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Commentaire de Alren

sur Le sommet de la honte


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Alren Alren 30 novembre 2015 12:06

Deux grands empires ont été démantelés au lendemain de la Première guerre mondiale, deux systèmes où une minorité règne sur une majorité, l’Autriche et la Turquie, les allemands de « l’empire de l’Est » sur essentiellement des slaves et les turcs essentiellement sur des arabes.

Si les Autrichiens se sont résignés à cette réduction drastique de leur territoire, il n’en a pas été de même pour les turcs qui ont la nostalgie de leur puissance passée.

En 1918, les dirigeants turcs ont ont cherché les causes de leur défaite. Elle était d’abord due à celle de leur grand allié, qu’ils croyaient invincible, à savoir l’Allemagne du kaiser. Mais aussi à l’archaïsme d’une société musulmane naturellement passéiste, naturellement indifférente ou hostile aux modernités techniques et sociales de « l’Occident chrétien ».

D’où l’arrivée au pouvoir de Kémal pacha qui, pour avoir une armée efficiente, va adopter plusieurs de ces modernités occidentales (d’autres nations l’avaient précédés sur cette voie bien avant, la Russie d’abord sous l’impulsion de la grande Catherine (une allemande de naissance) et des tsars créant St-Pétersbourg (un nom allemand !) et d’autre part le Japon de l’Ère Meiji. Plus tard, ce sera au tour de la Perse de faire sa mutation militaro-technique grâce à l’argent du pétrole, sous l’impulsion du shah d’Iran. Le mouvement, pourtant ultra-réactionnaire, impulsé par Khomeiny, ne remettra pas en cause cette importance des savoirs techniques. Car les imams ont compris qu’ils sont nécessaires pour que cette puissance chiite résiste à ses ennemis sunnites en l’absence de puissants alliés occidentaux.

Une des plus symboliques mesures prises par Kémal sera l’adoption de caractères latins pour écrire la langue.

Dans les faits, ce dépoussiérage d’une vieille civilisation a sans doute permis à la Turquie de conserver la partie occidentale du Bosphore et la perle turque, Constantinople, volée aux Grecs en 1453 par une victoire militaire des musulmans contre les chrétiens.

La laïcisation à marche forcée de la Turquie par Kémal « Attaturk » ("Père des Turcs") fut remise en cause dès après sa mort par un clergé s’appuyant, comme tous les clergés, sur les peurs métaphysiques des classes populaires analphabètes.

Et si, comme en Tunisie ou en Égypte, les officiers issus des classes « bourgeoises » et urbaines réussirent à maintenir une apparence de modernité laïque à la Turquie, la vague de fond religieuse issue en particulier d’Anatolie l’a rapidement réduite à un vernis.

En 1915, les troupes turques firent presque jeu égal avec les troupes russes, bien occupées par ailleurs à combattre les Allemands et les Autrichiens. En 2015 et malgré le soutien US, l’armée turque n’est qu’un pou en face du lion russe. Erdogan, au fond, refuse de tout son être cette réalité qui fait de lui un « sultan » d’opérette.

Mon point de vue reste que l’attaque de l’avion russe au-dessus de la Syrie était bien sûr préparée de longue main par l’armée de l’air turque sur ordre d’Erdogan, mais que les États-uniens s’y seraient opposés s’ils avaient été informés du plan. En effet, leurs experts auraient objecté que le prix à payer pour cette victoire sans gloire (Je suis persuadé que les pilotes de chasse du monde entier, y compris donc les pilotes US se sont mis à la place de ceux qui effectuaient leur mission sur le Sukhoi et non de ceux qui les ont tirés, sans déclaration de guerre, comme des lapins. Cela rappelle l’attaque « infâme » de Pearl Harbor.) serait "contre-productive.

Et cet impulsif imbécile d’Erdogan mesure maintenant toutes les mesures de vengeance que pourra prendre contre elle la puissante Russie. Mais c’est trop tard.


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