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Commentaire de Halman

sur Bon anniversaire, Oscar !


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Halman Halman 18 décembre 2007 11:16

Ah les architectes.

Il y a 20 ans, volonté de rénovation des bâtiments de mon hôpital de la part de la direction.

Excellent, cela en avait plus que besoin.

Appel à un architecte plus artiste futuriste que spécialiste en gériatrie.

Dont les honoraires ont couté des millions, pendant des années.

Il nous pond des nouveaux bâtiments divisés en plots, décallés verticalement d’un demi étage. On se demande encore par quelle lubie.

Résultat, les patients incapables de grimper les rampes inclinées pour rejoindre leurs chambres.

Embouteillages permanents des ascenceurs qui tombent en panne plusieurs fois par semaine.

Epuisement physique des personnels qui passent leur temps à pousser les fauteuils roulants et les brancards dans ces putains de rampent où les gens se détruisent le dos, les genous, les chevilles, et où les patients tombent comme à Gravelotte.

Le toit qui fuit dans les chambres des patients à chaque averse, moquettes qui accumulent les germes et qui puent tellement au bout de quelques mois qu’il faut les remplacer de toute urgence par des matières synthétiques faciles à désinfecter, sécurité des patient impossible à assurer avec une telle architecture complexifiée au délire, manque de personnel, les patients se perdent dans les escaliers et les couloirs tortueux, les agents passent leur temps à courir dans les quatre étages des escaliers.

Le génial architecte, a eu l’idée extraordinaire de placer les détecteurs d’incendie juste au dessus des plaques électriques et des fours à micro ondes dont on se sert pour faire des patisseries aux patients, réchauffer les plats apportés par les familles. Détecteurs bien sur qui sonnent l’alarme incendie chaque fois qu’on fait la cuisine. Les gars de la sécurité incendie qui en ont ras le bol de passer la journée à venir désactiver l’alarme. Décision de la direction, supprimer les fours à micro ondes et les plaques chauffantes. Résultat, plus de patisseries ni de plats chauds pour les patients.

L’intéret on se le demande.

Bien sûr cette architecture « innovante » est photographiée sous toutes les coutures par les journaliste, montrée comme exemple dans toutes les parutions de la commune, du département, des articles de gériatrie, visitées par les notables locaux, et même par des cars de médecins et responsables d’hôpitaux de gériatries étrangers, asiatiques, russes, nordiques.

Interessante sur le plan architecturale peut être, mais en pratique une saloperie inutilisable et dangereuse pour les patients et le personnel.

Rénovation clinquante qui a coûté à elle seule plus que la simple remise en état de bâtiments bien plus simples et efficaces, utilisables.

Un jour, lors d’un cours, un intervenant est venu nous piquer sa crise parce qu’il trouvait scandaleux que des budgets aient été alloués à du matériel de radiologie neuf plutot qu’à la peinture des radiateurs et des murs.

Le sens de l’urgence de certains est assez spécial. Trouver plus urgent l’esthétique et le look plutôt que la qualité des soins, c’est vraiment grave.

Il m’est arrivé de passer un week end chez des amis ferus d’architecture. Le genre bande de copains architextes, pilotes de lignes, médecins, artistes. Ils avaient transformé une vieille chapelle en une sorte d’appartement à pièce unique. Concept basé sur la lumière naturelle et l’espace.

Esthétiquement c’était superbe.

Le résultat est intimité zéro.

On prend sa douche dans une pièce aux parois transparentes, les gens à table vous causent pendant que vous vous imaginez peinard sous la douche, on dort dans une chambre où tout le monde voit et entend ce que vous faites, vous écrivez vos pensées du jour sur votre ordinateur portable vous dérangez tout le monde avec le bruit du clavier, vous grimpez dans votre chambre vous passez à côté de gens aux toilettes cachées juste par un rideau translucide.

Intimité nulle.

Esthétique et luminosité maximale.

Quand pour certains l’esthétique prime sur la santé et le pratique.

C’est joli, ça fait rêver dans les revues d’architectes, mais est ce vraiment vivable ?


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