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Accueil du site > Actualités > Santé > Non à la solution finale, légale...

Non à la solution finale, légale...

Le 7 mars, le Nouvel Observateur publiait un appel en forme de pétition, signé par 2 000 soignants, déclarant « en conscience, avoir aidé médicalement des patients à mourir... » et réclamant « une révision de la loi dans les plus brefs délais, dépénalisant sous conditions les pratiques d’euthanasie ».

Ce sujet mériterait des développements qu’un simple article ne peut contenir, tant il est complexe et tant il est indissociablement lié à la tragique et indicible finitude de la destinée humaine.

Les gens qui réclament depuis quelques années à grands cris des lois pour «  médicaliser » la mort sont certainement bien intentionnés. Mais leurs gesticulations et leur zèle ont quelque chose de terriblement gênant. J’ai exercé la médecine clinique pendant plus de deux décennies et vu, hélas, la détresse de beaucoup de malades, jeunes ou vieux. J’ai vu sur leur visage l’empreinte atroce de la douleur et perçu dans leur regard la peur et le désespoir qui les habitaient. Pourtant, à travers ces misères j’ai cru discerner parfois une étrange grâce, une sorte d’apaisement, de détachement devant l’infini tout proche.
Aussi, bien que fermement opposé à certains acharnements thérapeutiques insensés, bien qu’étant ardemment convaincu qu’avant de songer à guérir, le devoir des soignants est avant tout de soulager, même au risque de raccourcir l’espérance de vie, je ne peux me résoudre à imaginer la légalisation de l’euthanasie.

D’abord parce qu’aucune situation n’est généralisable. Chaque malade a son histoire. Entre un patient rongé par un cancer généralisé, un second en coma chronique, un autre tétraplégique à la suite d’un accident, un dépressif atteint d’un mal de vivre incurable et un vieillard dément, il y a des abîmes insondables. Comment diable une loi dont on connaît trop bien la nature formelle et procédurale, pourrait-elle décrire la diversité de ces situations ?

Ensuite parce qu’on conclut à mon sens un peu vite la question du libre choix de la personne concernée. Les pétitionnaires imaginent leur attitude légitimée « parce que le malade souhaitait en finir » et vont souvent jusqu’à envisager que chacun puisse anticiper ce choix avant d’être dans la situation où il se pose vraiment.
Mais de quel choix parle-t-on ? Selon quels critères peut-on juger qu’il soit objectif, même si le malade est pleinement conscient ? Et dans ce cas, imagine-t-on l’état d’esprit d’une personne plongée dans une situation de dépendance totale mais aussi d’inutilité, d’absurdité, de vanité absolue ? Tout bien pesé, en quoi est-ce différent du désespoir d’un suicidant ? N’évoque-t-on pas d’ailleurs en pareil cas la notion de «  suicide assisté » ? Et cet anéantissement moral est-il inéluctable et irréversible ?
Tout étant relatif en ce bas monde, on peut dire par exemple que la situation du désormais célèbre Vincent Humbert n’était guère différente de celle du non moins fameux astrophysicien anglais Stephen Hawking.

Entièrement paralysé à l’exception de quelques doigts, tributaire d’un appareil d’assistance respiratoire et dans l’incapacité de parler autrement que par l’intermédiaire d’un synthétiseur de voix, le savant manifeste pourtant, en dépit de sa souffrance, une rage de vivre et un enthousiasme stupéfiants.

Peut-être aussi, dans de telles situations, sous-estime-t-on le poids réel que fait peser consciemment ou non sur l’individu concerné, l’attitude de son entourage, pour lequel la situation paraît souvent au moins aussi intolérable. A moins qu’il ne soit animé d’un amour assez intense pour continuer de voir une valeur inestimable à ce qui reste de vie et lui conférer, malgré tout, un souffle d’espoir...
A bien y regarder, ne sommes-nous pas confrontés à une alternative aussi indécidable que le fameux « Choix de Sophie » ? Celui laissé par un officier nazi diaboliquement « bien intentionné », à une mère horrifiée, de désigner celui de ses deux enfants qu’elle souhaitait voir échapper à la déportation et donc à une mort quasi certaine...

Il faut ajouter que les moyens utilisés pour aider médicalement des patients à mourir ont parfois de quoi faire frémir. La fin programmée des jours de Vincent Humbert ne fut pas le résultat d’un simple arrêt des thérapeutiques ni celui de la prescription massive de médications destinés à « soulager les souffrances » mais, comme l’a rappelé le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, « de l’administration de Nesdonal et de chlorure de potassium, pratiquée par le médecin sous forme de deux injections successives » (il s’agit à peu de chose près, de la procédure employée pour exécuter les condamnés à mort aux USA).
On ne saurait oublier le cas de Terry Schiavo aux Etats-Unis, plongée dans un état végétatif chronique à la suite d’un accident cérébral et pour laquelle l’attitude préconisée par ceux qui voulaient « interrompre ses souffrances », consistait ni plus ni moins à « interrompre l’alimentation artificielle ». Ce qui signifiait en clair qu’on la condamnait à mourir de soif et de faim !

En définitive, le manichéisme et le monolithisme des réactions qui entourent habituellement ces faits divers dramatiques, la réclamation véhémente de lois ouvrant la porte à l’euthanasie active sont quelque peu terrifiants. Occultant largement la complexité et la diversité des situations en jeu, ce type de comportement risque de précipiter la société, déjà bien déboussolée, vers de nouvelles outrances matérialistes. La pente est hélas glissante et les excès ne sauraient tarder à se manifester. Aussi le titre de cet article est-il volontairement provocateur car on sait trop bien que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Le jour même de l’enterrement de Vincent Humbert, le spectacle des journalistes interrogeant au sujet de l’euthanasie d’autres patients très handicapés qui séjournaient dans le même établissement ou leurs familles, avait quelque chose d’indécent...

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52 réactions à cet article    


  • (---.---.223.32) 12 mars 2007 13:04

    Morale chrétienne... Pourquoi diable laisser une personne partir, quand on peut la laisser souffrir pendant 10 ans.


    • La mouche du coche la Mouche du coche 12 mars 2007 13:09

      @ l’auteur, « le manichéisme et le monolithisme des réactions »

      Vous devriez cesser de mépriser les gens qui ne pensent pas comme vous : Vous vous comprendrez mieux vous-même alors. smiley

      Et vous ne nous trouverez plus « terrifiants » mais verrez autre chose : C’est que c’est vous qui l’êtes. smiley


      • ANGELO (---.---.204.252) 12 mars 2007 13:16

        Merci docteur pour ce formidable article courageux et à contre-courant du médicalement-correct médiatique . Le compassionnel actuel est vide de sens et soulage bien plus ,la majorité des « bien portants » ,qu’il ne bénéficie aux malades ! A travers cette question, c’est la vision qu’une société a de la faiblesse , du handicap , de « l’improductivité » , qui se pose ,en quelque sorte ; dans un monde tout entier concentré sur la performance. Détail : la mise en place de l’ euthanasie freinerait sûremment la mise en place de soins anti-douleurs et palliatifs. L’ état nazi aussi pronait l’euthanasie pour les non-productifs.


