La bonne sœur de Meyssan
En Syrie, traînent des espions, on le sait, on s'en doute. Traîne aussi du matériel d'espionnage, parfois surprenant comme ici à Afrin(cela semblait du matériel turc en fait). Mais il y traîne aussi depuis quelque temps une nouvelle sorte d'espion : une bonne sœur, du "couvent Saint-Jacques de l’Intercis". Et le rôle qu'elle joue depuis plusieurs mois maintenant porte à s'interroger sur son nouveau sacerdoce, avec lequel elle s'emploie avec beaucoup de zèle : servir le pouvoir en place, en servant de relais entre les militaires et les journalistes. Ou les exaltés venus jouer au faux-journalistes, comme ceux retranchés il ya peu de temps encore dans un hôtel libyen et censés décrire à la radio ou sur le net ce qui se passait dans le pays,. Des informations tronquées, manipulées, relayées en France ou dans le monde par des passionnés de la désinformation et du complotisme. Ravis de pouvoir dire que tout va bien là où ils étaient, ou presque, et que les morts annoncés n'en étaient pas, ou qu'il n'y en avait pas tant que ça, et qu'en Syrie maintenant Bassar-el-Achad n'est pas le boucher que l'on décrit habituellement dans la presse. Parmi eux, le sulfiureux Thierry Meyssan (*) qui après s'être rapproché jadis d'un pasteur s'est trouvé sur place une nouvelle guide portant foulard religieux : Agnès-Marie de la Croix, c'est son nom, qui l'a tenu par la main pour visiter le pays. Jusqu'ici, on n'avait pas trop remarqué l'intercession fébrile de la religieuse, ou analysé son rôle exact. Depuis la mort du journaliste Gilles Jacquier, on s'interroge davantage sur ce qu'elle est, ce qu'elle fait et surtout à quoi elle sert. Ou plutôt à qui. D'aucuns jouent un jeu dangereux en Syrie, et on vient d'en payer le tarif fort.
La religieuse se présetnte comme catholique, de "l'Église grecque-melkite (**) " catholique exactement. Une croyance de rite byzantin traditionnel, ayant rejoint tardivement l'Église Catholique, en 1724 seulement. En quelque sorte une secte, rattachée à un mouvement pour ne pas disparaître totalement. C'est en fait l'abesse de son monastère (et non de son "couvent" seul, car y résident des nonnes et des moines)."Le monastère Saint Jacques l’Intercis appartient à l’éparchie grecque melkite catholique de Homs, Hama et Yabroud. [...] Aujourd’hui il abrite une communauté d’une quinzaine de membres appartenant à huit nationalités différentes. [...] La communauté cherche à revenir aux sources du monachisme antiochien dans une perspective d’unité : celle de la personne humaine et celle de l’humanité, dans le mystère du Corps Mystique. Elle vit au jour le jour l’ici et le maintenant au Nom du Christ. Tendue de l’avant dans une attente eschatologique de Celui qui vient, elle veut préparer ses voies, en ramenant le cœur des pères vers leurs enfants et le cœur des enfants vers leurs. " Bref, la bonne sœur et ses congénères attendent l'arrivée du messie, le jour de la fin des temps, comme peuvent aussi l'imaginer les évangélistes américains, ce qui leur procure déjà une écrasante activité, pour sûr. Une sacré responsabilité aussi : faudra être là pile à l'heure, et comme on ne sait pas quand ça tombera ce qu'annonce l'eschatologie... il ne reste plus qu'à attendre. Certains attendent la mort, eux attendent la fin du monde.
Mais le problème, aujourd'hui, c'est ce qu'elle pense en dehors de la religion, la fameuse bonne sœur. Et quand elle pense, bizarrement, elle pense exactement comme Thierry Meyssan. A savoir qu'elle ne pense pas religion, mais politique, dans son pays : "Aujourd’hui il ne fait aucun doute qu’il y a ingérence étrangère" dit-elle "refusée fièrement par une partie de l’opposition" appuie-t-elle. "Aujourd’hui il ne fait aucun doute que l’opposition s’est muée en divers endroits en une insurrection armée qui commet des atrocités contre la population civile et contre les forces de l’ordre et l’armée". Selon la dame au voile, qui attend toujours le retour de son sauveur, ce serait donc un drôle de pays que la Syrie d'aujourd'hui : imaginez donc ! Une sorte de pays des mille et une vies, où le dirigeant est aimé de tous, sauf d'une infime minorité qui se venge sur la population qui l'adore et lui baise les pieds tous les jours. Plutôt surprenante la vision de la bonne sœur : si les rues qu'elle décrit étaient plus larges et si la foule moins grande, on aurait crû y voir... la Corée du Nord, à part que là le dirigeant est tellement adoré qu'il ne peut même pas y avoir d'opposition. Donc la Syrie n'est pas la Corée : d'ailleurs Assad est coiffé normalement, lui. Enfin, presque.
A-t-elle vu les rues de sa ville de son monastère(ce n'est pas qu'un couvent !) du VIème siècle bâti en terre crue, situé dans le bourg de Qâra, dédié à Saint Jacques-le-Mutilé ? On peut déjà en douter. La vie du monastère est régie par des règles strictes : les moines y sont cénobitiques, à savoir qu'ils vivent plutôt reclus, ne communiquent pas ou prou vers l'extérieur et qu'à cet endroit leur vie se fait même "suivant la tradition orientale avec un fort accent érémitique concrétisé par une retraite quotidienne en cellule individuelle prolongée". Vivre dans une prison, même choisie par soi, ne doit pas nécessairement prédisposer à prendre connaissance de la vie extérieure, il me semble. Sauf par l'Internet, je vous remercie de me citer le site d'InfoSyrie, par exemple, au hasard, ce qui semble être le cas, à lire ce qu'elle raconte... comme activités, au monastère, il y a certes la confection de rosaires, spéciaux, qui sont d'ailleurs là-bas appelés "chotkys". Chez certains cela signifie aussi la présence, à la forme près, dans un ordinateur d'un logiciel "espion", mais bon, cela ne semble pas très porté vers l'extérieur. En fait la "spécialité" de la dame au fichu, ce sont les icônes, ce qui lui a valu un reportage signé Arte sur ses talents. Sœur Agnès-Mariam est la star incontesté de l'enluminure, ayant rédigé à ce proppos un ouvrage de 123 clichés intitulé "Icônes arabes, mystères d'Orient". Elle est "spécialiste en restauration d’oeuvres d’art, elle est diplômée d’une thèse de l’École Pratique des Hautes Études." apprend-t-on et aurait même participé à l'Orrganisation de l’exposition "Icônes arabes, Art chrétien du Levant" à l’Institut du Monde Arabe". Une expo de 2003, saluée bizarrement en ces termes par l'Express : "A mi-chemin donc de l'Europe et de l'Asie, ce patrimoine mêle la peinture byzantine, la calligraphie arabe, le genre italien et un art délicieusement naïf inspiré par une profonde piété populaire. Ici, au Proche-Orient, Jésus, Marie et Joseph ne sont pas des figures hollywoodiennes aux allures de héros terrestres. Ce sont bien, plutôt, des personnages sacrés inscrits dans la mémoire des gens simples. L'Incarnation est moins un mystère que le regard plein de compassion que le Ciel a bien voulu jeter sur la Terre." L'auteur nous gratifiant au passage d'un résumé historique intéressant (**) Un ouvrage vendu avec une dédicace bien particulière : ""l'art arabo-chrétien fascine aujourd'hui pour ses valeurs esthétiques certaines mais il faut aussi reconnaître que les évènements qui secouent le globe jettent une lueur singulière sur de telles œuvres. Elles sont les témoins d'une symbiose idéale entre les civilisations qui se sont croisées dans la région du Croissant Fertile. Cette symbiose étant menacée de désagrégation à cause des conflits politiques, on cherche des références dans le passé pour dynamiser le processus d'entente et de tolérance au présent. Les icônes arabes sont devenues des emblèmes reconnus, des messagères de dialogue, de paix et d'ouverture." L'enlumineuse se présente comme un esprit très ouvert voilà qui serait plutôt bon signe, se dit-on. On va vite déchanter.
En fait, pour l'ouverture d'esprit, sans doute, le monastère accède bien à l'extérieur via l'informatique : dedans, il y a un en effet un "espace pour la catéchèse et la diffusion audio-visuelle du message chrétien" (ne parlons pas de "propagande") et la possibilité d'y faire des "arts graphiques sur ordinateur au service de l’évangélisation" (et non pas des présentations PowerPoint sur l'évolution de l'avancée des chars syriens à Homs, comme pourraient l'imaginer les mauvaises langues dont je suis). Quand elle ne surfe pas, l'abesse branchée, elle fait des " confs" à l'étranger (finie la cellule moniale ?) comme ici à Bruxelles, avec un compère, le père Benjamin Berger, dont on apprend qu'il est lui "juif messianique de Jérusalem." En Belgique, ça se passe aussi chez les protestants, avec comme thème "Que signifie le peuple juif pour l’Eglise universelle et pour le monde ?". Messianique est-il marqué, donc, aussi : ce qui signifie aussi que lui également attend le son de cloche annonçant que le bateau coule définitivement, qu'il n'y a pas de canots, mais que ce n'sst pas grave puisque Jesus qui fait son comeback marche sur l'eau. On ne l'appelle pas le Sauveur pour rien : c'est un peu la SNSM de l'époque, disons, ou Alerte à Maibu, version mondialiste. Le Christ, mais en tenue orange.
Un vrai couple moderne ces deux-là : lisons plutôt leur CV respectif. "Benjamin Berger a grandi comme Juif orthodoxe, a ensuite perdu la foi et a découvert Jésus (Iéshoua) comme le Messie d’Israël, le Fils de Dieu et le Sauveur du monde. Il a fondé avec son frère Ruben une communauté de personnes qui choisissent de vivre le célibat pour le Seigneur". Bref, on est déjà dans ce qu'on peut appeler une secte, et rien d'autre, intitulée "communauté de personnes" pour ne pas confondre, sans doute, avec un troupeau. Ce n'est pas mieux pour son pendant féminin : "mère Agnès-Mariam, née de père palestinien, a parcouru le monde comme hippie durant ses années de jeune rebelle. Mais Dieu est venu toucher son cœur et elle est devenue carmélite au Liban. Trois décennies plus tard, avec l’accord de sa supérieure et de l’évêque, elle restaure les ruines du monastère de St Jacques le Mutilé à Qara en Syrie, datant du 6ième siècle et fonde ’’ l’Ordre de l’Unité d’Antioche ‘’. En résumé, pour avoir retapé le monument, l'ancienne fumeuse de pétards a hérité de son usage, pour y installer la sienne de secte : les effets secondaires du cannabis m'ont toujours surpris. Décidément, on n'échappe pas, dans un cas comme dans l'autre à des "autonomistes", plus ou moins reliés à une juridiction supérieure. Une secte, qui a comme credo " le charisme de prière pour la restauration de l’unité de la personne", ce qui ne veut stictement rien dire, mais les voix du seigneur et une révélation soudaine (au lendemain d'une soirée trop arrosée, qui sait, ce que faisaient les "hippies"), ça semble suffire là-bas à hériter d'un monument fait de pisé, semble-t-il, où il y avait énormément de travail à faire, effectué par les habitants sur place comme par les visiteurs venus se "ressourcer", la truelle à la main. Je n'avais jamais pensé à hériter ainsi dune maison, faudra que je songe à me trouver une bonne secte. Une secte qui raconte que "la réalité est notre référence fondamentale. Nous essayons de ne pas ajouter un jour en plus à ce que le seigneur (...) a posé", comme le définit, l'abesse, dans une vidéo censée expliquer son rôle exact dans son monastère. On va chez elle pour se "ressourcer", donc, et retrouver cet "équilibre intérieur perdu"... Bref, c'est comme à l'abbaye de Chimey, mais là-bas la bière est meilleure, je pense. J'y vais souvent me "ressourcer" à la levure et au houblon (enfin c'est ce je dis à mes amis, en fait, je rentre et je sors avec un pack de Chimay).
Les bonnes sœurs entendant parfois des voix, je me suis dit que celle-ci peut être bien aussi. Les voix modernes du Net, aujourd'hui. Car elle savent lire, et celle-ci est tombé sur des écrits racontant a peu près la même chose que ce d'aucuns disent ; comme ceux d'InfoSyrie, par exemple, je vous remercie de me l'avoir soufflé (c'est le site qui vient à l'esprit, la dame habitant le pays). Effectivement, ce site assez particulier, à le lire, raconte la même chose qu'elle :l'histoire des méchants étrangers qui viennent embêter ce cher souverain si sympathique à cou de girafe. Tout cela écrit dans InfoSyrie, donc, fondé par un... français et créé par une entreprise française, Riwal, entreprise de communication appartenant à Frédéric Chatillon (ici en photo avec LePen et Dieudonné !), que les lecteurs commencent un peu à connaître, vu qu'il a séjourné jadis au Gud et qu'il est allé boire des coups avec Marine Le Pen dans le bistrot du nervis de Riposte Laïque, l'ineffable Batskin, le gros bras de service en perpétuel pantalon militaire. Comme elle s'y sentait bien, dans le site, la mère Agnès-Mariam de la Croix, elle a fini par elle-même y écrire.. comme elle écrit régulièrement dans France Catholique, site chrétien revendiqué, où elle signe "par Agnès-Mariam de la Croix, higoumène (***)". Au début, fort peu au courant des choses religieuses, j'avais lu "énergumène", elle m'en excusera je pense, les catholiques pratiquant la compassion. La dame abesse serait-elle sous infuence "Meyssanienne", en tant qu'abonnée à InfoSyrie, voilà qui démande à être examiné.
