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Commentaire de Angram

sur Chirac, Sarkozy, Royal, Buffet et l'évolution implacable de la réalité française


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Angram (---.---.35.230) 11 janvier 2007 23:27

Marre des illustres savants à la Dugué qui viennent pérorer contre le « populisme ». C’est quoi, au juste, le « populisme » ?

Pour nous désintoxiquer un peu, voici un extrait d’un autre article de De ço qui calt ?

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=17469

Campagne présidentielle, élites mal aimées et chanson de la balance

Après les voeux du Nouvel An de Jacques Chirac, les spéculations sur son éventuelle candidature aux présidentielles de 2007 interfèrent avec la candidature de Nicolas Sarkozy, réputée majoritaire au sein de l’UMP, pendant que Ségolène Royal promet un référendum institutionnel et Francois Bayrou réclame à nouveau un changement de Constitution. Mais les citoyens sont-ils vraiment intéressés par ce débat ? Malgré le forcing médiatique des derniers mois, ce n’est pas sûr que la popularité des principaux candidats soit très grande. Les Français ont voté contre le Traité Constitutionnel Européen, qui était soutenu par une large majorité du monde politique. Et quelle est la valeur réelle de l’être humain dans la société que ce même monde politique a façonnée ? Lorsque, au début du XXI siècle, le droit au logement n’est pas garanti et des SDF meurent de froid, on peut se demander si nous sommes mieux prisés que des marchandises que l’on vend au poids.

D’après le journal britannique « The Independent » du 6 janvier, Jacques Chirac serait prêt à se présenter aux Présidentielles afin de « sauver la France » de Ségolène Royal. Au même moment, Marianne formule dans un article du 6 janvier ses propositions pour une « vraie rupture », avec l’avertissement : « qui que ce soit qui s’installe à l’Elysée en mai prochain (...), il n’y aura ni rupture, ni révolution, ni changement radical du système qui produit les pires injustices, inégalités, insécurités ou aberrations, système que massivement, pourtant, les électeurs rejettent ». La raison étant pour la rédaction de Marianne, non pas une mauvaise volonté ou incompétence des candidats, mais « la puissance destructrice et la brutalité régressive du bulldozer néolibéral (...) à l’échelle planétaire ». Pour lui faire face, l’article réclame notamment « que les clivages partisans obsolètes soient dépassés ». Un mot d’ordre qu’on a beaucoup entendu ces derniers temps (mon article du 31 août), dans la logique : « les temps sont durs et on n’y peut pas grand-chose ». Tacitement, toute la classe politique demande aux Français d’être prêts à consentir des « sacrifices » pour « sauver la France ». On appelle à des formes à peine diverses d’union nationale et, comme Marianne, à ce que « les citoyens (...) se sentent partie prenante, (...) se mobilisent », etc... autour de cette même classe politique qui nous gouverne, nous « gère » et nous « administre » depuis une trentaine d’années.

(...)

Et de quelle « participation citoyenne » nous parle maintenant une classe dirigeante, politique, gestionnaire... qui depuis les années 1970 ne cesse de se doter de toutes sortes de moyens institutionnels et législatifs lui permettant d’avoir raison à tout prix contre le « petit citoyen » ? Une « élite » qui a opéré un incroyable mélange de genres entre les coupoles politique, administrative, industrielle et financière, judiciaire... Qui pratique de plus en plus ouvertement le « mais bien sûr » pour quelques-uns, alors que la grande majorité des Français se voit opposer le passage en force et le langage raide du genre : « c’est comme ça, et il va falloir vous y plier, et d’ailleurs le Conseil (X), le rapport (Y) et telle instance nous donnent raison. Adressez-vous à qui vous voudrez, nous aurons toujours raison ». Après plus de vingt ans de « gestion des français » par la politique unique, par les réseaux de la pensée unique et par la prétendue « évidence » fabriquée avec l’aide des idéologues attitrés du système, ce sont les mêmes qui, pour les élections de 2007, nous assènent un énorme tapage médiatique à base de « rupture », « participation », etc... Où veulent-ils en venir ?

