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Accueil du site > Tribune Libre > Du rififi dans les Combrailles

Du rififi dans les Combrailles

Qui se souvient de Jean-Hugues Bourgeois ? Pas grand monde. Son histoire a pourtant défrayé l’actualité à plusieurs reprises durant l’année 2008. Au chapitre des faits divers. Et dans la rubrique « sordide », serais-je tenté d’ajouter. Aujourd’hui, tout est fini pour lui : Jean-Hugues a certes survécu, mais son rêve est mort. Un rêve pourtant bien modeste : une petite exploitation chevrière biologique. Des salauds en ont décidé autrement…

L’histoire se passe à Teilhet, un village rural situé au nord du Puy-de-Dôme, dans les Combrailles. Un village dont la population n’a cessé de chuter depuis un demi-siècle. Or, voilà que Jean-Hugues Bourgeois, un homme natif de Gap (Hautes-Alpes), décide de s’installer dans ce coin paisible d’Auvergne pour y créer un élevage caprin biologique. En janvier 2007, un vieil agriculteur, Michel Message, lui cède une exploitation modeste implantée sur 8 hectares d’une terre médiocre au lieudit La Boge. Âgé de 29 ans, le Gapençais est marié et père d’une fillette de 8 ans. Du pain béni pour cette commune minée par l’exode rural, d’autant plus que la mère de notre éleveur est du voyage. Un an plus tard, Jean-Hugues Bourgeois agrandit son exploitation d’une cinquantaine d’hectares cédés par Michel Ménage qui s’apprête à prendre sa retraite et avec qui il a sympathisé (tous deux sont membres de la CIMADE). Personne, parmi les 290 habitants, ne peut alors imaginer que l’histoire va tourner au cauchemar.

Personne ou presque, car très vite des rumeurs ont commencé à circuler dans le village. Jean-Hugues Bourgeois, dont les piercings et les tatouages dérangent, serait un criminel en fuite, il cacherait du cannabis dans sa grange, et sa mère aurait couché avec le propriétaire pour le décider à vendre ! Â l’évidence tout le monde dans le village n’accepte pas le nouveau venu. « Certains ne comprennent pas que quelqu’un d’extérieur puisse disposer d’une terre qu’ils estiment leur revenir de droit », constate Dominique Souilhat, le président de la communauté de communes à laquelle appartient Teilhet. Bref, du Clochemerle de très mauvais goût, mais encore rien de dramatique.

« Tu pars ou ils crèvent »

Tout bascule dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2008 lorsque Jean-Hugues découvre une partie de ses chèvres tuées au pistolet d’abattage. « Â 1 h 30 du matin, 9 étaient mortes, 2 agonisaient » dit-il avant d’ajouter « Le tout avec un message à la peinture, sur le mur : "La Boge aux paysans. Va-t-en !" » Le chevrier porte plainte, mais ne peut empêcher de nouvelles rumeurs l’accusant d’avoir voulu toucher une indemnisation de sa compagnie d’assurances. Quelques semaines s’écoulent dans un climat d’autant plus tendu que du matériel est volé au jeune agriculteur et qu’il trouve des rats crevés dans sa boîte à lettres.

Le deuxième acte du drame survient dans la nuit du 8 au 9 août : une grange remplie de foin brûle dans la nuit. Vingt mètres plus loin, la voiture de Jean-Hugues Bourgeois est elle aussi en flammes. Aucun doute n’est donc possible : les deux incendies sont d’origine criminelle. Le chevrier dépose une nouvelle plainte. 

Le pire reste toutefois à venir.

Le 22 août l’éleveur découvre sur le siège de son tracteur une missive en forme de cercueil contenant des menaces d’une extrême violence dirigées contre sa fille, contre sa mère et contre l’homme qui lui a cédé l’exploitation. Jean-Hugues Bourgeois décrit le sordide courrier ainsi : « Dessus, sur une croix : "Tu pars ou ils crèvent." Dedans : "Si l’exploitation Message n’est pas confiée en totalité à la SAFER avant le 1er décembre, le traître Message sera exécuté. On jettera ta fille dans un fossé après avoir fait d’elle une femme. Mais ne t’inquiète pas pour ta pute - ma compagne, sans doute -, elle va aimer ce qu’on va lui faire. Pas de menaces, des promesses. Pas un mot aux flics ou ta mère y passe." » Jean-Hugues dépose une nouvelle plainte.

Le 4 septembre, le procureur de Riom, Dominique de Bouclans, ouvre enfin une information judiciaire pour « mort donnée volontairement à des animaux domestiques, destruction par incendie volontaire et menaces de mort ». La Confédération paysanne, dont fait partie la victime, se porte partie civile. Deux gendarmes de Riom sont appelés en renfort des gendarmes de Saint-Gervais d’Auvergne pour mener l’enquête.  

Cela ne décourage pas les criminels : dans la nuit du 3 au 4 octobre, un nouvel incendie se déclare. Les dégâts sont considérables. Jean-Hugues Bourgeois déclare à l’AFP « J’ai perdu tout ce que j’avais : ma grange de 250 m², 35 tonnes de foin, un tracteur, 10 tonnes de grain. C’est un préjudice phénoménal. » Un an de travail parti en fumée. Le capitaine Minet, commandant la brigade de Riom, ordonne des « patrouilles régulières et aléatoires » (sic) !

Jean-Hugues jette l’éponge

L’affaire remonte au sommet de l’Etat. Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, exprime le 7 octobre « sa solidarité » avec l’agriculteur, et souhaite que « toute la lumière soit faite au plus vite sur ces agissements inadmissibles ». Dans le même temps, la Confédération paysanne, Bio63, Auvergne biologique et Bio Combrailles apportent leur total soutien à Jean-Hugues Bourgeois et organisent le 25 octobre une manifestation de solidarité « apolitique et asyndicale » dans les rues de Teilhet. Une pétition de mille signatures est remise par Emmanuel Renard, président de Bio 63, à Bernard Duverger, maire de Teilhet. Absente du défilé, la FNSEA sort enfin de son mutisme pour dénoncer les actes dont est victime l’éleveur.

Une collecte de fourrage et de céréales biologiques est organisée à l’initiative de Bio63. Mais il est trop tard : fin novembre 2008, Jean-Hugues Bourgeois jette l’éponge. Il vend ses chèvres et ses brebis, puis quitte définitivement le village peu avant Noël. Les salauds ont gagné.

Entretemps, deux agriculteurs et un intérimaire ont été interpellés par les gendarmes qui enquêtaient notamment sur un pistolet d’abattage détenu par ce dernier. Sans résultat. En janvier, un homme d’une quarantaine d’années, proche de l’extrême-droite, est arrêté en banlieue parisienne et transféré à Riom : ses empreintes ont été relevées sur la lettre de menaces du mois d’août. Aux dernières nouvelles, il aurait avoué au juge d’instruction sa culpabilité pour les menaces de mort, mais aucun lien n’aurait pu être établi entre cet homme et les autres volets du dossier. L’affaire en est là : au point mort… 

Où cette lamentable histoire trouve-t-elle sa source ? Dans une sordide rivalité paysanne ? Dans la xénophobie qui sévit encore dans certaines de nos contrées ? Dans le rejet d’un individu hors normes parce que physiquement et intellectuellement différent avec ses tatouages et, dans le cadre de la CIMADE, son soutien à la cause des Kosovars ou des Congolais ? Le saura-t-on jamais ?

Une chose est sûre cependant : il aura fallu que l’affaire prenne un tour véritablement dramatique et potentiellement tragique pour que la justice prenne enfin la mesure du risque. Sans toutefois garantir la protection de Jean-Hugues Bourgeois et des siens. 

 cet égard, on ne peut s’empêcher de comparer le déroulement de cette affaire avec le zèle déployé par les enquêteurs parisiens pour retrouver le scooter de Jean Sarkozy ou par la gendarmerie corse pour sauvegarder la pelouse de Christian Clavier. Une comparaison qui met en lumière une hallucinante disproportion de traitement et illustre de manière éclatante les dérives d’un système judiciaire servile avec les puissants mais terriblement inefficace pour les humbles.

« Le fait d’être mon ami ne doit pas faire qu’on a moins de droits », a déclaré Nicolas Sarkozy à propos de l’affaire Clavier. Certes ! Mais assurément infiniment plus qu’un modeste chevrier !


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36 réactions à cet article    


  • morice morice 5 février 2009 14:16

     le harceleur est d’extrême droite : ici aussi on a le même modèle.


    • Bois-Guisbert 5 février 2009 15:23

      Où cette lamentable histoire trouve-t-elle sa source ? Dans la xénophobie qui sévit encore dans certaines de nos contrées ? Dans le rejet d’un individu hors normes parce que physiquement et intellectuellement différent avec ses tatouages et, dans le cadre de la CIMADE, son soutien à la cause des Kosovars ou des Congolais ?

      Il faut dire que la sulfureuse réputation de la CIMADE en tant qu’officine immigrationniste a de quoi alarmer des populations rurales.

      Connaissant, grâce à la télévision, les délétères réalités du multiculturalisme, du multiethnisme et du multiracialisme, nos braves et sains paysans ont réagi avant que le Tiers Monde - étant entendu que les Kosovars en font partie de plein droit - ne déboule, en rangs serrés et coudes au corps, avec stupéfiants, kebab, mosquée et muezzins, dans leurs campagnes encore préservées.

      Cela procède du plus élémentaire des instincts de conservation, que les crétins rebaptisent "xénophobie".

      Que d’autres les considèrent comme des salauds m’oblige à dire, pour rééquilibrer, que j’éprouve une infinie sympathie et une grande tendresse pour ces Français de France qui se battent pour rester des Français en France.

      En donnant au reste du pays une bien déplorable image de résistance à l’immigration-invasion, en même temps que des raisons de ne pas désespérer.


      • Redj Redj 5 février 2009 17:41

        Oui (et encore pour moi c’est un tissu de connerie), mais là c’est un français qui est visé, et même pas un d’origine étrangère. Alors quoi, c’est parce qu’il a un tatouage et un piercing que les extrêmes de la droite lui en veulent ? Ou tout simplement parce qu’ils sont aussi cons que les chèvres qu’ils ont abattus, et qu’il agissent en fonction du taux de vin rouge bas de gamme qu’ils ont dans les veines ?
        Et là, ce n’est pas une entrave à la liberté d’entreprendre ?


      • Bois-Guisbert 5 février 2009 17:52

        "mais là c’est un français qui est visé, et même pas un d’origine étrangère..."

        Le propre du collabo, c’est d’être du lieu.


      • Fergus fergus 5 février 2009 18:58

        J’approuve totalement votre commentaire, Redj. A une réserve près : ne soyez pas désobligeant envers les chèvres, ce sont des bêtes très attachantes, beaucoup plus futées qu’elles le paraissent et peu suspectes de racisme !


      • geko 5 février 2009 19:00

        Les commentaires de Bois-tonfa vous donne une idée des mentalités pourries qui règnent encore dans nos campagnes !

        Pour ce genre d’esprit arriéré l’étranger est celui qui n’est pas de la commune c’est à dire natif de la commune ! Oui oui vous m’avez bien lu, j’ai grandi pas loin des combrailles dans un bled de 1000 habitants (mais je suppose que c’est pareil partout), et j’ai entendu des "sale étranger" fuser entre des types de communes voisines ! Alors imaginez un type qui a le culot de venir réussir sur "vos" terres là où vous stagner !

        "Connaissant, grâce à la télévision..."

        C’est comme ça que Lepen a fait plus de 30% dans ce même petit village où le seul étranger est un maçon portugais, celui qui bossait certainement le plus !

        De la bonne volonté de la justice elle est à géométrie variable et n’allait certainement pas s’appliquer pour un type au look trop décalé ! Pour un notable l’affaire eut été rondement menée !


      • Bois-Guisbert 5 février 2009 20:18

        Les commentaires de Bois-tonfa vous donne une idée des mentalités pourries qui règnent encore dans nos campagnes !

        Comme on peut voir les choses, avec le recul, c’est à l’évidence des campagnes qu’est parti le mouvement de la Reconquista espagnole.

        C’est que les paysans sont pas du genre à se laisser berlurer par des théories à la con, à la mode et à la graisse de chevaux de bois smiley

        Pour eux un chat, c’est un chat, un ... c’est un ... et un ... c’est un ... ! Dans ces conditions-là, il est vraiment difficile pour ne pas dire impossible, de les enfler avec du drouat-d’l’hommisme.


      • geko 6 février 2009 09:05

        Je ne vois franchement pas ce que viennent faire les droits de l’homme ici ! Faut être sacrément lâche et faible pour faire ce genre de saloperie !