Effectivement, elle y participe, comme elle à France-Catholique, dans lequel elle tient un propos lénifiant, tout d'abord : "actuellement nous essayons de suivre au jour le jour les souffrances de nos frères et sœurs confrontés soudainement à une situation sociale des plus difficiles et qui se dirige vers la précarité. J’aimerais répéter que nous ne sommes pas engagés politiquement mais spirituellement, d’après les valeurs de l’Evangile. Solidaires avec nos frères syriens, toutes confessions confondues, sans négliger de militer pour les droits des minorités". Bien, voilà qui part d'un bon principe : quitter sa cellule monacale pour aller visiter les cellules de Bachar el Assad, se dit-on, et en rendre compte à l'extérieur, ça part d'un bon principe. En fait pas vraiment : la ligne suivante, là voilà déjà à tempèrer son propre propos, certains n'ayant pas du tout apprécié qu'elle se soit mêlé en fait de... politique, dans son texte. "D’aucuns ont désavoué mon témoignage. Ils ont récusé la possibilité que je dise vrai, parce que je m’écartais de l’opinion la plus courante. Un commentateur a conclu que mon article : « déploie une argumentation politique si élaborée qu’il pourrait s’agir d’un faux ». C’est la première fois de ma vie que je me penche sur un tel sujet aussi je trouve cette appréciation bien flatteuse". Que lui reprochait-on, en fait, à la bonne sœur ? Pas d'entendre des voix, mais d'en écouter qu'une seule. De ne pas avoir choisi la bonne icône, en quelque sorte."Un autre commentateur a écrit vingt pages pour remettre en cause chacune de mes assertions et en a pris prétexte pour s’en prendre avec une verve implacable, tout à la fois, à des sites antimondialistes et anti atlantistes (surtout le site Voltaire.net dont il assure à tort que je fais partie), à l’Eglise catholique, au Pape, à M. Sarkozy et aux services de renseignements français avec qui, affirme-t-il, je suis de connivence". Je vous assure que je ne lui avais rien écrit, à la nouvelle copine de Meyssan, pourtant....
L'abesse a en effet une étrange façon en effet de "voir" ce qui se passe dans sa propre ville ou son propre pays. Et comme elle ne semble plutôt... maladroite, elle nous l'explique elle-même, toujours dans France-Catholique : "car aujourd’hui en Syrie, pour être bien renseigné, il ne suffit plus de suivre les nouvelles servies par les chaînes satellitaires internationales. Est requise une synthèse qui s’appuie sur la comparaison entre une variété de sources parmi lesquelles les témoins oculaires ont un rôle privilégié. Nous l’avons constaté sans cesse : la réalité qui se vit ici est différente de ce que transmettent les médias. Ces chaînes n’accompagnent pas l’évènement, elles le précèdent pour le provoquer. Heureusement, de plus en plus de gens accusent cette information de parti pris et de falsification. Nous encourageons nos lecteurs à être plus critiques à l’égard des médias. Les versions des télévisions syriennes pro-régime s’accordent plus avec la réalité. Nous avons essayé de nous documenter en temps réel en téléphonant à des proches sur les lieux mêmes des incidents décrits : la situation ressemblait plus à ce qu’en disait la télévision syrienne qu’à celle propagée par Al Jazzirah, BBC ou France 24, Al Hurra ou Al Arabia à travers des montages et autres compilations audio-visuelles mensongères et de mauvaise qualité". Elle écrit clairement que la "télévision syrienne rend mieux la réalité (où tout à l'heure elle ne voulait rien ajouter !) que les chaînes satellitaires étrangères". C'est cela où des coups de téléphone à des proches, dont on va s'apercevoir plus loin qu'ils n'en sont pas et que ce sont plutôt eux qui appellent que la sœur. On remarquera que pour une abbaye, c'est nouveau, le cénobistime semble laisser place au "coupolisme" des antennes de télévision satellitaires, et que les "témoins oculaires" dont elle parle sont ceux sortis du petit écran de la TV officielle, ou ceux appelant au téléphone, à partir des bureaux de la police d'Assad comme nous allons le voir.
Car l'abesse, c'est visible, a un avis pré-mâché sur ce qui se passe autour d'elle : "aujourd’hui il ne fait aucun doute qu’il y a ingérence étrangère, refusée fièrement par une partie de l’opposition. Aujourd’hui il ne fait aucun doute que l’opposition s’est muée en divers endroits en une insurrection armée qui commet des atrocités contre la population civile et contre les forces de l’ordre et l’armée" sur la question". Bizarrement, elle présente le même avis en effet que celui du boucher de son propre peuple et que celui de Chatillon, Meyssan et... Dieudonné, puisqu'il fait lui aussi partie du même lot d'admirateurs du régime, ne l'oublions pas. En somme en Syrie, selon elle, et selon une opinion qui semble bien dictée, ce sont donc les révoltés qui tuent le plus, et que s'ils le sont, révoltés, c'est parce que derrière il y a des espions venus de l'étranger qui les poussent à le faire. Un peuple pris dans un étau qui voudrait se libérer, vous n'y pensez pas, ça ne peut exister, on n'est pas en Egypte ici ! C'est plutôt comme en Libye ici sous Kadhafi : tout va bien, selon elle, c'est un peu circulez, il n'y a rien à voir. L'ONU a beau dire qu'on a franchi le cap des 5000 morts, ce n'est toujours qu'une frange d'excités qui en seraient seuls responsables. Voilà qui sent la manipulation, celle entretenue par les pro-Assad, dont fait partie Thierry Meyssan.
En réalité, on le sait depuis plusieurs mois. La cellule de contre-espionnage de la sœur pro-Assad a été démontée depuis. Dès le 19 novembre dernier, en effet, où la religieuse avait donné une conférence de presse organisée la veille au Centre Catholique d'Information, à Beyrouth qui avait donné lieu à une vidéo. Sur cette dernière, précise le journal le Monde, à 5'30 du début, la moniale avouait d'où provenaient ses "informations extérieures" : pas d'elle-même, encore moins de ses proches, mais tout simplement des moukhabarat , ces officiers de renseignement syriens qui gèrent tout dans le pays où tout va si bien. Des gens qui ont le bras TRES long, selon Amnesty International. Des gens dangereux, précise également l'organisation. L'auteur du texte révélant la supercherie ajoutant un détail troublant : l'abesse affirmait connaître les noms de toutes les forces de l'ordre tombées, mais pas celle des victimes civiles, dont le nombre dépassait déjà à l'époque les 3000, il est vrai (d'où les tenaient-elle, ces noms de policiers ?). Ajoutant également, sur le fait qu'elle avait affirmé pourvoir se rendre où elle voulait dans le pays : "peut-elle avouer les raisons de la bienveillance que le régime syrien manifeste à son endroit, en l’autorisant à entrer en Syrie et à s’y déplacer à sa guise, alors qu’il interdit les mêmes choses à la délégation de la Ligue arabe ?" (c"était écrit avant que le régime ne finisse par accepter le visiite). L'abesse, visiblement était chaperonnée. Partout où elle allait. Et chaperonnera elle-même après les reporters, venus s'enquérir de ce qui se passe dans le pays. Comme ce que raconte aujourd'hui Anouar Malek, qui était l'observateur (démissionnaire) de la Ligue arabe en Syrie : "cette mission est une vaste farce. Il était en fait impossible d'appliquer le protocole sur le terrain car tous les jours sont commis des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité : le régime d'Assad bombarde les quartiers civils. Et il y a, tous les jours, des victimes : hommes, femmes, enfants, vieillards. Il y a des morts à cause des tortures dans les prisons de droit commun, dans les prisons de la sécurité militaire, dans les prisons de la police, dans les prisons secrètes situées dans les casernes et même, parfois, dans des écoles utilisées comme telles".
Un Anouar Malek à l'opposé de notre religieuse qui n'a rien voulu voir : : - J'ai démissionné à cause des rapports intermédiaires du général Mohammad Al-Dabi qui ne relataient pas avec justesse ce que nous voyions sur le terrain. L'avis énoncé était très souvent celui des gouverneurs des villes, et non celui des opposants par exemple. Le rapport n'est absolument pas le reflet de la situation réelle. Le général al-Dabi ment. Je l'ai entendu dire qu'il y avait des problèmes avec les quartiers tenus par les opposants et c'est totalement faux ! Il dit que le régime a retiré les chars des villes, c'est faux ! Cet homme est un menteur. Il m'accuse également de tout est n'importe quoi pour discréditer mon témoignage : il a d'abord dit que j'avais gardé la chambre en Syrie pendant six jours. Ensuite, il a dit que j'avais dû partir car ma femme ou ma fille aurait été malade ce qui est totalement faux. J'ai d'ailleurs décidé de porter plainte pour diffamation contre lui au Caire (siège de la Ligue arabe : NDLR)".
