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Les commentaires de Cassandre



  • Cassandre 11 mars 2010 20:54

    Le fin mot de l’histoire, qu’on trouve sur le blog de « Sauvons le climat » (http://sauvonsleclimat.typepad.fr/) :

    SDN dénonce la recherche de la meilleure sûreté possible pour les réacteurs nucléaires !

    « Sortir du Nucléaire(SDN) » a communiqué samedi 6 mars 2010 un ensemble de notes d’études émanant d’EDF, assorti d’une synthèse de son cru selon laquelle, notamment, « certains modes de pilotage du réacteur EPR peuvent provoquer l’explosion du réacteur à cause d’un accident d’éjection de grappes (qui permettent de modérer, d’étouffer la réaction nucléaire). Ces modes de pilotage sont essentiellement liés à un objectif de rentabilité économique, qui implique que la puissance du réacteur puisse être adaptée à la demande électrique. Ainsi, dans le but de trouver une hypothétique justification économique à l’EPR, ses concepteurs ont fait le choix de prendre le risque très réel d’un accident nucléaire. De plus, l’essentiel des arguments en faveur de l’EPR (puissance, rendement, diminution des déchets, sûreté accrue) s’avèrent faux ».

    Ce communiqué est diffusé au moment de la conférence internationale sur le nucléaire civil ; c’est de bonne guerre. Il est aussi diffusé au moment où rien en va plus entre Philippe Brousse, directeur du réseau, et Stéphane Lhomme, personnalité emblématique dudit réseau ; le premier nommé se devait d’affirmer sa légitimité.

    Comme d’habitude il s’agit là d’une présentation fallacieuse et de mauvaise foi visant à démolir l’industrie nucléaire française (c’est en effet la seule qui « bénéficie » des diatribes de SDN) en agitant des épouvantails auxquels certains de nos compatriotes sont d’autant plus sensibles qu’ils semblent reposer sur des arguments techniques difficilement compréhensibles pour ceux qui ne connaissent pas le sujet. Grâce a ses « espions », SDN s’est procuré un certain nombre de documents de travail d’EDF portant sur un aspect des études de sûreté pour l’EPR. Avant de rentrer davantage dans le détail, il y a lieu de rappeler en quoi consiste une étude de sûreté d’un réacteur.

    Il s’agit de définir des scénarios qui pourraient aboutir à un accident. Après qu’un tel scénario ait été défini il faut évaluer sa probabilité, puis prendre des mesures pour la réduire le plus possible. Ensuite de quoi, si, malgré tout, l’accident se produisait il faut s’assurer qu’il ne pourrait pas avoir de conséquences sérieuses pour la santé du public et des travailleurs. Par exemple, le pire accident qui puisse arriver est la perte de l’eau qui assure l’extraction de la chaleur du cœur du réacteur. Cet accident pourrait se produire en cas de rupture des grosses canalisations qui relient le cœur du réacteur et les échangeurs de température. Dans ce cas la réaction de fission s’arrête d’elle même car les neutrons ne sont plus ralentis. Mais la radioactivité résiduelle continue de chauffer les éléments combustibles. On met alors en œuvre des systèmes de refroidissement de secours pour éviter la fusion du combustible, qui conduirait à la perte du réacteur, et, donc à une perte financière considérable. Mais dans une étude de sûreté, on ne se contente pas de « faire confiance aux systèmes de refroidissement de secours », on fait l’hypothèse pénalisante que, pour une raison ou une autre ces refroidissements de secours ne fonctionnent pas. On s’acheminerait alors vers la fusion du cœur. Jusque là, l’analyse de sûreté consiste à définir les mesures qui permettent de limiter le plus possible la probabilité de cette fusion (c’est, évidemment l’intérêt économique de l’opérateur puisque la fusion du cœur est synonyme d’une perte de plusieurs milliards d’Euros !) . Pour l’EPR cette probabilité doit être inférieure à un pour cent mille ans de fonctionnement du réacteur. L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) doit vérifier que tel est bien le cas. En cas de fusion il y a dégagement d’hydrogène susceptible de réagir de manière explosive avec l’oxygène de l’air. L’enceinte de confinement du réacteur doit résister à une telle explosion, ce qui n’empêche pas de disposer de recombineurs d’hydrogène pour limiter ou même supprimer cette dernière. La sûreté, c’est donc la ceinture+ les bretelles. Et faire des économies sur la sûreté des réacteurs est un non sens économique.

    On voit donc que, dans ce processus d’amélioration de la sûreté, il faut bien prendre en considération des évolutions graves et peu probables pour en limiter encore la probabilité et, en ultime recours, démontrer que l’accident ne pourra pas avoir de conséquences sanitaires à l’extérieur de l’enceinte du réacteur.

    Les documents que s’est procuré SDN portent sur un point très spécifique, celui de la possibilité d’une éjection de grappe de contrôle (EDG). De quoi s’agit-il ?

    Les Réacteur à Eau Pressurisée disposent de deux systèmes de pilotage et arrêt :

    1.Les grappes de commande qui peuvent être introduites ou extraites du cœur du réacteur. Il y en a quatre vingt neuf dans l’EPR ; elle sont constituées d’un matériau absorbant les neutrons. Les barres dites « noires » sont fortement absorbantes et les « grises » le sont moins.

    2.Le bore soluble, également absorbant, dont on peut faire varier la concentration (et donc l’absorption) ; on peut aussi faire une injection rapide de bore pour étouffer la réaction en situation accidentelle.

    Pour opérer des variations rapides de puissance, on utilise les grappes dont les mouvements sont rapides. Par exemple si, fonctionnant à pleine puissance, on veut passer à un régime à 50% de puissance, on insère tout ou partie des grappes. Et on les sort si on veut remonter en puissance.

    Dans toutes les études de sûreté de réacteurs, (EPR ou non) on envisage l’éventualité qu’une grappe de commande (qui, par construction, n’est pas fixée mais est mobile) soit éjectée du fait de la forte pression qui règne dans le cœur du réacteur. Cette éjection entraîne un percement de la cuve du réacteur et, donc, conduit à un accident considéré comme grave, bien que beaucoup moins grave que celui de perte totale du réfrigérant.

    Une éjection de grappe serait d’autant plus violente que les barres de contrôle seraient plus enfoncées. C’est ici qu’on rencontre la spécificité des réacteurs français. Du fait que le parc nucléaire représente près de 80% de la production d’électricité, on conçoit que si la demande varie il faut aussi que la production du parc nucléaire s’ajuste, au moins partiellement, à cette variation. A cette fin, en dehors des périodes de forte demande, on fait marcher les réacteurs à une puissance inférieure à leur puissance nominale. Pour ce faire, on insert des barres absorbantes dans le réacteur. Lorsque la demande croît on les relève pour augmenter la puissance. C’est ce qu’on appelle une fonctionnement en suivi de charge. Sur les réacteurs actuels ceci est obtenu grâce à des barres peu absorbantes, les barres dites grises, qui permettent de piloter le réacteur « en douceur ».

    Le réacteur EPR n’était pas prévu, lors de sa conception, pour fonctionner en suivi de charge, car, économiquement, il y a intérêt à faire travailler le réacteur à pleine puissance (a cet égard l’affirmation de SDN selon laquelle le fonctionnement en suivi de charge serait exigée par la rentabilité économique est, tout simplement, stupide). Les barres de contrôle étaient donc des barres « noires » fortement absorbantes et supposée rester en position haute (peu insérées) en fonctionnement normal. EDF souhaitait, toutefois, garder la possibilité de suivi de charge, l’EPR de Flamanville étant une tête de série préfigurant les réacteurs devant remplacer les réacteurs actuels d’une part, le développement de la production éolienne impliquant des besoins croissants de modulation rapide de la puissance du parc nucléaire, d’autre part.

    Les documents publiés sur le site de SDN reflètent l’étude de sûreté faite par EDF (en liaison avec AREVA) pour vérifier que le fonctionnement en suivi de charge de l’EPR, avec des « barres noires », ne constituait pas une pénalité inacceptable sur le plan de la sûreté. En 2007 il fut décidé, à la suite de cette étude, qu’il était préférable de revenir à l’utilisation de barres grises, comme dans les réacteurs actuels.

    En réalité, l’examen de ces documents montre bien avec quel souci du détail et d’exhaustivité sont menées les études de sûreté aussi bien par EDF que par AREVA, l’ensemble étant, en dernier ressort, examiné et évalué par les spécialistes de l’IRSN pour le compte de l’ASN.

    C’est donc bien cette démarche de sûreté exigeante que condamne SDN, qui n’est d’ailleurs pas novice dans cette politique de Gribouille.

    Pour montrer le sérieux de SDN on peut reprendre l’évaluation économique qu’il fait de l’EPR, considéré comme fournissant « une énergie ruineuse ». SDN retient la valeur officielle de 55 €/MWh qu’il compare aux 33 €/MWh obtenus avec les réacteurs actuellement en fonction. C’est vrai mais c’est oublier que les réacteurs actuels sont pratiquement amortis. Il est réconfortant de voir que SDN reconnaît la rentabilité du nucléaire puisqu’il cite lui-même une valeur de 100 €/MWh dans les périodes de pointe. Or ce prix est déterminé par celui du courant fourni par les centrales à charbon ou à gaz. Par ailleurs SDN « oublie » que le courant produit par les éoliennes est racheté 82 €/MWh et celui produite par les centrales photovoltaïques à 500 €/MWh. Sans le vouloir, sans doute, SDN fait une démonstration éclatante de la rentabilité du nucléaire. En quoi serait-ce une « énergie ruineuse » ?

    En conclusion on ne peut que remercier Philippe Brousse et « Sortir du Nucléaire » d’avoir montré à quel point EDF et AREVA prenaient au sérieux les études de sûreté.



    Une analyse approfondie du dossier de SDN, due à Dominique Vignon ancien Président de Framatome NP est disponible à l’adresse :

    http://www.sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/Commentaires_DV-_Une_technologie_explosive.pdf



  • Cassandre 11 novembre 2009 16:05

    Cher epapel, vous avez 100 fois raison, et vous perdez votre temps. Rien à faire face à la mauvaise foi.

    Pas la peine de s’en faire, la planète va réguler ça toute seule, en éliminant l’excédent de parasites qui lui pourrissent l’atmosphère.

    Il paraît que ça commence fin 2012.



  • Cassandre 31 octobre 2009 14:24

    Comment avoir confiance, si peu que ce soit, dans ce que raconte un auteur capable de pondre un article sur l’énergie en Suède sans citer une seule fois l’hydroélectricité ?



  • Cassandre 18 octobre 2009 11:15

    Une des choses qui caractérise les idéologues dans votre genre, c’est l’absence d’humour. Je vous donne en prime une INFORMATION qui va plutôt dans votre sens, il n’y avait rien à répondre, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de dévider votre catéchisme !

    Les plus mauvais articles d’Agoravox se reconnaissent à l’abondance des interventions de l’auteur dans les commentaires (si l’article était bon, il n’y aurait rien à ajouter). Vous détenez le pompon !



  • Cassandre 17 octobre 2009 15:02

    Article d’humeur, ou d’idéologie, par quelqu’un qui n’a pas fait l’effort de se documenter sérieusement (pas de doute, c’est donc bien du journalisme - c’est pareil dans les « grands médias ») .

    Plus sérieusement, on peut se demander pourquoi l’ASN a fait arrêter le nettoyage des BàG, alors que le risque d’accident de criticité était a priori supérieur quand l’installation fabriquait du combustible : si rien n’est arrivé alors, pourquoi arriverait-il qqchose une fois qu’il ne reste que des poussières ?

    La réponse serait qu’une des BàG déjà démantelée aurait contenu à elle seule 10 kg de Pu ! Là, si on regroupe tout ça dans la bonne géométrie et avec un modérateur, ça craint pour tout ce qui bouge à proximité !

    La décision de l’ASN paraît donc logique : le CEA et /ou AREVA doivent démontrer que leur façon de faire écartera tout risque d’accident pour les BàG qui restent, quelque soit leur contenu individuel en poussières de Pu.



  • Cassandre 17 octobre 2009 14:57

    Mdr, comme d’hab avec l’inéluctable Cabanel !

    Plus sérieusement, on peut se demander pourquoi l’ASN a fait arrêter le nettoyage des BàG, alors que le risque d’accident de criticité était a priori supérieur quand l’installation fabriquait du combustible : si rien n’est arrivé alors, pourquoi arriverait-il qqchose une fois qu’il ne reste que des poussières ?

