Discours de Sayed Abd-al Malik Badr al-Dine al-Houthi, dirigeant du mouvement de Résistance yéménite Ansar Allah, le 4 août 2019.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=oTdVsq1iMMo

Traduction : lecridespeuples.fr

Dès le début de l’agression saoudo-américaine contre le Yémen le 25 mars 2015, les acteurs et observateurs régionaux les plus perspicaces ont annoncé une défaite humiliante pour les Saoud, qui, forts du soutien militaire et diplomatique illimité des Etats-Unis et de leurs vassaux, se croyaient assurés d’une victoire totale en quelques semaines. Le Guide Suprême de la Révolution Islamique, Sayed Ali Khamenei, a annoncé que les Saoud se feraient trainer le nez dans la boue, et Hassan Nasrallah, le Secrétaire Général du Hezbollah, a annoncé la fin des Saoud et de l’asservissement qu’ils imposent aux peuples de la région via leur collaboration avec les Etats-Unis.

Après plus de quatre années de guerre, la coalition saoudo-américaine, aidée directement par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et même Israël, qui participe aux frappes contre le Yémen, n’a aucun accomplissement militaire à faire valoir. Car avoir tué des dizaines de milliers de civils et suscité la pire crise humanitaire du XXIe siècle, avec des millions de personnes au bord de la famine du fait du blocus impitoyable imposé par l’Arabie Saoudite (qui peut compter sur le silence complice des médias occidentaux), n’est certes pas un accomplissement militaire. Au contraire, le Yémen, le plus pauvre de tous les pays arabes, peut se vanter d’avoir mené plusieurs incursions dans le territoire saoudien, infligé des pertes militaires considérables aux agresseurs saoudiens, émiratis, soudanais et autres mercenaires internationaux grâce à sa capacité balistique et aérienne, et d’avoir frappé en profondeur le territoire saoudien des dizaines de fois (aéroports et bases militaires, jusqu’à des installations pétrolières proches de Riyad, suscitant une convocation d’urgence des pays de la Ligue Arabe, de l’Organisation des Etats Islamiques et du Conseil de Coopération du Golfe au triple sommet de La Mecquetriple sommet de La Mecque fin mai 2019). Encore tout récemment, le 10 juillet 2019, plus de 40 mercenaires pro-saoudiens ont été tués et des dizaines d’autres blessés dans une frappe contre une parade militaire, qui a tué le principal commandant des forces de sécurité soutenues par les Emirats. Malgré le blocus imposé au Yémen, celui-ci manufacture ses propres missiles et drones, qu’il utilise de manière terriblement efficace contre les installations stratégiques et les troupes ennemies.

Le 8 juillet, les Emirats Arabes Unis, fer de lance de la coalition saoudo-américaine, ont annoncé leur retrait du Yemen, du fait du coût insupportable de la guerre, de ses chances de succès inexistantes et des véritables risques qui pèsent sur l’économie émiratie. En 2018 et 2019, les Houthis ont affirmé avoir ciblé avec succès les aéroports de Dubaï et d’Abu Dhabi, et les capacités croissantes de la capacité balistique et aérienne yéménite, démontrées constamment sur le théâtre saoudien, font craindre le pire aux autorités émiraties. Quoi qu’il en soit, il est peu probable que la coalition survive à cette défection majeure.

Le peuple héroïque du Yémen, dont la résilience évoque celle du Viet Kong et de la Résistance de Gaza, peut compter sur l’aide de l’Iran et du Hezbollah, pour qui le conflit constitue un champ de bataille majeur contre l’Axe américano-saoudo-israélien, et un terrain d’entraînement idéal en vue de la Grande Guerre de Libération de la Palestine. De même que la guerre en Syrie constitue un théâtre majeur qui a permis au Hezbollah d’acquérir une véritable expérience offensive en territoire étranger, face à des combattants nombreux et bien plus déterminés que ceux de Tsahal, et de libérer de vastes étendues de territoire (bien supérieures à la superficie totale d’Israël), la guerre au Yémen a sans aucun doute permis au Hezbollah de renforcer son expertise en matière de drones de combats, qui jouent un rôle décisif dans la guerre.

Sayed Hasan

 

 

Transcription :

[…] En ce qui concerne l’agression (américano-saoudienne), nous y résistons victorieusement, Dieu merci, grâce au succès, à l’assistance et à la victoire que Dieu nous accorde, et qui nous permettent de résister de manière exceptionnelle. L’ennemi est dans une situation d’enlisement, et ses rangs se disloquent (davantage) jour après jour.

Nous espérons que les Emirats sont sincères dans leur annonce de retrait de leurs troupes, même s’ils ont essayé d’en changer le nom, présentant cela (non plus comme un retrait mais) comme un redéploiement (de leurs forces). Mais je conseille vivement aux Emiratis d’être sérieux (dans leur annonce de retrait), dans leur propre intérêt, notamment au niveau économique. Leur situation est dangereuse au niveau économique, et à tous les niveaux. Leur entêtement dans l’agression et leur poursuite de l’occupation de notre pays est un danger pour eux, et ils en portent toute la responsabilité. Nous leur conseillons d’être sincères et sérieux dans cette direction (le retrait de leurs forces). Si c’est le cas, ils auront pris la bonne position, que nous espérons également voir prendre par tous les pays de la coalition, la coalition de l’agression contre notre digne peuple yéménite.

Le régime saoudien, qui s’enlise toujours davantage dans cette agression, doit tirer les leçons et les enseignements (de son échec), et doit considérer ce que vit ce peuple (yéménite) en fait d’endurance (sur le champ de bataille), d’attachement (à sa liberté) et de force morale considérable (comme un obstacle insurmontable à sa volonté de domination). Car tout cela est basé sur des principes divins : il s’agit du Yémen de la foi et de la sagesse, dont la résistance (victorieuse) et la détermination sont issues de sa foi (indéracinable en Dieu), de même que son attachement (à sa liberté) et sa force sont issues de sa foi. Il est impossible que ce peuple se soumette à un autre que Dieu le Très-Haut et l’Exalté, et que quiconque le fasse agenouiller en servitude sinon Dieu, le Très-Haut et l’Exalté.

Le régime saoudien doit tirer toutes les leçons (de son échec). Nous sommes aujourd’hui dans la cinquième année de l’agression. L’Arabie Saoudite a fait absolument tout ce qu’elle pouvait (pour dompter le Yémen). Les Etats-Unis ont trait et encore trait les Saoudiens (de leurs milliards), au point que leurs mamelles sont sur le point de s’assécher. Ils doivent prendre garde. Car plus ils persistent dans leur agression, plus nous serons amenés à faire tout notre possible, tout ce dont nous sommes capables en fait de frappes très douloureuses. Nous avertissons solennellement le régime saoudien quant aux grands dommages que nous sommes capables de lui causer, ainsi que les forces qui se tiennent à leurs côtés, en premier les Etats-Unis. Qu’ils se rappellent de notre opération le 9e jour du mois béni de Ramadan (contre des installations pétrolières près de la capitale saoudienne).

Les Saoudiens doivent tirer les leçons, et prendre conscience du fait que leur intérêt et l’intérêt de toute la région est dans la paix, dans la cessation de l’agression, dans la stabilité. Quant à la poursuite de l’agression et de l’escalade, elle ne mènera qu’à davantage d’escalade de notre part, car nous n’aurons pas d’autre choix que d’aller vers davantage d’escalade tant que l’agression continuera dans ce sens. […]