        • jim (---.---.54.35) 12 mars 2007 13:27

          Bonjour

          Et merci pour votre article.

          Je suis d’accord avec vous car j’ai malheureusement eut deux experiences malheureuses ces 10 dernieres années.

          La première, ma grande soeur, 19 ans, leucémie, phase terminale : Tout était perdu, les médecins ont été très clairs quant à son devenir.A vec elle, nous avons abordé sa fin, elle même à expliqué que l’acharnement ne servait à rien, elle souffrait beaucoup et à demandé qu’on la soulage. La morphine l’a soulagée durant les 3 mois de son hospitalisation, un matin, elle s’est réveillée, à sourit à ma mère, s’est rendormie paisiblement.

          La seconde, ce fût mon père, cancer du poumon et du cerveau, il lui fallait faire de grands efforts pour respirer, l’oxygène a été bénéfique pour lui permettre de tenir, puis il a commence à perdre la tête. Les médecins voulaient lui faire une chimio « pour le faire durer plus longtemps », 6/7 mois maximum. Ma mère et moi avons accepté, les 3 premières chimio le faisaient horiblement souffir, puis avec son accord, nous avons demandé aux medecin d’arreter le traitement, ils lui ont pescrits des soins palliatifs, sa situation s’est dégradée, les deux dernieres semaines de sa vie lui ont permis de revoir son autre fils qu’il n’avait pas vu depuis 25 ans, ils se sont pardonnés, je lui ai annoncé que j’allais me marier, il était heureux, et pourtant bien conscient qu’il ne serait pas là pour y assister. Ces deux semaines furent très fortes en émotion, il est parti dans la sérénité, satisfait de fermer le grand livre de sa vie aux cotés de ceux qu’il aime et qui l’aiment, il est mort un 24 décembre.

          Ces deux évennements nous ont appris que la Vie doit être sauvée lorsqu’il est possible de le faire.S’acharner pour gagner 3/6 mois est coûteux, contraignant pour le malade, et surtout ne le met pas en condition d’aborder un sujet important : la Mort.

          Pasqu’il s’agit de Mort le saut vers le plus grand mystère de l’humanité, il nous faut l’aborder sereinement, on est seul quand on meurt, personne ne peut nous remplacer ou nous accompagner. La mort est le point d’orgue de la vie, nous devons tous y passer un jour, pourquoi en avoir peur, ou la régir puisque c’est de toute manière obligatoire ? peut être serait il interressant de limiter les souffrances, d’humaniser dans les hopitaux en investissant pour plus présence de psychologues, de prêtres, d’imams, de rabbins, bref permettre à ceux qui le peuvent ou le veulent, de parler de la mort, de les rassurer, et peut être de les aider à bien terminer leur vie. Tout le monde souhaite mourrir en ayant pardonné, en s’etant excuser, en faisant sortir tout haine de sois, en ayant dit « je t’aime » à ceux à qui on n’a pas pu, pas osé le dire. Un retour sur sois permet d’aborder la mort en disant : « tout à été fait comme il devait se faire ».

          N’y voyez ni philo, ni propagande, la Mort est notre point commun à tous, il serait plus interressant de réfléchir à « mourrir bien », sans s’acharner, la dignité jusque dans la mort, par la vie.

          Jim


          • La mouche du coche la Mouche du coche 12 mars 2007 13:38

            Heu Jim, smiley

            L’auteur a dit exactement le contraire dans son article. Il est POUR l’acharnement thérapeutique. smiley


          • jim (---.---.54.35) 12 mars 2007 13:43

            Heu Lamouche

            Pouvez vous donc me commenter cette phrase :

            « Aussi, bien que fermement opposé à certains acharnements thérapeutiques insensés, bien qu’étant ardemment convaincu qu’avant de songer à guérir, le devoir des soignants est avant tout de soulager, même au risque de raccourcir l’espérance de vie, je ne peux me résoudre à imaginer la légalisation de l’euthanasie. »

            Vous êtes sûr de ce que vous affirmez quant à la position l’auteur ?

            Jim


          • La mouche du coche la Mouche du coche 12 mars 2007 14:04

            Oui car c’est une précaution oratoire qu’il emploie pour calmer sa conscience et qui annonce que l’on va dire des horreurs : Il vaut mieux s’en reférer au titre de son article qui annonce mieux ce qu’il pense vraiment : L’euthanasie est pour lui « la solution finale ».

            Il ajoute plus loin : « les moyens utilisés pour aider médicalement des patients à mourir ont parfois de quoi faire frémir »

            Derrière ses bonnes intentions, nous lisons bien l’enfer qu’il nous réserve.

            cordialement Jim


          • jim (---.---.54.35) 12 mars 2007 14:15

            @ La Mouche

            Je vous trouve dur, vous semblez fantasmer les opinions de l’auteur, a vous lire, on croirait que vous parlez de lui comme d’un nazi ou d’un être de la pire espéce !

            Je comprend que vous puissiez avoir une opinion divergente, mais vous n’argumentez qu’en fantasmant la vision de l’auteur, il n’y a rien de méchant ni de violent dans ses propos, le titre est assez « choc » je vous l’accorde, mais enfin il s’agit tout de même d’autoriser l’interruption volontaire de la vie. D’ailleurs le rappel par un lecteur, parmis les faits reprochés aux nazis, il y avait l’euthanasie des faibles. Et comment fera-t-on pour identifier un faible lorsque celà sera légalisé ? on fera des olympiades ?

            Plus serieusement, vous semblez ferme sur votre position, c’est une bonne chose, il s’agirait maintenant d’argumenter pour rendre le débat constructif.

            Respectueusement.

            Jim


          • Gnole (---.---.192.187) 12 mars 2007 21:29

            Me semble plutˆøt que l’auteur compare les soignants qui administrent une euthanasie à des nazis (voir la référence hallucinante de son titre !)...


          • rod 16 mai 2007 19:06

            @ Jim....La mouche a raison tu n’as pas compris le sens du texte qui critique l’euthanasie...et j’en suis désolé.

            Il s’oppose a la dépénalisant des pratiques d’euthanasie.

            (citation) Le 7 mars, le Nouvel Observateur publiait un appel en forme de pétition, signé par 2 000 soignants, déclarant « en conscience, avoir aidé médicalement des patients à mourir... » et réclamant « une révision de la loi dans les plus brefs délais, dépénalisant sous conditions les pratiques d’euthanasie ».

            (re-citation) Les gens qui réclament depuis quelques années à grands cris des lois pour « médicaliser » la mort sont certainement bien intentionnés. Mais leurs gesticulations et leur zèle ont quelque chose de terriblement gênant.

            Désolé pour toi mais l’auteur de ce texte s il avait le médecin de ton père se serait opposé a le « laisser partir en paix ».

