Du repas essénien de Bibracte à la Cène de Léonard de Vinci
I. LA CATHÉDRALE DE CHALON-SUR-SAÔNE EST UNE PURE MERVEILLE.
Premier grand monument construit en Gaule, au III ème siècle, c'est par le chapiteau du choeur, celui qui est à la droite de l'autel - à la droite de Dieu - qu'il faut commencer la lecture. En haut de la colonne du ciel, les deux martyrs éduens "Etienne" voient prophétiquement, dans le ciel, le messie annoncé. C'est ce que disent également les Actes des Apôtres lors de la lapidation d'Etienne : "Rempli du Saint Esprit, et fixant son regard vers le ciel, Étienne vit la gloire de Dieu et Jésus debout à sa droite. Et il s'écria : " Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu" (Ac 7, 56 -57).
A la droite de l'autel de Chalon, et donc de Dieu, le messie étend sa main gauche sur le pain de vie, et de sa main droite aux deux doigts dressés, il bénit toute la congrégation de la communauté qui, dans la nef de la cathédrale, attend dans le recueillement le plus total. Derrière lui, le drapeau blanc des Esséniens authentifie la scène.
il est également écrit que lorsque le messie d'Israël viendra, il sera reçu à la grande table de la communauté pour le saint repas, et que le "prêtre" sera, par rapport à lui, à une place d'honneur (Règle pour la congrégation d'Israël, II, 11 à 22).
Je suis très étonné que les archéologues et historiens de métier ne se remettent pas en question quand, articles après articles, je remets au jour l'importance historique de l'antique Cabillo citée par César et Strabon. Il est vrai que je ne suis pour eux qu'un historien amateur qui ne mérite aucune considération (cf. livres et articles de M.Christian Goudineau). Nous avons pourtant là le chaînon manquant qui nous dit pratiquement tout sur la naissance du christianisme/essénisme en Gaule, et cela donne à la ville de Chalon-sur-Saône un rôle insoupçonné et méconnu de capitale rayonnante. On pouvait pourtant le présentir à partir du texte de Strabon qui y voyait la cité des Eduens, Bibracte/Mont-Saint-Vincent n'en étant que la forteresse... Μεταξὺ μὲν οὖν τοῦ Δούβιος καὶ τοῦ Ἄραρος οἰκεῖ τὸ τῶν Αἰδούων ἔθνος, πόλιν ἔχον Καβυλλῖνον ἐπὶ τῷ Ἄραρι καὶ φρούριον Βίβρακτα (Géographie, IV,III, 2)
Dans un autre chapiteau, la population de Chalon est aux pieds de son Seigneur.
II. LE BAS-RELIEF SCULPTÉ DE L'ÉGLISE DE MONT-SAINT-VINCENT EST UN EXTRAORDINAIRE DOCUMENT.
Au centre, le messie essénien des documents de Qumrân met la main droite sur le pain de vie et, de la gauche, il offre à la cité la prospérité par son assiette remplie d'une abondante nourriture. Je rappelle que ce messie est descendu à Chalon comme l'indique le chapiteau précité de la cathédrale. Le bas-relief ne fait que reprendre ce qu'on sait déjà.

Derrière ce groupe de trois, Victorinus - qui règne à Bibracte/Mont-Saint-Vincent (2) - approuve l'alliance en portant à son front sa main gauche, signe essénien de reconnaissance, tandis que, derrière lui, ses notables font, l'un, le signe de renoncement au péché, l'autre, le signe d'acceptation.
En fond de tableau, le mur enduit d'or est semé de Tav, dernière lettre de l'alphabet hébreu en signe de croix. Notez également les grands cols blancs de Postumus et de Victorinus, ainsi que la tunique or de ce dernier (il est issu de la famille régnante).
A gauche, Postumus, à droite Victorinus, tels qu'ils sont représentés dans leurs médailles.
