Énorme
manipulation, véritable tentative de coup d’État, ou gros coup de
colère de la part de Prigogine, je pense qu’il est trop tôt pour
tirer des conclusions. Dans tous les cas, une tentative de changement
de pouvoir était vouée à l’échec, corruption de Prigogine par la
CIA ou non. On a évoqué aussi que les motifs étaient liés aux
tractations pour l’incorporation des effectifs du groupe Wagner dans
l’armée russe régulière, mais si le but était de faire pression
pour obtenir satisfaction sur leurs revendications, alors les Wagner
y sont allés quand même un peu fort... Ce qui pourrait aller dans
le sens d’une énorme feinte, est le fait qu’à chaque fois que
Prigogine a hurlé qu’il allait retirer ses troupes du front de
Bakhmout en raison de l’incompétence de l’armée russe, les forces
ukrainiennes qui ont tenté d’en profiter se sont retrouvés face à
des mercenaires très motivés les attendant de pied ferme. Mais bon,
cela paraît quand même aller un peu loin, là encore...
Par
contre, on notera que cette épilogue a du rassurer les médias
occidentaux. Eux qui avaient décrié les Wagner depuis des mois, se
retrouvaient devoir les encenser comme des combattants de la liberté,
ils devaient en perdre tous leurs repères. Maintenant, ils vont pouvoir à
nouveau revenir à leurs bonnes vieilles habitudes, et les qualifier
de terroristes à longueur de journée.
Et pourquoi la Pologne se lancerait dans un conflit contre la Russie ?
Pour gagner quoi ?... Préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine,
ce n’est pas dans l’intérêt de Varsovie, bien au contraire.
Vous
ne tenez pas d’un compte d’un élément que j’ai souvent souligné
ici, mais dont nombre semblent avoir du mal à réaliser l’existence
: la persistance d’un fort sentiment de frustration historique en
Pologne, lié au démantèlement de l’empire polonais au début de la
Révolution Française, qui avait résulté sur la disparition de la
Pologne en tant que nation indépendante. Il y a à peine un siècle,
le nouvel État polonais avait encore lancé une offensive afin de
récupérer l’Ukraine et la Biélorussie, et avait réussi à en
annexer une assez large partie. Et plus de cent ans plus tard, la
Pologne rêve toujours de regagner son influence sur ces deux pays,
si ce n’est en récupérer une portion. N’oublions pas que les
Polonais n’ont pas digéré de plus la purification ethnique qui
avaient les populations de langue polonaise commise par les
soviétiques avaient annexé à leur tour à la fin de la Seconde
Guerre Mondiale cette large bande récupérée par la Pologne 20 ans
plus tôt. Ils en avaient en effet expulsé tous les personnes
ethniquement polonaises, afin de mettre fin aux prétentions
polonaises vieilles de plusieurs siècles. Ce qui n’a pas marché, on
le voit...
Maintenant,
je ne vois pas ce que l’armée polonaise pourrait faire d’important.
Elle n’est certainement pas apte à mener une guerre de mouvements de
grande envergure, donc d’attaque. Tout au plus pourrait-elle aider
les forces ukrainiennes à défendre. Mais si le but est d’entraîner
l’ensemble de l’OTAN à intervenir directement dans la guerre,
pourquoi pas ? Ce serait la nouvelle étape dans l’escalade de la
part des fous qui dirigent les pays occidentaux.
L’année dernière l’offensive de Kharkov et de Kherson ont été peu
significative pour les Russes qui étaient en infériorité numérique et
qui se sont simplement retirés.
Là
se trouve la clef de tous les problèmes qu’ont eu les russes à la
fin de l’été dernier : ils étaient trop peu nombreux dans ces
régions pour résister à l’offensive. Tout le monde parmi les
analystes objectifs, et parmi ceux qui commentent ici (à part
quelques fanatiques atlantistes) se retrouve là-dessus. Mais comment
se fait-il qu’ils étaient si peu nombreux, justement ?
Là,
les mêmes échouent en général à pointer la vraie responsabilité
: celle de Poutine. Ses énormes erreurs stratégiques ont coûté à
la Russie, et par-delà au monde entier, une prolongation de la
guerre au-delà du raisonnable, en donnant aux extrémistes ukrainiens
et à leurs soutiens occidentaux l’illusion d’une possible victoire,
illusion qu’ils peuvent ainsi vendre à leur public et obtenir le
soutien de celui-ci. Il a lancé à l’assaut des troupes
insuffisamment nombreuses en février 2022, moins de 200 000 hommes
en comptant celles des séparatistes cosaques et novorusses. Certes,
cela a suffi à remporter de grands succès à court terme, et à
neutraliser l’armée ukrainienne d’alors, d’inspiration soviétique.
Mais il était évident aux yeux de tout observateur que cela ne
suffirait pas dans le cas d’un prolongement du conflit et d’un
renforcement prévisible de l’armée ukrainienne. Jusqu’à début
avril il y a un an, quand Zélensky était prêt à capituler, cela
pouvait paraître suffire. Mais à partir du moment où les
pourparlers de paix en Turquie, suite à ceux de Minsk, ont été
sabotés par les Occidentaux, il était devenu évident qu’il fallait
passer à un autre niveau. Et engager tout de suite une mobilisation.
Il l’a finalement faite, avec près de cinq mois de retard.
