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Accueil du site > Tribune Libre > Iran : Vous avez dit élections ?

Iran : Vous avez dit élections ?

Le vendredi 18 juin a eu lieu l’élections présidentielles en Iran. Mais n’y aurait-il pas un terme plus juste qu’élections et qui pourrait définir un mode de scrutin dans lequel les candidats sont triés sur le volet de façon qu’aucun d’entre eux ne puisse faire d’ombre au favori proclamé par le pouvoir en place ? Car, soyons honnêtes, ce que la presse occidentale relaie consciencieusement depuis les organes officiels de la république islamique ressemble à s’y méprendre à une parodie digne du film Idiocratie.

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Elections ? Non, sélection.

L’avantage avec le mot ‘élections’, c’est qu’il suffit de changer une lettre de place pour voir de quoi il s’agit réellement. En Iran du moins, les choses sont claires. Le processus électoral procède d’une logique implacable interdisant toute surprise. Au départ, des centaines de personnes présentent leur candidature à la fonction présidentielle. Après auscultation méticuleuse et pas vraiment désintéressée, un organe se charge de valider ces candidatures et de rejeter ou de qualifier les prétendants ; le Conseil des Gardiens de la constitution dont les membres sont nommés pour moitié par le Guide suprême en personne, plus haut dignitaire du pays, et pour l’autre moitié par le chef de l’organe judiciaire du pays. Jusqu’ici, pourquoi pas, après tout…

Mais nous aurions dû préciser en préambule que pour avoir une chance d’être sélectionné, il faut obligatoirement être un homme et appartenir à l’une des deux factions politique ; islamique conservateur ou islamique réformiste. Voilà qui réduit déjà monstrueusement les chances de l’homme du peuple. Si l’on ajoute à cela les convenances personnelles du guide suprême, on s’aperçoit que le processus de validation apparaît plutôt à ''faire passer un chameau par le chas d'une aiguille''.

Un processus hypocrite en place depuis 40 ans

Et quand on évoque les convenances du guide suprême, on parle bien entendu de son discours de la nouvelle année Iranienne, fin mars dernier. Discours au cours duquel Ali Khameneï avait appelé à l’élection « Unipolaire » en déclarant : « Evitez les tendances, les divisions et la bipolarisation ». Des intentions transformées en actes par ladite commission citée plus haut sous l’influence directe du guide suprême et de son dauphin supposé, Ebrahim Raïssi. Car voilà, tous les candidats un tant soit peu sérieux, ou du moins tous ceux qui auraient peut-être pu gêner le protégé du guide suprême, ont été purement et simplement rayés de la liste. Exit donc Ali Laridjani, l’ancien chef de l’assemblée. Dehors aussi Eshagh Jahanguiri, premier vice-président du président sortant Hassan Rohani. Egalement non retenu l’ancien président Ahmadinejad, déclaré, comme ses compères, inapte à se présenter par la fameuse commission.

Ne reste donc qu’Ebrahim Raïssi, le préféré du despote accompagné de six figurants dont la moitié se sont désistés, comme convenu. A ce stade, il est bon de préciser qu’Ebrahim Raïssi est le chef de l’organe judiciaire du pays. Jusqu’aux dernières élections, où, on le rappelle, Raïssi avait perdu au second tour face à Rohani dans un grand déballage sur les massacres de l’été 88, le système pouvait faire la farce et les chancelleries occidentales pouvaient encore faire semblant de se voiler la face en affichant les résultats ‘d’élections démocratiques’. Désormais, le pouvoir ne se cache plus. Le guide suprême a définitivement opté pour la voie dure, répressive et violente.

Un boycott général

Oui mais voilà. Un peuple qui lutte pour sa libération depuis des décennies, s’étant fait spolier sa révolution contre le Shah pour voir une autre dictature s’installer, un peuple aussi résilient et résistant que le peuple Iranien, un peuple exsangue qui vit à 80 % sous le seuil de pauvreté, ce peuple n’est pas dupe. Et il le fait savoir. Partout dans les rues, le même slogan s’affiche : « mon vote est le renversement du régime ». Les jeunes, les mères des quelques 1 500 victimes de la répression de novembre 2019… Tout le monde a affiché clairement son intention de ne pas participer à cette mascarade tragique qui porte à la tête de l’état ni plus ni moins que l’un des plus grands responsables de crime contre l’humanité de l’après-guerre si l’on en croit les rapports d’Amnesty International et de nombreux experts des droits de l’homme à l’ONU. D’ailleurs Amnesty réclame maintenant une enquête sur le nouveau président des mollahs iraniens. « Le fait qu’Ebrahim Raïssi ait accédé à la présidence au lieu de faire l’objet d’une enquête pour crimes contre l’humanité est un rappel sinistre que l’impunité règne en maître en Iran », accuse l’ONG.

Car Ebrahim Raïssi est bien connu de tous les ONG de défense des droits humains et des services de renseignement. En 1988, il était déjà membre de la tristement célèbre commission de la mort, responsable de l’exécution de plus de 30 000 prisonniers politiques, pour la plupart des militants des Moudjahidine du peuple (OMPI), respectant avec zèle la dernière fatwa de Rouhollah Khomeiny, prédécesseur funeste de l’actuel guide suprême. 

Mais les exactions de ce champion de la répression ne s’arrêtent pas là puisqu’il est aussi responsable des milliers d’emprisonnement et d’acte de torture qui ont fait suite aux arrestations de masse durant les émeutes de novembre 2019. 

Alors, pour couronner cette république anti-démocratique et bien enfoncer le message répressif distillé par l’élite religieuse iranienne au sujet de cette sélection présidentielle, on pourra citer à nouveau le guide suprême effrayé devant la possibilité d’une abstention record : « Ne pas aller voter serait un péché capital  ». Inquiet de l’abstention, Alam-ol-Hoda, mollah influent de la ville sainte de Machad et par ailleurs beau-père d’Ebrahim Raïssi déclarait le jour des élection dans sa prêche officielle de la prière de vendredi : « Ceux qui viennent aux urnes et déposent leur vote, c'est un vote qui met l'ennemi en colère. Ceux qui ne vont pas aux urnes, votent aussi. Ils votent pour l'ennemi. Ils votent pour les États-Unis. Ils votent pour les sionistes. Ils votent pour Ben Salman. Ils votent pour les hypocrites (terme du pouvoir pour désigner l’OMPI). Êtes-vous prêt à voter pour les hypocrites (les Moudjahidine du peuple) ? Si vous ne votez pas à ce scrutin, alors vous votez pour l'ennemi. »

10% seulement de participation selon l’opposition
Tous les témoins et les observateurs sur place s’accordent pour constater que jamais le peuple iranien n’a autant été déterminé de boycotter une élection. Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a déclaré que le « boycott national » était le « plus grand coup politique et social » porté au système dirigé par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

« Le boycott a prouvé et montré au monde que le seul vote du peuple iranien est de renverser ce régime médiéval », a-t-elle déclaré. 

Selon l’OMPI le taux de participation réel est de 10 % et les autorités le gonfle ce taux en le multipliant par cinq dans une « fabrication astronomique », pour sauver la face sans donner trop de précisions ni détails. La commission électorale a indiqué que Raïssi avait obtenu 62,2 % des voix !

Le constat est clair : contrairement au souhait de Alamolhoda, le peuple iranien semble avoir bien voté pour « l’ennemi » des mollahs quoi qu’en dise les chiffres officiels manipulés.


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17 réactions à cet article    


  • xana 19 juin 2021 18:29

    As-tu voté, toi, Mazdak Teherani ?

    Ah, peut-être n’est-ce pas ton vrai nom.

    Peut-être n’est-tu pas non plus vraiment Iranien ?

    Peut-être fais-tu partie des services de propagande israhelliens ?


    • armand 19 juin 2021 18:32

      @xana
      « Peut-être fais-tu partie des services de propagande israhelliens ? »
      surement en effet


    • zak5 zak5 20 juin 2021 05:29

      @xana
      Ou alors, peut-être, êtes-vous tellement idiot pour ne pas savoir qu’il existe une opposition iranienne au régime des mollahs (?)


    • Samy Levrai samy Levrai 21 juin 2021 06:32

      @zak5
      Nous parlons ici des laquais de la CIA pas de l’opposition, Mossadegh les connait bien.


