vous écrivez : « Il souhaitait quitter la mentalité étroite de la France de son époque et surmonter la douleur que lui avait causée sa relation tumultueuse avec Paul Verlaine. Harar était à l’époque un lieu exotique, clos et chargé de mystère, où encore très peu d’étrangers avait pu pénétrer. Un lieu à priori parfait pour un poète vagabond comme lui. »
ce n’est pas très précis.
quelques éléments :
1/ de passage à Paris, après de sérieux tours à pied en Europe, ses anciens amis lui parlent de son écriture, réponse : « je ne m’intéresse plus à ça... » ; ce n’est donc plus du tout en « poète vagabond » qu’il débarque ; et les locaux de harar le décriront à la fois comme extrêmement radin et, étrangement, « très mahométan »...
2/ Rimbaud se retrouve là-bas après un très vaste tour, désertion aux pays-bas, directeur des carrières de marbre à chypre, etc., long, très long périple, il a marché des milliers de km, d’où sa hanche qui flanche plus tard.
3/ le commerce des armes n’est pas un accident pour lui, mais l’essentiel.
4/ et surtout, pitié : il en a rien à cirer de Verlaine, et ne ressent aucune douleur sinon de la balle tirée par le fou, et il veut juste en finir avec cette poufiasse qu’il surnommait « loyola », c’est tout.
albireo, si le cèdre est « antimites », il n’est pas anti-mythes, hélas.
je me suis pas mal intéressé à son histoire, pourquoi ce massacre depuis des millénaires, les égyptiens, obsédés, les hittites, les babyloniens, les perses, tout le monde en voulant sa part, my cèdre...
mystère - d’autant plus qu’il est connu que pour la marine c’est pas bon, sinon le mât, en tout cas moins bon que le pin par exemple ; reste l’architecture oui.
mais il n’empêche, un égyptien n’ayant jamais vu un cèdre, cet arbre a d’abord dû son succès à son parfum.
je l’ai compris le jour où j’ai une branche qui a cassé et où, l’ayant placée en intérieur, à l’abri de la neige, en attendant qu’elle sèche d’ici l’été pour en faire une canne, j’ai alors constaté la puissance de l’odeur, vu qu’en 24h toute la maison embaumait d’une sorte d’encens (absolument sublime, indescriptible d’ailleurs), qui fait que je me retrouvais en présence de quelque chose de très puissant, bref thanatopracté vivant quoi.
je commençais à tourner autour de la chose intrigué, en me disant que si j’étais pharaon, ben j’en voudrais des tonnes, c’est sûr...
et à l’époque déjà, pas un vivant qui ne voulait mourir sinon dans du cèdre, cette résine quoi...
déjà l’Iliade parle de ce parfum.
donc évidemment haches & tronçonneuses...
il y a trois mille ans c’était presque tout le Liban qui était recouvert, depuis les ottomans surtout, et la première guerre mondiale, le massacre n’a rien laissé, au point que ce drapeau, qui est tout de même un des seuls à porter un arbre sur cette planète, ce drapeau du liban est un vaste mensonge ; on peut encore se consoler avec la feuille de vigne canadienne, sans surtout chercher ce qu’il y a dessous.
bref donc cette résine, et hypercollante d’abord, ce parfum, c’est une chose vraiment unique, sans ça le succès n’est pas compréhensible.
il y a aussi ce principe à la fois ascendant &tournoyant, et puis presque une « psychologie du cèdre », comparé aussi bien en islam qu’en christianisme à « l’impie orgueilleux », le cèdre est l’arbre à abattre, il n’empêche que pour les prophètes, « c’est l’abîme qui le fait croître » (ez 31), et c’est vrai qu’il peut pousser à des altitudes purement rocheuses sans problème - très grande force.
certains troncs creusés par la foudre renferment de l’eau jusqu’à la saison chaude, tout en restant vivants. Il y a cent ans, les paysans avaient pour habitude de la recueillir précieusement pour ses propriétés de purification des plaies et d’aide à la cicatrisation - je sais pas ce que ça vaut, mais ça doit être bon, car les vieux remèdes ignorent wallstreet.
bref, j’arrête là, sur ce sujet, je peux facile faire cent pages,
ça n’a pas de cerveau, mais je pourrais presque démontrer que ça pense, et je considère que les vietnamiens ont compris l’essentiel quand ils parlent de « mer de cèdres »...