La
vérité est toujours celle qu’il a laissé transparaître depuis
plusieurs années de conflit, en Syrie et en Ukraine déjà en 2014 :
loin d’être le génie que certains décrivent, et loin d’être aussi
un tyran brutal prompt à recourir à tout bout de champ à la force,
Poutine est un faible. Et un niais. Cela a fini par lui coûter très
cher. Maintenant, les 300 000 hommes annoncés ont été mobilisés,
équipés et entraînés, plus 40 000 à 70 000 déplacés d’autres
régions, les lignes de front ont été fortifiées, les ukrainiens
ont encore perdu une quantité impressionnante de matériel livré (et
2050 chars, fussent-ils de 4ème génération, c’est très peu), ils
sont surclassés tant par les blindés que par l’aviation et
l’artillerie russes, mais il reste que plusieurs mois ont été
perdus par les russes, d’une façon aisément évitable, quand on
voit l’inefficacité des attaques menées par les forces ukrainiennes
requinquées dans les régions de Karkov et Kherson.
Auprès de CheckNews, François Hollande précise également sa position : « Dans
aucun de mes propos, parce que c’est sur ça qu’ils essayent de mettre
l’accent, je n’ai laissé penser que nous aurions signé les accords de
Minsk pour permettre aux Ukrainiens de préparer la guerre. Il s’agissait
[pour le pays] de retrouver une stabilité, un équilibre et de renforcer
leurs moyens militaires s’ils étaient attaqués. Depuis l’interview de Merkel [et sa déclaration sur Minsk],
c’est ce qu’ils veulent absolument démontrer, de prétendre que Minsk a
été une tromperie pour permettre à l’Ukraine de s’armer, de préparer une
agression, mais ce n’était pas le cas. Nous voulions protéger l’Ukraine
[d’une invasion] que la Russie a fini par commettre. »
Hollande
essaie là simplement d’éteindre l’incendie en atténuant voire
induisant en erreur sur la signification de ses propos. L’ensemble de
ses dires montre bien qu’il était vraiment impliqué dans la
politique d’hostilité à la Russie et que dans son esprit, les
accords de Minsk devaient permettre non de résoudre le conflit, mais
de gagner du temps.
Il
ne dit pas qu’il a organisé avec Porochenko depuis Paris le coup
d’état, à vrai dire les éléments qu’on avait pu glaner à
l’époque suggéraient que Hollande n’était pas directement
impliqué, que c’était surtout les USA qui avaient organisé ce
putsch. Les français n’ayant fait qu’accompagner ensuite cette
politique de déstabilisation, en la prolongeant grâce à leur
attitude perfide autour des accords de Minsk. Mais les déclarations
de Hollande montrent bien qu’il était très satisfait de cette
politique anti-russe (et en fait aussi anti-ukrainienne), tant du
coup d’état du Maïdan et ses suites et de « l’arrimage » de
l’Ukraine à l’Union Européenne. On le voit parler en termes d’Axe
du Mal, se réjouir des problèmes de la Russie et regretter qu’ion
ne soit pas allé plus loin, allant jusqu’à conspuer les «
séparatistes », uniquement parce qu’ils ne sont pas dans son camp,
lui qui a soutenu séparatistes et terroristes les plus sanguinaires
en Syrie comme au Kosovo.
Et
plus largement, quand il dit qu’il « voul[ait] protéger l’Ukraine
[d’une invasion] que la Russie a fini par commettre », il se
contente de reprendre la propagande atlantiste habituelle. Durant
huit ans, ce sont les autonomistes qui ont été attaqués en
permanence, en masse en 2015 (ce qui ne le dérangeait manifestement
pas du tout), puis par le biais de bombardements incessants. Et non,
en 2022, ce n’est pas une « invasion russe » qui est venue, mais
une invasion des forces ukrainiennes, à laquelle les russes ont
répliqué. On peut leur en vouloir ou non de ne pas avoir laissé
les républiques du Donbass se faire écraser, tout en les
reconnaissant, mais ils ont bien agi en réponse à une attaque
ukrainienne. Donc, impliqué dans la politique otanienne de guerre
hybride contre la Russie en utilisant l’Ukraine, et dans les
manipulations visant à la promouvoir, comme il l’avait déjà fait
en Syrie, décidé à induire en erreur, Hollande l’était bel et
bien jusqu’au cou.
« Question : comment aurait-on pu fabriquer en 2011
des images d’une netteté et d’une précision très supérieures à celles
que produisent les plus puissantes intelligences artificielles douze ans
plus tard ? »
Peut-être que le Pentagone + la CIA disposaient déjà
de matériel hard et soft non commercialisés et avaient recours à des
talents internes grassement payés et exclusifs ?
Toutes choses dont ne disposent pas les petits
conseillers en « communication » du Parti Démocrate qui n’ont évidemment
pas les moyens dont dispose l’état lui-même ?
Cette
objection (si c’est vraiment sensé en être une) n’est pas de mise,
car jamais personne (pour autant que je sache) n’a envisagé alors
que ces photos et vidéos de « Ben Laden » avaient été modifiées.
Il était et est toujours simplement supposé qu’il s’agissait d’un
sosie, pas particulièrement convaincant à vrai dire, car
manifestement trop jeune.
Cependant,
de telles technologies de modification (par morphing comme on disait
dans les années 90) existaient déjà, et étaient plutôt
efficaces. Il suffit de voir ce que permettait alors Photoshop. Mais
elles ne sont encore une fois nullement nécessaires pour expliquer
que le Ben Laden vues sur ces images était un faux.