            (dernière citation) On ne saurait oublier le cas de Terry Schiavo aux Etats-Unis, plongée dans un état végétatif chronique à la suite d’un accident cérébral et pour laquelle l’attitude préconisée par ceux qui voulaient « interrompre ses souffrances », consistait ni plus ni moins à « interrompre l’alimentation artificielle ». Ce qui signifiait en clair qu’on la condamnait à mourir de soif et de faim !

            @libertylover vous avez raison, il y a un problème dans les hopitaux francais si l’on autorise des gens comme vous à pratiquer au vu de vos idées...La mort de chaque personne lui appartient à lui de choisir (sous le conseil et l’approbation d’un conseil de médecins afin d’éviter les dérives)


          • miaou (---.---.168.150) 12 mars 2007 13:49

            Il est malheureusement certain que, sous la pression d’un certain lobbying, l’euthanasie légale sera autorisée. D’abord très strictement encadrée, cette pratique se généralisera progressivement à tout et n’importre quoi : maladies de moins en graves et douloureuses, personnes malades sans famille ou sans amour, enfants... jusqu’à devenir une norme morale (A quoi ça sert de t’acccrocher ? Tu ne fais que nous gêner)

            Glissement inavoué vers l’eugénisme, que permettra à la Sécu de faire des économies, au moment l’arrivée des baby-boomers à l’âge de la retraite. Ce qu’Hitler n’avait osé rêver accomplir , notre société soit-disant compassionnelle, mais en fait terriblement égoïste, le fera.


            • La mouche du coche la Mouche du coche 12 mars 2007 14:05

              on verra miaou comment tu parleras quand tu seras toi-même scotché dans un lit.


            • Krokodilo Krokodilo 12 mars 2007 17:37

              Il y a d’ailleurs un incroyable livre de fiction sur ce thème : Eternity express, de JM Truong (un auteur français), mais je ne partage pas votre pessimisme, même si l’humanité a déjà largement fait la preuve qu’on pouvait atteindre des sommets dans l’horreur. On se fait peur avec une évocation outrancière et invraisemblable d’une solution finale pour nos vieux, alors que le 20e siècle a connu toutes sortes de vrais génocides, avec un beau final au Rwanda.


            • faxtronic (---.---.127.45) 12 mars 2007 14:31

              m’enfin, le suicide est legal et moral, surtout si la souffrance est perpetuelle. Non de non, laissont mourrir ceux qui le veulent. Nul ne desire la mort, mais les souffrants deisre le repos, et l’arret des douleurs. Chacun doit etre libre de sa mort.


              • jim (---.---.54.35) 12 mars 2007 14:44

                Le suicide est légal ! normal ! on n’a jamais condamné un suicidé pour auto-meurtre ! ( du moins dans une société laique) Le suicide est moral ! moins sûr ! le suicide est l’issue que trouvent les faibles pour (ne pas) résoudre leurs problemes. Alors oui,à notre époque d’assistés non-responsables, le suicide est légal, voire encouragé...

                Le contraire de la Vie, c’est la mort. Le contraire de la Souffrance c’est le soulagement, quelqu’un qui souffre on fait ce qu’il faut pour éviter qu’il souffre, et on évite que ça se poursuive si c’est irréversible.

                Dans certains n peut tout à fait débrancher un respirateur artificiel, ou tout autre appareil maintenant artificiellement la vie, car c’est lui qui retient la vie. On peu aussi éviter de faire 12 chimios à un vieillard pour le « maintenir » en vie, ça coute cher et tout le monde souffre (patient/famille)

                Mais celà n’a rien à voir avec une injection léthale, on pique les chiens, pas les hommes.

                Jim


              • Gnole (---.---.192.187) 12 mars 2007 21:31

                Mouais, parfois on se prend à regretter que seul les chiens y aient droit smiley


              • JL (---.---.73.200) 12 mars 2007 21:46

                Jim dit : «  » ! le suicide est l’issue que trouvent les faibles pour (ne pas) résoudre leurs problemes«  »

                Vous semblez Jim, ignorer qu’il y a des souffrances qui sont pires que la mort.

                Jim di encore : «  » «  »Le contraire de la vie c’est la mort«  ». Non, La mort est l’opposé de la naissance, le contraire de la venue au monde, l’autre borne de la vie. Le contraire de la vie, c’est le néant.

                Bon, ce que vous dites par ailleurs mérite le respect mais est me semble-t-il un peu au delà de la question soulevée par l’article.

                De fait, le problème qui apparemment est posé est lié aux trop grands succès de la médecine dans un certain domaine, celui de la prolongation, d’aucuns parlent d’acharnement thérapeuthique, de la vie : Il se trouve que l’on ’sait’ maintenant prolonger certaines vies au delà de la raison, on pourrait dire au delà du raisonnable.

                Que faire d’un point de vue purement économique ? Plus précisément : la médecine s’est ’approprié’ notre mort. Elle ne sait plus qu’en faire.

                L’auteur a-t-il un avis sur cette question ?


              • faxtronic (---.---.164.146) 13 mars 2007 00:02

                C’est vrai pourquoi mourrir sans souffrance alors que l’on peut mourrir dans la Souffrance (avec un grand S comme tu l’ecris), hurlant silencieusement de douleur, ou bien les bras et les jambes gonflés par les perfs de morphine, baignant dans sa merde, ou bien comme etant devenu un simple appendice organique d’une machine.


              • jim (---.---.2.246) 13 mars 2007 11:24

                Cher JL

                Je comprend vôtre propos quant à certaines souffrances (physiques ou morales) qui ne peuvent trouver solution qu’en la mort ; cependant permettez moi de vous dire que c’est en se sortant des pires situations qu’on devient un Homme.

                Le néant est le contraire de la Vie mais pour passer de la Vie au Néant il faut rencontrer la Mort. Chaque être est passé de l’état de rien, à celui de la Vie de manière naturelle ( vous avez étudié les oursins en 5eme ?), les assistance à la pro-création sont insignifiantes en terme de chiffres pour le moment. Ne pensez vous pas que le « miracle » de la Vie soit suffisament intriguant pour qu’on le respecte jusqu’à son terme ?

                La médecine à fait d’énormes progrès pour sauver un grand nombre de gens, la rallongement de la durée de vie est une chance pour l’être humain et en même temps un réèl danger économique. Peut être en fonction de ces nouveaux paramêtres il conviendrait que la médecine s’attache à guerir les grandes maladies et qu’en même temps elle développe des techniques d’accompagnement du malade vers la mort, sans que ce dernier ne souffre.

                Vous avez raison, l’allongement de la durée de vie, associée au maladies « dégénératives » risquent de plomber le modèle social français ; il conviendrait que nos élites réfléchissent à celà afin d’éviter une déroute plus grande que l’actuelle smiley

                Bien à vous

                Jim


              • rod 16 mai 2007 19:21

                @Gnole d’accord avec toi...

                Mouais, parfois on se prend à regretter que seul les chiens y aient droit

                @Jim tu es une personne dangeureuse je trouve...