A la gauche du messie/christ, un premier groupe de trois tranche par son immobilisme à côté d'une assiette vide. Le personnage central, apparemment assis et donc notable, montre un visage surpris, neutre et sans expression, ainsi que celui qui l'accompagne, lequel fait pourtant le signe essénien, mais à moitié, en repliant les doigts. Troisième personnage du groupe, la femme/population fait le signe d'acceptation en montrant son linge vide de fruits, de légumes, de fleurs et autres produits de la terre.
Dans l'assiette du dernier groupe de trois hommes ne se trouve qu'un simple poisson - celui des évangiles. Le poing fermé de l'un indique un débat houleux, la main posée de l'autre appelle au débat philosophique. Quant au personnage debout, sa main droite dressée proclame son refus du christ de Chalon tandis que sa gauche s'appuie sur un codex qui ne peut être que celui de l'Évangile et de son Christ.
Or, dans l'Évangile, le Juif Judas a trahi le Christ. Dans ce bas-relief, c'est le contraire. Judas est reçu à la place d'honneur, à la droite du Seigneur. Sa bourse y est honorée comme, jadis, celle de Mercure, dieu du commerce.
III. EXPLICATION POLITIQUE.
Ce n'est qu'à la charnière du III ème/IV ème siècle que le césar romain Constance-Chlore fondera l'Autun monumental que l'on connaît, avec son théâtre. Mais au III ème siècle encore, le lieu du pouvoir se situe toujours sur l'oppidum de Bibracte/Mont-Saint-Vincent et sur celui de Chalon, à Taisey.
C'est sous le règne de l'empereur romain Gallien, qui a installé son fils à Chalon, que naît la ville des bords de Saône, mais c'est son général Postumus qui se bat aux frontières et qui regroupe les errants dans la nouvelle ville qu'il entoure de remparts et qu'il dote d'un grand pont. L'empereur romain Gallien se révélant défaillant, Postumus prend le pouvoir, faisant scission d'avec une Rome incapable d'assurer le contrôle aux frontières. Il se fait reconnaître comme empereur gaulois à Chalon tout en laissant l'héritier légitime, fils de Victoria, régner à Mont-Saint-Vincent, la capitale historique. En toute logique, Victorinus devient le César de Postumus, ce qui le désigne comme le successeur prévu. En toute logique, Postumus cherche auprès de la riche diaspora juive, l'aide principalement économique qui va lui permettre de gérer la ville populeuse qu'il a fondée. Il ne fait pas de doute que ce sont les Juifs qui ont financé la construction de la cathédrale tout en apportant la nourriture aux barbares que Postumus y a regroupés ; mais ce sont ces barbares qui, en échange, ont fourni la main d'oeuvre.
IV. POUR PEINDRE SA CÉLÈBRE CÈNE, IL EST MANIFESTE QUE LÉONARD DE VINCI S'EST INSPIRÉ DE CE BAS-RELIEF.
Vasari ne le dit pas. Il précise seulement que Léonard a eu du mal à trouver des modèles dont les visages correspondaient à ce qu'il voulait exprimer. J'en déduis qu'il cherchait des personnages qui ressemblaient à ceux du bas-relief mais qu'il lui fallait des modèles vivants pour les peindre d'après nature. En revanche, croyant y voir la cène de l'Évangile, il a amélioré, selon lui, ce qui lui semblait imparfait. C'est ainsi que le visage de son christ est plus dans le style de beauté de son époque. C'est ainsi qu'il a modifié des attitudes, notamment dans les gestes, mais qu'il a conservé l'essentiel de la composition, notamment par groupe de trois.
Des assiettes en faïence fine à la bordure richement décorée ont remplacé les écuelles antiques de métal ou de bois. Les verres de Venise se sont substituées aux gobelets gaulois. La main droite du Christ se tend vers le pain comme pour le bénir tandis que la main gauche s'ouvre dans un geste qui est plus de révélation que d'accueil.
