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Commentaire de HORCHANI Salah

sur Le qatarisme, ce fléau qui nous menace ! Aujourd'hui, la Tunisie, et demain, qui sait, la France !


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HORCHANI Salah HORCHANI Salah 4 mai 2013 13:03

Procès Kazdaghli : Leçons et conséquences d’un acquittement attendu (2/2)

Par Habib Mellakh

universitaire, syndicaliste, professeur de littérature française à la FLAHM

(suite)

Une victoire de l’Etat de droit et des valeurs universitaires

L’acquittement du Doyen permet de poser les jalons de la construction d’une République nouvelle où le respect de l’Etat de droit et des institutions est une valeur primordiale. Les juges en charge de ce procès, en jugeant en leur âme et conscience, ont envoyé, par ce verdict, des signaux très forts à la société tunisienne pour la rassurer sur l’intention des magistrats tunisiens à contribuer à cette édification. Ils ont fait, à l’occasion de ce procès, honneur à la Révolution de la Dignité en passant avec un grand succès le test de l’aptitude de la justice à assurer sa neutralité et son autonomie. Nous avons, du reste, loué à l’occasion de cette chronique et à chaque audience du procès, le professionnalisme de ces juges et leur honnêteté. C’est sur ces qualités que nous nous sommes basés pour justifier notre optimisme quant à son issue.

Nous sommes en train d’assister, sur les ruines de l’ancienne justice, pas encore à la naissance d’une nouvelle justice républicaine (le chemin est encore parsemé d’embûches, voire d’obstacles), mais à un sursaut rageur, à un combat pathétique des juges, soucieux d’exercer la justice en toute indépendance et conformément aux normes internationales en vigueur. Les verdicts de procès d’opinion ou d’affaires mettant en cause la liberté d’expression ou la liberté de création, récemment instruits, confirment ce sentiment ainsi que les luttes des juges à travers leur syndicat et à leur association pour mettre fin à un demi-siècle de soumission au pouvoir politique malgré la volonté de mainmise de ce pouvoir sur le pouvoir judiciaire, particulièrement affichée au moment des débats sur la loi portant création de l’Instance provisoire de la magistrature. La société civile et les partis démocrates devraient se montrer plus solidaires avec les magistrats pour les aider à conquérir leur indépendance. Sans justice indépendante, point de libertés académiques, point de libertés démocratiques. C’est l’une des leçons à tirer du procès Kazdaghli.

La reconnaissance de l’innocence du Doyen, qui est un refus de l’instrumentalisation de la justice par les fossoyeurs des libertés académiques, va conforter, par ailleurs, la résistance des défenseurs de ces libertés, confrontés, particulièrement à la faculté des sciences, à une nouvelle « ghazoua ». 

Un vent révolutionnaire semble aussi souffler sur le Conseil de l’ordre des médecins qui rompt avec les vieux réflexes d’indulgence vis-à-vis des fautes professionnelles commises par certains membres de la profession. L’expertise innocentant le Doyen est à l’honneur d’une instance qui semble décidée à faire triompher l’Etat de droit et à veiller au respect par les médecins du code déontologique de la profession.

De la nécessité de la vigilance

L’acquittement du Doyen, s’il confirme le bien fondé de notre combat pour les règles académiques, ne signifie nullement une victoire définitive sur ceux qui ne les reconnaissent pas, qui essaient asservir la connaissance et les moyens de sa transmission à leurs croyances religieuses sectaires et qui rêvent de transformer la Tunisie en Tunistan. Ce qui se passe en ce moment à la faculté des sciences de Tunis où un groupe d’étudiants, bénéficiant de l’appui du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, revendique depuis plus de deux mois le droit des niqabées à suivre les cours et à passer les examens tout en portant le voile intégral, dans un remake très médiocre des évènements survenus au cours de l’année universitaire écoulée à la Manouba, est révélateur du long chemin qui reste à parcourir.

Réagissant à l’acquittement du Doyen , une cinquantaine d’étudiants affiliés à l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE), syndicat nahdhaoui, ont organisé, le lendemain du verdict, une assemblée générale à la Faculté des lettres des arts et des humanités de la Manouba pour appeler à « dégager »un doyen sioniste, ennemi de l’islam, persécutant les niqabées pour leurs convictions religieuses et leur niant leur droit à l’éducation en leur interdisant le port du niqab.

Le verdict du 2 mai 2013 est une décision de justice qui réconcilie les Tunisiens avec l’Etat de droit et des institutions et, par là même, avec l’esprit de la Révolution de la dignité et Elle jette les fondements d’une nouvelle République, celle dont rêvaient les martyrs. C’est une victoire qui a comblé de bonheur les Tunisiennes et les Tunisiens, qui se sont habitués à voir en Habib Kazdaghli une icône de la défense des libertés, de la femme et de l’enseignement. Elle balise la voie à d’autres conquêtes. Mais le combat est encore long !

Source :

http://www.leaders.com.tn/article/proces-kazdaghli-lecons-et-consequences-d-un-acquittement-attendu?id=11342



 


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