                Le suicide est moral ! moins sûr ! le suicide est l’issue que trouvent les faibles pour (ne pas) résoudre leurs problemes. Alors oui,à notre époque d’assistés non-responsables, le suicide est légal, voire encouragé...

                Tu mélanges les suicides liés à une dépression (qui est une maladie...) et les malades en phase terminale dont l’unique délivrance est la mort (oui car à la fin en général ils souffrent...). Je ne suis pas médecin mais je me vois le regret de devoir t’annoncer que tu souffres de crétignisme chronique (la forme la plus grave) et qu’il n’existe aucun traitement, heureusement ce n’est pas douloureux pour toi seulement pour ceux qui t’entourre.

                Alors oui,à notre époque d’assistés non-responsables, le suicide est légal, voire encouragé...

                En fait au vu de la limitation de ta réflection, il m’apparait que tu es très certainement d’avantage un boulet plutot qu’un atout pour l’espèce humaine, mais rassure toi, on ne pique pas les hommes...

                Cordialement


              • seb59 (---.---.180.194) 12 mars 2007 16:18

                @ l’auteur

                Chacun est libre de sa vie et de sa mort. Qu’est ce qui vous donne le droit d’exiger d’une personne qu’elle supporte la souffrance ?

                Pour faire plaisir à un « soi-disant dieu » ? (ou est il d’ailleurs celui là ?)

                Des medecins comme vous, j’en ai connu : le pins crucifit sur la veste, et le pelerin dans la salle d’attente.

                Ils n’ont jamais reussis à soigner quoi que ce soit, meme pas un rhume.


                • miteny (---.---.130.65) 12 mars 2007 16:42

                  C’est horrible !! Ces médecins qui ne sont plus des médecins mais des bourreaux. Faire vivre artificiellement quelqu’un qui aurait du mourir depuis longtemps, c’est tout simplement de la torture. On ne faisait pas mieux au Moyen-Âge !!! Qui sont ces antéchrists qui veulent prendre la place de Dieu ?


                  • Bill Bill 12 mars 2007 16:44

                    Tout d’abord un salut amical à Jim, perdre un parent cher le 24 décembre, cela doit tout de même être un peu rude. Mais c’est aussi un jour de naissance, ou de re-naissance, je sais que Jim saura comprendre cette phrase.

                    Mourir dans la dignité, c’est je crois avoir autour de soi des personnes attentionnées, qui vous accompagnent, plutôt que de chercher votre mort imminente. Les problèmes que l’euthanasie posent sont vastes. Je suis en accord avec ce qu’a dit Miaou à ce sujet.

                    J’ai une arrière-grand-mère très agée, qui a finit ses jours quasiment inconsciente à 93 ans. Nous savions tous que ces jours étaient comptés, mais personne n’aurait eu l’idée de l’euthanasier, pour aller plus vite. Il ne s’agit pas d’un cheval !

                    Les malades sont traités pour la douleur, ce qui va dans la logique des choses.

                    @ l’auteur

                    Que pensez vous de l’hypnose ? Elle est utilisé en Belgique dans certains cas, et marcherait plutot bien parfois. Il parait qu’on l’utilise aussi dans le traitement de certaines maladies très longues, avec succès, pour aider à supporter la douleur. J’ai été témoins de cela, pour une maladie douloureuse, cela n’arrête pas la maladie, mais la douleur est mieux gérée, de ce que j’ai pu voir

                    Bill


                    • Bill Bill 30 mars 2007 11:17

                      @ Michel Maugis

                      Je ne perdrai pas mon temps à répondre à votre commentaire trop longtemps ! Rien de bien constructif à l’intérieur, et vous ne m’intéressez pas suffisament.

                      Que Dieu vous garde ! smiley

                      Bill


                    • Krokodilo Krokodilo 12 mars 2007 17:19

                      Encore heureux que vous ayez indiqué que votre titre était volontairement provocateur, car franchement, oser parler de solution finale... Allez dire ça aux pays voisins qui ont déjà telle ou telle forme de loi sur l’euthanasie, et traitez-les de nazis dans le courrier des lecteurs de quelques journaux. Et dailleurs, était-il impossible de traiter d’un sujet si délicat sans tomber dans l’outrance en rameutant les nazis et, comme si ça ne suffisait pas, citer le Choix de Sophie, histoire de dramatiser un peu ?

                      Allez, pour vous rattraper, pourquoi ne pas faire maintenant une présentation des lois et des procédures strictes des différents pays qui ont légalisé l’euthanasie sous certaines conditions ?


                      • Roger (---.---.161.74) 12 mars 2007 18:17

                        S’obstiner à garder en vie une personne qui souffre, qui n’a aucun espoir de guérison, promis à une mort certaine et très douloureuse, par tous les moyens, c’est quoi ? C’est maintenir volontairement une personne dans la souffrance. C’est tout faire pour garder le plus longtemps possible une personne dans la douleur. C’est de la torture. C’est un crime.


                        • libertylover phthoreux 12 mars 2007 21:56

                          Les commentaires témoignent de la véhémence des passions qui animent ce débat. Pourtant, la sagesse voudrait au contraire qu’on s’attache à éviter sur un sujet aussi sensible, les jugements trop entiers ou trop définitifs. On n’interrompt pas une vie humaine comme on arrête une machine. Aucune personne sensée ne peut accepter de prolonger inutilement les souffrances d’un malade mais aucun médecin digne de ce nom ne peut de sang-froid envisager de tuer un patient, même s’il le demande. Il y a un gouffre entre l’attitude consistant à essayer de soulager un mourant, de l’apaiser par tous les moyens, alors qu’il chemine au bord du terrifiant précipice de l’éternité, et la mise en scène froide, implacable, ancrée dans la triste certitude de la loi, qui caractérise l’euthanasie active. Mais plus encore que la froideur de ce rituel, ce qui doit faire réfléchir, c’est le risque de dérapage que ferait courir la légalisation de telles pratiques. Il est tellement difficile en la matière, de distinguer la bonne intention, du crime. On sait bien que des excès se sont déjà produits. Il suffit d’évoquer l’histoire de cette infirmière, Christine Malèvre, prise d’un zèle mortifère, qui fut félicitée dans un premier temps par le ministre de la santé avant d’être reconnue coupable de crimes en série. Ou bien encore le cas de ce médecin anglais, le docteur Harold Shipman, qui liquida pour des raisons crapuleuses plusieurs dizaines de patients en toute impunité. Imaginons ne serait-ce qu’un instant la détresse de celui qui comprend impuissant, qu’il va être sacrifié... La vie est un mal incurable, et nous sommes tous en soins palliatifs ne l’oublions pas, tant que la mort elle-même n’a pas été abolie !


                          • faxtronic (---.---.164.146) 12 mars 2007 23:58

                            un article bon, mais qui demarre direct sur un point Godwin. Bonne article, mais article a chier en meme temps.


