacances.

A l’intelligence collective de dire si elle approuve la conclusion abrupte de Cavanna, dans La Belle Fille sur le tas d’ordures (L’Archipel, 1991) :

« Vous ne voulez pas de l’espéranto ? Vous aurez l’anglais. Bien fait pour vos gueules ! »


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12 réactions à cet article    


  • eugène wermelinger eugène wermelinger 20 juillet 2007 15:14

    Pour rebondir sur la dernière phrase de Cavanna, voici ce que disait le Mahatma Gandhi (apôtre de la paix indien) : « Le choix de l’anglais, c’est le choix de l’esclavage ».


    • Krokodilo Krokodilo 20 juillet 2007 15:52

      Saluton Eugène, j’aurais dû mettre le mot « langue » ou « linguistique » dans le titre pour attirer l’attention... Finalement, la discussion est partie sur le fil d’hier, sur le « couchsurfing » qui n’a aucun rapport sinon le thème des anglicismes, j’ai mis un mot pour les prier de venir plutôt ici.


    • eugène wermelinger eugène wermelinger 20 juillet 2007 16:24

      Saluton Krokodilo ! Hier, pour le couch-surfing j’ai pensé au mot français « pénates » et j’aurais proposé « pénater » et « pénatage » comme remplaçant. Cela m’a aussi bien entendu fait penser au « pasporta servo » qui existe depuis près de 50 ans pour les personnes utilisant l’espéranto et qui ainsi sont accueillies dans de nombreux foyers de part le monde, dans des familles espérantophones.


    • Krokodilo Krokodilo 20 juillet 2007 16:45

      Excellent ton « pénater », j’ai parcouru la discussion un peu vite. Moi aussi, j’ai pensé au paseporta servo, mais comme il ne s’agit pas d’un échange à strictement parler, et que je ne l’ai pas personnellement expérimenté, je n’en ai pas parlé. En plus, certains auraient encore dit qu’on ramenait toute discussion à l’Eo...


    • Z Z 20 juillet 2007 16:55

      L’espéranto et les espérantistes me sont sympathiques, mais je ne peux m’empêcher d’être sceptique sur la neutralité prétendue de l’espéranto.

      D’une part, parce que l’espéranto n’est pas l’unique langue artificielle, et donc, sur quel critère choisir l’espéranto plutôt que le volapük, le toki pona, le loglan, ou d’autres langues encore à construire ? Le choix de l’espéranto sous prétexte qu’elle est la langue construite la plus parlée paraît paradoxal. Au final, on pourrait dire que l’espéranto est aux langues construites ce que l’anglais est aux autres langues. J’imagine, sans rien savoir de précis, que le « lobbying » espérantiste doit paraître insupportable aux adeptes des autres langues construites.

      D’autre part, pour des raisons lexicales et non grammaticales, l’espéranto est tout aussi difficile à apprendre que n’importe quelle autre langue pour les locuteurs asiatiques par exemple. Au sein même de l’Europe, certains locuteurs seraient défavorisés (Finnois, Hongrois, Maltais,...) dans l’apprentissage de cette langue, ce qui est injuste.

      On peut aussi craindre que l’espéranto, en devenant langue officielle européenne, devienne associée à un territoire et perde ainsi sa vocation universelle.


      • Krokodilo Krokodilo 20 juillet 2007 17:57

        Salut Z,

        Heureux de votre message, j’allais encore papoter avec Eugène entre espérantistes tellement c’était calme ! Vous reprenez en série beaucoup des arguments souvent opposés à l’Eo, et auxquels il est difficile de répondre brièvement.

        Un détail sémantique : je n’aime pas le mot « adepte » parce qu’il est trop connoté avec les religions, ou plutôt les sectes. Je préfère locuteur, ou militant ou autre synonymes dans le genre.

        L’espéranto n’est pas la seule langue construite, mais c’est la seule qui ait suffisamment séduit (sur plusieurs générations, donc pas mal de monde) pour se développer jusqu’à vivre comme une langue vivante nationale (radios, magazines, rencontres régulières de toute taille) et jusqu’à la reconnaissance officielle (Unesco, Vatican). Il y a une raison à cela, si l’idée d’une langue auxiliaire simple existe depuis des siècles, sa réalisation n’était pas simple. Le volapuk était trop abstrait, et donc beaucoup trop exigeant en mémoire, terriblement difficile, donc aucun intérêt pour une langue internationale, sinon comme jeu pour les linguistes.

        « Le choix de l’espéranto sous prétexte qu’elle est la langue construite la plus parlée paraît paradoxal. »

        Pourquoi ? Elle est la plus parlée des langues construites parce que la plus aboutie, et même la seule fonctionnelle, la seule à pouvoir à la fois être stable, simple et évolutive. Former un ensemble construit aussi cohérent qu’une langue qui a évolué des siècles est extrêmement difficile, et le génie linguistique de Zamenhof est sous-estimé. par rapport au volapuk, il a eu l’idée de prendre les mots (radicaux) fréquemment rencontrés dans les langues très répandues de son époque, tout en simplifiant la grammaire et la structure le plus possible. Donc, les mots sont naturels et nous sont d’emblée familiers, ce qui n’est pas le cas dans beaucoup de langues construites.

        « Au final, on pourrait dire que l’espéranto est aux langues construites ce que l’anglais est aux autres langues. »

        Non : l’Eo est la seule langue construite à vivre réellement en raison de ses qualités intrinsèques, de sa supériorité linguistique. Alors que l’anglais n’est ni facile (je vous renvoie à mon article sur la facilité des langues) ni linguistiquement supérieur aux autres langues, seulement soutenu par des forces économiques et politiques et par des facteurs historiques, ce qui est très différent.

        « D’autre part, pour des raisons lexicales et non grammaticales, l’espéranto est tout aussi difficile à apprendre que n’importe quelle autre langue pour les locuteurs asiatiques par exemple. »

        Leur avez-vous demandé ? Avez-vous remarqué qu’il existe des sites Internet espérantistes asiatiques ? Il est beaucoup plus facile que l’anglais, en tout cas ! d’un facteur dix au moins. Les Chinois ont une langue qui connaît la dérivation logique des mots, et sont bien étonnés que le mot « premier » ne soit pas dérivé du mot « un », en anglais comme en français !

        « On peut aussi craindre que l’espéranto, en devenant langue officielle européenne, devienne associée à un territoire et perde ainsi sa vocation universelle. »

        Effectivement, certains espérantistes ne souhaitent pas qu’il devienne la langue auxiliaire de l’Union européenne. Mais il faut remarquer que l’Eo est déjà international, par sa structure, par sa diffusion (minoritaire mais sur tous les continents), par sa neutralité (non-national). Le fait de devenir la langue interculturelle de l’UE le stimulerait ipso facto dans son rôle naturel de langue internationale. Et c’est ce qui explique la virulente opposition souterraine, l’autocensure des médias français, le silence de Bruxelles au sujet du développement de l’anglais comme lingua franca de l’Europe, les divers cas de censure de faits intéressants que j’évoquais dans mon article.


      • skirlet 21 juillet 2007 17:11

        A Z :

        « je ne peux m’empêcher d’être sceptique sur la neutralité prétendue de l’espéranto »

        Sûr qu’une langue parfaitement neutre du point de vue linguistique n’existe pas. Je doute même que ce soit possible... Ou peut-être si, mais une telle langue serai horriblement complexe.

        « sur quel critère choisir l’espéranto plutôt que le volapük, le toki pona, le loglan, ou d’autres langues encore à construire ? »

        Déjà, le choix peut se faire uniquement parmi les choses existantes. On élimine donc les langues à construire. Si quelqu’un fait un jour mieux, alors cette ou ces langues pourront être prise(s) en considération. Le volapük est trop difficile à apprendre ; d’ailleurs, les volâpükistes actuels sont tous des espérantistes aimant apprendre des langues smiley Le toki pona est une langue à vocabulaire très réduit, donc pas pratique (son auteure est également espérantiste). Le loglan et les autres lo..an n’ont jamais réussi à dépassr l’état d’un projet. D’ailleurs, essayer de les apprendre, vous verrez smiley Par ailleurs, l’espéranto est la seule langue construite qui a réussi à devenir vivante, et uniquement grâce à ses qualités linguistiques.

        « Au final, on pourrait dire que l’espéranto est aux langues construites ce que l’anglais est aux autres langues »

        Non. Tout d’abord, les langues construites sont étudiées en fonction d’un choix libre des locuteurs ayant d’autres langues maternelles. Ensuite, l’espéranto n’a jamais été imposé, et encore moins de la façon sont a été imposé l’anglais. Ensuite, un natif anglophone a un grand avantage par rapport aux locuteurs des autres langues, ce qui ne s’applique pas aux langues construites.

        « l’espéranto est tout aussi difficile à apprendre que n’importe quelle autre langue pour les locuteurs asiatiques par exemple »

        Si les Aisatiques doivent faire un peu plus d’efforts pour apprendre les racines, grammaticalement l’espéranto ne leur est pas difficile. Et sa régularité facilite grandement la tache. Il y a plus d’universités en Chine qui enseignent l’espéranto qu’en France ; certaines faqs chinois dispensent même des cours EN espéranto, ce qui n’existe pas en France.

        « Au sein même de l’Europe, certains locuteurs seraient défavorisés (Finnois, Hongrois, Maltais,...) dans l’apprentissage de cette langue, ce qui est injuste. »

        L’espéranto est présent dans le système éducatif hongrois. Il est même la troisième langue choisie par les élèves, avant le français...

        Ceci dit, la solution « anglais pour tous » est 0% neutre et défavorise tous, sauf les natifs anglophones. Conclusion ? smiley


      • J.F. Clet 6 avril 2009 20:07

        Qu’y pouvons-nous si les autres langues construites n’ont pas percé ?

        Personnellement, je serais enchanté si, demain, un génie présentait une langue construite si logique, si belle, si rapide, facile et agréable à apprendre, si souple et claire, que le Parlement Européen l’adopte sans hésiter comme langue seconde de communication, et que le reste du monde suive....

        Mais on dirait que la recette pour fabriquer une nouvelle langue construite est

        - 1 : dénigrer l’espéranto

        - 2 : construire une langue...

        - 3 : dénoncer les complots espérantistes contre cette nouvelle langue
         


      • michel 67 20 juillet 2007 18:03

        question europe je me suis toujours posé la question à quoi cela sert-il ? les dirigeants ont la grande gueule pour les petites dictatures et se donne même le droit d’ingérence, mais que font ils face à la chine ? la Russie ? et même l’amérique ? rien ils baissent leurs froques à qui le plus vite ma question est : pourquoi ne font-ils rien contre ces grandes dictatures par exemple un droit d’ingérence ? comme chez les petites dictatures, surtout chez les chinois les russes et les states, ah oui c’est vrai pognon oblige, les putes de la rue st denis ne font pas mieux


        • Asp Explorer Asp Explorer 20 juillet 2007 20:46

          Bonjour, c’est moi que v’la...

          Pour marquer le cinquantième anniversaire de la signature des Traités de Rome, le Parlement européen a tenu, le 9 mai, Journée de l’Europe, une séance spéciale avec des lauréats européens de Prix Nobel. L’un d’eux a évoqué la barrière des langues comme un frein majeur à la naissance d’une identité européenne. En France, aucun journal ni aucune télévision nationale n’a rapporté l’événement. Pourquoi ?

          Peut-être parce qu’il se fabrique une douzaine de prix nobels chaque année, ce qui fait que le cheptel total doit se monter à une ou deux centaines, et que s’il fallait arrêter les rotatives à chaque fois que l’un de ces doctes messieurs prend la parole quelque part, on n’en sortirait pas.

          Reinhard Selten est un économiste allemand né le 5 octobre 1930. Pour ses travaux sur la théorie des jeux, il a reçu en 1994 le Prix Nobel en sciences économiques, avec John Harsanyi et John Nash.

          J’informerai ici ceux qui l’ignoreraient que le « Prix Nobel d’économie » n’a rien à voir avec les vrais prix Nobels, qu’il s’agit d’une invention récente sans rapport aucun avec le testament d’Alfred Nobel, de même que les sciences économiques n’ont de science que le nom.

