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Accueil du site > Actualités > Politique > La trahison de Mitterrand et du Parti Socialiste … et les positions (...)

La trahison de Mitterrand et du Parti Socialiste … et les positions ambigues du PC

La situation politique en France est marquée par une vaste contradiction. La tradition révolutionnaire du prolétariat français a été une composante essentielle de la naissance et du développement du socialisme marxiste il y a un peu moins de deux siècles. La révolution d’Octobre a été puissamment soutenue par la classe ouvrière française et les principales luttes révolutionnaires en France au 20e siècle représentent de grandes expériences stratégiques du prolétariat international. Mais alors que le capitalisme mondial est déchiré par la montée de la guerre et la crise économique la plus profonde depuis les années 1930, aucune tendance politique en France ne lutte pour un renversement révolutionnaire du capitalisme par les travailleurs ni pour la construction du socialisme.

Les forces qui ont dominé la politique « de gauche » depuis 1968 sont profondément hostiles au socialisme et à la classe ouvrière. La colère de la population éclate face à la politique réactionnaire de guerre, d’austérité et d’attaques des droits démocratiques qui a été poursuivie par le Parti socialiste (PS) et ses satellites durant toute une période historique. Hollande lui-même a expliqué à des banquiers de Londres pendant la campagne électorale de 2012 que, « De nos jours, il n’y a plus de communistes en France. La gauche a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n’y a rien à craindre ».

 Pendant des décennies, le PS et ses alliés ont cherché à redéfinir la politique « de gauche » selon les préoccupations de sections aisées de la classe moyenne. Ils ont promu le soutien aux guerres « humanitaires » de l’impérialisme au lieu de l’opposition à l’impérialisme, le « dialogue social » entre les bureaucraties syndicales et la grande entreprise au lieu de la lutte des classes, l’islamophobie et le nationalisme au lieu de la solidarité ouvrière. Dans la mesure où ces forces peuvent prétendre représenter le socialisme, elles ne font que pousser des électeurs excédés vers le Front national néo-fasciste.

 Le discrédit du PCF après 1968 n’ont cependant pas conduit à l’avènement d’un parti révolutionnaire ouvrier de masse, mais à celui du PS. Fondé lors de congrès à Alfortville et Epinay en 1969 et 1971, ce fut dès le départ non pas un parti socialiste, mais un parti du capital financier. Ce n’était pas non plus une réédition de la vieille SFIO. La construction d’un tel parti aurait été en soi une initiative réactionnaire car la SFIO était un instrument du capital : elle avait soutenu la Première Guerre mondiale, s’était opposée à la révolution d’Octobre, avait voté dans sa majorité pour Pétain en 1940 et mené la guerre d’Algérie. Mais le PS incluait des forces plus à droite encore.

 Le PS a été conçu comme l’outil électoral de François Mitterrand, ex-responsable de Vichy et garde des Sceaux sous Guy Mollet, étroitement lié aux dirigeants de la police vichyste, comme René Bousquet, qui avaient organisé la Shoah en France. Le PS regroupait les restes de la SFIO, la Convention des institutions républicaines de Mitterrand qui abritait des forces du vieux Parti radical liées à Vichy, des forces sociales-catholiques telles de les partisans de la revue Esprit, et des intellectuels de « gauche », des ex-staliniens et des ex-trotskystes du Parti socialiste unifié (PSU). C’était un parti bourgeois recruté surtout dans l’appareil d’Etat, les médias et le corps enseignant. Le PS devait toutefois se faire passer pour « socialiste », alors qu’un puissant mouvement d’opposition se développait parmi les travailleurs et les jeunes, où le PCF et le mouvement trotskyste conservaient une influence substantielle.

 Le but du PS, comme l’expliqua Mitterrand plus tard à des responsables américains, était de détruire la base électorale du PCF, devenir le principal parti « de gauche » et prendre le pouvoir. Il se présentait comme socialiste en critiquant le PCF et les crimes historiques du stalinisme révélés dans les années 1960 et 1970. Mais cette critique ne se faisait pas du point de vue de la classe ouvrière, en se fondant sur la défense par Trotsky de la démocratie soviétique contre la bureaucratie stalinienne ou sur une critique trotskyste du rôle contre-révolutionnaire du PCF. Le PS attisait l’anticommunisme et des illusions dans la démocratie bourgeoise.

