D’après ce que j’en ai lu le jeune étudiant de Science-Po s’est fait traité de « fils de pute » et « sale français ». Existe une race « race française » ?

Pour eux qui pensent que la France est, ou devrait être, un melting-pot harmonieux de tous les peuples de monde, un Eden « black-blanc-beur » (avec des jaunes aussi), le concept de « race française » est insupportable. La question du caractère « raciste » de cet acte ne devrait alors même pas se poser. En revanche, ceux-là risquent de se retrouver devant une contradiction insoluble, celle de voir la composante « black-beur » de notre belle société multiculturelle conchier sa composante « blanc » autochtone. Échec de l’assimilation, de l’intégration : malgré tous nos désirs d’accueil et de fraternité, ces jeunes racailles issues de l’immigration ne se sentent pas « français », ne partagent pas nos valeurs historiques, ne veulent pas se plier à nos lois et à nos règles. Le « sale français » résonne comme un refus de notre civilisation, dans laquelle ils n’ont pas pu, su ou même voulu trouver leur place. Se voiler la face là-dessus revient à un déni de réalité de plus en plus inconfortable. Dénoncer la « manœuvre » de Sarkosy dans tout ça, c’est avant tout allumer un contre-feux pour détourner les yeux du problème, pire, nier qu’il y ait un problème.

Quant à ceux qui pensent qu’il y a bien une « race » française, ou plutôt un « peuple », pour employer un terme moins connoté, produit d’une longue évolution héritée du monde gallo-romain et irriguée par l’arrivée des Francs, pour ceux qui restent attachés à leur culture, à leur valeur, à l’héritage de leur histoire, se faire traiter de « sale français » par des immigrants récents, même ivres et irresponsables, est bien une injure raciste, qui touche au plus profond de son identité, agresse au plus profond de soi l’aspiration à se « sentir chez soi », et le refus de voir des « étrangers » cracher impunément sur ceux qui leur offrent après tout, sur leurs impôts, de quoi vivre. Taxer un peu trop hâtivement ces français là de « partisans du front-national », c’est à dire, au fond, de nazis racistes, serait une grave erreur. Ce sentiment d’appartenance « gaulois », son « french flair » et son indiscipline proverbiale (ahhh la mêlée française encore pénalisée !!), l’amour de la « douce France » et de son vin, de ses fromage, les riantes vallées de ses campagnes, tout cela dépasse les clivages politiques. A droite comme à gauche, au centre comme aux extrêmes, on peut légitimement être fier de ce que nous sommes, souhaiter le rester, et aspirer à ne pas se faire insulter par des gens que rien ne nous oblige à accueillir à bras ouvert. Et ceci, que le veuille ou non cette nouvelle élite bien-pensante et autoproclammée, souvent parisienne (et dont science-po est, précisément, l’un des haut lieux de gestation), jamais avare de mépris, à l’image de leurs prédécesseurs des « lumières », pour la culture populaire « franchouillarde », et qu’on entend un peu trop (sur AgoraVox ou ailleurs) au vu de leur très faible représentativité de la « France réelle ».

Pour finir, concernant le dépit de jeune victime à se voir ainsi streamer aux 4 coins de la toile : je ne peux que le comprendre. Au delà de la question du respect de la vie privée et du droit à l’image, le premier sentiment qui domine après s’être fait agresser (je parle par expérience) est celui de honte : honte d’avoir été faible, de ne pas s’être défendu ; honte irrationnelle dans bien des cas, si les agresseurs étaient plus nombreux et plus forts, et que résister n’aurait pu qu’envenimer la situation ; mais honte quand-même, qui doit toucher à quelque chose de très primitif, de très animal, la honte du mâle dominé ou quelque chose comme ça. Voir des images de soi dans une telle posture de domination honteuse est, je le conçois, insupportable et traumatisant. Diffuser ces images sans floutage était probablement une erreur, voire un délit.