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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > À bout de Godard

À bout de Godard

« Jean-Luc Godard n’est pas le seul à filmer comme il respire, mais c’est lui qui respire le mieux. Il est rapide comme Rossellini, malicieux comme Sacha Guitry, musical comme Orson Welles, simple comme Pagnol, blessé comme Nicholas Ray, efficace comme Hitchcock, profond, profond, profond comme Ingmar Bergman et insolent comme personne. » (François Truffaut, "L’Avant-scène" n°70 de mai 1967).

Le cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard atteint son 90e anniversaire ce jeudi 3 décembre 2020. Il est en quelque sorte le symbole du "nouveau" cinéma français des années 1960 (et même 1950) et l’un des porte-voix de la fameuse "Nouvelle Vague" qui a également entraîné Éric Rohmer, François Truffaut, Jacques Rivette, Claude Chabrol, Alain Resnais, Louis Malle, Agnès Varda, Jacques Demy, Jean Eustache, etc.

J’aurais pu intituler l’article "En attendant Godard" mais cela n’aurait pas été très original (on m’aurait déjà largement devancé sur ce jeu de mot à la Beckett), mais cela aurait signifié quelque chose car après sa période faste des années 1960 (il avait la trentaine), on pouvait peut-être l’attendre pour un nouveau film aussi grand public. Il a préféré plutôt être dans la recherche cinématographique, sans jamais d’ailleurs arrêter sa production puisque son dernier film est sorti il y a deux ans, le 11 mai 2018, avec "Le Livre d’image" qui lui a valu enfin une palme, la Palme d’or spéciale au Festival de Cannes de 2018..

Justement, parlons des récompenses. Jean-Luc Godard en a reçu de toute part, de tous les pays : deux Césars d’honneur en 1987 et 1998 (et deux nominations), un Oscar d’honneur en 2010, un prix spécial en 1962 et deux Lions d’or en 1982 et 1983 à la Mostra de Venise, un prix du jury du Festival de Cannes en 2014 (et la Palme d’or spéciale de 2018), un Ours d’or en 1965 et deux Ours d’argent en 1960 et 1961 à la Berlinale, et de nombreux autres prix comme le Prix Louis-Delluc en 1987. Quant aux décorations, il fait partie de "modestes orgueilleux" qui tentent de les refuser, comme cet insigne de l’Ordre national du Mérite : « Je n’aime pas recevoir d’ordre, et je n’ai aucun mérite. » (1981).

Entre 1961 et 1967, il fut marié à l’actrice Anna Karina (morte il y a un an, le 14 décembre 2019) et, entre 1967 et 1979, à la romancière et actrice Anne Wiazemsky (morte le 5 octobre 2017), petite-fille de François Mauriac.

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Jean-Luc Godard fait ses films en entier, c’est-à-dire non seulement la réalisation mais aussi le scénario, les dialogues, le montage, parfois la coproduction, etc. Souvent, il est récompensé pour l’originalité de ses œuvres. Il a probablement suscité plus de livres sur lui, son œuvre, que lui n’a fait de films ! Il est à lui seul une sorte de Dieu vivant du cinéma français, une Bible, une Pyramide… Son œuvre est à la fois grand public et hyperculturelle dans le sens où il a fait des films qui sortaient de l’ornière classique du grand public. Parfois admiré, parfois détesté, toujours fascinant, il a provoqué de nombreux commentaires sur son œuvre, comme celui de Philip Roth qui trouvait ses films insupportables, sauf "À bout de souffle".

"À bout de souffle", c’est le film qui a fait "décoller" Jean-Luc Godard. Le film fut l’un de ceux qui ont fait la réputation de la "Nouvelle Vague" (avec "Le beau Serge" de Chabrol, "Les quatre cents coups" de Truffaut, etc.). Ce fut son premier long-métrage, sorti le 11 mars 1960. Incroyable histoire (reprise d’un scénario de Truffaut) à l’origine qui aurait pu être "classique" mais mise en scène d’une manière magistrale et avec une injection permanente d’amoralité, servie chaud avec deux acteurs époustouflants, Jean-Paul Belmondo et celle qu’il aime dans le film, Jean Seberg dont l’accent américain à Paris est toujours très séduisant (future femme de Romain Gary, elle est morte dans des conditions mystérieuses à l’âge de 40 ans).