 Il a exploité le virement à droite d’un PCF assommé par la grève générale de 1968. Le PCF a réagi aux luttes révolutionnaires de 1968-1975 en signant un Programme Commun avec le PS et le bourgeois Mouvement radical de Gauche en 1972 et en répudiant la dictature du prolétariat lors du tournant « eurocommuniste » de 1976. Le Programme Commun qui tentait de se draper dans les acquis négociés par le Front populaire en 1936, a ouvert le chemin non à des avancées sociales, mais à toute une époque de guerre sociale contre les travailleurs.

 Le PS s’est surtout appuyé sur la guerre faite au marxisme en France par de larges secteurs de l’intelligentsia. Les intellectuels « de gauche » qui s’étaient surtout déplacés du PCF vers le maoïsme après la guerre d’Algérie et le discours secret de Khroutchev avouant les crimes de Staline, sont allés encore plus à droite après 1968. Terrifiés d’avoir frôlé une révolution sociale, ils ont abandonné le flirt avec le marxisme qu’ils avaient mené sous l’égide du PCF, pour monter une campagne médiatico-politique en faveur du PS.

 Diverses forces, des « nouveaux philosophes » comme Bernard Henri-Lévy au poststructuraliste Michel Foucault en passant par l’historien de la révolution de 1789 François Furet, ont attaqué le « totalitarisme » présenté comme le produit inévitable de toute révolution. Le concept du « totalitarisme » établissait un amalgame entre communisme, stalinisme et fascisme, mais ses adeptes ne visaient ni le fascisme ni les crimes de Staline. Ils n’attaquaient ni les ex-vichystes comme Mitterrand ou Bousquet, ni le génocide politique du Kremlin contre le marxisme. Ils attaquaient le communisme et le marxisme en avançant une critique droitière de la politique antidémocratique du Kremlin. Ils firent la promotion de dissidents libéraux russes réprimés par le Kremlin tels Alexandre Soljénitsyne. Passant sous silence les crimes de l’impérialisme, hostiles à une lutte des travailleurs soviétiques contre la bureaucratie stalinienne, ils jetèrent les bases théoriques d’un soutien « de gauche » à l’anticommunisme, à la restauration capitaliste en URSS et, plus tard, aux guerres « humanitaires » contre des pays ex-coloniaux dont on dénonça également les dirigeants comme « totalitaires ».

En 1981 Mitterrand, arrive au pouvoir avec le soutien du PCF. Exploitant le mécontentement social dû à l’impact de la crise économique des années 1970 et à la politique d’austérité de Valéry Giscard d’Estaing, Mitterrand a promis de nationaliser de grandes entreprises et d’augmenter le pouvoir d’achat. Mais une fois au pouvoir, il a vite répudié son programme. Face à une fuite totalement prévisible des capitaux, il a refusé d’imposer des contrôles financiers et a proclamé un « tournant de la rigueur », attaquant les emplois et les prestations sociales.

 La trahison par Mitterrand des promesses du PS a provoqué la colère et la désillusion parmi les travailleurs. Mais aucun parti ne luttait pour une politique révolutionnaire indépendante du PS, et cette opposition ne put finalement s’exprimer de manière organisée. Dans cette situation surréelle, où la séparation de classe entre les travailleurs et les forces privilégiées du mouvement étudiant et de l’appareil d’Etat devenait un gouffre, le mouvement ouvrier a commencé à péricliter. Les syndicats se sont effondrés, tout comme le nombre de leurs adhérents et l’intensité des grèves, et ils sont devenus un appareil corporatiste presque exclusivement financé par le patronat. La petite bourgeoisie radicalisée a bâti une série d’organisations contrôlées par le PS et ses alliés politiques, tels que SOS Racisme et les syndicats étudiants. Celles-ci ont servi à surveiller la population et au besoin à organiser des mobilisations limitées servant de soupape pour le mécontentement social.

Depuis, le PS n’a eu de socialiste que le nom … et le PC est toujours à la recherche de son identité !

Transmis par A&A TERRIEUR


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15 réactions à cet article    


  • troletbuse troletbuse 21 décembre 2016 15:17

    Trahison ? Il n’arrive pas à la cheville de Hollandouille.
    Rester dans l’Otan
    Caniche servile des Etrats-Unis allant même jusqu’à faire la guerre tout seul.
    Aucune promesse tenue à part celle de partir (pas à cause du chômage mais aux 4% de popularité)
    Faiblesse, soumission, complaisance avec les puissants.
    Ne parlons pas de ses ministres incompétents sauf arrivistes.
    Jouisseur. Se comporte avec les Français comme avec ses femmes.
    Un moins que rien en somme.