                          • La mouche du coche La mouche du coche 13 mars 2007 07:59

                            Je pense que Faxtronic veut dire « bon SUJET d’article, mais article ... » smiley


                          • La mouche du coche La mouche du coche 13 mars 2007 08:11

                            La seule chose qui rassure est que l’acharnement thérapeutique prôné par l’auteur coûte cher et donc va être forcément abandonnée pour des questions financières. smiley

                            Nous aurions préféré qu’elle le soit pour des motifs plus noble comme la compassion et l’amour du prochain mais c’est mieux que rien. smiley


                          • krokodilo (---.---.197.56) 13 mars 2007 10:10

                            Curieux raisonnement : Vous commencez en prônant la modération « Pourtant, la sagesse voudrait au contraire qu’on s’attache à éviter sur un sujet aussi sensible, les jugements trop entiers ou trop définitifs », à la suite de quoi les deux exemples que vous citez en les présentant comme des excès, sous-entendu excès dus à une volonté d’euthanasie similaire, sont des tueurs en série, qui ont trouvé dans leur métier l’occasion de côtoyer ce qui les fascine, et la possibilité matérielle de leurs crimes.

                            Quel rapport avec la poignée de cas annuels d’euthanasie active dans les pays occidentaux qui l’ont légiférée, il me semble de mémoire la Suisse et la Hollande ou la Belgique (pas sûr), décidés par une commission mixte de soignants, indépendante des praticiens qui suivent le patient et indépendante de la famille ?

                            Notre société tolère plusieurs milliers de morts annuels sur la route, alors qu’il suffirait de respecter les limites de vitesse, strictes en ville en théorie, voire de les renforcer, et vous fantasmez à propos d’une loi qui lâcherait la bride à nos bas instincts et laisserait les tueurs en série s’éclater.

                            Par ailleurs, votre indignation et vos métaphores à base de nazis et de tueurs en série sont exactement les mêmes qu’on a lues et qu’on lit au sujet de l’avortement, jusqu’aux appréciations à l’emporte-pièce « aucun médecin digne de ce nom » entendues autrefois, même s’il s’agissait de situations dramatiques, après un viol par exmple, ou avec détresse sociale. Votre opinion est respectable, mais sous couvert de modération, c’est une diatribe enflammée que vous nous faites là !


                          • ratatouille (---.---.124.203) 13 mars 2007 12:11

                            Oui, exactement.

                            Si vous regrettez « le manichéisme et le monolithisme des réactions qui entourent habituellement ces faits divers dramatiques » vous auriez pu éviter d’intituler votre article « Non à la solution finale, légale... ». Pour le coup on n’a pas vraiment l’impression que ce soit le manichéisme qui vous gêne, mais plutôt les points de vue différents du votre.


                          • Thomas Roussot Thomas Roussot 13 mars 2007 00:23

                            La dignité humaine passe par le choix optimal des conditions de sa mort, donc par la lutte maximale contre la souffrance qu’aucune éthique, aucune métaphysique ne peuvent aucunement justifier. L’article pointe les difficultés techniques de cette maîtrise là, il faut donc ouvrir un débat national et en finir avec l’hypocrisie mère de tous les dangers en ce domaine comme en bien d’autres.


                            • Cl4ud3 (---.---.205.72) 13 mars 2007 08:21

                              choisir sa mort devrait être du ressort de chacun. la belgique, la suisse et les pays-bas l’ont compris, et ont fixé suffisamment de gardes-fous pour empêcher les dérapages.

                              il n’est pas question de rendre l’euthanasie obligatoire, mais de respecter la dignité de chaque homme, et ce jusqu’au bout de sa vie. pour certaines personnes malades ou accidentées, la souffrance physique est telle qu’elles ne veulent plus continuer à vivre.

                              à cette souffrance physique , s’ajoude une grande souffrance morale qui est parfois bine plus difficile à supporter : il y a la dépendance à travers les actes les plus simples de la vie : la prise de nourriture ou de boissons, la toilette, les actes intimes comme la miction, ainsi que la toilette de la zone uro-génitale...et cela est ressenti comme une humiliation profonde, même si l’aide apportée est faite avec le plus grand respect.

                              c’est à ce moment là, qu’il faut les accompagner dans ce qui est leur choix , et les aider à partir si elles le désirent. car c’est un acte d’amour que d’accepter de se séparer définivement des personnes que l’on aime.

                              l’expérience me fait dire que ceux qui sont le plus scandalisés par d’absence d’acharnement thérapeutique, par l’idée d’une fin de vie accompagnée et décente, et d’une mort désirée, sont rarement ceux qui soignent, lavent, veillent, réconfortent, aiment et respectent profondément les personnes en fin de vie.


                              • (---.---.73.200) 13 mars 2007 08:48

                                Cl4ud3 dit : «  »choisir sa mort devrait être du ressort de chacun. «  »

                                Oui. Et non...

                                Il y a des personnes déprimées qui souhaitent mourir. Certaines y arrivent.

                                Il ne faut pas se hâter de généraliser.

                                Par ailleurs sur ces sujets sensibles, les décisions sont trop souvent prises dans l’urgence. On pourrait dire, ’à la hussarde’.


                                • LE CHAT LE CHAT 13 mars 2007 08:48

                                  quelque soit celui qui sera élu , il faudra qu’il modernise la législation actuelle et autorise l’euthanasie dans un cadre légal comme l’on fait déjà quelques pays européens . Assez de ces stupides procès pour des actes de compassion envers des malades ne supportant plus les souffrances physiques et morales et ne voulant pas sombrer dans la déchéance et désirant partir dignement . Je sais , être athée me facilite cette prise de position , mais pour ceux qui se disent chrétiens et refusent l’euthanasie , auraient ils oublié ce que charité veut dire ?


                                  • Cl4ud3 (---.---.205.72) 13 mars 2007 14:26

                                    je suis croyante, mais dans mon expérience de vie, plusieurs de mes proches ont eu des fins de vie difficiles.

                                    certains ont supporté jusqu’au bout ce qu’ils étaient devenus, pour d’autres, de voir le délitement de leur corps était intolérable. ils avaient donc pris les dispositions nécessaires pour que l’on évite de s’acharner « ad vitam aeternam ». et nous les avons accompagnés dans leur décision.

                                    laisser partir un proche n’est pas un acte de charité, mais un acte d’amour, un acte de respect, un acte de compassion et non de pitié envers la personne qui le demande, car on doit dépasser son propre égoïsme : celui de vouloir garder près de soi un père, une mère, un frère... car même s’ils sont diminués, ils sont présents physiquement, on peut leur parler, leur tenir la main, les embrasser... et quand ils disent « stop », on a peur du vide qui va se créer.