    La réponse serait qu’une des BàG déjà démantelée aurait contenu à elle seule 10 kg de Pu ! Là, si on regroupe tout ça dans la bonne géométrie et avec un modérateur, ça craint pour tout ce qui bouge à proximité !


    La décision de l’ASN est donc logique : le CEA et /ou AREVA doivent démontrer que leur façon de faire écartera tout risque d’accident pour les BàG qui restent, quelque soit leur contenu individuel en poussières de Pu.



  • Cassandre 16 octobre 2009 18:27

    Ces controverses sur le nucléaire, ce sont les byzantins discutant du sexe des anges juste avant la prise de la ville par les Turcs.

    Je vous laisse deviner ce que je désigne par « Turcs » aujourd’hui.



  • Cassandre 13 février 2009 19:23

    Ce qui serait sympa, cher auteur, ce serait que vous LISIEZ les commentaires pour essayer de les COMPRENDRE, au lieu de balancer la réponse standard toute prête selon la catégorie dans laquelle vous avez classé le commentateur.

    J’ai écrit tout autre chose que ce à quoi vous répondez. Si, si, je vous assure ! Vérifiez !



  • Cassandre 13 février 2009 12:14

    Ce qui me fait pleurer, ce sont les centaines de milliers de victimes des catastrophes climatiques, dont notre belle civilisation occidentale est responsable et que les soit-disants écolos ont travaillé depuis 30 ans à aggraver, en aidant les marchands de charbon et d’hydrocarbure à stopper le développement de l’électronucléaire. A chacun sa sensibilité.

    Maintenant que l’on sait où les émissions de GES mènent (des milliards de morts), ceux qui persistent dans cette voie ne sont plus seulement responsables, mais aussi coupables.



  • Cassandre 13 février 2009 12:06

    Reportage antinucléaire standard : quelques vrais problèmes dont il faut vraiment s’occuper, sans qu’il y ait le feu au lac (les résidus qui ont concentré les descendants de l’uranium) noyés dans un flot d’amalgames, le tout nappé d’une sauce terrorisante (musique, crépitement des appareils, lumière glauque...), dans le but de jeter le bébé (l’électronucléaire) avec l’eau du bain (les turpitudes d’AREVA, qui sont du même type, ni plus ni moins, que celles de tous les industriels confrontés à des dépenses de dépollution - cf Total et l’Erika, Metaleurop).

    Amalgame entre les mineurs d’uranium, réellement exposés au radon, et des promeneurs exposés quelques heures en plein air.

    Amalgame entre les résidus d’extraction chimique de l’uranium et les stériles : les résidus sont plus radioactifs, mais de ce fait n’ont pas la durée de vie de l’uranium, dont ils ont été débarrassés.

    Terrorisme des "chocs/s", qui ne disent rien de l’effet sur les tissus vivants, car on ne connaît pas l’énergie ni la nature du rayonnement : ce sont les µSv/h, multipliés par le nombre d’heures d’exposition, qui importent.

    Clou du spectacle : Mme Lucet , face à Borloo, trouve ce risque plus important que le changement climatique !! Je trouve que FR3 devrait lui offrir un petit séjour en Australie du Sud (p. ex.) pour lui apprendre le sens des priorités.

     Et pour rire le gag du début où E Lucet, après avoir dénoncé ce danger sournois et indétectable des radiations, s’empresse de les détecter elle-même avec sa machine à crépiter !



  • Cassandre 12 février 2009 17:15

    MM. les bonnes âmes, je cherche à être factuel et logique, pas à surfer sur l’émotionnel à 2 balles. Rien de tel qu’une bonne réaction émotionnelle pour faire n’importe quoi, l’Histoire le montre. Dans un tel état, cortex déconnecté, vous n’êtes plus que de la matière première pour manipulateurs professionnels.



  • Cassandre 12 février 2009 12:48

    Reportage antinucléaire standard : quelques vrais problèmes dont il faut vraiment s’occuper, sans qu’il y ait le feu au lac (les résidus qui ont concentré les descendants de l’uranium) noyés dans un flot d’amalgames, le tout nappé d’une sauce terrorisante (musique, crépitement des appareils, lumière glauque...), dans le but de jeter le bébé (l’électronucléaire) avec l’eau du bain (les turpitudes d’AREVA, qui sont du même type, ni plus ni moins, que celles de tous les industriels confrontés à des dépenses de dépollution - cf Total et l’Erika, Metaleurop).


    - Amalgame entre les mineurs d’uranium, réellement exposés au radon mais finalement pas si pénalisés que ça (50 % de cancers en plus, vu leur exposition et le tabagisme de l’époque, c’est étonnamment peu) et des pékins exposés quelques heures en plein air.


    - Amalgame entre les résidus d’extraction chimique de l’uranium et les stériles : les résidus sont plus radioactifs, mais de ce fait n’ont pas la durée de vie de l’uranium, dont ils ont été débarrassés.


    - Terrorisme des "chocs/s", qui ne disent rien de l’effet sur les tissus vivants, car on ne connaît pas l’énergie ni la nature du rayonnement : ce sont les µSv/h, multipliés par le nombre d’heures d’exposition, qui importent.


    - Clou du spectacle : Mme Lucet , face à Borloo, trouve ce risque plus important que le changement climatique !! Je trouve que FR3 devrait lui offrir un petit séjour en Australie du Sud (p. ex.) pour lui apprendre le sens des priorités.



  • Cassandre 1er septembre 2008 15:06

    Pour sortir du n’importe quoi habituel, voici un peu de précision, issu du site de l’IRSN (ça remonte à l’attentat sur Litvinenko). A part ça, ça doit faire 20 ans que je sais qu’il y a du 210Po un peu partout, et spécialement dans le tabac. Qui cherche trouve... Mais n’en concluez pas que fumer du tabac bio est inoffensif : on surestime le danger des radioéléments, et on sous-estime celui des hydrocarbures (benzène, goudrons...), pour la plupart cancérigènes.

    "Découvert en 1898 par Marie Curie, le polonium 210 (210Po), produit de filiation de l’uranium 238, est un radionucléide naturel omniprésent à l’état de traces dans l’environnement, avec ses précurseurs, le radon 222 et le plomb 210. C’est le plus abondant des 29 isotopes du polonium, avec une période radioactive de 138,4 jours (ce qui est plutôt court, en 4 ans il ne reste rien, ndr).
    Son activité spécifique est très élevée : 1,66.1014 Bq par gramme de 210Po. Il émet à 99,999 % des particules alpha d’énergie égale à 5,304 MeV et à 0,001 % des rayonnements gamma d’énergie égale à 0,80 MeV, et se transforme en plomb 206 stable.
    Le radon 222, gaz radioactif précurseur du 210Po, est à l’origine d’une présence permanente du 210Po en suspension dans l’atmosphère (aérosols). Sa concentration dans l’air est de l’ordre de 50 mBq/m3 mais peut varier en fonction de l’importance locale de l’exhalaison du radon et de la présence d’activités industrielles favorisant son émission (activités minières, industrie des phosphates, etc.). Il est également émis en abondance par l’activité volcanique.
    On trouve également le 210Po dans les premiers centimètres des sols, sous l’effet de la décroissance radioactive du radon 222 dans les couches superficielles du sol et des retombées atmosphériques du 210Po en suspension dans l’air. Il se fixe alors sur les particules du sol de façon quasi irréversible, par co-précipitation avec des hydroxydes métalliques ou sous forme de sulfure. C’est un élément peu mobile, dont la concentration dans les sols varie de 10 à 200 Bq/kg (sol sec). Sa concentration peut être nettement plus élevée dans les résidus d’exploitation des mines d’uranium (15 000 à 22 000 Bq/kg).
    Dans les océans, il est émis directement dans l’eau ou par échange avec les formes volatiles de l’air. Il se présente généralement sous forme insoluble et associée à la phase particulaire ou colloïdale. De ce fait, il se retrouve piégé dans les sédiments lié à d’autres phases minérales ou précipité sous forme de sulfure.
    Le 210Po a également une origine artificielle : il peut être produit dans un réacteur nucléaire par bombardement neutronique de bismuth 209, générant ainsi du bismuth 210 qui se transforme alors, par émission bêta, en polonium 210 selon une période physique de 5 jours. Dans l’industrie, le polonium peut être utilisé dans les appareils qui ionisent l’air pour éliminer l’accumulation de charges électrostatiques produites, par exemple, lorsque l’on enroule du papier, des fils ou des feuilles métalliques.
     

    Comportement du polonium 210 dans l’environnement

    La voie d’entrée majoritaire du 210Po dans les végétaux terrestres est le transfert foliaire qui n’est pas, ou peu, suivi d’incorporation ni de translocation ; il reste principalement concentré sur les feuilles(*).

    Le transfert du 210Po aux animaux s’effectue principalement par ingestion. Les facteurs de transfert sont relativement importants mais varient en fonction du mode de vie des animaux (quantités ingérées) et des organes cibles. Ainsi, la concentration du 210Po varie entre 3,7.10-2 Bq/kg (produit frais) dans le muscle de bœuf et 332 Bq/kg dans le foie de Caribou.

    Les organismes aquatiques, en particulier le plancton et les invertébrés, ont la capacité de concentrer le 210Po présent dans l’eau, dans les tissus mous et les viscères pour les animaux. La capacité de concentration est moindre chez le poisson, les activités massiques les plus faibles étant observées au niveau de la chair, qui constitue la partie consommée par l’homme.

    Dans les eaux marines, le 210Po présente une forte affinité pour les matières en suspension. La voie principale d’entrée chez les animaux est l’ingestion. Le 210Po se concentre fortement dans les animaux marins où des activités beaucoup plus importantes que dans le milieu ambiant peuvent être observées dans certains organes, glande digestive des mollusques, hépatopancréas des crustacés, foie des poissons. A titre d’illustration, la concentration du 210Po habituellement observée dans les moules se situe entre 150 et 600 Bq/kg (produit sec). Dans le poisson, les concentrations sont plus faibles, de l’ordre de quelques Bq/kg (produit sec). Ainsi, le 210Po contribue à une part importante des doses reçues par les êtres humains du fait de la consommation de produits de la mer.


    (*) Le polonium 210 est notamment présent dans les feuilles de tabac, ce qui explique qu’il est retrouvé en plus grande quantité chez les fumeurs.

     

     

    Comportement du polonium 210 chez l’Homme

    Le parcours dans l’air des particules alpha émises par le 210Po est très court (inférieur à quelques centimètres). Pas conséquent, ce radionucléide n’est susceptible d’exposer l’organisme qu’en cas de contamination interne (incorporation par ingestion, inhalation ou injection) ou de contact cutané direct.

    De part sa présence dans l’environnement, l’homme est exposé en permanence au polonium 210, par inhalation et par ingestion. Ainsi, la dose efficace annuelle due à ce radionucléide est en moyenne d’environ 0,07 mSv pour un adulte. Le polonium 210 incorporé par l’homme est naturellement excrété dans les urines et les selles dans des quantités variables, les mineurs d’uranium et les fumeurs éliminant des quantités plus importantes que les non fumeurs. Du fait de l’équilibre qui s’établit entre l’incorporation et l’excrétion, l’activité totale présente en permanence en moyenne chez un adulte est estimée à environ 30 Bq (soit 0,18 picogrammes).

    Proche du soufre et du sélénium, le comportement biologique du polonium 210 est voisin de celui des terres rares. Une fois incorporé dans l’organisme, le polonium 210 se distribue rapidement dans les tissus mous via la circulation sanguine. Après ingestion, son absorption varie entre 10 % et environ 50 % en fonction de la forme physico-chimique sous laquelle il est administré. Dans le sang et dans le plasma, il présente une très forte affinité pour les hématies (90 % du polonium 210 contenu dans les éléments figurés du sang est lié aux globules rouges) et pour les protéines plasmatiques. Après ingestion ou injection, environ 30 % du polonium 210 incorporé se distribue dans le foie, la rate et les reins. Des concentrations supérieures à la moyenne des autres tissus (exceptions faites du foie, de la rate et des reins) sont par ailleurs observées dans la moelle osseuse et les ganglions lymphatiques, ainsi que dans les poumons, ces derniers étant l’organe cible du polonium 210 inhalé. Le radionucléide est alors éliminé dans les selles et les urines selon une période biologique d’environ 50 jours (temps au bout duquel la moitié de la quantité de 210Po a été excrétée de l’organisme), les quantités retrouvées dans les selles étant en moyenne 9 fois supérieures à celles mesurées dans les urines. Quelques études ont montré que le polonium 210 pouvait être également retrouvé dans les cheveux des personnes exposées.

    Le devenir du polonium 210 et sa toxicité ont fait l’objet de nombreux travaux expérimentaux menés dans les années 1940 à 1970 chez la souris, le rat, le lapin, le chat, le chien, le tamarin et le babouin. Ces études montrent qu’après injection ou ingestion de polonium 210 sous forme de citrate, chlorure, hydroxyde colloïdal ou nitrate (le citrate de polonium 210 semblant être le mieux absorbé), les animaux développent des signes cliniques et biologiques tels que, perte de poids, asthénie, état léthargique, dysfonctionnement des fonctions hépatique, rénale, splénique, pulmonaire, pancréatique, et hématopoïétique, atrophie des ganglions lymphatiques, sclérose des vaisseaux sanguins (notamment au niveau des reins et des testicules), l’ensemble de ces symptômes s’accompagnant d’une disparition quasi-totale des lymphocytes, avant que le décès n’intervienne généralement par collapsus cardiovasculaire. Les doses conduisant à la mort de 50 % des animaux dans un délai de 20 jours après l’intoxication sont de l’ordre de 18 nanogrammes/kg de poids corporel chez la souris, le lapin, le chat et le chien, et de 9 nanogrammes/kg de poids corporel chez le rat. Ces données expérimentales laissent présager que des quantités très faibles de polonium 210, de l’ordre de quelques microgrammes, seraient suffisantes pour se traduire par l’apparition d’effets délétères aigus chez l’homme.

    Quelques études menées chez le rat contaminé par injection d’une solution de nitrate de 210Po ont montré qu’une accélération de l’excrétion pouvait être obtenue après une administration rapide par voie intramusculaire ou sous-cutanée d’agents chélateurs présentant des groupements thiols, tels que le HOEtTTC (N,N’-di(2-hydroxyethyl)ethylenediamine-N,N’-bisdithiocarbamate) et le BAL (British Anti Lewisite ou 2,3-dimercaptopropanol). Avec ce dernier composé (traitement de référence en France), les rats traités présentaient une survie moyenne de 82 jours, contre 21 jours pour les rats non traités. Néanmoins, aucune étude validant ces données chez l’homme n’a été publiée à ce jour.

    Peu de données relatives à des expositions accidentelles au polonium 210 chez l’homme sont disponibles. Les cas connus à ce jour concernent des personnes exposées suite à un contact avec une source fuyarde de Po-Be : seules quelques perturbations transitoires sans conséquence clinique des fonctions hépatique (augmentation de la concentration plasmatique de bilirubine) et rénale (diminution de la perfusion) ont été observées chez ces personnes, dont l’activité incorporée en polonium 210 au niveau du corps entier variait de 0,034 à 2,41 nanogrammes.



  • Cassandre 23 mai 2008 16:40

    Bien vu, j’aurais aimé écrire cet article...en y ajoutant les catastrophes climatiques (grâce auxquelles, si jamais on trouvait un pactole pétrolier quelque part, ce scénario aurait lieu tout de même, dans une variante bellico-migratoire).

    Cette civilisation doit avoir une chance sur mille de franchir ce siècle, à condition qu’une belle brassée de miracles se produisent : technologies énergétiques inattendues sans émission de GES, séquence d’éruptions volcaniques pour obscurcir un peu le ciel, un soleil sans aucune tache, des technologies pour retirer rapidement l’excès de GES de l’atmosphère et pour augmenter l’albedo de la planète... Et autant de progrès en sciences humaines pour comprendre comment on en est arrivé là et trouver comment ne jamais recommencer !



  • Cassandre 4 décembre 2007 14:32

    L’UFC n’a jamais été politiquement indépendante, et affiche souvent des positions écologistes ultra, p. ex. : antinucléarisme systématique, quite à carrément mentir sur la réduction des émissions de CO2 comme dans le numéro de ce mois.



  • Cassandre 3 décembre 2007 13:58

    Je pense qu’il s’agit plus d’hypocrisie et de calcul que d’irresponsabilité de la part des politiques.

    Je me suis battu en vain contre les motos tout-terrain qui circulent sur la voie publique sans homologation (Commission européenne, ministères, député... pas de réponse) ; je pense avoir compris : nous sommes en pleine application du principe « panem et circenses ». Il faut laisser les jeunes cons se défouler avec des pratiques dangereuses et interdites, pendant ce temps-là ils ne font pas de politique ! Et si certains se cassent la gueule pour le compte, ça fait toujours quelques cons de moins à gérer !

    Sans compter que ça fait marcher le commerce...



  • Cassandre 15 novembre 2007 13:45

    Bravo, je trouve cet article très intéressant (émotion positive qui m’a permis de le lire attentivement !).

    Ceci dit, il se construit tellement de choses sur la base, ou avec l’aide, des émotions, que certains blocages peuvent se produire qui ne facilitent pas, ensuite, l’appréhension de concepts qui semblent s’opposer aux acquis antérieurs. Une sorte d’« émotionnellement correct » va servir de filtre et interdire toute remise en cause de ce que la personne a défini comme bases indispensables à la poursuite même de son existence.

    L’émotionnel est un Janus : on ne peut s’en passer, mais souvent il nous emprisonne.



  • Cassandre 9 novembre 2007 15:01

    J’ai lu ce bouquin de Dupuy, il ne m’a pas emballé. Son utilisation du mimétisme girardien me paraît simpliste.

    Ce qui fait gagner un produit qui n’est souvent pas le meilleur (MS-DOS p. ex.) n’est pas un processus purement aléatoire : il y a des acteurs qui cherchent à gagner et qui vont utiliser les phénomènes de mode et d’imitation pour amplifier un petit gain initial !

    La théorie mimétique peut devenir elle-même un outil de manipulation, ce qui complique bigrement les choses.

    Quand à la phrase de Jonas, elle contient du vrai, bien sûr (quand on décide de faire rouler à gauche quelques dizaines de voitures, il est bien difficile de changer de côté une fois qu’il y en a des millions), mais quelle est son utilité pratique à moins d’être devins ?



  • Cassandre 21 octobre 2007 22:28

    Notre démocratie est représentative, pas participative ni directe : ce sont les élus qui décident, le droit du citoyen se limite à changer d’élu, ou à faire du lobbying par les moyens à sa disposition (manifs, grèves...).

    On peut le regretter (pas moi, quand je vois à quoi ressemblent les forums sur internet), mais c’est comme ça pour l’instant

    Il est donc normal qu’on ne vous ait pas demandé votre avis, sur ce sujet comme sur des milliers d’autres (par exemple, l’arrêt de Superphénix, pour rester dans le même domaine, ou le financement du grand éolien industriel, qui gaspille des ressources qui seraient 20 fois plus efficaces dans l’isolation du bâti ancien).



  • Cassandre 21 octobre 2007 22:03

    La science ne s’y perd pas du tout, elle bosse et produit des résultats : les 800 pages du rapport du GIEC (il y a des résumés), qui sont assez concluantes sur les risques et les responsabilités.

    Les connaissances d’il y a un siècle avaient même suffi à Arrhénius pour faire une estimation de l’effet d’un doublement du taux de CO2, assez bonne pour être dans la fourchette du GIEC. Une fois qu’on a saisi le principe de base, ça n’a rien de sorcier.

    Alors, pourquoi tout ce cirque, les simulations sur ordinateur qui prennent des mois etc.. ?

    Evidemment pour essayer de représenter le phénomène dans tous ses détails, afin de prévoir les évolutions régionales.

    Mais aussi parce que la lutte contre les émissions de GES est tellement désagréable qu’il faut sortir l’artillerie lourde pour faire bouger les comportements et décider les politiques à faire quelque chose. S’il y avait une solution simple, comme dans le cas de l’ozone stratosphérique, il y aurait assez peu de controverses : on appliquerait la solution, ne serait-ce que par précaution, vu l’ampleur des risques, et on n’en parlerait plus.