Septembre 2014 : vers une nouvelle gouvernance pour le réchauffement climatique
Depuis l’échec de la conférence de Copenhague, et la fin du protocole de Kyoto, l'Occident tente de montrer une nouvelle voie pour lutter contre le réchauffement climatique. Une mission très - trop - délicate pour le gouvernement français, mais aussi pour Barack Obama qui espère contourner le Congrès afin d'obtenir un « accord international politiquement contraignant ». Heureusement, dès septembre 2014, la société civile se mobilisera pour endiguer un phénomène qui pourrait être à l'origine de 250 000 décès par an d'ici à 2050 selon l'Organisation Mondiale de la Santé...
Les négociations internationales : la stratégie du renard
Avec son célèbre traité politique, Nicolas Machiavel explique comment celui qui gouverne doit parfois employer la ruse pour imposer ses vues. Or c’est justement le sens tactique, qui a fait défaut à Nicolas Sarkozy lorsque ce dernier dénonçait « un système onusien à bout de souffle » à la suite de l’échec de la conférence de Copenhague. Finalement, cette absence de vision et de détermination sur les enjeux climatiques s’est soldée par un maigre bilan sur l’environnement. En dépit cette réalité, la polytechnicienne NKM qui fut sa ministre de l’écologie souhaitait aujourd’hui sur France Inter (28/08), son retour en politique…
De son côté, François Hollande espère encore faire de la France la nation de l’excellence environnementale pour pouvoir jouer un rôle moteur dans les négociations. Une ambition bien mal-en-point alors qu’il ne parvient pas à résoudre les mêmes problématiques sur la scène nationale. Ainsi, le Centre de Recherche et d'actions sociales (CERAS) se réunira du 10 au 12 septembre, sous l’égide du chercheur du GIEC Nebojsa Nakicenovic, pour tenter de « dépasser les discussions technicistes actuelles sur la transition énergétique et de mettre en débat les questions de justice sociale sous-jacentes ». Le président normal qui s’est longtemps présenté comme l’homme de la synthèse, n’aura pas vraiment su faire honneur à sa réputation de fin tacticien sur le sujet !
Paradoxalement, celui qui fait probablement le plus preuve d’habileté politique est aussi celui qui nous y a le moins habitué ! En effet, Barack Obama est en train d'élaborer une stratégie pour engager les Etat-Unis dans un processus historique de lutte contre le changement climatique en contournant le rôle du Congrès. Faut-il rappeler que même dans le régime présidentiel américain, il est nécessaire d’obtenir une majorité des deux tiers au Sénat pour qu’un traité international engage juridiquement le pays ? Influencé peut-être par House of Cards, le démocrate qui avait été élu sur le slogan « yes we can », pourrait parvenir à se soustraire aux règles de la Constitution en proposant un traité « politiquement contraignant », et se dispenser d’une ratification du futur accord sur le climat.
Le réchauffement climatique et le besoin d’une nouvelle gouvernance
La ruse devrait être l’attribut du Prince, pourtant il semble que nos élites politiques en soient bien souvent dépourvues, probablement du fait du conformisme inculqué dans les écoles du pouvoir. Désormais, on s’aperçoit qu’il ne faut plus compter sur le génie politique pour résoudre les défis des relations internationales exclusivement régies par un matérialisme forcené et les logiques d'intérêt. C'est pourquoi, notre époque appelle irrémédiablement à une nouvelle gouvernance, qui laisserait plus de place à la société civile, et les problèmes climatiques illustrent parfaitement cette nécessité. D’ailleurs à cet égard, on remarque que la communauté scientifique se montre souvent bien plus utile que la classe politique.
Le fonctionnement de l’Organisation des Nations-Unies le confirme assez bien. Au début du mois d’août, « M. Ban Ki-moon, a annoncé la nomination de Mary Robinson, en tant qu’Envoyée spéciale pour les changements climatiques (…) [afin] d’élever les ambitions à l’approche du Sommet 2014 sur le climat le 23 septembre 2014, à New York ». Si cette réunion rassemblera les représentants des 154 pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), elle ne sera pas l’occasion propice à la confrontation d'idées, pas plus que la COP20 de Lima qui sera chargée de rédigé le projet d'accord pour Paris 2015. En revanche, le New York forum organisé par Richard Attias le 21 septembre en marge de cette rencontre de l’ONU, permettra d’aborder avec des experts, tant la question des objectifs à atteindre que celle de la méthodologie à employer.
Il pourrait par exemple y être question de « l'equity reference framework », défendu par les scientifiques et les experts à l’origine du protocole de Montreal. Cette méthodologie innovante, consiste à mettre en œuvre un « système de reporting qui regrouperait une série d'indicateurs témoignant du niveau de satisfaction de certains besoins fondamentaux, ainsi que les engagements des pays par secteur ». De plus, à l’issue de ces journées de travail dans la capitale économique des Etats-Unis, des organisations comme le Réseau des administrateurs pour l’investissement responsable (RAIR), l’IIGCC, ou le fonds de pension de la fonction publique (ERAFP), feront une déclaration qui vaudra « engagement de fléchage d’un pourcentage minimum de leurs moyens financiers vers la lutte contre le changement climatique ». Philippe Desfossés, directeur exécutif de l’ERAFP en est persuadé : en multipliant ces mobilisations « nous pourrions faire encore mieux » !
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