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 21 décembre 2016 17:57

      Votre position concernant le PS correspond à la réalité historique et actuelle, mais votre analyse sur le déclin du PCF est un peu courte.

      On ne comprend rien aux positions qu’a prises le PCF à divers moments forts de l’histoire du vingtième siècle si on ne prend pas en compte la théorie du « socialisme dans un seul pays » développée par Nikolaï Boukharine au point d’être adoptée par le XIVe congrès du Parti communiste de l’Union soviétique le 18 décembre 1925.

      Cette théorie défendait la possibilité de bâtir le socialisme dans l’Union des républiques socialistes soviétiques sans obtenir le secours des autres pays avancés qui auraient pu connaître une révolution. comme la possibilité de réaliser le socialisme sans révolution internationale, en développant une économie planifiée et autarcique, qui n’était rien d’autre qu’un capitalisme d’état mal géré sur le seul territoire de l’URSS.

      Les autres pays devaient passer par toute une série d’étapes intermédiaires avant la « révolution socialiste », ce qui justifiait toute sorte d’accommodement en attendant : avec le Front populaire en France ou le Guomindang en Chine. Les accords de Yalta et le partage du monde ont fait le reste en intimant aux PC des pays occidentaux l’ordre de respecter le statu-quo. Les dirigeants du PCF ont été formés pour appliquer cette politique imposée par l’appareil grâce au « centralisme démocratique », et lis n’ont jamais dévié d’un iota de cette ligne jusqu’à l’implosion de l’URSS en 1990 qui l’a laissé orphelin, n’ayant plus comme cap que le maintien des mandats des élus en place.

      Expliquer l’effritement du PC par une cause externe est méconnaitre le fonctionnement réel de cet organisme qui a connu une puissance et une dynamique qu’il n’a pas utilisées quand il aurait pu le faire.


      • CN46400 CN46400 22 décembre 2016 09:08

        @Jeussey de Sourcesûre

        Boukharine inventeur du « socialisme dans un seul pays » ? à démontrer. Je penche plutôt sur Staline qui a choisi cette piste pour plusieurs raison :
         - Il est persuadé qu’une « explication » finale militaire avec le capitalisme est inévitable et qu’il faut donc créer, au plus vite, les bases économiques d’un puissant appareil militaire.
         - Le parti est alors « envahi » par de jeunes militants (Kroutchev...) plus fougueux qu’instruits, sortis vainqueurs de la guerre civile, qui pensent que ce pays est assez grand pour entreprendre la construction du socialisme. Staline va s’appuyer sur eux.
         - Au point que les communistes anciens, encore opérationnels ; Boukharine et Trotski notamment, n’osent pas prendre, ouvertement, la défense de la NEP, qui est fortement critiquée par les néos communistes à cause des inégalités qu’elle engendre. Ces marxistes sommaires négligent l’accumulation primitive du capital et le fait qu’on ne peut en faire l’économie. Et ne pensent pas que le chemin le plus court vers le socialisme passe par la division des capitalistes entre ceux qui sont hostiles, militairement dangereux, et ceux qui sont disposés à faire des profits en modernisant (accumulation du capital) l’URSS, au point de neutraliser les premiers. Voir Lénine sur sa conception du capitalisme d’état.
         L’expérience actuelle de la Chine (NEP de Deng Xiao Ping) est, sur ce terrain, largement instructive.

         Dans la lutte de classe entre prolétariat et bourgeoisie, les communistes doivent tenir les deux bouts de la chaîne : unir les prolos, diviser le capital !


      • Alren Alren 22 décembre 2016 12:45

        @Jeussey de Sourcesûre

        Excellente analyse ! 
        L’attitude catastrophique du PCF en 1968 est due à une sclérose déjà sensible du parti, certes, mais aussi aux injonctions de l’URSS de Brejnev. (N’oublions pas que Jacques Duclos, candidat à la présidentielle de 1969, avait été un agent du Komintern, chargé de transmettre au PCF les directives de Moscou et de surveiller, pour rendre compte au Kremlin, le comportement et les opinions des dirigeants du parti.)
        Le numéro 1 russe désirait en effet conserver un de Gaulle au pouvoir en France car celui-ci menait une politique lucide d’indépendance vis-à-vis des USA et de l’OTAN. Dans le même temps ce conservateur craignait que s’institue en France un régime politique de socialisme et de liberté qui aurait pu séduire les pays de l’Est placés sous la coupe étouffante des Russes ; régime dont ils ont écrasé une version en intervenant militairement en Tchécoslovaquie en juillet 1968, régime qui était soutenu avec conviction par une forte majorité de travailleurs et étudiants de ce pays mais qui aurait conduit progressivement à une rupture avec l’URSS à l’image de la Yougoslavie de Tito.

