Vue de Suisse, la France a mal au front !

La gauche affichait une pseudo sérénité « les premières élections d'une mandature sont toujours difficiles » doublée d'un dégoût revendiqué « c'est la responsabilité de la droite si le front national est si haut », la droite réussissait cet exercice périlleux de jubiler tout en étant prudente « c'est un désaveu complet de la politique du gouvernement, ce sont les promesses non tenues qui ont fait monter le front national », les écologistes étaient aux commentateurs absents, le front de gauche, synonyme de Jean-Luc Mélenchon reconnaissait bien la défaite mais celle de « l'autre » gauche qui n'en était plus une.

Pendant ce temps, le front national prenait de nouveaux airs de notables de province en affichant des moues satisfaites et en renvoyant dos à dos « l'UMPS qui a dirigé le pays depuis 30 ans ».

Les termes de séisme, de mutation, de triomphe, de désarroi, etc. ont été utilisés aussi bien par les acteurs politiques que par les commentateurs... est-ce bien sérieux ?

Attention, amis français, vous allez être secoués ! C'est un petit suisse qui est aux commandes de ce « Journal du Monde et d'Ailleurs » et mes racines politiques plongent loin dans l'histoire jusqu'au 1er août 1291 où mes premiers compatriotes ont jeté les bases de ce qui allait devenir notre DEMOCRATIE.

Une démocratie directe dans laquelle le peuple n'est pas considéré comme une simple chambre d'enregistrement des décisions prises par des dirigeants tellement plus intelligents et capables qu'eux. Une démocratie dans laquelle un « non » est un « NON » et pas une simple erreur de parcours sur le chemin que ces êtres supérieurs ont tracé pour nous (Tout le monde aura reconnu le « non » français à l'Europe, merveilleusement retourné en « oui » un peu plus tard).

Une démocratie construite sur le respect de l'autre, de ses convictions, de ses choix et qui permet que même lorsque des tendances extrêmes se manifestent elles restent dans des proportions raisonnables, le temps qu'elles soient expérimentées et qu'elles démontrent leur côté « miroir aux alouettes » et que le balancier ne reprenne une position plus centrale.

Une démocratie dans laquelle les partis s'entendent pour travailler ensemble au bien-être de leurs électeurs et pas prioritairement à leur bien-être personnel ; le népotisme n'ayant pas bonne presse en Helvétie...

Une démocratie qui accepte par exemple que le peuple s'oppose au transit des camions européens et décide de les faire traverser le pays en train, etc. qu'en penseraient les habitants de Chamonix ?

La démocratie française a produit 2'609 US milliards de PIB en 2012 pour 66 millions d'habitants, la Suisse avec ses 8 millions devrait donc atteindre 316 US milliards, non ? Raté, la démocratie directe a généré 632 US milliards, quasi le double !

Facile avec leurs banques... « C'est l'argent sale qui coule à flots là-bas qui permet cette performance » ; vraiment ? Encore raté car on estime que les instituts financiers ne contribuent que pour 4% au PIB suisse...

Alors, amis français, que penseriez-vous d'expérimenter la démocratie directe ? Avec notamment le référendum d'initiative populaire qui permettrait à 1 million d'entre vous (Par exemple) de demander un vote sur tel ou tel sujet d'importance et qui engage l'avenir de votre nation.

Imaginez-vous votre superbe pays débarrassé de ses « élites » incrustées à vie, libéré de ses innombrables strates administratives, encouragé à donner le meilleur de lui-même, réconcilié avec l'autre et ses différences, motivé par la compétition internationale, etc. ?

Comprenons-nous bien, je suis le contraire d'un zélateur de la croissance à tout prix, je suis contre le dumping des salaires qui conduit au désespoir des travailleurs, je suis contre la mondialisation qui a brûlé l'Europe de l'Ouest, le Japon, la Chine, le Bangladesh, l'Europe de l'Est, etc. et va à présent s'en prendre à l'Afrique dans un tour du monde « spécial pauvreté »... mais je suis pour la démocratie, la vraie, celle qui donne le pouvoir, le vrai, au peuple et lui reconnaît le droit de décider pour lui-même.

Alors, dans cette France réellement démocratique, vous ne voteriez pas une fois tous les x ans en moyenne mais 2 à 4 fois par année, au niveau national mais aussi régional et communal, vous prendriez à bras le corps les problèmes qui vous assaillent et vous ne vous tourneriez plus vers vos autorités pour quémander des solutions qu'elles ne seront plus jamais capables de vous fournir puisque le modèle qu'elle idéalise et tente d'appliquer est mort après le premier choc pétrolier.

Je conclus sur cette Suisse qui paraît si étrange à nos amis français, ceci d'autant plus quand ils ne la connaissent que par les « légendes urbaines » colportées par des ignares ou des jaloux. Je vais vous confier le secret helvétique, celui qui pour moi « makes the difference », il est double...

a) Le multiculturalisme avec la Suisse Alémanique, la Suisse Romande et la Suisse Italienne (N'oublions pas les Grisons pour respecter la culture romanche) qui inscrit génétiquement dans chaque helvète une ouverture à l'autre et qui dit ouverture dit respect.

b) L'éducation (Instituts de recherche, universités et apprentissage) qui permet à la Suisse d'être première au classement mondial de la compétitivité depuis 2009 ! Ceci malgré le fait qu'une vendeuse va gagner là-bas l'équivalent de € 2'500.-/mois ou € 4'000.-/mois pour une secrétaire.

En conclusion, amis français, vous avez raison d'avoir « mal au front » ce matin mais pas à cause d'un parti qui va démontrer son potentiel concret en arrivant aux responsabilités, cessant ainsi d'être un phantasme de « recours » et « sauveur de la Patrie ». N'oublions pas qu'ils s'étaient déjà largement à plat ventrés en tant que Maires dans les années 90.

« Démocratie », que de billevesées on écrit en ton nom, que de fraudes on commet, que de mensonges on profère, arrêtez le massacre et montez au front, celui du Droit de disposer de vous-mêmes !