          Il est aussi connu pour ses travaux sur la rationalité limitée...

          ...Il a produit des œuvres en espéranto, et a soutenu la branche allemande du parti Europe-Démocratie-Espéranto aux élections européennes

          Ceci explique peut-être cela.

          « Reinhardt Selten a d’abord exprimé son « honneur et sa joie » d’être accueilli au Parlement à l’occasion des 50 ans de l’Europe, soulignant que « l’intégration économique a progressé de manière stupéfiante », et rappelant que l’union monétaire qu’on croyait impossible est un « grand succès ».

          Un grand succès, en effet, que de lutter victorieusement contre l’inflation tout en maintenant des taux d’intérêt scandaleusement bas, ce qui favorise doublement la rente et la spéculation au détriment du travail.

          A ce sujet, il espère que « l’indépendance de la Banque centrale restera intacte »

          Bien sûr.

          avec le traité constitutionnel.

          Lapsus qui confirme le fait que tout le monde avait compris : on a voté non, mais on l’aura quand même, il suffit de changer le nom et tout le monde sera content.

          Il a ensuite appelé à la nécessité d’une identité européenne forte. Pour lui, ce déficit d’identité est lié au problème linguistique, et estimant que la domination de la langue d’une nation n’était pas acceptable, il a plaidé pour l’enseignement de l’espéranto, qui « permettrait une solution neutre ». »

          Autant demander à José Bové son avis indépendant et objectif sur les OGM, puisque comme vous le dites vous-même, c’est un militant espérantiste.

          ...Et il n’existe toujours pas de journal quotidien qui soit distribué et lu partout en Europe.

          Il aura peut-être échappé à ce vieux monsieur très digne que nous n’étions plus au XXe siècle, ni au XIXe, que la presse quotidienne est une relique du passée sans grande signification dans le monde moderne, et que même aux USA, il n’y a qu’un seul grand quotidien national (tous les « grands titres » que l’on connaît ne sont que, selon nos critères franco-français, que des quotidiens régionaux).

          « La barrière des langues au sein de l’Europe est un obstacle important sur le chemin d’une plus forte identité européenne. Ce problème linguistique demande une solution. La suprématie d’une langue nationale ne peut être la solution. Sur le long terme, seule une langue neutre est acceptable. Aucune nation ne doit être désavantagée. »

          Absurde. Toute personne ayant un peu l’expérience de la vie vous confirmera que l’on s’entend bien plus facilement avec un Roumain, un Anglais, un Indien ou un Brésilien du même âge, du même niveau d’étude et du même milieu professionnel qu’avec un compatriote d’un milieu totalement différent. L’exemple en est quotidiennement donné par les étudiants « Erasmus » qui se mélangent très bien depuis des années et font pour cela des milliers de kilomètres, alors qu’il ne leur viendrait pas à l’idée une seule seconde de discuter avec le SDF qui dort au bas de leur rue.

          "Une langue facile à apprendre comme l’espéranto permet une solution neutre du problème linguistique. On apprend plus facilement une seconde langue étrangère que la première. L’effet d’une seconde langue est si fort, et l’espéranto est si facile, qu’il est plus favorable d’apprendre l’espéranto en premier, et ensuite une langue nationale, plutôt que cette langue étrangère seule. C’est scientifiquement prouvé par des tests scolaires.

          ... faits par des instituts espérantistes...

          Quelques pays pourraient d’abord faire un traité sur l’enseignement scolaire de l’espéranto. On pourrait ensuite étendre ce traité aux autres pays." (Traduction de la deuxième partie par le site SAT-Amikaro : http://www.esperanto-sat.info/ )

          Donc, il s’agit bien d’imposer l’apprentissage de l’espéranto.

          Pour faire bonne mesure et confirmer le boycott et les réticences de nos médias traditionnels à aborder le thème de la barrière des langues dans l’UE, de l’hégémonie de l’anglais toujours plus évidente dans l’UE, voici une autre info récente que vous ne verrez probablement pas commentée beaucoup :

          Je laisse le public juger de la primordiale importance de cette information injustement passée sous silence par des media complices du British Council, blablabla...

