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Accueil du site > Tribune Libre > La guerre du feu a bien eu lieu

La guerre du feu a bien eu lieu

Jusqu’au début des années 1990, la thèse admise par la plupart des paléoanthropologues considérait que les sociétés dites « primitives » ou « préhistoriques » étaient pacifiques. Mais, dans tous les domaines des sciences humaines, l’idée dominante est régulièrement contestée par une nouvelle mode pendant une décennie ou deux, avant d’être elle-même remplacée par une nouvelle idée, ou par la première remise au goût du jour, et le mythe du « bon sauvage » cher à Rousseau est aujourd’hui mis à mal par une série d’études et de publications dont les auteurs adoptent tous un point de vue « néo-hobbesien » selon lequel ces sociétés étaient aussi violentes et guerrières que nos sociétés modernes.

Or, en Alsace, des fouilles récentes menées par une équipe de l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) viennent confirmer cette thèse en mettant au jour les restes d'un massacre vieux de 6 000 ans : les squelettes de 10 personnes ont été découverts dans l'un des 300 anciens silos, utilisés pour stocker les céréales et d'autres aliments.

Ces individus du néolithique semblent avoir subi des morts violentes ; ils présentent de multiples blessures aux jambes, aux mains et aux crânes. La façon dont les corps ont été empilés les uns sur les autres suggère qu'ils ont été tués ensemble et jetés dans le silo sans ménagements ni rituels funéraires.

« Ils ont été exécutés très brutalement et ont reçu des coups violents, presque certainement assénés par une hache de pierre », a déclaré M. Philippe Lefranc, un spécialiste Inrap de cette période de la préhistoire. « Les squelettes de cinq adultes et un adolescent ont été trouvés ainsi que quatre armes. Les bras étaient probablement des trophées de guerre, comme ceux trouvés sur un site d'enfouissement à proximité de Bergheim en 2012. Les mutilations révèlent une société de "guerriers fanatisés », et les silos, intégrés dans un mur de défense évoquent « une époque troublée, une période d'insécurité".

 

En attendant le résultat de tests génétiques sur les os qui donneront plus d'informations sur les meurtres, l’hypothèse actuelle est qu’une tribu locale a dû affronter un groupe provenant de ce qu’est l’actuelle Ile-de-France : "Il semble qu'un raid guerrier mené par des gens du bassin parisien ait mal tourné pour les assaillants, et que les Alsaciens de l'époque les ont massacrés". Cependant, au bout du compte, ce sont les "Parisiens" qui ont eu le dernier mot, car la tribu locale semble avoir été supplantée par les nouveaux arrivants vers 4 200 avant JC, comme en témoignent les nouveaux rites funéraires, poteries et habitions.

Pour consoler les nostalgiques de l’état de nature bon, innocent et pur, caractéristique de l’homme avant qu’il ne soit corrompu par la société, on peut toujours penser que ces agriculteurs éleveurs avaient plus de points communs avec notre culture qu’avec celle des chasseurs cueilleurs. La préhistoire est suffisamment longue pour laisser la place à la nostalgie.


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31 réactions à cet article    



    • amiaplacidus amiaplacidus 8 juin 2016 17:12

      @Jeussey de Sourcesûre
      Vous êtes un peu brouillé avec la chronologie.

      En estime que la maîtrise du feu date d’environ 400.000 ans (début des hominidés).
      Vous nous parlez d’épisodes d’il y a 6.000 ans !

      Le titre « guerre du feu » est, pour le moins, fausse.

      On n’a, actuellement, aucune preuve, directe ou indirecte, que les premiers hominidés étaient violents, pas plus de preuve pour dire qu’ils étaient pacifiques.


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 8 juin 2016 17:30

      @amiaplacidus

      Vous avez tout-à-fait raison : j’ai cédé à la facilité en choisissant un titre accrocheur alors que je trouve par ailleurs étrange que l’on mette dans le même sac d’« homme préhistorique » ou « préhistoire » des individus et des sociétés qui présentent des différences énormes. Notre société agricole sédentaire a beaucoup plus de points communs avec celles du néolithique que les hommes du néolithique n’en présentent avec les « peintres » de Lascaux ou les chasseurs de la vallée de Tautavel.

      Pour ce qui est de l’existence ou de l’apparition de la violence, ne pourrait-on pas la faire coïncider avec la sédentarisation, la naissance de l’agriculture, l’accumulation des stocks, le rassemblement de troupeaux, la notion de territorialité et de propriété du sol ?

    • amiaplacidus amiaplacidus 8 juin 2016 18:11

      @Jeussey de Sourcesûre

      Je ne suis pas anthropologue, et je n’ai pas de réponse à votre hypothèse de l’apparition de la violence.
      Mais cette hypothèse me parait séduisante et semble tenir la route.

      Y a-t-il ici un anthropologue compétent qui puisse éclairer notre lanterne ?


    • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 8 juin 2016 19:31

      @Jeussey de Sourcesûre
      Et la violence pour un territoire de chasse, qui a peut-être marqué les rencontres entre l’homme « moderne » et Néandertal ?
      La violence est aussi vieille que l’Homme et sans elle l’Homme ne serait plus... 


    • Jo.Di Jo.Di 8 juin 2016 13:40

       
      Ce qui tombe aussi à l’eau c’est la souche unique de bobo çapines avec l’homme de Pékin (-100000 ans, contre -50000 pour le premier Grand Remplacement) , et aussi le fait que l’homme du Cerf Rose (pythécanthropus gôôôchis) a véu jusqu’à -40000 donc avec l’homme moderne de Pékin ; le Yan de race supérieur
       
      De plus le blanc d’Europe est un bâtard de néandertalien alors que le migrant colonisateur à Soros est de race pure çapine (9 sœurs à Coulibaly)
       
       
      “Aucun clandestin n’a réussi à atteindre les côtes australiennes en bateau depuis plus de 600 jours, et aucun migrant n’est mort. La plupart de ces migrants ne savaient ni compter, ni lire, ni écrire dans leur propre langue, sans même parler anglais.”
       
      se félicite le premier salaud d’Australie le nazi Malcom Turnbull. Sous les cinq années du gouvernement gôôôchiste, dans sa traite négrière 1200 migrants avaient péri en mer joyeusement ; pour que puissent tortiller du cul devant les caméras, les grandes bobo Chanel ....

       


      • Taverne Taverne 8 juin 2016 22:15

        @Jo.Di

        « Tortiller du cul » est une expression récurrente chez vous. Le fait de la répéter de manière obsessionnelle révèle un fantasme inassouvi...


      • Yanleroc Yanleroc 8 juin 2016 14:18

        L’Humanité ne se résume pas à nos instincts guerriers, il y a aujourd’hui encore beaucoup de « chasseurs-cueilleurs ». Moins en Occident proportionnellement, mais le monde ne se résume pas à l’Occident, où pourtant il y a un retour aux sources certain.

         Il y a 6000 ans, peut-être y avait-il aussi des peuplades pacifistes sédentaires (selon le milieu), et d’autres vagabondes, guerrières, et nomades. On ne peut pas en conclure que l’Humanité est définitivement violente par nature, ce serait faire fi de sa partie « divine », de sa transcendance.

        • cathy cathy 8 juin 2016 14:54

          Vous pensez que Rahan est dans le coup ?


          • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 8 juin 2016 15:42

            @cathy

            Franchement, non. Mais je n’avais pas de photo de francilien de l’époque avec la peau sur les os.

          • Phoébée 8 juin 2016 15:29

            Quand on vous dit que le métissage ne se fera pas dans la joie et la bonne humeur....


            • sls0 sls0 8 juin 2016 18:01

              10 morts, sacré massacre.
              10 morts violentes, à comparer au chiffres des morts non violentes de l’époque, les squelettes de cette région et de cette période doivent être recensés. Si c’est 10 morts représentent plus de 1%, on peut commencer à parler de société violente.
              Où j’ai passé mon enfance, il n’était pas rare de tomber sur des os humains quand on creusait, il ne datait pas du néolithique mais de 14-18. Quand on bêchait c’est pas des os de poulets qu’on trouvait, c’était de l’os broyé par les obus. Mon père ne voulait pas de cailloux dans le jardin qui se trouvait à l’emplacement de l’ancien village qui avait été pulvérisé. 5 à 10% des cailloux étaient très légers.
              Quelle interprétation pour les archéologues dans 10.000 ans ?


              • Emile Mourey Emile Mourey 8 juin 2016 19:03

                Tout à fait d’accord. L’idée d’une Europe originelle de villages de paysans vivant sans protection militaire est une belle utopie, l’utopie d’un soi-disant paradis perdu. Il faudra bien, un jour, que les archéologues reconnaissent que depuis les temps les plus anciens, les habitants ont confié leur sécurité à des castes militaires qui assuraient leur protection sur des points hauts et qu’ils n’ont pas attendu les Romains pour y élever des forteresses construites en pierre. Gergovie, non pas au Corent de Mathieu Poux, mais au Crest, Bibracte à Mont-Saint-Vincent et non pas au mont Beuvray. Une Europe de paysans pacifiques avant l’arrivée des hoberaux guerriers de M. le professeur Goudineau est une belle utopie.   


                • gaijin gaijin 8 juin 2016 19:24

                  faut pas tout mélanger
                  les société paléolithiques ou les sociétés de chasseurs cueilleurs sont en effet structurellement pacifiques ce qui ne signifie pas qu’elles soient incapables de violence en cas de conflit .......
                  pourquoi structurellement pacifiques ? parce qu’il n’ y à pas grand chose a voler qui vaille la peine de prendre des risques
                  la guerre en tant que telle apparaît au néolithique avec la conjonction de deux nouveautées : la culture de céréales qui peuvent être stockées donc volées et la domestication d’animaux de trait qui permettent de fuir vite avec le butin .....
                  avec l’agriculture apparait la structuration en « classes sociales » : ceux qui bossent qui meurent jeune ( plus jeune que les chasseurs cueilleurs ) et l’élite qui dirige ....avec la domestication des animaux apparait bien sur l’idée de la domestication des humains ....avec l’agriculture la sédentarisation et la possession de territoires a défendre .....
                  l’histoire nous apprend qu’il n’y a pas de « nature humaine » des modèles divers ont existé certains plus pacifiques que d’autres .....
                  en australie pendant 40000 ans les aborigènes ont vécu en tribus et ont connu des conflits mais il ne semble pas qu’il y ait eut un crétin pour vouloir devenir empereur d’australie .....a caral ( amérique du sud ) il semble que soit développé une société complexe qui n’aurait pas connu de guerre pendant mille ans ....
                  récemment un papou en visite sur un cimetière de la première guerre mondiale faisait l’observation suivante : quand on fait la guerre s’il y a un mort on s’arrête et tout le monde rentre chez soi ...quel sauvage inculte  ! smiley d’autres papous il me semble mangeaient la cervelle de leurs ennemis pour prendre leur force ....
                  chez l’humain le social prédomine ( sans éducation pas de marche debout ou de parole ) mais ça ne signifie pas que nous ne faisions pas partie de la nature : chez les différentes races de singes existent les bases de toutes les structures politiques que nous avons « inventé »


                  • Emile Mourey Emile Mourey 8 juin 2016 20:49

                    @gaijin


                    Oui, vous avez raison de faire la différence entre le paléolithique et le néolithique. D’ailleurs, les massacres qu’évoque l’auteur appartiennent bien à la seconde période de même que mon commentaire. Je suis aussi assez d’accord avec Antenor pour ne pas croire au « bon » sauvage, ni au Papou pacifique. L’humanité sort du monde animal et ce monde animal est, par nature, cruel.

                    Votre explication par le « casus belli » apparu au néolithique est bonne et j’y souscris. Dans cette logique, je vous invite à reconnaître dans la site néolithique de Chassez-le-Camp, une position militaire à l’entrée du couloir de la Dheune, en protection avancée d’un pagus agricole centré sur la position naturellement fortifiée de Mont-Saint-Vincent... véritable Bibracte.

                  • Emile Mourey Emile Mourey 8 juin 2016 20:53

                    @Emile Mourey

                    Lire : Chassey-le-Camp

                  • sls0 sls0 8 juin 2016 23:51

                    @Emile Mourey
                    De mémoire paléolithique 6 millions d’habitants en Europe et 80 millions au néolithique.
                    Il fallait chercher pour trouver un ennemi. Cela dit des graines non protégées c’est franchement pas recommandé.
                    Si on se base sur l’ADN, des invasions c’est pas tout les jours au néolithique, la première fait l’ADN de Otzi, la deuxième fait que l’ADN d’Otzi on le retrouve plus facilement maintenant dans l’Europe du sud ouest, surtout en Sadaigne.
                    Deuxième invasion des pasteurs qui arrivent chez des agriculteurs, heureusement qu’il y avait pas une grosse densité de population mais comme il y avait pas mal de forêts hormis le défrichage des agriculteurs la ’’bonne terre’’ devait pas être trop courante, il y a dû avoir des frictions de temps en temps, deux modes de vie différents, l’autre est facile à cibler.

                    Depuis 2010 ça bouge tellement coté ADN, que l’obsolécence guette une étude de dix ans parfois.


                  • gaijin gaijin 9 juin 2016 08:10

                    @Emile Mourey
                    « L’humanité sort du monde animal et ce monde animal est, par nature, cruel. »

                    je nuancerais ça le monde animal n’est pas cruel même s’il peut être dur et violent aucun lion ne massacre tout un troupeau de gazelles juste pour pour rigoler et si un nouveau mâle dominant tue les lionceaux du précédent il ne va pas chercher a tuer tous les lionceaux de la savane au non du fait que c’est logique .......
                    l’homme seul a le potentiel d’être cruel ! et il y a pourtant de « bons » papous et d’autre moins bons et de soit disant civilisés plus sauvages que des sauvages
                    toutes ces postures philosophiques sur l’homme est ceci ou cela ne sont que les masques de notre paresse a être responsables de ce que nous sommes
                    voilà la vérité : l’homme est un potentiel , il a le choix de son comportement, de son habitat , de son alimentation .....


                  • JBL1960 JBL1960 9 juin 2016 10:50

                    @Emile Mourey C’est pourquoi il faut aussi prendre en considération les résultats des travaux de la Pr/Chercheuse Patou Mathis qui prouve que « Non, les hommes n’ont pas toujours fait la guerre » car c’est un point de vue intéressant. J’ai retranscrit cette étude dans ce billet à tiroirs, avec mise en lien = https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/02/09/lhomme-nest-pas-un-loup-pour-lhomme/ Merci aussi à l’auteur de nous permettre de réfléchir sur autre chose que la Loi Travail, le Bilderberg 2016. Pour ma part, j’en suis là dans ma réflexion ; https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/06/08/demain-est-en-nous/


                  • Antenor Antenor 8 juin 2016 20:15

                    Même à l’époque des chasseurs-cueilleurs, il y avait sûrement déjà des conflits pour le contrôle des meilleurs territoires de chasse et des carrières de silex. Sans compter les razzias sur les stocks de vivres du voisin.

                    L’homme « naturellement bon » s’appelle le bonobo.


                    • izarn izarn 8 juin 2016 21:31

                      Je crois que vous n’avez rien compris à Rousseau.
                      Il disait que c’était plutot la culture et la civilisation qui produisait le mal, dominant/dominé.
                      D’ou le concept, homme bon à l’origine, mais perturbé par la religion/civilisation.
                      Mais comme l’homme ne saurait vivre sans culture...
                      Rousseau n’était pas un grand optimiste....

                      Bien entendu les tenant de la religion/civilisation, ne sont pas content, et disent l’inverse :
                      L’homme est mauvais, et la religion/civilisation le rends bon.

                      Et la ce n’est plus de la philosophie, mais de la connerie.

                      La solution, serait peut-etre d’améliorer la civilisation, non ?
                      Ce serait logique, mais les cons ça ose tout, c’est meme à ça qu’on les reconnait.


                      • Montagnais .. FRIDA Montagnais 8 juin 2016 23:22

                        @izarn


                        Ts,ts,ts ... Vot formule est pu du tout la bonne, vieillie, galvaudée, usée jusqu’à la corde ..

                        La nouvelle formule, à la pertinence absolue dit dans sa simplicité géniale : 

                        « Les cons, c’est les autres .. c’est d’ailleurs à ça eccetera .. »

                      • Paul Leleu 8 juin 2016 21:58

                        Comme vous l’avouez à un de vos lecteurs, vous avez « cédé à la tentation d’un titre accrocheur »... quitte à maltraiter un peu les faits. Ensuite, vous évoquez plus bas Didrot et Rousseau, dont vous cherchez par ces « preuves » à accabler (tout en la caricaturant) la pensée (résumée au « bon sauvage » et à la naïveté) de ces deux « benêts » de Didrot et Rousseau. Tout en évoquant aussi « le courant issu des lumières », donc supposément des personnes actuelles. Et enfin, vous attribuez aux « anthropologues », « zoologues » et on suppose aussi aux « paléonthologues » la capacité d’analyser « sans projeter de contenu idéologique ou religieux ».


                        Je pense que vous risquez de commettre la même erreur que vous reprochez à vos adversaires, en vous servant d’un fait isolé pour en tirer des conséquences universelles. 

                        D’ailleurs, vous précisez dans votre article combien les paléonthologues (dont l’INRAP) nous sortent une théorie tous les 10 ans. (ce que les passionnés profanes comme moi ont également constaté, et qui nous amène à essayer de discerner comme vous, le scientifique de l’idéologique). 

                        L’exercice est (vous l’admettez) « pas évident »...

                        Concernant l’article de l’INRAP que vous mettez en lien, il est précisément le fait de « paléonthologues versatiles », si je comprends bien... alors quel crédit lui accorder ? Les faits y sont peut être soumis à des « projections religieuses »... On y lit un certain nombre de « sans doute » et de « laisse supposer ». 
                        En outre, la présentation quelque peu « racoleuse » faite par l’INRAP répond peut-être au besoin de cet institut d’exister médiatiquement, et donc d’accrocher un « nouveau public » gavé de télé violente, ce qui n’est pas mieux que les bons sauvages. (ils nous vendent rien de moins que « la naissance de la guerre »...) 
                        Sur les faits, il ne s’agit que de 6 individus complets et de 4 individus partiels... peut-on parler de guerre ? Quelqu’un a-t-il jamais supposé sérieusement que les hommes préhistoriques ne connaissaient pas la violence ? Et même la haine ? Ou les rites violents ? Alors qu’on sait que l’Homme de Tautavel (400 000 ans) a vraisemblablement été victime d’anthropophagie (probablement rituelle). 

                        Est-il question de démontrer que la violence inter-humaine existait il y a longtemps, ou bien depuis quand existe la guerre au sens moderne ? 

                        La violence inter-humaine devait exister depuis la nuit des temps. Pour tous les motifs qu’on peut imaginer. Mais est-ce cela que la « guerre » au sens où on cherche à la déterminer ?

                        Vous soulignez à juste titre la proximité (négligée de beaucoup de monde) entre les hommes du néolithique et nous. Trop peu de gens se rendent comptent du bouleversement que l’agriculture a vraisemblablement amené chez l’homme. 
                        Nouvelle mentalité, nouveaux pouvoirs, nouveaux rapports entre les individus et les sexes, nouveaux rêves, nouvelles attentes, nouveaux modes de vie, et sûrement nouvelles religions. Et nouveaux conflits. 
                        On peut supposer que les « nouvelles moeurs » des agriculteurs ont du suciter bien des préventions chez les « chasseurs-cueilleurs »... (on peut rire aujourd’hui de ceux-là mêmes qui nous vendent le « paysan immorial » aux « moeurs enracinées »... alors qu’il a du passer pour un « bobo déraciné » aux yeux des « chasseurs virils ») ... mais bon.

                        Vous attribuez à l’accumulation du grain ces premières « guerres »... c’est probable. Mais comme vous le dites bien, on en est encore réduit aux suppositions, car c’était peut-être une rixe au sujet d’une femme ou un problème de pain au chocolat smiley

                        De mes lectures (amateures), j’ai glané que la guerre au sens moderne du terme, serait plutôt née avec l’âge de bronze. 
                        En effet, le bronze (autre révolution technologique) a permis l’aquisition d’armes sophistiquées et suffisamment efficaces, favorisant l’ascention de chefs de guerre et la consitution de butins durables pour justifier la guerre. 
                        Car on toucherait ici à la définition moderne de la guerre (et au coeur de la querelle idéologique très contemporaine). C’est à dire, non plus de violences et de vols occasionnels, mais la consitution sociale durable autour de la prédation d’autres sociétés humaines. Et il me semble qu’on touche là un vrai sujet de polémiques politiques contemporaines. 

                        On pourrait donc penser que la guerre (au sens moderne) est bien une construction sociale et politique. Que la guerre serait une « théorisation » politique de la violence humaine. Bon... c’est une idée... 
                        Ca va pas supprimer les guerres demain. Mais ça permet de questionner la construction politique. Et surtout de chercher les acquisitions technologiques qui nous permttraient de sortir de l’âge de la guerre (sachant que la violence elle demeure sous d’autres formes).

                        On peut là brièvement rebondir sur Rousseau... je connais pas bien sa pensée. Mais je dois dire que le « bon sauvage » et la « corruption par la société » peuvent être compris dans des acceptions plus complexes. Je crois déjà que chacun à titre individuel peut faire cette expérience dans son enfance et son âge adulte, de la « corruption par la société »... c’est même à mon sens une des épreuves de notre vie... Sur le « bon sauvage », on peut supposer que son utilisation courante est une forme de barbarisation de la pensée du philosphe (quoi qu’on pense de lui).
                        Mais au-dela du symbolique, peut-être que certains « bons sauvages » supposés (ou rêvés) par Rousseau ont vraiment existé. Et que les athropologues ont peut-être pu les observer. Certaines sociétés isolées et résiduelles ont pu continuer à vivre (jusqu’à leur « découverte ») selon les formes de la société « primitive-agraire » que vous évoquez. C’est à dire dans un contexte de violence mais non pas de guerre. Les anthropologues ont même parfois parlé de « communisme des primitifs » en parlant de ces organisations sociales qui pouvaient faire penser à l’anarcho-syndicalisme. 

                        Rousseau évoquerait alors intuitivement une part réelle de notre humanité. Voilée par un présent guerrier, mais pouvant être rappelée à vivre par un changement de société. C’est à dire sortir de l’organisation guerrière (même si cela ne signifie pas la fin de toute violence). Car vous reconnaitrez qu’il peut sembler abhérant au coeur de l’homme de consacrer ses énergies à préparer la guerre. Voilà... sans doute faut-il (avec le recul du temps) distinguer la violence de la guerre. L’une comme partie prenant de la vie, l’autre comme construction politique et philosophique. 



                        Concernant la « non idéologie » et la « meilleure lucidité » des anthropologues... je ne suis pas d’accord. (pas plus que pour les présentations tendencieuses -dans un sens ou dans l’autre- des zoologues et des palonthologues« ). 

                        On sait que Darwin (pourtant rejeté par les conservateurs), a été instrumentalisé en »darwinisme social« par des penseurs fascisants... on peut tout pervertir en science. 

                        L’anthropologie est issue de la linguistique. Influencée par la psychanalyse, le symbolisme, le marxisme, l’ethnologie, la sociologie et d’autres courants scientifico-philosophiques, elle a entre-autre enfanté une pensée, le structuralisme. 
                        Elle prétend tout expliquer par l’analyse des structures, des »échanges« et des »contre-échanges« ... Elle finit par présenter une vision utilitariste de l’homme. Et au fond, elle passe de science à idéologie (un peu comme le marxisme parfois, alors qu’il peut être un outil si précieux par ailleurs). 

                        On a connu la gnose, au moyen-âge l’alchimie et plus tard on a eu Machiavel... ce ne sont pas des »lucidités« , mais bien des idéologies égalment. Le monde n’est pas une vaste mécanique horlogère. Attention au déterminisme étroit. Attention au nihilisme, qui n’est que le dernier »coup" de l’orgueil humain. Comme le dit un de vos lecteurs, l’homme ne se résume pas à la guerre. Ni les lecteurs de Rousseau à un ramassis de benêts sans lucidité. 





                        • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 juin 2016 08:11

                          @Paul Leleu
                           So, what ?


                        • Le p’tit Charles 9 juin 2016 06:56

                          Exterminer l’autre, dans le monde animal pour survivre...Viennent de découvrir l’eau chaude.. !


                          • Jean Keim Jean Keim 9 juin 2016 09:18

                            Il y a 6000 ans, un massacre d’êtres humains a eu lieu donc la guerre a toujours existé, c’est un peu rapide comme conclusion, les traces de paix sont pour le moins difficile à mettre en évidence, la mort ne laisse pas un sourire sur le visage d’un squelette smiley

                            Il y a 6000 ans il y avait deja des sociétés organisées (avec des silos), des possédants et des exploités et de ce fait des conflits. 

                            • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 juin 2016 11:33

                              @Jean Keim

                              «  Il y a 6000 ans, un massacre d’êtres humains a eu lieu donc la guerre a toujours existé »

                              C’est vous qui arrivez à cette conclusion, pas l’article.

                              Le propose de l’article était justement de mettre en garde contre des conclusions définitives dans un sens comme dans l’autre, et, entre autres sur l’édification de mythes comme celui du « bon sauvage », qui représente une conception idéologique de la condition humaine et non pas une observation de ses évolutions.

                            • maQiavel maQiavel 10 juin 2016 00:16

                              Rousseau n’a jamais parlé du bon sauvage ,c’est un mythe que ses adversaires ont inventé ...


                              • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 10 juin 2016 08:08
                                Rousseau n’a pas utilisé le terme « bon sauvage » mais l’idée, d’un état naturel (ou « de nature ») bon, innocent ou pur se retrouve dans son interprétation de la nature humaine : « le principe de toute morale (...) est que l’homme est un être naturellement bon, aimant la justice et l’ordre ; qu’il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain, et que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits » (...) tous les vices qu’on impute au cœur humain ne lui sont point naturels (...) par l’altération successive de leur bonté originelle, les hommes deviennent enfin ce qu’ils sont.

                                Dans le Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes, Rousseau développe une longue métaphore sur l’état de nature, l’état pré-civilisationnel. Il décrit cette période de l’humanité comme étant la plus heureuse.

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