• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Krokodilo

sur L'UE et l'Inde viennent de signer une déclaration commune sur le multilinguisme


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Krokodilo Krokodilo 10 mars 2009 11:14

L’Enfoiré,
c’est quoi l’Eop ?
Pour le reste, c’est un vaste sujet. Pour résumer, on peut dire qu’il est tout aussi difficile de modifier l’espéranto que le français, en gros pour les mêmes raisons. Qui aurait autorité ? Les locuteurs qui trouvent la langue bien telle qu’elle est ont des droits légitimes, tous les documents, traductions, œuvres, seraient désuets d’un seul coup. Les modifications proposées par les uns et les autres sont-elles réellement des améliorations ? Et parmi toutes les propositions, comment décider lesquelles seraient acceptables, lesquelles non ?
La réforme de l’orthographe de 1990 n’a été activement soutenue par le ministère de l’éducation que l’an dernier… (recommandations écrites).

Personnellement, :mon opinion de « progresanto » (ni débutant ni expert), c’est que l’espéranto est une sorte de miracle linguistique, un délicat équilibre entre beaucoup de contraintes, et que la moindre modification (majeure) est hasardeuse, par contre des modifications mineures ont déjà eu lieu, une fois confirmées par l’usage, notamment des affixes supplémentaires, souvent scientifiques. Mais jamais ces modifications n’ont porté sur le « noyau dur » de la langue, parfois sur un usage grammatical différent de quelques petits mots, quelques tournures nouvelles, sans être vraiment des idiotismes.

Les contraintes opposées que devait concilier l’idée d’une langue construite, c’était de permettre tout ce que fait une langue naturelle (écrit, oral, traductions fidèles, etc), mais aussi la simplicité. Et pour rester simple, il fallait limiter la tendance aux néologismes et apports des autres langues (pas par refus des autres, mais pour garder une cohérence linguistique), tout en permettant l’évolutivité du vocabulaire, c’est-à-dire favoriser la création des mots nouveaux (ex. informatique) à partir du stock lexical existant.
Ca fonctionne, et le noyau grammatical est resté étonnamment stable en un siècle. Il n’est absolument pas écorné par le temps.
Les débutants proposent parfois de supprimer l’accusatif, mais cela francise la langue et la rend moins souple – l’ordre des mots deviendrait moins souple.
Beaucoup se demandent si le ĥ va survivre - mais perte de l’étymologie distincte k/ĥ et moins de possibilités, et c’est un son qui existe dans de nombreuses langues (arabe, russe, espagnol), pourquoi le supprimer parce que quelques Français ont du mal avec la "jota" ?
Certains tiennent à un préfixe masculin, qui ferait pendant au suffixe féminin (-in), pour supprimer la « prédominance masculine » (le féminin se fait à partir du neutre), point que Zamenhof avait un moment envisagé, avant de conclure qu’il valait mieux suivre l’exemple des nombreuses langues où c’était ainsi. Mais cela compliquerait une grande partie du vocabulaire, car chaque mot se retrouverait avec une forme masculine, une neutre, et une féminine. Que voudrait dire « patro » s’il existait deux autres formes, patrino pour la mère, et Xpatro pour le père ? d’autant qu’il existe déjà « parenco », pour parent.
Un proposition mineure qui sera peut-être acceptée par l’usage, c’est le préfixe na- devant les noms propres, afin d’éviter d’y coller un accusatif qui déforme le nom et peut provoquer des ambiguïtés.
Enfin, un sujet récurrent, c’est de savoir s’il faut absolument un deuxième niveau de langue, du vocabulaire supplémentaire pour la poésie, la littérature, et pour éviter certains mots peu pratiques en poésie, surtout les contraires qui commencent par mal- et rallongent souvent. Par exemple, si un jour l’Eo était utilisé en aviation, il faudrait éviter « maldekstra » pour gauche, à cause de la confusion inévitable avec dekstra. Ou pour le mot descendre, malsupreniri, on a aussi descendi.
Ce qui a créé la plaisanterie que le dictionnaire de référence, le PIV (Plena illustrita vortaro) est deux fois trop gros ! Mais comme dans toute langue, il évolue, accepte et rejette.
Un autre dico papier, classé lui par racines (et ses dérivés), est bien mais je n’ai pas les références sous la main.



Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès