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Elle sublime le silence

En tutoyant les anges.

La Paillote une fois encore nous a offert un de ces moments rares qui enchantent l’existence. Durant une heure trente, une voix s’est élevée au dessus d’une Loire presque endormie sous un soleil de plomb.

OREL (nom de scène d’Aurélie QUIEFFIN), pour son deuxième concert seulement avec la formation Orel & Co, a démontré à un public subjugué qu’elle avait tout d’une grande. Un voix à la profondeur étonnante, à l’incroyable amplitude, à la maîtrise impeccable, gagnée durant vingt années de présence sur scène dans divers groupes locaux.

Dès les premières vocalises, une spectatrice me souffla discrètement : « J’ai les poils des bras qui se redressent ! » Je pense qu’il en était ainsi pour tous ceux qui ce jour-là tombèrent sous le charme de cette artiste. Elle débuta son tour de chant, quoique ce terme ne convient guère à ce voyage au pays du silence sublimé , par un duo totalement impromptu. Elle qui nous vient de Puisaye, dans la Nièvre, fit la rencontre le jour-même de Michel FELDSTEIN, un joueur orléanais de Handpan, cet instrument de percussion circulaire qui invite à la méditation.

Durant de longues minutes en suspension, oubliant les rayons ardents du soleil, OREL improvisa sur les mélodies célestes de son complice. Des vocalises, des borborygmes, des sons gutturaux, des envolées magnifiques dans les aiguës, des vibrations et des silences. Ce fut non seulement un enchantement mais plus encore, une véritable révélation qui invita au silence un public souvent un peu bruyant. La magie opérait, seule une dame au chapeau de paille ne daigna pas écouter, préférant parler pour échapper bruyamment à l’ensorcellement. Elle vit que tous, autour d’elle, avaient été captivés par l’artiste, elle préféra quitter la place, incapable de comprendre ce qui se passait là.

C’était pourtant fort simple. Une jeune femme avait pris par le cœur tous les assistants, non pas par quelque rouerie habituelle, facilité ou standard de la chanson connue de tous, mais par le plus périlleux des exercices : l’improvisation. Le choc fut évident, chacun retenant son souffle à l’exception de la dame au chapeau.

Comment décrire ce qui se passait sous nos yeux ? Avec une voie parfaitement maîtrisée dans une forme de transe vocale, OREL semblait vivre un véritable orgasme intérieur. Elle était habitée par son interprétation et son corps vibrait au diapason. Le décor naturel ajoutait à cette impression céleste. Voilà une divine découverte que nous devons à l’infatigable défricheur des scènes musicales : l'inénarrable Gérard DUSSOUBS qui lui aussi vivait par procuration une émotion intense.

Puis la dame se fit interprète des textes de Luc-Marie DAUCHEZ, un poète du Sancerrois, ainsi que de Mano SOLO, Matthieu CHEDID et Mama BÉA. Interprète n’est pas tout à fait le terme qui convient. Elle habille le texte, le décortique, le cisèle, le malaxe, lui donne une plasticité étonnante qui se plie à toutes ses variations vocales.

Le texte, quoique d’excellente facture, n’est qu’un prétexte pour la magicienne. Il ne se donne plus à notre compréhension. La chanteuse nous convie à l’interpréter nous aussi, en images pour ceux qui ne font plus que l’écouter, mais participe avec elle à ce voyage interstellaire en suivant du regard cette comète fulgurante.

Ses amis musiciens se font d’une délicate discrétion, laissant le premier plan à cette voix qui ne cesse d’évoluer sur tous les registres permis par son immense plasticité vocale. Un violon, une basse, une guitare apporte une délicate nuance et s’accordent le droit de peupler les silences qu’elle nous accorde pour reprendre nous aussi notre souffle.

Ce fut un grand moment, un de ces spectacles qui vous élèvent, vous donne l’impression d’être meilleur après l’avoir entendu. OREL élève les âmes vers un ailleurs de métaphores et de sons, d'assonances et de dissonances, d’envolées lyriques et de plages intimes. Je pourrais me lancer dans l’exercice improbable des comparaisons. Le risque serait grand de vous leurrer. S’il est évident que quelques analogies passent par l’esprit, elles ne tiennent que le temps pour elle de changer de registre.

Elle est déjà OREL, l’inimitable. Quand à définir le style dans lequel elle se meut si bien, je ne prendrai pas non plus le risque de vous tromper. Son univers est si vaste qu’il se fait céleste.

Admirativement sien.

Photographies du concert de Anne-Sophie A avec son aimable autorisation.

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3 réactions à cet article    



    • C'est Nabum C’est Nabum 12 août 2020 10:21

      @Étirév

      merci


    • binary 12 août 2020 11:57

      Je ne connaissais pas, j ai été écouter 10 secondes sur youtube et ... je tombe sur du snobino-boboisme caricatural. Ou je suis mal tombé, ou elle n’a pas de voix, aucune technique vocale, et a choisi un répertoire à sa mesure.

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