Un autre chef-d’œuvre est sorti le 5 novembre 1965, un road movie franco-italien, "Pierrot le fou" avec Jean-Paul Belmondo et Anna Karina (et la participation furtive de Raymond Devos). À l’origine, les deux principaux rôles auraient dû être confiés à Michel Piccoli et Sylvie Vartan.





Dans plus d’une centaine de films, Jean-Luc Godard a fait jouer beaucoup d’acteurs de haut niveau, après Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg, également Brigitte Bardot, Mireille Darc, Jane Fonda, Michel Piccoli, Jean Yanne, Yves Montand, Jean-Pierre Léaud, Alain Delon, Gérard Depardieu, Nathalie Baye, Isabelle Huppert, bien sûr Anna Karina, etc.





À l’occasion de la programmation sur la chaîne Arte d’une soirée spéciale Godard le mercredi 24 avril 2019 avec la diffusion des films "À bout de souffle" et "Le Livre d’image", la radio France Culture s’est entretenue avec Jean-Luc Godard pour l’émission d’Olivia Gesbert "La grande table culture" diffusée le 15 avril 2019 où il a déclaré : « Je suis un archéologue du cinéma. L’archéologue, c’est plus noble. L’archiviste, il classe, alors que l’archéologue, il sculpte l’histoire. Chez les sculpteurs non plus, il n’y a pas de scénario. ».





Quel avenir pour le cinéma de Godard ? Eh bien, il carbure toujours ! Godard comptait faire un film sur les gilets jaunes. Dans une (autre) interview diffusée le 14 avril 2019 sur RTS (la télévision publique suisse), le réalisateur a effectivement confirmé son souhait de faire « un film qui raconte l’état de ce pays, la France, ou certains aspects de ce pays ».

Depuis la mort d’Agnès Varda le 29 mars 2019, Jean-Luc Godard fait partie des deux derniers survivants de la "Nouvelle Vague", avec Jacques Rozier, de quatre ans son aîné. La marée est en train de se retirer tout doucement.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (02 décembre 2020)
http://www.rakotoarison.eu



Pour aller plus loin :
Jean-Luc Godard.
Michel Robin.
Alain Delon.
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.

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6 réactions à cet article    


  • troletbuse troletbuse 4 décembre 2020 09:41

    @Fergus
    D’ailleurs j’ai toujours été agacé par sa voix et sa diction.


    Donc, vous regardiez pour sa plastique, vieux cochon  smiley


  • Laconique Laconique 4 décembre 2020 09:46

    @Fergus

    Il y a quelque chose quand même dans Pierrot le fou, un souffle, une liberté. Et la photographie est vraiment belle. Le Mépris est un peu lancinant, mais c’est voulu. Pour ma part ce sont à peu près les deux seuls films français que je peux regarder.


  • Fergus Fergus 4 décembre 2020 11:35

    Bonjour, troletbuse

    Même pas : ni elle ni Marylin Monroe ne m’ont jamais fait fantasmer. J’ai toujours eu un penchant nettement plus marqué pour les filles plus naturelles que pour les poupées sophistiquées !


  • troletbuse troletbuse 4 décembre 2020 14:45

    @Fergus
    C’est quand même plus agréable de regarder une belle femme qu’un thon et ceci sans parler de fantasme


  • adeline 3 décembre 2020 18:30

    Demandez le statut de « partenaire »


    • jymb 4 décembre 2020 13:19

      Godard, l’auteur du plus supersonique navet inregardable de l’histoire du cinéma « La Chinoise » ...même la Chine de MAO de l’époque l’avait alors jugé nullissime 

      Marrant ( façon de parler) aussi qu’on encense des gens qui ont défendu le régime politique le plus monstrueux de l’histoire, alors que l’on cloue au pilori des auteurs pour un mot de travers ou une partie de jambes en l’air ...

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