    • armand 19 juin 2021 18:31

      Rab, demain c’est en france


      • fabrice68 fabrice68 20 juin 2021 09:07

        Une parodie d’élection avec 50% de participation ? Et en France avec 60% d’abstention c’est quoi ? Et si les listes d’opposition pro occidentales ne sont pas autorisées, c’est surement un bien pour le pays, les Iraniens sont fiers de leur indépendance et de leur résistance.


        • Jonas 20 juin 2021 12:27

          Dans une réponse que j’avais faite à l’article du Dr Salem alkebi du 1er juin, sous le titre « La démocratie selon le Guide suprême » j’avais écrit << Qu’ayant perdu son candidat préféré : Qassem Soleimani , lors d’une frappe américaine .Le Guide suprême a jeté son dévolu sur Ibrahim Raïssi., l’un des plus sanguinaires et des plus bestiaux des candidats triés. Sans être pythonisse ,il sera certainement le prochain président. Son passé plaide pour lui avec en 2019, 251 et en 2020 , 260 personnes exécutées . C’est sa meilleure carte de visite >> . 

          Voilà , le nouveau président du régime criminel des mollahs choisi par le guide en dehors et dans l’indifférence de l’admirable peuple iranien. 

          « Le cri des peuples » cette officine du régime des mollahs doit être aux anges. Deux élections mascarade gagnées sans le peuple : Le dictateur syrien , avec plus de 95% de voix et le régime criminel des mollahs.

          En Syrie comme dans l’Iran des mollahs, ces deux carnavals ne résoudront aucun problème économique et augmenteront plutôt les souffrances des deux peuples. 

           


          • fabrice68 fabrice68 20 juin 2021 16:44

            @Jonaset les sanctions économiques de l’ Occident contre la Syrie, le pillage de son pétrole, et la fourniture d’armes aux terroristes , çà n’aide pas à redresser la situation éco du pays et çà aide à enfoncer un peu plus le peuple Syrien.


          • Jonas 21 juin 2021 14:31

            @fabrice68
            Piller : C’est l’argument fallacieux , utilisé par les pays arabo-musulmans producteurs de pétrole , pour justifier la dilapidation sans contrôle des ressources pétrolières. 

            En Français piller veut dire , arracher des biens par la violence contre la volonté des victimes et sans contrepartie. Y a -il vraiment pillage ? 
            Ce sont les pays arabo-musulmans producteurs de pétrole , qui imposent le prix de vente aux pays riches comme aux pays pauvres. 

            C’est cette arme fatale, les hydrocarbures, qui a sauvé , Sadate , et Hafez- Al-Assad lors de la guerre de Kippour en 1973, L’Arabie saoudite venant a leur secours avait quadruplé le cours de pétrole pour faire pression sur les occidentaux et Israël, afin de signer l’armistice .

             Du jour au lendemain , les pays arabo-musulmans producteurs de pétrole sont devenus riches à milliards de dollars . Où est le Pillage ?

            Où est le pillage ? Si pendant la pandémie , que nous subissons la consommation du pétrole diminuant , les cours de pétrole se sont éffrondés , mettant les pays producteurs de pétrole en difficulté , financière et économique ? 

            Les pays occidentaux n’ont presque plus de relations diplomatiques avec la Syrie depuis le début de la guerre civile et les massacres du régime Bachar Al-Assad , à l’encontre de sa population., plus de 500 000 morts . Où est le pillage ? 

            Les seuls pays qui occupent la Syrie et qui exploitent sa richesse sont la Russie qui est intervenue pour sauver le dictateur Bachar Al-Assad, en installant sa marine à Tartous.  L’Iran Chiite ,pour venir en aide aux Alaouïtes de la même confession, et la Turquie qui occupe une zone de 30 kilomètres de profondeur au Nord de Syrie. Et c’est la Turque pays musulman qui avait armé l’Etat islamique pour liquider le dictateur syrien. 


          • Massada Amanite phalloïde 20 juin 2021 15:23
            Le boucher de Téhéran - le nouveau président iranien - Ibrahim Raissi a un rôle direct dans les exécutions extrajudiciaires de plus de 30 000 personnes.

            En tant que figure extrémiste engagée dans le développement rapide du programme nucléaire militaire iranien, son élection révèle clairement les intentions malveillantes de l’Iran.

            Raïssi est président d’Astan Quds Razavi, la plus riche fondation religieuse du monde musulman. La fondation administre le mausolée de l’imam Reza, et gère un grand nombre de conglomérats économiques en Iran.