      • Fergus fergus 6 février 2009 10:17

        Vous avez raison, Geko, l’engagement associatif pour les Droits de l’Homme n’a manifetement pas été l’objet de ces actes "lâches" comme vous les qualifiez à juste titre. En cause plus probablement : la xénophobie et de sordides questions d’intérêts. On savait dans le village que certains voulaient mettre le grappin sur les terres de Michel Message. La goutte d’eau qui a peut-être fait déborder le vase (et à laquelle je n’ai pas fait allusion dans l’article pour ne pas trop le charger) a été l’accord qu’avait obtenu Jean-Hugues Bourgeois pour un prêt agricole, accord synonyme de maintien sur une propriété convoitée par d’autres.


      • geko 6 février 2009 12:18

        Tout à fait Fergus !

        Je m’en doutais un peu, l’instinct grégaire de propriété y est très fort ! On ne peut pas reprocher à un agriculteur de vouloir léguer un bon patrimoine à ses enfants mais il y a des règles à respecter dans la vie !

        J’espère que cet homme réussira dans son entrepriseailleurs ! Les bois-guibert ne le mérite pas !

        Du reste ne tombons pas non plus dans une caricature de la ruralité. Il y a aussi des gens très généreux dans nos campagnes et d’une grande richesse culturelle ! Perso j’y ai grandi et je compte y retourner peut-être même plus vite que prévu ! Où je ne sais pas encore mais il est clair que l’environnement humain compte tout autant que l’environnement naturel !

        Cordialement


      • Fergus fergus 6 février 2009 12:54

        Absolument, Geko. J’ai moi-même vécu quelques années en zone rurale dans la baie de Morlaix et je suis ravi de cette expérience. Il est vrai qu’à la différence des terres de l’intérieur dont je suis issu (Auvergne), la Bretagne est une terre formidable pour ses qualités d’accueil et d’intégration. Sans doute cela est-il dû à la culture des Bretons, d’autant plus ouverte que nombre d’entre eux ont voyagé dans la marine (militaire ou marchande) ou côtoyé des étrangers dans les villes portuaires. Sans compter le tourisme omniprésent ! Toutes choses inconnues en Combrailles. Cela n’excuse toutefois pas les comportements indignes et criminels dont la commune de Teilhet a été le théâtre. 


      • geko 6 février 2009 13:20

        Vindiou l’auvergnat il a la rudesse de son environnement il faut lui laisser le temps de vous connaitre mais les amitiés n’y sont que plus solides : Toi l’auvergnat


      • Fergus fergus 7 février 2009 09:16

        A ce petit détail près qu’en Auvergne on dit "Miladiou". Cordiales salutations.


      • geko 7 février 2009 11:10

        Ha l’auvergne est grande et j’ai tout aussi bien entendu le miladiou que le vindiou de vindiou, en tout cas le vindiou était pratiqué dans l’allier, ça je le certifie !


      • TSS 5 février 2009 16:37

        guibert nom d’origine germanique signifie"guerrier fort,courageux" antinomique avec leche-c.. qui vous

        caracterise le mieux... !!


        • Bois-Guisbert 5 février 2009 17:51

          guibert nom d’origine germanique signifie"guerrier fort,courageux" antinomique avec leche-c.. qui vous
          caracterise le mieux... !!


          Ben p’t’êt’, mais ce n’est pas moi qui risque de me coincer la langue dans le sphincter anal d’un issu du tiers monde.


        • herope kayen 5 février 2009 18:04

          Je ne suis pas surpris du rejet par une certaine population de tout ce qui est différent d’eux. Après un essai de 4 ans de vie dans un petit village de Haute-Loire (229 hab), ou nous avions acheté une maison et y venions depuis plus de 20 ans avec mon épouse et ma fille de 7 ans et un commerce au Puy. Nous avons du jetter l’éponge : oiseau cloué contre notre porte, corne de vache répandue etc.. voiture déplacé avec un tracteur etc.. des reflections : vous les étrangers....bref bonne ambiance !
          Ce n’est pas fini le dossier de liquidation du commerce non fermé depuis 18 ans ! en moyenne 5 ans ailleurs !


          • Fergus fergus 5 février 2009 18:53

            C’est effectivement consternant et malheureusement moins rare qu’on le croit. Mais il suffit parfois d’un meneur pour que la situation pourrisse, sans que l’on comprenne les raisons de la défiance.
            Par chance, il existe également des cas d’intégration réussie, y compris dans des lieux très reculés. Vous parlez de Haute-Loire (un département que je connais bien pour avoir de la famille à Brioude et un peu partout dans le Cantal voisin), j’y ai connu un breton qui s’est installé sur les hauteurs de Monistrol d’Allier pour créer une ferme caprine, comme Jean-Hugues Bourgeois. Et ça a marché pour lui : pas la moindre menace, pas le plus petit souci avec le voisinage, bien au contraire. Aujourd’hui, il exporte ses fromages de chèvre un peu partout en France.
            Comme quoi la chance joue un grand rôle. La chance et l’absence d’enjeux fonciers, trop souvent à l’origine des conflits les plus durs. 


