Indicateurs clefs de la crise iranienne
Bien que certains analystes s’aperçoivent que les mollahs iraniens et les États-Unis semblent se diriger vers plus de tension, je pense que la crise, comme je l’ai mentionné dans des articles précédents, va dans le sens de plus d’entente et de calme.
Le président américain Donald Trump a déclaré la semaine dernière que l’Iran veut bien rencontrer les États-Unis. C’était après avoir laissé entendre qu’il était possible de réduire les sanctions contre Téhéran pour permettre une rencontre avec son homologue iranien Hassan Rouhani.
Il y a donc des signaux mutuels entre les deux parties. Ils transmettent leurs intentions à l’autre, que ce soit par des signaux ou par des intermédiaires internationaux et des canaux secrets. Le président Trump n’a pas deviné ou anticipé les intentions des dirigeants iraniens. Il a dit clairement : « Je peux vous dire que l’Iran veut faire une réunion, » une assurance qu’il n’aurait pas prise s’il n’y avait eu aucune preuve de ce qu’il disait.
Quant au régime iranien, il a publiquement rejeté les appels au dialogue lancés par la Maison-Blanche et certains hauts responsables américains. En effet, le président iranien lui-même a déclaré presque en même temps que le président Trump qu’il était « insignifiant » de parler aux États-Unis à moins que les sanctions ne soient levées.
En fait, les déclarations de Trump et Rouhani ne se contredisent pas. Le président iranien a explicitement exigé la levée des sanctions afin que le dialogue puisse commencer. Rouhani a posé cette condition en réponse aux pressions du courant le plus belliciste du système mollahs. Il l’a formulé après que plusieurs membres du Conseil iranien de la Shura l’aient accusé de contrevenir aux directives du Guide suprême Ali Khamenei. De son côté, un commandant des Gardiens de la révolution a parlé de ce qu’il a qualifié d’« odeur de trahison » de la part des dirigeants iraniens aprés qu’ils ont fait allusion à accepter un dialogue avec la partie américaine.
Certes, le CGRI ne consentira pas, publiquement, à un dialogue avec les États-Unis. Il a déjà fermement rejeté l’accord nucléaire de 2015 signé avec le groupe P5+1. En vérité, le CGRI a profité des sanctions économiques sévères imposées par les États-Unis à l’Iran. Les sanctions lui ont offert de nombreuses ouvertures pour resserrer son emprise économique sur les secteurs restants de l’économie iranienne en crise. En plus de cette raison moins apparente, le Corps a un rôle bien défini dans le jeu de rôle conçu par le chef du régime, Ali Khamenei. C’est lui qui répartit les rôles et attribue les responsabilités, entre les partisans plus ou moins radicaux.
Il est insensé de dire que le président Rouhani a signé l’accord de 2015 sans le consentement de Khamenei. Il n’aurait jamais rencontré le Président Trump s’il y avait un signe réel de rejet de la part du « Juriste Gardien. »
Ainsi, notre analyse devrait se concentrer non pas sur les positions déjà connues des Gardiens de la Révolution, mais sur celles de Rouhani et de Zarif. Jusqu’à présent, on voit bien que le théâtre se prépare en douceur à une éventuelle rencontre entre Rouhani et Trump en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à la fin de ce mois à New York.
Une partie de ces préparatifs se reflète dans les positions du Président Trump. Le président a laissé entendre que les sanctions contre l’Iran pourraient être partiellement levées. En réponse à une question d’un journaliste sur une éventuelle levée partielle des sanctions contre l’Iran, le président Trump a répondu : « Nous verrons ce qui va se passer. »
Alors qu’il rejetait jusqu’alors totalement d’assouplir les sanctions, Trump semble maintenant ouvert à cette possibilité.
Une partie de ces préparatifs concerne aussi le renvoi de son conseiller à la sécurité nationale belliciste à l’égard de l’Iran. Trump a déclaré que John Bolton était en désaccord avec d’autres fonctionnaires de l’administration dans de nombreuses situations, y compris, bien sûr, le dossier iranien.
Ces indicateurs, subtiles mais néanmoins révélateurs, confirment que la possibilité d’une entente et d’une ouverture au dialogue entre les mollahs et les États-Unis s’accroît de jour en jour. Nous, dans le Golfe, devons nous préparer stratégiquement pour faire face à tous les scénarios futurs.
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON