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Un Gouvernement sérieusement emmouscaillé...
Discours de politique générale, vote de confiance… Élisabeth Borne peut-elle esquiver l’Assemblée ?
Depuis le second tour
des législatives, l’opposition réclame la venue d’Élisabeth Borne devant
l’Assemblée pour y soumettre son projet politique à un vote de
confiance, comme le veut la tradition. Mais la Première ministre
est-elle obligée de s’y soumettre ?
Pendant son allocution mercredi 22 juin 2022, Emmanuel Macron n’a pas prononcé son nom une seule fois. Élisabeth Borne, nommée Première ministre le 16 mai dernier, reste en place malgré le dépôt de sa démission
- refusée par le chef de l’État – au lendemain du second tour des
élections législatives. Dimanche, le président de la République a perdu
sa majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Depuis dimanche 19 juin, l’opposition de gauche réclame ainsi
la venue d’Élisabeth Borne au palais Bourbon pour présenter son
discours de politique générale, avant un vote de confiance des députés.
« Tirer sa légitimité d’une majorité de parlementaires »
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a déclaré mercredi 22 juin sur BFMTV que la Première ministre doit «
tirer sa légitimité d’une majorité de parlementaires : il serait
logique que Mme Borne, vienne s’expliquer, dire ce qu’elle veut faire,
et en fonction de ce qu’elle dira, obtenir ou pas la confiance d’une
majorité à l’Assemblée ».
Plus direct, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau appelé la
Première ministre à solliciter la confiance par un vote des députés, et à
démissionner si elle ne l’obtient pas.
Le discours, prévu début juillet, décalé
Pour l’instant, aucune date n’est fixée pour le discours d’Élisabeth Borne.
Sa déclaration, qui était prévue le 5 juillet, pourrait même être
décalée d’une semaine, a affirmé Olivia Grégoire, porte-parole du
gouvernement, ce jeudi 23 juin 2022 sur Franceinfo. En cause,
les négociations avec les oppositions, qui peuvent prendre du temps afin
de trouver une méthode de fonctionnement au parlement. « Nous sommes partis pour plusieurs jours, plusieurs semaines, peut-être plusieurs mois de négociations », a confirmé l’eurodéputé Renaissance Gilles Boyer, ce jeudi sur BFMTV.
Pourtant, Élisabeth Borne n’est même pas obligée d’en passer
par l’Assemblée. Le vote de confiance n’est pas obligatoire pour un
nouveau gouvernement, pas plus qu’une déclaration de politique générale.
Mais selon Guillaume Tusseau, professeur à l’école de droit de Sciences
Po, interrogé par l’AFP, elle reste « intuitivement attendue du Premier ministre ».
Une tradition rarement esquivée par les Premiers ministres
Cette tradition républicaine bien implantée reste en effet
quasiment incontournable. Si plusieurs prédécesseurs d’Élisabeth Borne
avaient choisi de ne pas s’exposer à un scrutin de l’Assemblée nationale
(Michel Rocard, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy), la manœuvre serait
aussi un aveu de faiblesse.
En l’absence de vote de confiance, LFI a déjà promis de
déposer une motion de censure. Pour qu’elle fasse chuter le gouvernement
et la Première ministre, il faudrait qu’elle soit votée par 289
députés, au moins.
« Le gouvernement serait bien inspiré de ne pas demander la confiance »,
a réagi Christian Jacob, le chef de file des Républicains jusqu’en
juillet, après sa rencontre avec Emmanuel Macron mardi 21 juin.
Source : https://www.ouest-france.fr/politique/institutions/assemblee-nationale/discours-de-politique-generale-vote-de-confiance-elisabeth-borne-peut-elle-esquiver-l-assemblee-eaaa7988-f2cd-11ec-aa92-a0c5552bd42a