Des tas d’urgences à l’état d’urgence

Dans un pays comme la France, frappé par le chômage, par la baisse du pouvoir d’achat, alors qu’une bonne partie de l’Europe a renoué avec la croissance, et la relance timide de l’emploi, comment ne pas s’interroger sur la priorité donnée encore par le gouvernement, celle de l’état d’urgence ?
Lorsqu’il a été élu, en 2012, Hollande avait des tas d’urgences : relancer la croissance, faire baisser le chômage, augmenter le pouvoir d’achat, et puis bien sur, partir en guerre contre le monde de la finance.
Il avait annoncé une « inversion de la courbe du chômage », puis devant l’échec de sa prévision, il n’évoque plus maintenant qu’une stabilisation de la croissance du chômage…
Quand l’on sait que le chômage tue dans notre pays entre 10 000 et 20 000 personnes par an, il serait intéressant de tenter de faire la part des choses. lien
Et Jean Luc Mélenchon va plus loin. lien
Nous sommes aujourd’hui dans une logique de « langue de bois évoluée », évoquant des « dommages collatéraux » lorsqu’il y a grosse bavure, comme le dit Guillaume Meurice sur l’antenne de France Inter, faisant l’éloge de la communication : on ne dit plus aujourd’hui « se faire virer » mais « se faire remercier », on ne dit plus « la sodomie », mais « la social démocratie », on ne dit plus bombardements mais on dit « frappes chirurgicales », ça passe mieux, même si c’est aussi violent…et comme le conclut très justement l’impertinent animateur de « si tu écoutes, j’annule tout », « il faut rendre le monde plus beau grâce à la communication ». vidéo
Mais revenons à « l’état d’urgence », les attentats de 2015 sont en quelque sorte une bouée de sauvetage pour ce président aux abois.
Mais quid de cet « état d’urgence » ?
Les bavures policières se multiplient, et les forces de l’ordre embastillent à tout va : de l’écolo militant, au petit trafiquant de haschich, en passant par quelques citoyens dont la seule faute est d’avoir le teint basané, on a de la peine à comprendre le prolongement de cet état dit d’urgence, d’autant qu’Olivier Besancenot dénonce, preuves en main, le fait que des casseurs ne sont parfois que des policiers encagoulés. lien
Quid de ce Michaël, visionnant un film d’action dans le TGV Marseille-Rennes, un certain 20 novembre, qui avait la mauvaise idée d’être barbu et de porter des gants…la police évacue le train et embarque le suspect, lequel ne sera relâché qu’au bout de 4 heures ?…
Quid de cet homme de 67 ans, arrêté pour avoir pris des photos, (ce qu’il dément) alors qu’il se rendait à la préfecture de Boulogne sur Mer : la police s’est rendu à son domicile, a détruit la porte d’entrée, fouillé l’appartement de fond en comble, et l’homme à passé la nuit en garde à vue ?
Quid de cette fillette de 6 ans, blessée par des éclats de bois suite aux tirs dans la serrure de l’appartement familial ?...la police reconnaitra plus tard qu’elle s’était « trompée de porte ». lien
La liste de ces bavures est longue, au point que « la quadrature du net » s’est mise en tête d’en faire le recensement. lien
Sur ce lien, quelques exemples filmés de perquisitions musclées…
Mais revenons au chômage : il baisse quasi dans toute l’Europe, sauf en France.
Dans les 28 pays de l’Union Européenne, il est en baisse par rapport à mars 2014, tendance amorcée des 2013, avec 1,513 millions de chômeurs en moins. lien
En Allemagne, le taux de chômage n’est que de 4,7%, suivi par le Royaume-Uni (5,5%) et l’Autriche (5,6%).
Même en Espagne, où le taux de chômage reste important, il a baissé de près de 75 000 personnes, soit le nombre de chômeurs le plus bas depuis septembre 2010 (lien) et il faut aller en Italie, pour découvrir que la fameuse courbe, si espérée par le président français, s’est inversée, avec la disparition de plus de 100 000 chômeurs.
Sur une année, même si le taux de chômage italien reste élevé, le nombre de chômeurs s’est réduit de 693 000 personnes. lien
Il faut croire que le programme hollandais a quelques défaillances : mettre la priorité à aider les patrons ne semble pas avoir eu de conséquences positives, et pourtant, début janvier, Hollande en remettait une couche en annonçant qu’il ferait de nouveaux cadeaux aux entreprises, celles de moins de 250 salariés, qui recruteraient un travailleur payé au moins au smic, offrant ainsi la totalité des prélèvements sociaux aux patrons.
