Les normes sont-elles normales ?

L’administration a trouvé un moyen rassurant, à défaut d’être efficace, pour limiter les risques que nous courrons en imposant des normes.
Mais ces normes sont-elles pour autant une garantie pour notre santé ?
A la question « quelle est la quantité limite de radioactivité admissible » Jean Rostand, le célèbre scientifique répondait que c’était comme si on lui demandait quelle dose d’arsenic on pouvait mettre dans le biberon d’un bébé, ajoutant : « à menace inhumaine, précaution inhumaine ».
Son « destin biologique de l’homme » publié en 1963 sur ce lien.
Jacques Testart, préfaçant l’ouvrage d’Alain Dubois (Jean Rostand, un biologiste contre le nucléaire) ne dit pas autre chose. lien
Ce qui est le plus problématique c’est que, d’un pays à l’autre, les normes sont différentes, comme si un peuple pouvait être plus ou moins résistant à la pollution.
Dans le domaine des nitrates, dont l’on sait qu’ils sont de plus en plus présents dans l’eau de nos robinets, et qu’ils affaiblissent notre organisme, comment expliquer que les doses admissibles sont plus laxistes en France qu’ailleurs ?
On sait que les nitrates se transforment en nitrites au contact de nos sucs digestifs, freinant ainsi le renouvellement de notre sang, lequel s’appauvrit en oxygène, même si encore aujourd’hui certains sont convaincus de leur innocuité sur notre organisme. lien
Pourtant ces nitrites oxydent l’hémoglobine du sang, lequel ne peut plus fixer l’oxygène, perturbant en même temps la respiration cellulaire.
La norme française fixe à 50 mg au litre la quantité de nitrate maximale, et à 25 mg la dose qu’il ne faudrait pas idéalement dépasser. lien
Mais c’est par rapport au poids de la personne qui ingurgite des nitrates qu’il faut réfléchir, car bien évidemment, la dose admissible pour un adulte est plus dangereuse pour un enfant puisqu'il faut tenir compte de la masse corporelle de chacun. lien
En Europe la valeur guide recommandée est a 25 mg/l, alors que l’agence américaine pour la protection de l’environnement fixe la limite à 45 mg/l. lien
Une étude très complète sur la problématique induite par l’absorption des nitrates a été réalisée au Canada (lien) démontrant les disparités des normes d’un pays à l’autre.
Et quid des normes sur les pesticides fixées en France à 0,5µg/l (lien) et qui mettent en évidence les différences de norme d’un pays à l’autre ? (lien) sachant que près de 1000 € de pesticides sont consommés dans le monde à chaque seconde. Lien
Mais oublions notre eau qui devient jour après jours un peu plus dangereuse, (lien) pour nous tourner vers une autre boisson :
Il s’agit de cette célèbre boisson américaine brune, sucrée, et pétillante, le Coca Cola.
En effet, celui-ci, dont 1,7 milliards sont vendus chaque jour, pour un chiffre d’affaire de 26,5 milliards d’euros, pose un problème de santé.
On sait qu’il contient par canette l’équivalent de 7 morceaux de sucre, la bouteille de 2 litres en contenant plus de 200 grammes, ce qui annonce de probables problèmes de santé. lien
Mais au-delà des conséquences sur notre possible obésité, c’est le colorant de ce breuvage qui pose question.
Le 4-MEI (methylimidazole), colorant de la couleur du caramel est cancérigène, et il est présent non seulement dans cette boisson, mais aussi dans certaines sauces soja, des bières brunes, des céréales pour petits déjeuners, des bouillons cubes…
Des expériences menées sur de pauvres rats de laboratoire ont prouvé que cette substance provoquait des cancers du poumon, du foie, de la thyroïde, voire des leucémies chez ces rongeurs.
Des rongeurs aux humains, il n’y a qu’un pas que des experts ont franchis, sonnant l’alerte.
Mais tout le monde n’est pas d’accord.
L’EFSA (agence européenne de sécurité des aliments) affirme que « ce colorant ne représente pas de danger pour la santé » (lien) mais reconnaissant tout de même que « de nouvelles études seraient souhaitables, et qu’il « serait prudent de maintenir les concentrations des sous produits de ces colorants aussi basse qu’il est possible…).
Sauf que récemment, Coca Cola a été obligé de modifier sa recette.
Si l’administration américaine affirme « qu’il faudrait boire 1000 canettes de coca par jour pour être exposé à un risque », l’association américaine de défense des consommateurs s’étonne que le taux du colorant s’élève entre 142 et 146 microgrammes au lieu des 29 microgrammes fixés par l’Etat de Californie.
Le vendeur de soda s’est donc engagé à modifier sa recette.
Mais serions-nous moins sensibles que les américains aux risques de cancer ?... puisque « Coca Cola France » a assuré « qu’il était trop tôt pour savoir si cela impacterait les produits vendus en Europe ». lien
Dans le domaine du nucléaire, il est intéressant de faire aussi un parallèle.
Depuis la catastrophe de Fukushima, c’est un peu la valse des normes.
En mai 2011, au Japon, la dose maximum admissible de radioactivité a été relevée de 1 à 20 mSv pour les écoliers, et portée à 250 mSv pour les liquidateurs.
Le professeur Kosako, qui était le conseiller spécial du premier ministre, Nato Kan a déclaré en larmes « il est tout a fait inacceptable d’appliquer une telle limite de dose à des enfants en bas âge, et à des élèves de classe primaires ; il est urgent de revenir sur cette décision ». lien
Devant le refus des autorités de prendre en compte sa légitime indignation, il a donc démissionné.
En fin de compte, la norme n’est-elle pas une imposture mise en place pour seulement nous rassurer ?...puisqu’au fond, les normes n’empêchent pas le danger, la norme idéale étant de zéro, nous conduisant quasi à ne plus rien boire, ni manger.
Restons à Fukushima ou la situation continue à s’aggraver.
Alors que le Japon tourne maintenant avec une seule centrale nucléaire sur les 54 qui étaient en activité avant la catastrophe, (lien) mettant un doute sur les affirmations de certains candidats à la présidentielle française dont les plus optimistes pensent qu’il faudrait 25 ans pour tourner la page nucléaire, (lien) une nouvelle fuite d’eau radioactive vient de se produire et 120 tonnes d’eau hautement radioactive se sont écoulées dans la nature. lien
On savait que suite au séisme la piscine du réacteur N°4 avait été fragilisée et menaçait de s’effondrer, nécessitant des travaux de renforcement.
Or le 8 mars 2012, on a pu entendre dans l’émission « Morning Bird » Kiroaki Koide, ingénieur nucléaire, déclarer : « si la piscine de l’unité 4 fuit, c’est la fin ».
En effet, cette piscine renferme 1535 assemblages radioactifs, soit 264 tonnes de combustible, et pour transférer les barres, il faudrait les mettre dans un caisson de plus de 100 tonnes, lequel serait transporté par une grue géante et d’après Koide, cela peut prendre des années.
En effet, il faudra d’abord retirer les débris qui suite à l’explosion sont tombés dans la piscine, et ensuite mettre en place une nouvelle grue, car celle qui se trouvait dans le bâtiment n°4 n’est plus opérationnelle depuis la catastrophe.
Comme le dit le scientifique, ce n’est pas si simple, « car si on sortait à l’air libre les assemblages radioactifs, une énorme quantité de radiation émanerait du combustible usagé, et les hommes à proximité n’auraient d’autre choix que d’en mourir ». vidéo
Pourtant TEPCO affirme pouvoir procéder à cette délicate opération dès janvier 2013, ce qui semble très optimiste, et en attendant, les japonais sont priés d’espérer qu’il n’y aura pas un nouveau tremblement de terre qui viendrait fragiliser un peu plus la piscine du N°4.
Si l’opération se passait mal, ou que la piscine vienne à avoir des problèmes, les japonais ne pourraient échapper à l’évacuation d’une zone de 250 km autour du site, englobant donc l’agglomération de Tokyo et ses 38 millions d’habitants. lien
On est donc très loin de « l’arrêt à froid » décrété en novembre 2011 par TEPCO, d’autant qu’on est toujours sans nouvelles des coriums des autres réacteurs détruits. lien
En attendant, la France accumule son retard en matière d’énergies propres et renouvelables (lien) alors que nous savons que nous pourrions dés aujourd’hui nous passer du pétrole, du charbon et du nucléaire (lien) et qu’un accident nucléaire aussi grave que celui de Fukushima pourrait toucher notre pays. sondage
D’autant qu’il y a tant de moyens originaux pour se procurer de l’énergie quasi gratuite et surtout inépuisable, comme on peut le découvrir sur cette courte vidéo.
A près de 20 jours de l’échéance présidentielle, l’écologie n’a jamais été si peu présente dans la campagne, alors que le président candidat fanfaronne sur un nucléaire français qui serait irréprochable et sans danger. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester ».
L’image illustrant l’article provient de « antennes31.over-blog.com »
Olivier Cabanel
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