                                  • (---.---.19.144) 13 mars 2007 10:56

                                    A l’heure ou on ne sait plus comment payer les retraites, légaliser l’euthanasie, c’est mettre le doigts dans un engrenage sans trop savoir ce qu’il en résultera dans 50 ou 100 ans. L’expérience a montré que dès que l’on légalise quelque chose même avec toutes les précautions d’usages au départ, cela fini toujours par aller plus loin. Oui, au geste concerté entre la famille et tous les soignants lorsque toutes les autres solutions ont été tentées. Mais non à la légalisation de l’euthanasie. La peur d’un possible procès en cas de prise de décision à la légère (ça c’est déjà produit n’en déplaise) est un frein suffisant qui permet une bonne garantie. Mais malheureusement je pense que tout comme l’avortement, l’euthanasie deviendra une chose presque banale remboursée par la sécu. Je redoute même que comme dans le film « le soleil vert » que passé un certain âge cela ne devienne obligatoire un jour. Comme le disait Attali (au point de vu purement économique ) : « l’idéal serait après 65 ans sauf s’il y a un marché pour » .


                                    • Liberté planétaire (---.---.106.47) 13 mars 2007 11:11

                                      J’ai envie d’exprimer mon opinion personnelle : face à la maladie et éventuellement la mort, chacun de nous est seul. Je ne supporterai pas et je n’accepterai pas que l’on décide à ma place.

                                      Si demain je suis paralysé et réduit à un état de légume, ma vie ne vaut pas moins que celle d’un bien portant ! J’aime la vie et franchement je n’ai pas envie de mourir. Si des souffrances entraînent des soins paliatifs, moi j’accepterai les soins paliatifs (je ne suis pas masochiste) et je refuserai qu’on m’aide à mourir.

                                      J’espère simplement mourir comme la plupart des gens : de vieillesse.

                                      Dans un autre langage, je dirais que ma vie m’appartient alors ces gens qui viennent me proposer une façon « humaine » de mourir, je leur pose la question : de quoi se mêlent-ils ?

                                      Dans un banc de requins, dès qu’un requin est blessé, il est dévoré par ses « copains ». J’ose imaginer que ce qui fait que l’homme est un être civilisé, c’est justement qu’il s’interdit d’abuser du faible et que par sympathie ou compassion, il respecte et protège la vie du plus faible.

                                      De toute manière, il faudra bien se résoudre à mourir, alors docteurs et infirmiers, faites ce pour quoi vous avez prêté serment : protégez la vie.


                                      • jim (---.---.2.246) 13 mars 2007 11:28

                                        Bonjour !

                                        C’est un très beau résumé que vous nous faites là !

                                        merci

                                        Bien à vous

                                        Jim


                                      • Alex (---.---.212.21) 14 mars 2007 03:35

                                        J’ai également été confronté à ce douloureux autant qu’épineux sujet. J’étais jusque là contre, mais le fait d’être personnellement confronté au problème a largement fait évoluer ma pensée.

                                        La médecine a ses limites, nous le savons tous, et ne soulage pas toutes les douleurs. Le nier serait se voiler la face. Parfois la douleur va bien au-delà de la dose maximale de sédatif administrable. Mais lorsqu’un proche vous réclame depuis des mois de l’aider à aller mieux, de lui donner quelques minutes de répis ; lorsque ce même proche n’a même plus la force de s’exprimer et qu’il use de ses dernières ressources pour le faire ; lorsqu’il suffit de quelque milligrammes de sédatif supplémentaires pour le plonger dans un sommeil irréversible, que faire ? Que dire à cet être que vous aimez tant et qui vous conjure de l’aider à partir parce qu’il est dans l’incapacité de le faire seul ? Que dire à cet être qui souffre depuis de longs mois et qui attend la mort telle une délivrance ? Que dire à ce proche qui finira tétraplégique et rongé par un cancer généralisé ?

                                        A vrai dire, je ne sais pas. Je pense que dans certain cas, il ne s’agit que d’humanité et compassion. Reste cependant le risque de dérives. C’est pourquoi une légalisation me semble tout de mêm dangereuse.

                                        Les juridictions de droit commun jugent en droit comme en fait, à charge et à décharge. Pourquoi ne pas continuer à leur confier les cas doûteux ? Pourquoi ne pas demander à celui qui réclame l’euthanasie de produire une preuve irréfutable de son désir d’en finir et de sa demande d’assistance ? Il s’agirait, tout comme le suicide n’est pas pénalement répréhensible, d’accepter le fait que certains sont dans l’obligation de demander de l’aide pour se suicider.


                                        • vieux bob (---.---.250.54) 15 mars 2007 18:09

                                          Que répondre à la longue plaidoirie du Docteur Thoreux ? Douter de sa sincérité, certainement pas ! Lui dire simplement qu’il semble se tromper, et que je ne peux supporter qu’il tente de me convaincre :

                                          Il me serait interdit de souhaiter clairement, de l’exprimer sur un papier signé, qu’il soit mis fin à mes jours (si je ne puis le faire moi-même), dans le cas bien précis où

                                          1°) je serais devenu de façon définitive, un être improductif sans le sens le plus large du terme.

                                          2°) mes proches, c’est-à-dire ceux avec qui j’ai créé des liens, seront préts à assumer ma décision.

                                          A 85 ans j’estime être en droit de quitter la scène avec l’accord de mes proches.

                                          La comparaison entre Vincent Humbert et Stephen Hawkins me parait pour le moins maladroite, pour ne pas dire odieuse.

                                          Jamais personne, je pense, n’a demandé qu’on le laisse mourir de soif !

                                          Un suicidant, même récidiviste, a d’abord besoin qu’on l’aide à vivre et non à mourir.

                                          Je me refuse à parler d’obscurantisme religieux à un médecin sérieux, mais j’avoue réellement ne pas comprendre comment « il fonctionne » ! L’homme est-il un être libre ?

                                          Tout cela doit évidemment être cadré par un texte de loi dont la transgression ne serait plus la solution courante et admise par une majorité !