Au total, ce sont 2 milliards d’euros que le gouvernement va offrir aux entreprises. lien
Auparavant, c’est sous la forme d’un crédit d’impôt que les patrons avaient pu bénéficier des largesses de l’état, comme on peut le vérifier sur ce graphique.
Continuer de faire des cadeaux aux patrons n’est-il pas contreproductif d’autant que l’on compte de plus en plus de « patrons voyous » ?
C’est devenu tellement évident qu'il y a maintenant sur Internet un blog qui les recense.
Le site rencontre quelques succès au point qu’il est menacé de fermeture…
Il ne fait pourtant que montrer du doigt les patrons condamnés par la justice.
Des entreprises du CAC 40, aux caisses primaires d’assurance maladie, en passant par les PME, ils donnent tous les motifs de condamnation, prélevés sur le site « légifrance », motifs qui vont du travail dissimulé, au non-respect des heures de nuit, en passant par les licenciements abusifs, les discriminations… lien
Le bilan à mi-mandat n’était déjà pas glorieux, et la situation ne s’est pas arrangée.
En novembre 2014, le collectif « nous citoyens » avait dressé un bilan en effet peu glorieux : évoquant un « président du chômage » avec 3,4 millions de chômeurs, alors qu’ils étaient 2,9 en mai 2013…un « président sans croissance » qu’il avait prévu à 3%, bien en dessous de la réalité, un « président de la dette » puisqu’elle a atteint les 95% du PIB (2000 milliards), dénonçant une absence de réformes significatives. lien
Cette impasse sociale, avec le chômage qui y est associé, a été évoquée à Davos, lors du récent Forum économique mondial, puisqu’une enquête, intitulée « the Future of Jobs » a mis en évidence que la robotisation croissante allait avoir un impact toujours plus négatif sur les marchés du travail.
L’étude démontre que dans des domaines très spécialisés (informatique, mathématique, ingénierie) plus de 2 millions d’emplois seront crées, mais l’automatisation fera parallèlement perdre plus de 7 millions d’emplois. lien
Cette logique des hommes remplacés par des machines et autres robots, n’est pas une nouveauté, mais elle s’accentue exponentiellement par les temps qui courent.
L’une des solutions qui permettrait de sortir de cette situation sociale dramatique serait dans la mise en place d’un RdB (Revenu de Base), offrant un salaire à chaque citoyen, qu’il travaille ou pas, solution d’autant plus intéressante qu’elle ferait disparaitre la notion même de chômage.
Ce choix de société, que certains qualifie d’utopique, ne l’est pourtant pas autant que l’on pourrait le croire : le RdB n’est pas si complexe à financer, d’autant qu’il viendrait en remplacement de toutes les aides sociales actuelles.
Il ne s’agit au fond que d’une meilleure répartition de la richesse, laquelle pourrait être améliorée si on décidait en haut lieu d’imposer un barème de salaires, fixant un salaire maximum.
La Suisse avait tenté en vain de faire appliquer un salaire maximum de 12 fois le smic, et le Front de Gauche l’avait fixé à 20 fois le salaire le plus bas de l’entreprise. lien
Mais apparemment, à la tête de l’état, cette option est ignorée, alors qu’un nombre de plus en plus important de citoyens prônent cette mesure.
Une initiative européenne pour le RdB avait été lancée en 2013 et si l’objectif du million de signature n’a pas été atteint, il est aujourd’hui, d’après Klaus Sambor, organisateur général du comité de citoyen ayant lancé cette initiative dans 28 pays européen, « le point de départ d’un mouvement européen de grande ampleur ».lien
La Finlande vient en tout cas de l’adopter en ce début d’année, et cette mesure devrait être opérationnelle début 2017. lien
En Suisse, une initiative avait été lancée, (lien) en Espagne, le mouvement Podemos le défend (lien) et dans le monde, des formations politiques de droite et de gauche sont de plus en plus nombreuses à le défendre. lien
Mais en France on continue de pratiquer une politique de l’offre, malgré le flop patent. lien
Au moment où certains insistent lourdement sur la déchéance de nationalité, ne serait-il pas plus constructif de songer plutôt à une élévation de celle-ci ? (lien) même si quelques illuminés font la promotion d’une régulation de la population mondiale, affirmant qu’elle devrait être réduite de 95%, affirmant que les humains sont une plaie pour la terre. lien
Car comme dit mon vieil ami africain : « la faute du troupeau vient du berger ».
L’image illustrant l’article vient de « lemusulman.net »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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