Massada,
Vous écrivez :
Lors de la manifestation « Jour
de colère » le 26 janvier à Paris l’extrême droite avait
déjà fait alliance avec l’extrême gauche pour hurler dans les
rues de Paris des slogans antisémites que l’on n’avait plus
entendu depuis l’occupation allemande : « Juifs
dehors ! ».
Mais ces hurlements sont bien antérieurs et la journée du 26 janvier 2014 n’est pas un événement
irrationnel et accidentel qu’on pourrait croire sans causes et donc
sans suites. Dans son énorme pavé très bien documenté, paru en
2004 (« Prêcheurs de haine »), André Taguieff démontait déjà
magistralement ce processus délétère. Je recopie ci-dessous, et
presque entièrement, la page 108 de son étude :
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« L’opposition manichéenne
sommaire entre « bourreaux » et « victimes »,
« dominants » et « dominés », « riches
et « pauvres, « forts » et « faibles »,
une fois intériorisée, se traduit mécaniquement par une préférence
misérabiliste pour le peuple supposé incarner la série « victimes » / "dominés » / « pauvres »/ »faibles » ».
Mais si l’Etat d’Israël, réalisation du projet sioniste, est un
« Etat raciste », « impérialiste » et
« oppresseur », alors non seulement la « résistance »
est nécessaire, mais celle-ci peut utiliser tous les moyens, y
compris la violence terroriste, pour atteindre la bonne fin :
éliminer le supposé « Etat raciste » et « fasciste ».
Les « souffrants », les « humiliés » et les
« désespérés » ont tous les droits, y compris celui de
commettre des attentats-suicides provoquant la mort de civils du
peuple-ennemi. D’ou les appels à la haine, voire au meurtre, lancés
de faon récurrente lors des manifestations « propalestiniennes »
(du moins dites telles), en France, depuis octobre 2000 (« Mort
aux Juifs », « les Juifs au four », « Juifs
assassins », etc.), visant indistinctement les « Juifs »,
les « Israéliens » et les « sionistes ».
Dans ces manifestations, des islamistes (notamment du Hezbollah)
pronant le djihad contre « les Juifs » côtoient
régulièrement des associations franco-palestiniennes, des membres
d’associations politico-culturelles (à l’image du MIB), des
représentants des partis de gauche (PCF, Verts) et de l’extrême
gauche trotskiste (LCR, LO), des anarchistes violents (CNT), des
militants « anti-mondialisation » (ATTAC) et des
responsables de certaines organisations supposées « anti-racistes »
(MRAP, Ligue des droits de l’homme). Confusion ou collusion ?
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Après la page 274 de ce gros volume, on
trouvera un certain nombre de photographies de manifestations
parisiennes où l’on peut voir sous des pancartes qui répètent ces
sortes de slogans, quelques têtes d ’« intellectuels »
français noyés dans cette répugnante confiture propagandiste.