A la gauche du Christ, le scepticisme du personnage du premier groupe s'est transformé en stupéfaction face au miracle de la Révélation, tandis que celui qui l'accompagne affirme qu' IL EST, ce que la femme pécheresse mais repentante - Marie-Madeleine - confirme par un geste de foi (certains veulent y voir l'apôtre Philippe ; il est vrai que cette Marie-Madeleine est bien masculine ; il est vrai que Marie-Madeleine ne faisait pas partie des apôtres, mais sur le bas-relief, c'est bien une femme).
Léonard a bien compris que le dernier groupe était dans un débat mais, pour lui, c'est seulement pour constater qu' IL S'EST RÉVÉLÉ comme les textes l'avaient annoncé, ce qu'indique la main ouverte qui a remplacé le poing fermé pour dire : C'EST LUI, LE CHRIST.
A droite du Seigneur, Jean ne se penche pas sur la poitrine de Jésus, comme le dit un évangile - ce qui aurait été contraire au bas-relief - mais vers un Pierre qui a pris la place de Postumus. Après ma Marie-Madeleine supposée, on devine le deuxième problème qui s'est posé à Léonard car, dans l'interprétation évangélique, le personnage qui se croise les mains ne peut être que Jean alors que, pourtant, sur le bas-relief, c'est une femme. Le souci d'exactitude de Léonard l'a conduit à représenter un Jean efféminé... ou un Jean femme, ce qui est tout de même étonnant. Exit l'hypothèse du Da Vinci Code qui voulait y voir une Marie-Madeleine, épouse du Christ. Autre souci d'exactitude de Léonard, la présence de Judas près du Seigneur, mais un Judas qui se penche en arrière comme pour s'écarter des deux apôtres, tandis que sa duplicité est mise en évidence par la main droite qui va se saisir du pain et par la bourse que la main gauche enserre. Quant au groupe suivant, c'est l'heureuse surprise face au miracle de la Révélation.
D'après Wikipédia, Léonard recommandait dans ses écrits de peindre « les figures de telle sorte que le spectateur lise facilement leurs pensées au travers de leurs mouvements ». À cet égard, la Cène est une illustration magistrale de cette théorie des « mouvements de l’âme » (motti dell‘anima), saint Thomas sceptique tendant l’index, saint Philippe, se levant pour protester de son innocence, saint Barthélemy, indigné, appuyant les mains sur la table…
Ô fragilité des interprétations ! Certains veulent surtout voir dans la Cène de Léonard la trahison de Judas. Léonard y voit surtout, il me semble, le miracle de la Révélation bien qu'on n'y voie pas clairement l'évocation de l'eau ransformée en vin ou de la consécration du pain. Or, dans l'Évangile, c'est plutôt une scène d'adieu, la Cène du dernier repas avant la marche à la mort. Curieusement, on n'y voit pas de gens pleurer.
Qu'importe !
Rendons à César ce qui est à César, à Léonard de Vinci ce qui lui est dû ! Rendons aussi ce qui lui est dû à l'artiste anonyme, auteur de cet étonnant bas-relief !
E. Mourey 17 septembre 2013
Renvois 1 : Postumus
Renvoi 2 : Victorinus
Les deux Victorinus dans un chapiteau de la cathédrale de Chalon, père et fils. Victorinus fut un empereur très énergique et d'un grand mérite, mais malheureusement, il fut trop voluptueux... à Cologne en compagnie de son fils, il fut victime d'un groupe de factieux qui lui reprochèrent son inconduite. Les soldats le massacrèrent et à la même heure, ils proclamèrent son fils, César, et ils le tuèrent aussi (Trebellius Pollio).
Illustrations.
Photo de Victorinus : http://www.forumfw.com/t4035p15-mes-empereurs-gaulois
Photos de Postumus et de la Cène de Léonard : Wikipédia
Photo du bas-relief : Wikipédia, auteur Ivoiry http://commons.wikimedia.org/wiki/File:20120811_Mont-Saint-Vincent_C%C3%A8ne.jpg
Autres photos, de l'auteur
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