                                          • libertylover phthoreux 16 mars 2007 00:49

                                            Deux ou trois points pour compléter mon article : Il ne faut voir aucune connotation religieuse, ni politique dans mes propos sur l’euthanasie. En la matière me semble-t-il, rien n’impose de lier son opinion à une croyance ou à une foi, bien au contraire. En revanche, en tant qu’amoureux de la liberté, je me pose sans cesse la question du libre arbitre. Comment faire en sorte qu’il puisse pleinement s’exprimer en toutes circonstances ? Comment être certain qu’un choix exprimé soit réellement celui qui vient du plus profond du coeur ? Au cours de ma carrière auprès des malades, j’ai travaillé essentiellement dans 3 secteurs : la Pneumologie, la Réanimation et les Urgences. Dans le premier service j’ai connu la situation atroce d’insuffisants respiratoires et de cancéreux. Bien qu’atteints de maladies incurables, ceux que j’ai cotoyés ne souffraient pas tous physiquement, mais malgré leur état désespéré ils ne voulaient pas tous mourir je vous l’assure. Jusqu’au dernier moment ils espéraient une amélioration de leur condition. J’ai vu la terreur dans leurs yeux lorsque le manque d’air les asphyxiait. Ils avaient peur, et nous soignants, étions bien démunis pour les soulager. Les calmants aggravaient leur sensation d’étouffement et il était humainement impossible de leur injecter du chlorure de potassium pour les tuer net. J’ai essayé de faire mon devoir de mon mieux et mon souci n’était sûrement pas de prolonger leur calvaire. Mais il est des situations où l’incertitude vous noue les tripes et où quoiqu’on fasse, on ne saurait dire si c’est bien. Aucune loi dans ces situations ne peut alléger le coeur ni simplifier la tâche. En Réanimation où les décisions thérapeutiques sont habituellement collégiales, j’ai vu des situations d’acharnement thérapeutique qui m’ont bouleversé. Dans bien des cas j’aurais baissé les bras avant d’autres collègues. Parfois j’aurais eu raison car les moyens mis en oeuvre étaient disproportionnés par rapport au résultat et même si les patients étaient inconscients je souffrais pour eux. Mais dans d’autre cas j’aurais eu tort car j’ai été témoin de retournements de situations extraordinaires. Cela m’a donné une autre leçon d’humilité. Le gros problème ici n’est pas l’euthanasie. Il est de déterminer quand les soins intensifs doivent cesser (ce qui ne signifie pas pour autant l’arrêt de tout soin). La loi ici encore est impuissante pour éclairer cette décision. Aux Urgences enfin, j’ai vu de près la détresse de personnes âgées abandonnées de tous, dont la décrépitude physique et intellectuelle était manifestement aggravée par la solitude et le manque d’amour. Dans de telles conditions, faut-il donc prendre au mot les malheureux qui disent vouloir en finir ? Est-celà la vraie liberté ? Pour moi, c’est non. Je pense très sincèrement qu’il existe d’autres moyens que le carcan légal pour trouver des solutions à ces cas de figures dramatiques de l’existence. Notre société ne doit pas cacher ses faiblesses derrière de dérisoires remparts de textes et de paperasse administrative.


                                          • SANDRO (---.---.121.100) 16 mars 2007 14:24

                                            Monsieur, Sauf vos fonctions passées, votre article laisse sans voix. Vous avez ,apparement, vu des cancéreux en phase terminale en occlusion, vomissant leurs selles ? Vous avez entendu hurler à la mort des motards ou des automobilistes coincés sous un camion ?

                                            Nous n’arrivons pas aux mémes conclusions.

                                            L’honneur de la médecine (ou tout simplement son utilité)est que, lorqu’elle ne peut soigner et guérir, elle dispose en revanche des produits et des matériels pour faire cesser l’inomable, le scandale, la chienerie de la fin de vie.

                                            Ce qui caractérise l’homme face à la béte, c’est qu’il est accessible à la pitié et par ailleurs qu’il sait qu’il va mourir aussi. Ce n’est pas étre « humain, trop humain » que de faire le geste qu’il faut , c’est tout simplement agir en homme pour d’autres hommes. Tout cela doit naturellement se faire dans la plus grande discrétion, comme on ne se vante pas d’avoir donné 50 euros à un SDF.

                                            Vous savez comme moi que l’administration de morphiniques puissants ou de valium sur un tableau délabré suffit non seulement à calmer les souffrances, mais aussi régler leur inutilité, car la souffrance est toujours inutile.

                                            Personne ne parle de faire une IV d’air pour provoquer une embolie. Mais traiter la souffrance (et plus si affinités..) oui. Mais le monde hospitalier est toujours et encore réfractaire à ouvrir l’armoire des tableaux B, à distribuer avec parcimonie... Quelle honte. Que de mains crispées sur les triangles de potence des lits, dans la lumière blafarde des veilleuses bleues...

                                            Et l’on vient dire après « nous avons fait notre possible.... ». Non, Monsieur, j’ai vu des cas où vos confrères n’ont pas fait leur possible, pas méme ce qu’un homme peut attendre d’un sembable.


                                            • Internaute (---.---.135.51) 26 mars 2007 17:10

                                              « A bien y regarder, ne sommes-nous pas confrontés à une alternative aussi indécidable que le fameux « Choix de Sophie » ? Celui laissé par un officier nazi diaboliquement « bien intentionné », à une mère horrifiée, de désigner celui de ses deux enfants qu’elle souhaitait voir échapper à la déportation et donc à une mort quasi certaine... »

                                              L’histoire de Sophie n’a rien de fameux car c’est un mythe tout à fait récent, peut-être même inventé par vous-même.

                                              La problématique derrière ce choix terrible s’appelle le « jugement de Salomon », lequel n’était pas nazi mais juif.

                                              Ah, quand on est propagandiste on arrive toujours à glisser quelques mensonges dans un article.


                                              • libertylover phthoreux 27 mars 2007 16:07

                                                Deux mots encore : Il existe plus qu’une nuance entre Salomon qui était un juste et qui usa d’un stratagème pour rendre un enfant à sa vraie mère, et l’officier nazi qui incarne un diable bien intentionné offrant sous couvert d’un choix libre, une alternative infernale. Si l’on accepte cette distinction, on peut comprendre qu’il soit possible de penser que l’homme représente davantage de mystères et d’incertitudes qu’une machinerie dépourvue d’âme, sans pour autant être un bigot imprégné de croyances religieuses et prompt aux « pleurnicheries chrétiennes ». On peut enfin comprendre qu’il soit légitime de plaider contre la légalisation de l’euthanasie tout en étant partisan d’une médecine à visage humain, qui cherche à soulager en toute circonstance et qui ne craint pas d’écourter par ses soins certaines fins de vie qui s’apparentent à des calvaires.


                                                • silversamourai (---.---.87.154) 8 avril 2007 11:40

                                                  il n’est précisé nul part que Salomon confiat l’enfant à sa mère génétique mais que dans le doute il le confiat à celle qui lui semblait posséder une fonction maternelle opérante....


                                                • (---.---.192.224) 30 mars 2007 19:57

                                                  Mais, c’est la société qui est malade, et même très malade. Alors, bravo pour votre courage ,certainement aidé par les exemples que vous avez accumulés en vingt ans. Aussitôt ,la première reaction= la religion ! Certes, ils ont du temps pour réfléchir à tous ces problèmes de société. Mais, la société s’est octroyée le droit de mort des faibles tq les anormaux ou considérés comme tel ,les indésirés même dans le ventre de leur mère et pourtant, des film intra-utérins ont montrés ce qui se passait ,les mouvements de défence du foetus et surtout des expériences sur des adultes montrent que ce qui s’est passé dans le ventre de la mère a de l’importance pour le développement plus tard. Je pense aux thèses de la cité hospitalière de Lille ds les années 1978-1980 .Des sages femmes ont prouvé que les sons étaient mémorisés , des impressions vécues par la mère aussi ,il est donc montré par des scientifiques que un foetus est un petit homme .Les êtres adutes inutiles et souffrants n’ont plus qu’à partir avec leur cotisation obligatoire versée biensûr . Car pour ces meurtres ,on paie avant et non comme en Chine où la famille doit rembourser le cout de la balle après l’exécution. Mais, tous ces « petits hommes » n’ont pas le courage de regarder la mort venir ,ils ne veulent pas s’y préparer,ils sont des pauvres hommes en résumé , car la mort fait tout simplement parti de la vie comme on me l’a appris dans mon village , c’est NATUREL. (ET PAS RELIGIEUX ).