        Des régimes non-capitalistes mais ne se réclamant pas de Moscou, voilà qui était insupportable pour Brejnev et sa clique.


      • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 22 décembre 2016 15:46

        @CN46400

        Je n’ai pas parlé » d’ »inventeur », j’ai écrit que Bukharine avait « développé » cette théorie.

        C’est Staline qui en avait lancé le slogan en 1924 pour s’opposer à la thèse de « révolution permanente « de Trotsky. Mais on sait que Staline n’était ni un théoricien ni un économiste. C’était un manipulateur qui utilisait les « talents de autres.

        Si vous voulez lire la thèse de Boukharine, elle a été éditée en 10/18 et on la trouve en occasion.


      • CN46400 CN46400 22 décembre 2016 17:02

        @Alren

        Vous devriez mieux vous documenter. Les agents du Komintern n’opéraient pas dans leur pays d’origine. En France c’est un tchèque ( Eugène Fried) qui assurait cette fonction, pas Duclos. Le reste est légèrement romancé...


      • Victor 21 décembre 2016 18:06

        Rouge => arc en ciel
         
        Faucille => croissant
         
        Marteau => bite
         
        Étoile => Euro
         
        Avez vous reconnu qui a changé son drapeau en libéraste mondialiste de la gogoche ?


        • JMBerniolles 21 décembre 2016 19:38
          Pas de chance nous n’avons plus de parti révolutionnaire, alors que nous avons extrêmement besoin d’une révolution... Une nouvelle constitution marque une révolution. A cet égard le projet de TCE de 2005 institutionnalisait la révolution capitaliste que le PC n’a pas su théoriser.

          Est ce un hasard ? évidemment non.
          Le PC a pris le tournant opportuniste après l’échec du programme commun qui aurait du conduire à un régime socialiste d’une manière démocratique (enfin dans le cadre de la démocratie actuelle.. on voit ce que c’est) 
          Pour cela il fallait des mouvements populaires....

          En dehors de cela ce n’est pas honnête de ne pas mentionner Jean-Pierre Chevènement. C’est lui qui a cautionné Mitterrand. C’est pourtant un homme politique honorable comme on n’en fait plus.


          • izarn izarn 22 décembre 2016 00:16

            Peut-etre que la révolution du futur ne sera pas commnuniste... smiley


            • Crab2 22 décembre 2016 07:15

              La fachosphère socialiste

              Mettre fin à la haine, c’est mettre fin à l’esprit de secte - le polythéisme accueillait tous les dieux d’où qu’ils viennent - l’invention du monothéisme signe l’acte de naissance du sectarisme

              http://laicite-moderne.blogspot.fr/2016/12/la-fachosphere-socialiste.html

              .

              http://democrite-epicure.hautetfort.com/archive/2016/12/22/la-fachosphere-socialiste-5889976.html


              • CN46400 CN46400 22 décembre 2016 08:22

                « Il a exploité le virement à droite d’un PCF assommé par la grève générale de 1968 »

                C’est quoi le score de Duclps en 69 ?


                • Alren Alren 22 décembre 2016 12:51

                  @CN46400

                  C’est quoi le score de Duclos en 69 ?

                  De l’ordre de 20%. De toute façon il souhaitait l’élection de Pompidou car Moscou pensait que ce dernier poursuivrait la politique gaulliste d’indépendance vis-à-vis des USA. Quelle erreur !!!


                • CN46400 CN46400 22 décembre 2016 12:58

                  @Alren
                  23% c’est de l’ordre de 20%. Et puis Pompidou-Poher c’était bien bonnet blanc-blanc bonnet mais vous en 2017, vous en êtes à Macron je suppose !


                • zygzornifle zygzornifle 22 décembre 2016 11:41

                  Hollande est son digne successeur mais en pire , faux cul, menteur et de droite ..... Je ne pensais pas que l’on pourrait avoir pire que Sarkozy mais Hollande l’a fait , il ne mérite même pas son propre vote ....


                  • ZenZoe ZenZoe 22 décembre 2016 11:56

                    L’auteur ne pouvait-il pas trouver une autre illustration ? On a vraiment besoin de toujours mêler les fesses des femmes à n’importe quel sujet ?

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Robert GIL

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