          Début juillet, le groupe libéral ALDE a organisé dans le Parlement européen un séminaire ouvert au public sur le thème de la discrimination linguistique dans l’Union européenne. Une dizaine d’orateurs ont parlé, entre autres le Pr François Grin, dont le rapport (2006) a été boycotté par tous les médias français.

          Je me suis paluché la lecture de l’étude Grin (ce prétendu « rapport » n’est que le fait du seul professeur Grin). Cet opuscule assez risible prétend que la Grande-Bretagne est avantagée par la domination linguistique de l’anglais - admettons - et en outre s’aventure à chiffrer financièrement cet avantage. Or, en creusant un peu, on constate que ces milliards seraient économisés... si on cessait d’enseigner l’anglais dans les écoles. Pour le remplacer par quoi ? Mystère...

          Il a présenté à nouveau les diverses solutions linguistiques possibles pour l’UE, essentiellement le plurilinguisme, l’anglais, l’espéranto, se refusant à choisir en tant qu’expert, car ce choix dépend des critères retenus : coût pour chaque pays, aspect démocratique, efficacité, ou autres facteurs.

          Je suppose que son refus de choisir est Il a refusé de choisir, mais son « rapport » est plus clair, soit on instaure le plurilinguisme et on va droit au chaos et à l’anarchie, soit on opte pour l’anglais et le lapin géant bouffeur de planètes va nous dévorer, soit on choisit l’espéranto et cinquante houris soumises seront promises à chacun d’entre nous au paradis d’Allah.

          ...Il faut remarquer, tant sur le site de l’ALDE que sur Eurolang, l’absence de toute mention de l’espéranto, pourtant largement analysé parmi les solutions possibles, et malgré la présence d’une association française et une italienne ! Pourquoi ?

          Peur du ridicule ?

          Conclusion...

          Vous devriez vous surveiller, vous vous massonnisez à vue d’oeil. Ce complexe de la persécution, franchement... Savez-vous seulement que la plupart des gens n’ont pas de notions de ce que c’est que l’espéranto ? A cet égard, il est parfaitement normal que ça ne fasse pas les grands titres des journaux. Du reste, je n’ai jamais remarqué que la question européenne dans son ensemble soit un sujet particulièrement prisé des media, peut-on hurler au complot anti-européen ? Ou bien, plus simplement, peut-on supposer que les gens préfèrent entendre parler de leurs PVs qui sautent et des arnaques des vacances plutôt que de l’Europe, sujet perçu comme ennuyeux (à juste titre la plupart du temps).

          « Vous ne voulez pas de l’espéranto ? Vous aurez l’anglais. Bien fait pour vos gueules ! »

          Eh bien moi, je veux de l’anglais. Et je me ferai un plaisir de vous exposer tout ça à la prochaine occasion.


          • Krokodilo Krokodilo 21 juillet 2007 10:27

            En somme, il y a des tas de prix Nobel, et celui d’économie est de création récente, une sorte de faux prix nobel, un peu comme le prix Nobel de la paix... A ce compte-là, la médaille Fields de maths est aussi un faux prix nobel !

            Finalement, mieux vaut prendre l’avis des journalistes ou des spécialistes autoproclamés. Et de préférence de ceux qui ne connaissent rien de l’espéranto et donnent leur savante opinion.

            Vous déformez, vous caricaturez tout, seule votre conclusion est claire, limpide :

            « Eh bien moi, je veux de l’anglais. Et je me ferai un plaisir de vous exposer tout ça à la prochaine occasion. »


          • skirlet 21 juillet 2007 13:48

            Tiens, Asp...

            « Eh bien moi, je veux de l’anglais »

            Mais prenez-le, très pas cher ! Je suis assez large d’esprit pour comprendre les personnes ayant un penchant à l’aplatventrisme, sans toutefois le partager smiley Ne vous gênez donc pas smiley

            « Et je me ferai un plaisir de vous exposer tout ça à la prochaine occasion. »

            Petit problème de mémoire ? Avez-vous oublié d’avoir exposé « tout ça » maintes fois ?.. Ceci dit, allez-y, ça fait de la pub à l’espéranto smiley

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