Pas la peine d'aller plus loin il semble : James Bond, en Syrie a pris le voile, et tient ses infos du pouvoir directement ; qui les relaie directement à la cellule de désinformation de Thierry Meyssan, qui inonde le net de messages en provenance d'une abesse manipulée (ou consciente, ce qui serait pire encore). La "bonne sœur à Meyssan" renvoie directement ce que lui même a concoté, et vice-versa. Pire encore : chrétienne déclarée, la mère du couvent en fait un peu beaucoup dans l'islamophobie. Déclarant par exemple, toujours dans France-Catholique "que la visite des ambassadeurs US et français à Hama a été vécue chez nous comme une démarche injustifiable. Cette ville est, bien sûr, le symbole d’une répression sanglante que personne n’approuve. Mais Hama est aussi le porte-flambeau de l’idéologie islamiste qui cherche à faire tomber les régimes nationalistes arabes au profit d’une transformation confessionnelle islamisante de l’espace politique. Que cherche l’Occident ? La liberté ou l’islamisme ? Ou est-ce la liberté donnée à l’islamisme ? Or cet islamisme nous savons qu’il s’oppose comme l’onagre biblique autant aux musulmans modérés qu’aux non-musulmans"... une parole de personne "apaisée" dont la personne a été "restaurée" ou celle d'une islamophobe bien ordinaire ? Une enlumineuse, ou une jeteuse d'huile sur le feu ? Une islamophobe dangereuse, comme le précise encore le Monde : "dans son aveuglement, Mère Agnès ignore qu'elle rend légitime, par ses propos et son apparition dans de telles circonstances, les représailles d'extrémistes religieux de tous bords contre les chrétiens de Syrie. Elle donne en effet l’impression que tous les chrétiens se tiennent du côté du régime, alors que celui-ci tue son peuple". Et il ajoute : "Nous accorderions un peu plus de confiance à ce qu’elle déclare si la délégation dont elle parle n’avait pas été envoyée en Syrie par un religieux maronite appartenant au courant de Michel Aoun, dont l’allégeance au régime syrien n’a plus besoin d’être rappelée". On ne peut être plus clair, voilà la religieuse toute chocolat. Démasquée !
Bref, on a affaire à quelqu'un d'aussi peu fiable et d'aussi peu recommandable que Meyssan. le hic, c'est que ce pouvoir néfaste ne s'arrête pas là. Il a même aujourd'hui des conséquences gravissimes. Quand France 2 a voulu en effet aller filmer "l'autre côté" auquel tient tant l'abesse orientée, c'est hélas par elle que la société de télévision a pris langue avec les autorités. C'était bien la preuve de ses contacts directs et fréquents avec le pouvoir, et sa capacité assez prononcée d'entregent : pour aborder une demande officielle de filmer, on ne s'adresse pas, en Syrie, à une ambassade, mais à sœur Agnès-Mariam ! C'était aussi se jeter dans la gueule de la louve, mais France 2 ne pouvait l'imaginer, igorant à quel jeu dangereux sinon pervers jouait l'abesse à icônes. "Jeudi 19 janvier, l'émission de France 2 revient sur cette religieuse, qui joue un rôle-clé pour faire entrer des journalistes étrangers en Syrie. Mais étape après étape, le programme prévu – centré autour de Bachar Al-Assad et de son régime à Damas – tombe à l'eau. Il est finalement décidé que l'équipe de journalistes parte à Homs, chose que refusent Gilles Jacquier et le journaliste reporter d'images Christophe Kenck, selon Thierry Thuillier, directeur des rédactions de France Télévisions. "Mère Agnès le prend mal", explique Christophe Kenck dans "Envoyé spécial". Menacés d'expulsion, ils finissent par accepter. Elle, par contre, refuse de se joindre au voyage." Quel rôle exact a pu jouer à ce stade l'égérie religieuse du pouvoir ? Celle qui menace d'expulsion ou celle qui reçoit l'ordre de menacer ? Que savait-elle de ce qui les attendait ou pas ? Car après coup, elle tiendra ajouter un détail important sur son rôle, justement : "plus tard, à Beyrouth, la religieuse livrera une autre version de cet épisode, assurant avoir tout fait pour assurer la sécurité des journalistes : "Elle nous aurait même conseillé de prendre des gilets pare-balles pour nous rendre à Homs et de ne pas traîner dans la ville après 15 heures. Des paroles que nous n'avons jamais entendues…", expliquent Sid Ahmed Hammouche et Patrick Vallélian, deux journalistes suisses présents sur place, dans L'Hebdo". Elle n'avait selon les reporters présents PAS évoqué de danger. Mais tiendra après à dire qu'elle savait qu'il y en avait un. Il existe de bons espions. Ceux-là ne reviennent jamais sur une opération, réussie comme ratée. Dans les deux cas, ils rasent les murs et se font le plus discret possible. L'abesse de Saint-Jacques de l’Intercis en est donc un très mauvais. Façon OSS 117 vu par Dujardin, en moins drôle (ferait plutôt Marie dans "La vie de Brian", mais c'est subjectif). Quant à présenter dans le site de Meyssan, en "une", la demande d'autorisation de France 2 d'aller filmer, comme étant une "opération de barbouzes", c'est de la fumisterie complète et une injure à la mémoire de Jacquier. Une manipulation de plus. Obscène, celle-là.
Le jeu découvert semble donc clair. Mais il y a pire encore, concernant la religieuse, pour ajouter à son cas et à sa capacité de manipulation : "un visiteur du même site, originaire de Qara, dénonce à son tour l'hypocrisie de la religieuse en rappelant que, quelques heures avant ses déclarations à Beyrouth, elle avait participé, de nuit, dans le village, à une manifestation contre le régime (0'20 et 1'30) dont elle ne peut nier le caractère pacifique". Se mêler à la population, ou prendre les infos des chaînes de télévision verrouillées par le pouvoir ? Faire partie d'une manifestation où il n'y a aucun heurt pour écrire après que les gens qui y participent commettent seuls des violences ? Dans les deux cas, encore une fois, c'est de l'espionnage d'amateur. La suite est connue : pour l'équipe de France 2, ce sera en effet un guet-apens :
" Les journalistes, entrés dans leurs véhicules pour partir vers l'hôpital, sont bloqués par l'une d'entre elles. Des gens invitent des journalistes "à sortir des voitures" pour leur tenir un discours contre les rebelles. Ils "semblaient en mission commandée ", se souvient un des deux journalistes suisses. Soudain, une première déflagration. Selon France Télévision, malgré la réticence des journalistes, "la foule va rouvrirles portes [des voitures], extraire les journalistes, et le journaliste reporter d'images Christophe Kenck sera même conduit vers les futurs lieux d'impact des tirs", poussé par la taille. Les journalistes suisses, méfiants, restent aux véhicules. Ils racontent ces hommes – un jeune au pull blanc, un militaire... – qui reviennent plusieurs fois à la charge pour les inciter à se rendre là où tombent les obus. Ils voient, sur les toits,"des hommes qui bougent", probablement des snipers. Et, nerveux, se collent aux militaires pour ne pas être visés. Pendant ce temps, une deuxième, puis une troisième explosion retentit. Dans la plus grande confusion, Gilles Jacquier est monté sur le toit d'un immeuble, entraîné par des Syriens. En sortant, un quatrième tir le touche de plein fouet, et le tue".
Selon Anouar Malek encore, la responsabilité du pouvoir dans le décès du journaliste français est écrasante en effet, et le pouvoir aux abois, comme Kadhafi à ces derniers jours qui en était réduit lu aussi à invoquer Al-Qaida comme manipulant son pays (****) : "le système utilise ça pour prétendre auprès des Occidentaux qu'il y a des attaques terroristes d'al-Qaïda dans le pays, mais il n'y a aucun terrorisme. J'ai rencontré des membres de l'armée libre syrienne et je peux témoigner qu'ils ne sont aujourd'hui que dans une position défensive. Ils ne commettent pas d'attaques. De même concernant la mort de Gilles Jacquier. J'ai eu depuis au téléphone les chefs de l'armée libre syrienne et ils nient absolument les affirmations proférées dans "le Figaro". Ils jurent ne pas être à l'origine du tir de mortier qui a coûté la vie au journaliste français. Et ils appellent d'ailleurs les journalistes français et européens à venir dans leur pays pour témoigner de leur agonie."
Une enquête a été diligentée par la France. On ne sait si elle pourra avoir lieu. En, tout cas, des juges auront je pense des questions à poser à l'ancienne hippie devenue nonne. Abesse-espionne, ça n'est pas courant je vous l'avoue, mais autour de Thierry Meyssan (****) tout est possible, on le sait, hélas.
(*) "Dans les années 70, né d’une famille bordelaise conservatrice, il a un temps été l’icône du mouvement charismatique, un mouvement sectaire et intégriste chrétien. Avant d’en être exclu. Son mariage ayant été annulé pour « homosexualité » par l’Eglise catholique le 17 janvier 1990.
