Concernant la prévention des infections à papillomavirus (HPV), la
« vaccinationuniverselle des collégiens des deux sexes est une nécessité »,
affirme l’Académie nationale de médecine, qui vient de publier un rapport en ce
sens.
Après avoir examiné les dernières études et auditionné plusieurs spécialistes
et professionnels impliqués, le groupe de travail mené par le Pr Richard Villet,
considère en effet que la prévention des pathologies liées au HPV est un « enjeu
de santé publique devant l’importance de ces infections et des cancers induits
au niveau du col de l’utérus mais également au niveau de l’oropharynx, de la
cavité buccale et de la région anale ».
Ainsi, les académiciens insistent sur l’augmentation des cancers épidermoïdes
oropharyngés malgré une diminution des intoxications alcooliques et tabagiques.
Cette hausse est à mettre en rapport avec des cancers HPV induits. Ces tumeurs
concernent principalement la loge amygdalienne et la cavité buccale, et
surviennent chez des sujets jeunes (35-45 ans). Or, une étude a montré une
efficacité jusqu’à 88% de la vaccination tétravalente. Et la campagne de
vaccination en Australie a entrainé une chute de l’incidence de la papillomatose
laryngée juvénile de 0,16 à 0,022 /100000, entre 2012 et 2016.
Les académiciens soulignent par ailleurs l’intérêt de la vaccination sur le
cancer du canal anal, qui a augmenté de 56% depuis 1990, alors que 93% de
ceux-ci sont attribuables à HPV (avec 80% d’HPV 16 et 18). Là encore les données
montrent une efficacité du vaccin.
La vaccination des garçons se justifie aussi « sur le plan de l’équité entre
les deux sexes et de la protection de tous ». En particulier les hommes
homosexuels ne bénéficient pas de protection indirecte. Et ce d’autant qu’une
étude belge a récemment montre un rapport cout/efficacité favorable d’une telle
extension.
Pratiquement 100% des cancers du col de l’utérus sont dus à l’HPV, rappelle
l’Académie. Plus de 1000 femmes meurent chaque année d’un cancer du col en
France. Et 1600 cancers masculins annuels sont dus à l’HPV. Au total, on estime
que le coût en santé des infections à HPV représente plus de 500 millions d’€
/an.
Dans un contexte d’insuffisance de dépistage par frottis, la vaccination
apparait indispensable, alors qu’elle est aujourd’hui en France l’une des plus
faibles d’Europe avec moins de 20%. Les académiciens soulignent l’efficacité du
vaccin et son innocuité : « En dépit de la diffusion d’études fausses,
l’innocuité des vaccins anti-HPV a été prouvée sur plus de 200 millions de doses
distribuées".
Au total, les auteurs du rapport plaident pour un renforcement de
l’information, qui « doit concerner directement les enfants et non se limiter
aux parents » ; le jeune collégien devant devenir « le propre acteur de sa
vaccination ». L’Académie recommande la mise en place d’une véritable campagne
d’information en milieu scolaire, ainsi que la mobilisation et la mise en réseau
de nombreux médecins de diverses spécialités concernés.
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Sources :
Académie nationale de médecine