Le pouvoir change de main
A force de tergiverser, de se contredire, les différentes têtes au sommet de l’état ont perdu toute crédibilité, et comme la nature a horreur du vide, les instances régionales, départementales, ou même municipales, se substituent maintenant au pouvoir présidentiel.
Ça devait arriver, face aux carences d’un pouvoir qui dit tout, et son contraire, le pouvoir se décentralise.
On a vu que, dans le Nord, Xavier Bertrand, patron de la région Haut-de-France, a pris le taureau par les cornes : devant la pénurie de masques, il s’est mis en quête de masques.
On se souvient de la polémique lancée par le successeur d’Agnès Buzyn, qui avait fait porter la responsabilité du manque de masques au gouvernement précédent, rappelant « qu’en 2011, 2013, il a été décidé que ce milliard de stocks (de masques ndlr) n’était plus indispensable, tant les capacités de productions mondiales étaient désormais intenses, notamment en Asie »...
Olivier Véran reproche la pénurie de masques à un certain Xavier Bertrand, alors aux manettes de la santé... lequel s’en défend assurant que les décisions prises il y a 10 ans ne pouvaient lui être imputées, « puisque les stocks sont périssable ». lien
Toujours est-il, que devant l’incapacité de l’état à fournir ces masques, le président de la région Hauts-de-France s’est procuré tous les masques nécessaires à sa population... ajoutant que sa région pourra en produire 10 000 par jour, grâce à 7 entreprises nordistes agrées. lien
Grace à son action, les habitants des Haut-de France, eurent à la mi-avril 6 millions de masques à disposition, gratuitement. lien
Ajoutons qu’ils sont souvent personnalisés.
Les autres régions ont suivi le mouvement.
Laurent Wauqiez en commanda 9 millions, (lien), PACA opta pour un système de commande en ligne, permettant l’approvisionnement à hauteur de 5 millions de masques par semaine. lien
Ce qui donna lieu à quelques passes d’arme entre les régions et l’état, ce dernier s’emparant des masques commandés par la région Bourgogne-Franche-Comté. lien
Puis vint le temps où les mairies prirent le relais à leur tour, et dans toute la France, c’est à qui mobilisa ses petites mains de couturières/iers, permettant de procurer avant l’échéance du 11 mai et gratuitement des masques à tous les habitants.
Tous s'y sont mis, de Chambéry, à Ris-Orangis, en passant par Gourdon, Manys, Cluses, Toul, Bouzy-la Forêt, petite ville du Loiret, ou même madame la Maire, mis la main à la pâte, avec une production non négligeable d’un masque toute les quarts d’heure. lien
Mais que va faire le gouvernement des 2 milliards de masques qu’il a commandé à la Chine, puisque régions, départements, et municipalités, ont décidé de ne plus attendre ?
Va-t-il en faire un stock, qui, comme par le passé, sera périmé dans 10 ans ?
On pourrait aussi évoquer la question du prix de ces masques, bloqué à 95 cts pièce par l'état, alors qu’ils valent moins de 10 cts. lien
Les masques FFP2 valent 30 cts, mais des entreprises en proposent à 6 € pièce, avec leur logo... finalement, le consommateur paye cher pour leur faire de la pub gratis. lien
Reste la délicate question des tests, car finalement, pour éviter une possible 2ème vague, nos élus ont bien compris qu’il fallait en passer par là, puisqu’à la tête de l’état, depuis le début de l’année, rien de très efficace n’a été mis en place.
L’état a même refusé l’aide des laboratoires vétérinaires qui se proposaient de fabriquer des tests coronavirus, alors que depuis la fin mars, il peine à en réaliser 5000 par jour.
Pour une population de 67 millions d’habitants, on comprend aisément que, d’ici le 11 mai, le challenge sera difficilement gagnable. lien
Il semble en effet que les actions concernant ces tests n’avancent pas vite, d’autant que sur le site de l’état, aucun chapitre n’évoque la possibilité de faire des tests. lien
A ce rythme, à la date du 11 mai, il n’y aurait pas plus de 350 000 personnes testées.
Pas étonnant dès lors que le gouvernement ait lancé un appel aux départements, ciblant d’abord 4 départements, lesquels avaient écrit le 25 mars au Ministre de la santé, indiquant que le laboratoire Inovalys se tenait prêt à « participer à l’effort national ». lien
Ce qui n’a pas empêché Olivier Véran d’assurer : « c’est sur la base d’un dépistage massif que nous pourrions être amenés à accroitre notre surveillance une fois le confinement levé ».
Il a assuré en avoir commandé 5 millions, ajoutant que la « capacité additionnelle s’élèvera à 30 000 test par jour en avril, 60 000 en mai, puis 100 000 en juin »... (alors que le confinement sera levé début mai ndlr). Lien
Ajoutons pour la bonne bouche que toutes les communes ne réagissent pas de la même manière...
Ainsi, à Béziers, ville, on le sait, chère à l’extrême droite, le maire, a un avis tranché sur la question. lien
Les différents ratages gouvernementaux a fait naître une forme de communication subtile, maniant les promesses avec beaucoup de prudence.
Ainsi l’expression « nous allons faire... » a été remplacée régulièrement par « nous sommes en capacité de faire... ».
Ce qui n’a pas le même sens.
Ainsi, le 4 mai, Macron a assuré : « nous avons capacité à faire 700 000 tests par semaine », ce qui ne signifie pas pour autant que ces tests seront réellement réalisés. lien
Cette posture ressemble beaucoup à celle que le gouvernement a pratiquée au sujet des masques, et les observateurs politiques ne semblent pas rassurés sur cette nouvelle façon de communiquer.
Cette prudence de langage est pratiquée par quasi tous les membres du gouvernement.
Ainsi on a pu entendre dans la bouche de Thierry Breton, au sujet du déplacement dans la zone de l’espace Schengen : « ça, je ne peux pas vous le dire »...
Interrogé sur la fin du confinement pour l’hôtellerie, la culture, le tourisme, Bruno Le Maire a répondu par un laconique : « je ne sais pas »...Muriel Pénicaud à fait la même réponse sur la montée du chômage, François Bayrou, idem, alors qu’il était interrogé sur la longueur de cette crise économique...
Même le 1er ministre manie la même prudence : alors qu’on le questionnait sur les mariages, les enterrements, il a répondu : « excellentes questions auxquelles je n’ai pas toutes les réponses »...
Le 21 avril, France inter interviewant Gérard Darmanin sur les départs en vacances des salariés cet été, ce dernier répondit : « nous ne connaissons pas un certain nombre de choses ».
Le même jour, sur l’antenne d’Europe 1, Didier Guillaume à qui on posait la question : « quels élèves vont bénéficier des cantines ? », répondait : « je ne peux pas vous répondre ».
3 jours plus tard, Laurent Nunez était interrogé sur le 11 mai : « de quoi êtes-vous sûr ? »...répondait prudemment : « je suis sûr que nous réfléchissons ardemment... désolé je peux difficilement vous en dire plus ».
Même la championne en bourdes, Sibeth Ndiaye s’y met : alors qu’on lui demandait : « les élèves décrocheurs seront-ils prioritaires le 11 mai ? »...elle répondit : « je ne peux pas apporter de réponse ». lien
Quant à Castaner, on voit que, sur cette photo, il a bien compris le sens des mots « gestes barrière ».
Comment alors ne pas comprendre la défiance des français face à un gouvernement qui semble dans l’incapacité de parler d’une seule voix, et d’agir enfin pour protéger la population ? lien
Olivier Bost sur l’antenne de RTL explique cette défiance : « l’absence des masques, le déroulement des élections municipales, le manque de tests, et les couacs de communication ».
En effet, dans le reste de l’Europe, les citoyens ont plutôt soutenu en majorité leurs gouvernements, et apprécié la façon dont la crise a été gérée. lien
Nous voilà donc une fois de plus champions, pour un titre peu envié... et dans un récent sondage, les français à 98% veulent que le gouvernement rende des comptes. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « la malhonnêteté détruit la maison qu’elle a construit ».
Le dessin illustrant l’article est de Sondron
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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