          • alinéa 5 février 2009 19:16

            Coupable, oui, Oh grand coupable, de n’être né que Jean-Hugues Bourgeois, et pas Jean Sarkozy de Nagy-Bocsa ... Quand la particule brille par son absence, la justice devient sourde, déjà aveugle qu’elle était ... et laisse 60 millions de français solidaires, presque ... sans voix.


            • Fergus fergus 6 février 2009 09:29

              Vous avez raison, et quand Sarkozy prétendait hier soir ne jamais mentir, à l’évidence... il mentait ! Mensonges économiques, mensonges politiques, mais aussi mensonges sécuritaires. A ce sujet, lorsqu’il affirmait, lors de l’insignifiant épisode Clavier, réserver le même traitement judiciaire à toutes les affaires, où qu’elles soient situées sur le territoire national et quelles qu’en soient les protagonistes, il mentait encore, et de manière éhontée.

              Supposons un instant qu’un incendie volontaire soit provoqué dans la propriété d’un ami du président, et l’on n’a guère de peine à imaginer l’énorme déploiement de forces de protection et d’enquête qui serait immédiatement mis en place, avec obligation de résultat, pour solutionner le problème. Jean-Hugues Bourgeois a dû attendre septembre et plusieurs faits gravissimes et criminels commis depuis mars pour que le système judiciaire sorte de sa routine.

              Tard, beaucoup trop tard. Mais Jean-Hugues Bourgeois ne fait pas partie des amis du président, ceci explique sans doute cela !


            • bek 6 février 2009 13:03

              J’imagine qu’il faut faire parti du cercle étroit des lèches-bottes du président , ou probablement d’une communité domininatrice surtout du paysage médiatique et anti.....pour avoir un semblant soutient de la justice !!! 


            • allonzenfan 5 février 2009 23:03

              France pays des libertés mais pas des hommes libres... on dit que l’on s’enrichit de nos différences alors je crois que ceux là de Combrailles doivent être bien pauvres ,sans jeu de mots ,voire sur la paille ! Que sont devenues les victimes ?




              • Fergus fergus 6 février 2009 09:15

                J’avoue que j’ignore ce que sont devenus Jean-Hugues Bourgeois et sa famille. Mais je crois que notre Gapençais est homme à rebondir, et s’il a dû laisser derrière lui son rêve d’exploitation bio, il trouvera l’énergie pour s’engager sur d’autres pistes, peut-être dans le domaine associatif où il était très impliqué, que ce soit à la Cimade ou à la Ligue des Droits de l’Homme.

                Des associations où il a acquis une solide culture juridique et des amitiés comprenant des enseignants de l’Université de Clermont. Jean-Hugues Bourgeois est manifestement un battant comme l’a démontré sa ténacité face à des agissements criminels d’une extrême gravité. Au final, seule la crainte d’exposer sa famille ou de finir comme le berger de Castellar l’ont poussé à renoncer. A cet égard, des gens de Teilhet lui avait vivement déconseillé "d’aller dans les bois les jours de chasse" !

                Cette histoire est une terrible régression pour l’image de nos campagnes, et j’en suis d’autant plus touché et peiné que la presque totalité de ma famille est constituée de paysans d’Auvergne, sans compter deux institutrices de classe unique rurale dont l’une a enseigné à 30 km de Teilhet.


              • alberto alberto 6 février 2009 10:22

                Bonjour, Fergus

                Tu as très bien écrit cet article sur ce sujet que j’aurais bien voulu traiter moi-mêm dès le mois d’octbre 2008.

                J’y ai renoncé pour trois raisons, voici :

                Premier temps, indigné et ému par cette affaire, j’ai contacté une douzaine de sites écolos pronant "l’agriculture biologique et le développement durable" afin de demander que l’une des organisations qu’elles représentaient prenne l’initiative de créer un fond de solidarité pour venir en aide à ce malheureux garçon et lui apporte un soutien sur le plan médiatique : deux réponses, une de CAP 21 (en résumé :"nous observons, mais n’avons pas vocation à intervenir...") une deuxième plus positive d’un site ( Le Vignal )qui m’offrait de m’ouvrir les pages de son portail afin d’avoir une petite tribune pour organiser la collecte.

                Deuxième temps, la maladie d’un de mes proches, puis son décès douloureusement ressenti, enfin les formalités funéraires et administratives, puis le déménagement de sa location, bref pour moi l’incapacité durant quasiment deux mois de disposer de mon temps pour mener cette campagne...

                Troisième temps : j’apprends que M. Bourgeois à jeté l’éponge ainsi que tu l’écris...

                Et moi, un peu déprimé, déçu aussi du manque de solidarité de la communauté des "bio" j’ai aussi jeté l’éponge !

                Mais merci à toi d’avoir repris cette pitoyable affaire : pour info, j’ai ouie dire que J.H. Bourgeois avait jeté l’éponge en Auvergne mais avait repris une exploitation dans une autre région...plus accueillante ?

                Désolé d’être venu lire ton article si tardivement !

                Bien à toi.


                • Fergus fergus 6 février 2009 10:50

                  Bonjour Alberto et merci pour ce commentaire. Je suis ravi d’apprendre que Jean-Hugues Bourgeois aurait repris ailleurs une exploitation pour mener son projet à bien.

                  Pour ce qui est de la solidarité, Bio63 s’est beaucoup investi et avait réussi à reconstituer le stock de grain et de fourrage de Jean-Hugues Bourgeois. En outre, une caisse de solidarité avait été ouverte à la Maison du Paysan de Lempdes.

                  Cela n’aura malheureusement pas suffi pour éviter le départ, mais peut-être cette aventure permettra-t-elle, au moins en Auvergne, de faire évoluer les mentalités. En tant qu’aUvergant moi-mêm d’origine rurale, je l’espère de tout coeur.


                • Yohan Yohan 6 février 2009 10:33

                  @ Fergus
                  Excellent article. J’avais entendu parler de cette affaire dégueulasse et révélatrice des cabales qui existent en milieu rural dès qu’un type s’installe et réussit et déplait en même temps. La fable, on la connait et claude Berri en avait fait un film éclairant. 
                  On nous fait des beaux sujets sur la vie en milieu rural, mais c’est toujours aussi dur pour qq qui n’est pas du pays de s’y faire une place.
                  Il y a cette loi du silence, car je ne doute pas qu’au village ils connaissaient les responsables.


                  • Fergus fergus 6 février 2009 10:44

                    Salut Johan. Merci pour ton commentaire. Je pense, comme toi, que les villageois connaissaient les auteurs des faits, ne serait-ce qu’en raison du bon vieil adage "A qui profite le crime ?". Jean-Hugues Bourgeois a d’ailleurs laissé entendre qu’il avait lui-même de très sérieux soupçons, mais il a tenu à rester légaliste et s’est gardé d’aller sur le terrain délinquant des persécuteurs.


                    • Marsupilami Marsupilami 6 février 2009 10:47

                       @ Fergus

                      Très bon billet, merci. Je ne connaissais pas cette lamentable histoire. Hélas, ce genre d’horreurs se produit souvent dans les ruralités qui font fantasmer les urbains. Il ne fait presque jamais bon être un étranger dans un petit village. Les rapports humains sont quand même nettement plus supportables dans l’anonymat des grandes villes. L’idéal, comme disait le génial Alphonse Allais, serait de "construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur !", sans oublier au passage d’importer l’esprit urbain dans les campagnes minées par les querelles de clochers quasi tribales !


                      • Fergus fergus 6 février 2009 13:05

                        Merci, Marsupilami. Cela dit, il y aurait également beaucoup à dire sur le comportement des citadins qui est loin d’être exemplaire. Dans un autre registre : l’indifférence et le repli sur soi. A cet égard, je vous renvoie à l’un de mes précédents articles intitulé Amalia. Et que dire de ces gens dont on retrouve le cadavre en décomposition des mois après dans un immeuble collectif ? On ne peut finalement faire qu’un seul constat : il y a des gens biens et des salauds partout. A nous tous, à notre modeste niveau, d’essayer de promouvoir la solidarité et la dignité.