Il rejoint alors le mouvement homosexuel, notamment à l’association Gais pour les libertés (GPL), d’où il se fait exclure le 10 janvier 1989 après s’être fait élire — au nom de l’association mais sans l’avoir consultée — secrétaire général adjoint de l'International Lesbian and Gay Association. Il sera par la suite exclu d’autres associations gays et lesbiennes, notamment l’ILGA, pour pour s’être autoproclamé « secrétaire à l'information » (un titre qui n'existe pas),
Il prétend avoir créé la Maison des Homosexualités. Ce qui est contesté par tous ses fondateurs.
En 1990, il intervient dans l’affaire du pasteur Doucé, un religieux connu pour militer pour la dépénalisation de la pédophilie, mystérieusement assassiné, et que Meyssan fréquentait au sein du Centre du Christ Libérateur. Un local accueillant des réunions pour : « Sado-maso », « travestis », « transsexuelles » et qui consacre des mariages homosexuels. Meyssan écrira a plusieurs journaux pour attribuer sa mort à l’extrême droite avant de changer de version. Le pasteur Doucé aurait selon lui était tué par les Iraniens. Le 8 août 1990, il est entendu par la Brigade criminelle, qui ne prend pas sa déposition au sérieux. Mais Le Monde en fait état le 31 août 1990."
(**) "Que représentent donc les melkites, dont l'art byzantin aux accents tardifs italianisants paraît si fertile ? Il s'agit tout simplement des plus anciens chrétiens du monde, ceux-là mêmes qui, non juifs mais voisins immédiats de ces derniers, ont été les premiers à embrasser la Croix. Issus des populations sémites antiques de Palestine et de Syrie, ils sont aujourd'hui palestiniens, syriens, libanais ou égyptiens, ou ont émigré en Europe, aux Etats-Unis ou en Amérique latine. Leur appellation provient de leur foi. Lors du premier schisme de la chrétienté, à l'issue du concile de Chalcédoine (451), ils ont en effet choisi de rester fidèles à l'empereur de Byzance (malik,ce qui signifie roi en arabe) et ont conservé la foi orthodoxe. Tandis que la plupart des Eglises orientales - syriaques (ou jacobites), arméniens, coptes, éthiopiens - rejetaient la doctrine de la double nature du Christ (humaine et divine), imposée par Byzance, et versaient dans le schisme monophysite, selon lequel le Christ n'aurait qu'une seule nature, divino-humaine. Alignés sur Byzance, c'est en toute logique que les melkites ont ensuite suivi les grecs contre Rome lors du schisme d'Orient entre le pape et Constantinople, en 1054. Mais, bien plus tard, à la faveur d'une grande offensive missionnaire catholique au Proche-Orient, au XVIIIe siècle, certains melkites, emmenés par le patriarche d'Antioche Cyrille VI, se sont ralliés à Rome (1724), tout en conservant strictement le rite byzantin. Du reste, le mouvement rencontra un vrai succès dans tout l'Orient puisque, à l'instar des melkites, certaines communautés arméniennes, syriaques ou coptes ont également rejoint Rome à la même époque et créé des Eglises catholiques de rite oriental. C'est d'ailleurs à ce contact avec les mission-naires latins que l'on devra le renouveau de l'imprimerie arabe, car beaucoup de livres melkites sortiront des presses de Rome, comme l'exposition permet de s'en rendre compte. Quoi qu'il en soit, cette communauté, même divisée en deux Eglises, est très vivante, puisque l'on compte aujourd'hui environ 980 000 melkites de rite catholique oriental et bien davantage de melkites orthodoxes, plus directement nommés orthodoxes".
(***) Un higoumène ou hégoumène est le supérieur d'un monastère orthodoxe ou catholique de rite oriental. Le terme équivalent, en Occident, est celui d'abbé ou d'abbesse.
Le terme provient directement du grec ἡγούμενος / hêgoúmenos, participe présent du verbe ἡγέομαι /hêgéomai, signifiant littéralement « marcher devant », d'où « conduire, commander »`
(****) une belle liste ici des soutiens de Meyssan : on notera les négationnistes... et Livernette !
Le Libre Penseur (LLP), Pierre Dortiguier, philosophe ; Ginette Skandrani, fondatrice du Parti des Verts (dont elle a été exclue depuis) ; Alain Soral, écrivain ; Dieudonné M’bala M’bala , humoriste, acteur, et militant politique Maria Poumier, écrivain ; Johann Livernette, écrivain ; Béatrice Pignède, réalisatrice ; Paul-Eric Blanrue, écrivain ; Francesco Condemi, réalisateur ; John Bastardi Daumont, avocat ; Marc George (Médialibre) ; Frédéric Courvoisier, Claude Covassi et Spencer Delane, fondateurs de Mecanopolis.org
(****) preuve qu'Al-Qaida est bien une vue de l'esprit pratique pour les pouvoirs forts.
222 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON