Les Voraces et les Coriaces
Tant pis si Corneille, voire Tite Live, se retournent dans leurs tombes pour ce détournement osé, mais il illustre parfaitement la lutte entre deux clans, les possédants, et les dépossédés... les voraces et les coriaces.
Les voraces ont un appétit sans limite.
Pierre Gattaz, le patron des patrons, celui qui parle à l’oreille de Macron, et qui en veut toujours plus pour les entreprises... et toujours moins pour les plus fragiles d’entre les français, est la figure parfaite du vorace.
Emmanuel Macron ne devrait-il pas être lui aussi classé parmi les voraces, lui qui a tout de même dévoré en même temps le FN, le PS et les LR ?
Reste à savoir s’il n’a pas eu les yeux plus gros que le ventre, d’autant qu’en même temps qu’une spectaculaire chute dans les sondages, il vient d’entrer dans le dur avec la publication des ordonnances concernant la « loi travail »...
En 159 pages, on peut maintenant découvrir les 36 mesures préconisées par le gouvernement, lesquelles confirment la diminution des avantages visant les employés, et les gestes sympathiques pour le camp des patrons. lien
Sauf que Macron a créé un nouveau genre : le « vorace/malin » : en laissant fuiter avant l’été un premier projet de réforme plutôt dur, il pense plaire au plus grand nombre en proposant un projet plus modéré...
Le piège tendu fonctionnera-t-il ?
Les coriaces ?... ils sont entêtés, portés par la volonté de changer ce qui n’est pas admissible.
Jean-Luc Mélenchon, lequel a résisté à bien des pressions politiques, et qui revient de loin... quittant le PS dès 2008, (lien) présageant sa chute prochaine, bien avant l’épisode tragi-comique hollandais qui s’est découvert sur le tard libéral-socialiste...est indubitablement un coriace, allant jusqu’à refuser l’alliance que lui avait proposé le frondeur Hamon...qui finalement quittera lui aussi le PS.
On pourrait sans hésiter classer Bernard Arnault au rang des voraces, tout en mettant François Ruffin dans celui des coriaces, lequel, dans son magistral film « merci patron » a proposé une arnaque version « défense du petit peuple ».
Ruffin, aujourd’hui député, a déjà mis en application l’une de ses promesses, se contentant d’un smic, exemple hélas pas encore suivi dans les rangs de ceux qui affirment vouloir défendre une certaine moralisation...
Il est aujourd’hui l’un de ceux qui fait trembler les caciques de l’assemblée nationale.
Il est à l’évidence un coriace : n’a-t-il pas à 5 reprises reposé la même question devant le silence gêné des parlementaires ? lien
Et puis il y a ceux qui, suivant les vents, ont un pied dans un camp, ou un pied dans l’autre, les opportunistes, qui sont dans le fond autant voraces que coriaces, tel Bruno Roger Petit, qui après avoir lourdement taclé celui qui allait prendre les destinées du pays, se trouve parachuté porte-parole du gouvernement.
Dès sa nomination, il s’est empressé de supprimer son compte Twitter, compte dans lequel il avait multiplié les attaques, les critiques en tout genre visant celui qui est aujourd’hui son employeur... mais les internautes taquins ont multiplié les copiés/collés de toutes ses interventions, afin que l’on puisse les découvrir encore aujourd’hui.
N’avait-il pas déclaré au sujet de celui dont il est maintenant le représentant : « Macron qui se disperse, Macron qui s’éparpille, Macron qui se ventile, Macron qui se brouille Macron qui se croit moderne et qui déjà se démode à force de faire du vieux »...
Une autre fois : « Macron est de ces nénuphars politique qui émergent en politique, de temps à autre, portés par l’air du temps et des médias en mal de nouveaux personnages de roman, mais qui, faute de racine ; finissent par périr d’eux-mêmes... »...et plus tard : « à force d’avoir été partout depuis le début du printemps, Macron n’est nulle part à la fin de l’été ». lien
On ne peut que souhaiter bonne chance au nouveau président, qui devrait faire sienne la parole attribuée à Voltaire : « Mon Dieu, gardez moi de mes amis ! Quand à mes ennemis, je m’en charge ».
Tout ça ne va pas arranger sa côte de popularité, car une vidéo gênante vient de ressortir dans les réseaux sociaux, celle dans laquelle il avait affirmé vouloir « prendre de la distance avec les journalistes ». lien
Mais nos gouvernants ne sont jamais à l’abri d’une contradiction...
Dans le camp des « voraces/coriaces », on peut ajouter sans hésitations, ceux qui, après avoir échoué en politique, se recyclent dans le journalisme d’opinion, tel Raffarin qui vient de rejoindre FR2, et qui après avoir déclaré se retirer du monde politique, et fonder une ONG, se fait parachuter chroniqueur dans la nouvelle émission de Laurent Delahousse dans l’émission « 19h le dimanche »... lien
Et quid d’Henri Guaino, qui vient de se reconvertir en animateur radio, assurant qu’il officiera tous les matins dans la matinale de « Sud Radio ». lien
Quand à Julien Dray, il prend lui aussi un poste de chroniqueur sur LCI une fois par semaine, précisant que ce sera à titre gratuit. lien
L’art de rentrer par la fenêtre, quand on s’est fait virer par la porte, en quelque sorte. lien
Roselyne Bachelot avait ouvert la voie.
Epargnons les « hasbeen », Fillon, Sarko et consorts, qui n’ont pas compris que, finalement, le peuple n’avale pas toutes les couleuvres...
Pour enrichir le clivage entre voraces et coriaces, il est intéressant d’écouter ce que pense un expert juridique, François Sureau en l’occurrence, qui s’exprimait le 31 aout sur l’antenne de France Culture, sur le thème de « la liberté », en rapport avec son livre qui vient de paraitre aux Editions Tallandier.
Cet avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de Cassation, représentant la LDH (ligue des droits de l’homme) n’y va pas par 4 chemins.
Il est manifestement classable dans la catégorie des coriaces, et la liberté, comme pour une majorité de français, lui tient à cœur : il s’agit pour lui de répondre au terrorisme sans pour autant perdre la raison...
Il dénonce la non-conformité législative des dispositions qu’a pris le gouvernement Macron dans le cadre de l’état d’urgence, convaincu que nous sommes entrés dans un univers pré-totalitaire.
Une décision prise par ce gouvernement pose problème, puisqu’elle permet à celui-ci d’incriminer un citoyen qui serait allé consulter un site djihadiste... et Sureau se fait la réflexion qu’il n’aurait pas été inutile de lire « mein Kampf » pour savoir ce qui nous menaçait...et le simple fait que cette question ait pu poser problème questionne l’avocat sur le point que nous avons atteint...
Le citoyen ne serait donc plus autorisé à lire n’importe quel ouvrage ?...fut-il éventuellement dangereux pour la société...
Il est, pour le juriste, tout simplement question de supprimer la liberté d’informer.
Il constate avant tout que cette volonté d’occulter la liberté de penser ne date pas du moment où le terrorisme est devenu une préoccupation majeure.
Il constate aussi que face à la crainte de ces attentats terroristes, la priorité des gouvernements, et des préfets, qui pour lui ont pris le pas sur les ministres, c’est de présenter une réponse, même si elle doit rogner sur nos libertés.
Il constate en même temps que ce gouvernement occulte un état de fait qui avait plus de 1000 ans d’existence, à savoir qu’avant un acte criminel, il n’y a rien ...même pas un commencement de passage à l’acte, prenant ainsi le contre-pied de la théorie classique qu’avant d’être un criminel, on n’est pas censé d’en devenir un.
Aujourd’hui, toute personne suspectée de pouvoir entraver, matériellement ou pas, l’action de la justice sera « assigné à résidence »...et ça concerne quelques millions de personnes...
L’avocat affirme que ceci montre « une perte de sang-froid collective extrêmement inquiétante et une prise en main de la machine répressive ».
En gros, tous les journalistes qui seraient catalogués comme critiques d’un gouvernement, ou tout politique qui serait dans l’opposition, pourra être assigné en résidence, et ceci sans le moindre procès. lien
Et c’est déjà le cas aujourd’hui.
Les écologistes qui cherchaient à entraver les travaux frelatés de la cop 21 en ont fait les frais.
Qu’en pensent les voraces... ? Qu’en disent les coriaces ?...
Les manifestations du 12 septembre pour la CGT, (lien) du 20 septembre (PC) et du 23 septembre prochain, à l’initiative des Insoumis, donneront peut-être les premiers éléments de réponse. Lien
En tout cas, d’après cette loi, ceux qui tenteront d’empêcher la mise en œuvre de la loi travail courront le risque de se voir assigner à résidence, ce qui risque de faire pas mal de monde...
Est-ce de nature a dissuader les manifestants ?
L’avenir nous le dira.
Comme dit mon vieil ami africain : « ne coupe pas les ficelles quand tu peux défaire les nœuds »...
L’image illustrant l’article vient de chroniques-rebelles.info
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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