                      • Marsupilami Marsupilami 6 février 2009 13:12

                         @ Fergus

                        Quand j’évoquais "l’esprit urbain", je voulais surtout parler de l’anonymat protecteur que permettent les villes. A part ça, tu as raison : il y a des cons partout. Et le bon côté de la froideur et de l’indifférence, c’est la tranquillité. Le mec dont tu parles, ça m’étonnerait pas qu’il aurait bien aimé un peu plus de froideur et d’indifférence de la part de ses voisins villageois !


                      • Fergus fergus 6 février 2009 13:18

                        Tu as sans doute raison : Jean-Hugues aurait certainement préféré qu’on lui lâche les baskets et qu’il puisse s’installer tranquillement.
                        Cela dit, si l’on peut constater ici et là des comportements dégueulasses, il existe aussi de vrais mouvements de solidarité. J’écrirai sans doute un papier un de ces jours sur une expérience vécue dans un village de Lozère.


                      • yvesduc 6 février 2009 20:31

                        Très juste. Il ressort de cet article l’impression d’une incroyable passivité des services de l’État. Le parallèle avec certaines affaires est frappante.


                        • Fergus fergus 7 février 2009 15:06

                          Exactement, et c’est pourquoi nous devons saisir toutes les opportunités pour dénoncer le traitement inéquitable des affaires judiciaires.


                        • Biquette 9 février 2009 22:42

                          Je viens de découvrir l’article. Sachez qu’une poignée d’habitants de la commune de Teilhet a créé une association de soutien : "Association Jean-Hugues Le Chevrier". Cette association est enregistrée à la préfecture depuis le 24 octobre 2008.
                          Le Blog : www.cda-blog-asso.com/jeanhugueslechevrier.
                          Pour info , l’association a , entre autres choses , écrit à Monsieur Sarkozy : la lettre est restée sans réponse.


                          • Fergus fergus 10 février 2009 10:38

                            Merci pour ce lien, Biquette. Je suis navré d’apprendre que Jean-Hugues Bourgeois est toujours à la recherche d’un lieu pour monter son exploitation. Navré également de constater que l’enquête n’avance guère.

                            Désolé pour M. Message dont j’ai déformé le nom en Ménage au début de mon article.


                            Rien à dire sur le silence et la passivité du maire de Teilhet, attitude hélas trop conforme à ce que l’on rencontre ici et là dans les communes rurales dominées par quelques propriétaires terriens influents qui font la pluie et le beau temps à la mairie.


                            Enfin je ne suis pas étonné que Sarkozy n’ait pas répondu à la lettre de l’Association. Comme je l’ai écrit, Bourgeois n’est pas Clavier. Et Teilhet n’est pas Porto-Vecchio. A l’évidence, Sarkozy est nettement plus prompt à rendre service à ses amis, y compris lorsqu’il s’occupe d‘inconnus (exemple : la régularisation des sans-papiers de son restaurant préféré de Neuilly) qu’à se soucier d’un anonyme chevrier au cœur de la France profonde.


                            Dernier point : j’ai mentionné un éleveur de chèvres de la Haute-Loire dans l’un des commentaires. A toutes fins utiles, voici ses coordonnées pour Jean-Hugues Bourgeois s’il souhaite lui demander un conseil : Bruno Depalle au lieudit Douchanez à Monistrol d’Allier (04 71 57 22 88).


                            En ce qui me concerne, j’ai tenté par cet article d’appeler l’attention sur une situation choquante et intolérable. Cela dit, je ne peux me disperser dans de multiples associations. Je n’en suis pas moins de tout cœur avec vous.


                            • tantevictorine 11 février 2009 18:46

                              Ces paysans des contrées reculées, sont les héritiers des coutumes et représentations qui datent de quelques millenaires.
                              En fait, dans les combrailles, rien n’a vraiment changé. Un "étranger" vient bouleverser un système économique bien établi qui fait la part belle aux arrangements familiaux, aux héritages. On imagine que pour ces gens, la seule solution c’est de se débarasser physiquement du gêneur et de toute sa famille.

                              Là, c’est Manon des sources au pays des fouchtras !

                              On a voulu tuer, violer les membres de la famille de J.H.Bourgeois, on l’a martyrisé, menacé, brûle ses biens, et le village du Theillet a tout observé en silence derrière les volets clos.
                              Que faire maintenant ?
                              Et pourquoi ne pas adhérer à l’association (somme modique) citée plus haut, la rendre plus forte afin qu’elle ne cède pas au découragement, car ses membres sont au coeur du problème, au coeur du bled des arrériés.

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