En marche arrière toute !

C’est entendu, Macron est Président... mais il doit remporter les législatives, s’il veut pouvoir mettre son programme en marche...
Bref il a bien compris que rien n‘était encore tout à fait gagné, d’autant qu’ils sont nombreux les électeurs à affirmer l’avoir choisi par défaut.
En effet, le scénario auquel il risque de ne pas échapper, c’est que chaque parti, tentant de sauver les meubles, présente un maximum de candidats, et en obtiennent suffisamment pour empêcher le gouvernement de gouverner.
Le FN a pris une claque, mais, il va tenter le tout pour le tout, et rentrer par la fenêtre puisqu’on la chassé par la porte, et fort de ses 11 millions d’électeurs pourrait espérer un nombre important de députés, malgré la déception des frontistes, qui espéraient mieux, même s’ils s’y attendaient depuis la prestation affligeante de leur présidente Marine, prenant l’eau de toute part, lors du dernier débat.
Le départ de la benjamine Marion Maréchal ne fait rien pour arranger la situation.
Idem pour LR qui voudra prendre sa revanche après l’humiliation que la candidature Fillon lui a fait subir, même si là aussi, la soupe semble bonne dans le camp de REM, et qu’ils sont nombreux à le rallier.
Un sénateur de LR, Alain Milon, fait une analyse lucide de la situation, « les français ont élu leur président parmi les seuls possibles. Personnellement je ne peux voter que pour des idées, et pas contre un candidat. Je ne peux pas être responsable d’une décision, qui, dans 5 ans, mettrait la France dans un état pire qu’aujourd’hui. J’estime qu’il ne faut, au contraire, jamais renoncer à ses idées. Il nous reste à mener la campagne des législatives et à les gagner. Ca risque de ne pas être évident, mais rien n’est impossible. Et si le Président obtient une majorité, il n’est pas sûr qu’elle continue dans le temps ».
Quant aux insoumis, ils entendent présenter des candidats dans chacune des 577 circonscriptions, et avec leur score du 1er tour, ils pourraient aussi espérer un bon nombre de députés, ne serait-ce qu’au nom du renouvellement politique, sur l’air du dégagisme.
Comme l’écrit Ilan Caro, pour France Télévision dans son hypothèse 4, celle d’une France ingouvernable : « la marge de manœuvre du futur gouvernement se trouverait extrêmement réduite, car il serait incapable de faire adopter ses textes (...) l’article 49/3 de la constitution, dont Michel Rocard avait fait usage à 24 reprises entre 1988 et 1991, ne peut plus être utilisé à une telle fréquence.
Depuis la révision constitutionnelle de 2008, il est limité aux budgets de l’Etat, à la sécurité sociale, et à un texte supplémentaire par session parlementaire.
Il serait très difficile pour Emmanuel Macron de tenir 5 années dans ces conditions.
Le chef de l’état disposerait toujours de la possibilité de dissoudre l’assemblée nationale et de renvoyer les électeurs aux urnes, sans aucune certitude sur le résultat ». lien
Pour l’instant, le pari des insoumis est sur le point d’être tenu comme on peut le constater sur ce lien.
Coté PS, c’est la débandade qui continue, Valls a été l’un des premiers à faire allégeance au nouveau roi, mais hélas, il est au régime des camouflets : d’un coté, le PS envisage son exclusion, et coté REM, la réponse est non... il ne répond pas aux critères, mais par courtoisie, il n’aura pas de candidat contre lui.
Il y a déjà quelques surprises, puisque la tueuse de taureaux, ex-championne des corridas, une certaine Marie Sara a été investie par l’équipe de Macron, ce qui pourrait enerver encore un peu plus Manuel Valls. lien
La liste des sélectionnés de REM est ici.
En tout cas, ils sont nombreux, ces députés PS à vouloir se présenter sous la bannière de REM.
Les premiers à quitter le navire l’avaient fait en mars, (lien) et malgré les menaces du patron, le phénomène s’est amplifié depuis la victoire de Macron.
La stratégie du PS reste très floue, entre le désir de ne pas se couper avec REM, et celle de la rupture sur le plan des idées, affirmant se trouver dans une « opposition constructive », et surtout de ne pas donner l’impression d’avoir mis le genou à terre : il s’agit pour l’instant d’empêcher le navire de couler, et si finalement peu de députés étaient élus, ça commencerait à sentir un peu le sapin. Lien
À Marseille, c’est Menucci qui tremble, se voyant proposé un duel risqué avec Mélenchon, lequel est arrivé en tête lors des présidentielles, et qui ne semble pas inquiété par les 5,30% obtenu par le parti de Menucci à Marseille, score bien étriqué face au 24,82 % obtenus par le leader de la France Insoumise. lien
Pourtant, pour les FI, le danger viendra surtout du FN, qui était arrivé en 2ème position dans la cité phocéenne, les LR pouvant jouer les troubles fêtes.
Entre les communistes et FI, c’est le clash de fin : malgré leur rétropédalage concernant leurs exigences en termes d’investitures, 50/50 entre eux et les Insoumis, (lien) ce qui n’était pas être du goût de ces derniers, lesquels n’ont manifestement pas oublié qu’en novembre dernier, les cadres du parti communiste avaient refusé en bloc de soutenir Mélenchon. lien
N’oublions pas le centre...
Le Modem du béarnais pourrait bien être le dindon de la farce, car malgré l’accord conclu avec Macron, il semble bien qu’il ait été quelque peu occulté, ce qui le préoccupe.
N’était-il donc qu’une Bayrou de secours ? lien
Quand au nouveau président, il est à la manœuvre et semble avoir déjà trouvé la marche arrière.
Comme l’écrit Marc Rees dans « next inpact », « il n’est jamais simple ou glorieux, lorsqu’on décide de se mettre en marche, de rebrousser chemin, et de remplacer ses chaussures de randonnées par des pantoufles feutrées ».
Il évoquait une opération de rétropédalage, concernant la possibilité de chiffrement des messages, avec l’intention d’obliger les entreprises à révéler leurs codes, avec comme argument qu’il s’agissait de combattre le terrorisme.
Cette initiative ayant été largement moquée sur les réseaux sociaux, l’intéressé a donc fait machine arrière toute. lien
D’autres rétropédalages pourraient bien se produire, notamment concernant la volonté du nouveau Prez de gouverner par ordonnance.
Idem pour la réforme de l’assurance chômage, et celle des retraites voulues par Macron...
Ce serait une véritable marche arrière par rapport aux acquis sociaux durement obtenus au cours des années.
Les économistes atterrés l’ont constaté : « la marche d’Emmanuel Macron est une marche en arrière, dans le monde glacé des atomes désocialisés avides de réussite individuelle. En poursuivant leurs intérêts égoïstes, ces individus égoïstes sont seuls responsables de leurs succès et de leurs échecs- et nombreux sont ceux, qui pauvres, qui ouvriers, qui malades, qui jeunes, qui devront rester au bord du chemin ». lien
À gauche, on ne dit pas autre chose, faisant remarquer que faire supporter tous les risques aux assurés, avec la mise en place d’une retraite par points, ferait éclater la solidarité qui jusqu’à présent est la pierre angulaire du système actuel.
La formule macronienne : « pour chaque euro cotisé, le même droit à pension pour tous », a la couleur du bon sens, mais n’en a pas vraiment le goût, tout comme le sarkozien « travailler plus pour gagner plus », dont on sait ce qu’il en a été. lien
S’il confirmait cette volonté de réforme des retraites, il est probable qu’il jetterait autant, sinon plus, de personnes dans la rue que Juppé, lorsqu’il voulait déjà les réformer, et l’intéressé avait du remettre dans le placard son projet néfaste. lien
Chez les opposants, on est en train de se dire que le populisme de gauche ne constitue pas une alternative au populisme de droite. lien
L’irruption de cet ovni politique que constitue Emmanuel Macron, imaginé par Jouyet et Attali, a provoqué un grand « chamboule tout » dans le pays, menaçant à terme la disparition des partis traditionnels, et de l’onde de choc provoquée ne sort finalement gagnant que celui des Insoumis, continuité des « nuits debout », recomposant en quelque sorte l’échiquier politique, avec d’un coté une nouvelle droite qui avance masquée, et une gauche plus authentique, ce qui est confirmé par la récente déclaration de Jean-Luc Mélenchon, affirmant que son but n’était pas d’affaiblir le PS mais de le remplacer. lien
En tout cas ce quinquennat promet d’être plein de surprises, surtout depuis la publication récente de Wikileaks concernant le nouveau président, qui nous propose d’étranges découvertes, à prendre soit avec des pincettes, soit avec une pince à linge sur le nez. lien
Quand on découvre la stratégie des grandes banques, et de quelle façon elles se sont impliquées, d’abord pour mettre au pas Hollande, et puis comment elles ont manœuvré pour permettre à Macron d’accéder finalement au pouvoir, les révélations de Wikileaks ne devraient pas être une surprise. vidéo
Comme dit mon vieil ami africain : « le singe qui monte au cocotier doit avoir le derrière propre ».
L’image illustrant l’article vient de gauchedecombat.net
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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