                                                  • cdg (---.---.230.105) 1er avril 2007 15:01

                                                    J ai ete un moment dans un centre de reeducation. Mon cas n etait pas grave mais on avait un homme (25 ans environ) qui etait un quasi legume (tout ce qu il pouvait controler c etait une partie de sa main gauche). Je le voit encore se baver dessus (il etait incapable de tenir sa bouche fermee)

                                                    C est sur qu on peut tout a fait vivre comme ca mais si cela m arrive je preferrai la mort (parait que c etait aussi le souhait de cet homme)

                                                    Pourquoi refuser aux gens une solution a leur probleme ? S ils ne peuvent plus se suicider pourquoi leur refuser de les aider ?

                                                    On n est plus dans un pays catholique depuis 1789 !


                                                    • freedom2000 (---.---.65.1) 8 avril 2007 00:25

                                                      La morale chrétienne conçoit la vie comme la merveille ultime, et je me souviendrai toujours de cette affiche de Noêl il y a une dizaine d’années « Offrez le plus cadeau du monde, la vie ». Jolie farce !

                                                      Or la veille, j’avais regardé une émission à la télévision :

                                                      1/ Au Brésil, des bandes organisées enlevaient des gamins pour leur prélever leurs... organes afin de les revendre à des cliniques étrangères. L’émission montrait alors un gamin qui avait survécu à un prélèvement de ses... yeux et à qui les gangsters avait ensuite remis un billet de 100 dollars...

                                                      2/ Dans une prison spéciale en Amérique du sud, les taulards vivaient avec leur épouse et enfants et avaient droit à un miniscule bout de terre pour y cultiver leur légumes. Lorsque les journalistes demandaient à ces hommes comment ils s’y sentaient , devinez la réponse majoritaire ?

                                                      " Je suis très CONTENT d’être ici, j’y ai ma femme et mes enfants, et avec ces légumes ,c’est beaucoup mieux que d’être dehors.....

                                                      3/ En France, un médécin ayant prescrit par erreur des médicaments à une femme enceinte, il s’en est résulté une difformation physique pour l’enfant à naître.... Les parents ont tenu à garder l’enfant mongolien, qui n’a pas demandé à naître et qui touchera toute sa vie une pension.

                                                      La vie est elle vraiment un cadeau ???

                                                      D’autre part, je n’ai jamais compris cette méthode qui consiste à condamner à mort les dictateurs ou les pires assassins ? Pourquoi les tuer ? Une fois morts, ils ne sentiront plus rien, alors qu’il faudrait au contraire les garder en vie le plus longtemps possible en prison pour qu’ils aient le temps de méditer et d’expier leurs méfaits.

                                                      Et pendant ce temps, on remet en liberté les violeurs assassins ou sérial killers reconnus comme « irresponsables » de leurs actes, sachant pertinemment qu’après leur séjour à l’hôpital, il y a 80% de chance qu’ils recommencent leurs atrocités. Je suis par contre pour la peine de mort de ces gens irresponsables.

                                                      Toute cette digression pour dire que je suis à 100% pour l’euthanasie de ces malades en phase terminale qui souffrent et qui empêchent leur entourage de vivre et qui accaparent inutilement l’attention des médécins et infirmières.

                                                      Bien sûr, il faudrait que la décision d’euthanasie soit prise après mûre décision, prise en comité et non votée par des riches héritiers trop pressés.


                                                      • Yannick (---.---.185.144) 14 avril 2007 11:32

                                                        Bonjour, Oui, je vous rejoins sur votre avis Dr sur la question l’action des soignants face à des patients en fin de vie.

                                                        Etant soignant moi-même, je considére que mon rôle avant tout de chose, est de PROMOUVOIR LA VIE, et non d’aider à donner la mort à des patients qui la réclame.

                                                        Ainsi, cela soulève le questionnement fondamental, pourquoi est ce que cette personne à un moment donné ne supporte plus de vivre ? Cela pose le professionnel et avec son équipe de trouver des solutions, des actions qui viendrait pallier à ce qui peut pousser le patient à vouloir mouir...

                                                        Car il est une chose fondamentale et que l’on peut observer dans la pratique, une personne qui ne souffre plus, qui n’a plus de douleur, et qui est bien soutenu par sa famille, ne « réclame » plus la mort ! Il m’est même arrivé de voir dans un service un patient dont la prise en charge antalgique permettaient à la personne de mieux vivre ses derniers moments dans la dignité et même de faire des projets avec sa famille...

                                                        Ainsi, on peut résumer par une personne qui n’a plus MAL (que ce soit au niveau physique que moral), ne réclame plus la MORT. c’est un fait établi !!

                                                        Mais il est vrai et comme cet article le souligne dès le départ, que c’est une question éminament complexe et qui doit être traitée au cas par cas, chose qu’une légifération massive ne pourrait pas à mon sens intégré mais aussi résoudre au mieux ce problème de société.. Car il est vrai qu’en France, les Français « meurt » dans des conditions difficiles...

                                                        Mais je préfère le redire, je pense que l’action soignante s’inscrivant uniquement dans la vie et son respect, je ne peux accepter le fait d’« aider » une personne à mourir... Cela va à l’encontre de mes valeurs et de l’idée que je me fais de mon travail au quotidien auprès de mes patients...


                                                        • Inarius 26 avril 2007 15:38

                                                          Il y a beaucoup d’hypocrisie dans les réponses sur cet article

                                                          La question est avant tout de la liberté de chacun de pouvoir disposer de soi.

                                                          Le bourreau autrefois qui effectuait la condamnation à mort était il coupable d’un crime ? Non il était le bras d’une justice qui l’avait condamné à mort.

                                                          Le médecin aujourd’hui est dans la même vision.

                                                          Le patient qui SOUHAITE mourir ( il n’y a là aucune obligation), doit pouvoir avoir ce DROIT, sans OBLIGATION, même s’il n’en a plus les moyens.

                                                          Je crois que personne ne peut s’y opposer, à moins evidemment d’adhérer à la morale catholique, ce qui n’est pas « mal » en soi, voire compréhensible.

                                                          Il s’agit là de 2 façons de voir le monde.

                                                          Autrefois, le suicide était considéré aussi comme moralement « mal » tout comme l’avortement qui était considéré comme un crime.

                                                          L’auteur de l’article qui emploie force rhétorique pour tenter de retourner le problème n’y change rien

                                                          L’euthanasie, c’est le droit de se suicider lorsqu’on ne veut plus de la vie, mais qu’on est plus en moyen de le faire soi même. Le médecin ne « tue » pas, il execute la volonté du patient.

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