Je ne crois pas aux sondages, ni ne m’y prête jamais. Mais il semblerait que les « élites » aient mal pris un « Top 50 » diffusé par le Journal du Dimanche du 31 décembre, où Zinedine Zidane et Yannick Noah figurent en tête du classement et les « vedettes » politiques se retrouvent à des places que certains ont l’air de juger injustes : Ségolène Royal à 23ème place, Simone Veil à la 25ème, Bernard Kouchner à la 40ème, Nicolas Sarkozy à la 42ème ... Alors que le possible candidat aux présidentielles Nicolas Hulot figure en troisième position. Il s’agit d’un sondage où « les interviewés ont eu à choisir, parmi celles qu’ils connaissent, les dix personnalités qui comptent le plus pour eux ou qu’ils aiment le mieux ». Après un tel résultat, on crie semble-t-il au danger du « populisme »... Sauf que, lors de la dernière coupe du monde de football, toute la classe politique à participé à la grande mise en scène (voir, pour rappel, mon article du 10 juillet), et ce n’est qu’un exemple de l’instrumentalisation permanente de ce type de célébrités par les milieux dirigeants. Faut-il chercher ailleurs la raison du classement de Zidane et d’autres sportifs, chanteurs... ? Le monde des décideurs français possède d’ailleurs une solide réputation de fonctionner par copinage, dont témoigne par exemple l’article du 25 juin, de Ross Tieman, publié par The Observer à propos d’Airbus et EADS. Pourtant, le spectre du « populisme » semble hanter « nos élites ».

Cela fait une bonne vingtaine d’années, que les intellectuels préférés des cercles de décideurs, soutenus par les maisons d’édition et les médias audiovisuels, mènent campagne contre le « populisme ». Faut-il en conclure que « ça ne prend pas » ? Et qu’est-ce que le « populisme », un terme auquel on cherche à assimiler tout et son contraire ? A lire certains « penseurs », ce serait une propagande irrationnelle et démagogique cherchant à ameuter les foules. Des idées proches sont répandues dans des sites théoriquement citoyens. On peut lire à ce jour sur Wikipédia la définition suivante du populisme : « un courant politique favorable aux classes défavorisées, et souvent hostile aux élites », suivie d’un article consacré au populisme politique où il est écrit notamment : « Le populisme... (...) suppose l’existence d’une démocratie représentative à laquelle il s’oppose.... (...) [Il] dit que l’élite ou des petits groupes d’intérêt particulier de la société trahissent les intérêts de la plus grande partie de la population, et qu’il y aurait donc lieu de retirer l’appareil d’État des mains de cette élite égoïste voire criminelle pour le « mettre au service du peuple » tout entier. Afin de remédier à cette situation, le leader populiste propose des solutions simplistes, ignorant les réalités de la décision politique... » . On passe très vite de la notion de défense des classes défavorisées à des références pouvant être apparentées à ce que l’on appelle les « dictatures ».

Mais déjà en 1996, Serge Halimi dénonçait dans Le Monde Diplomatique l’usage démagogique du mot « populisme » : « Lorsqu’un mouvement né il y a un peu plus d’un siècle aux Etats-Unis, à la fois progressiste, de tradition rurale et structuré par un programme de transformation économique ambitieux et précis, se métamorphose en une épithète informe apposée au tout-venant (le Ku Klux Klan et M. Ross Perot, Arletty et Bruce Springsteen, les généraux Peron et Boulanger, Tolstoï et Frantz Fanon, l’historien humaniste Jules Michelet et M. Jean-Marie Le Pen...), chacun devrait avoir compris la fonction idéologique de l’amalgame : dissimuler les vrais rapports de pouvoir en fabriquant une catégorie qui fait diversion, substituer l’étude d’analogies de style à l’analyse des clientèles sociales et des programmes. Ici comme souvent, le consensus se nourrit du relâchement intellectuel et de l’inculture historique. C’est ainsi que, tel un virus, l’adjectif « populiste » contamine le journalisme et l’analyse sociale ... ». Car les campagnes prétendument « antipopulistes » semblent refléter la crainte d’une véritable révolte populaire devant l’évidence, dont attestent deux décennies de régression sociale, qu’il n’est aucunement prévu de changer de politique, quoi qu’on nous en dise.

(...)


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