            Raïssi, ainsi que de nombreux proches de Khamenei, sont soumis à des sanctions du département du Trésor des États-Unis.

            • xana 21 juin 2021 09:50

              @Amanite phalloïde

              « Raïssi, ainsi que de nombreux proches de Khamenei, sont soumis à des sanctions du département du Trésor des États-Unis. »

              C’est toi qui nous apporte ici la preuve que Raïssi est l’homme qu’il faut en Iran. Le monde n’a pas besoin en Iran de laquais de l’Amérique !

              Les ennemis de nos ennemis peuvent être des amis !
              Et toi tu es aussi un (tout petit) laquais de l’Amérique...


            • Massada Amanite phalloïde 20 juin 2021 15:37

              Il n’y aura pas d’autre choix à la lumière de l’élection de Raisi que de re-préparer des plans pour attaquer le programme nucléaire iranien. Cela nécessitera des budgets et une réaffectation des ressources.

              Le chef d’état-major des Forces de défense israéliennes, Aviv Kohavi , se rendra ce soir à Washington pour des entretiens avec l’administration Biden, dont l’Iran sera le sujet principal.



              • chantecler chantecler 20 juin 2021 16:17

                @Amanite phalloïde
                Toujours aussi conne et pourrie cette amanite phalloïde .
                Purée la couche qu’elle se trimballe !
                Il n’y a que les mesures , les destructions programmées en Israël par ses chers faucons qui la font mouiller .
                Pauvre type !
                Mais va t"installer là bas puisque selon toi on n’y rencontre que des génies et que c’est le paradis .
                Et arrête de nous les briser menu , ici en France et sur ce site !


              • Massada Amanite phalloïde 20 juin 2021 16:48
                Joe Biden, à l’instar de Barack Obama, semble vouloir clore le dossier du nucléaire iranien pratiquement à n’importe quel prix. Sans que, comme à l’époque d’Obama, cette démarche soit compréhensible ou même raisonnable.

                Si une chose est certaine, c’est qu’Israël, quelle que soit la progression de la négociation, ne permettra pas à la Théocratie chiite d’obtenir la bombe atomique.

                Jérusalem a déjà averti ses amis des 5+1 dans ce sens : premièrement, elle ne sera pas contrainte par un traité qu’elle n’a pas signé. Deuxièmement : Israël, s’agissant d’une question de survie, interviendra militairement même au prix d’une dispute majeure avec la Maison Blanche.

                • Samy Levrai samy Levrai 21 juin 2021 06:28

                  @Amanite phalloïde
                  Le prix d’une attaque militaire sur l’Iran ne serait pas une dispute avec les américains mais la destruction d’Israel. 


                • Jonas 21 juin 2021 15:49

                  A propos de l’élection présidentielle du régime criminel des mollahs. J’ai toujours témoigné ici, mon respect pour le grand peuple iranien qui se bât avec courage pour sa liberté , malgré la répression implacable des pasdarans , cette oligarchie , des gardiens de la révolutions qui accapare la richesse du pays. C’est un Etat dans l’Etat. Je n’oublie pas les admirables femmes iraniennes emprisonnées et qui souffrent , du silence des médias occidentaux .lâches. 

                  Sans être un devin , mais connaissant un peu les arcanes , de la politique du régime criminel des mollahs , j’avais pressentit , la victoire à la présidentielle du bourreau , Ibrahim Raïssi , en répondant a deux articles concernant l’élection en Iran, sur AgoraVox. 

                  1. « La démocratie selon le Guide suprême » du Dr Salem alketbi du 1er juin 2021. et 
                  2. « L’élection présidentielle iranienne , une mise à l’épreuve de la légitimé du régime à Téhéran » de Hamid Enayat du 4 juin 2021. 
                  3. Si l’élection présidentielle était connue d’avance et à conforter les tenant du pouvoir. Il reste à redresser et à améliorer la situation économique du pays. Pour cela il faut passer par la levée des sanctions internationales et récupérer , les avoirs bloqués. Une signature est indispensable d’un accord avec la communauté internationale. La chute des entrées des devises à réduit les capacités d’importations du pays. notamment de médicaments. Les réserves de changes de l’Iran des mollahs seraient de moins 100 millards de dollars. La baisse des recettes budgétaires de l’Etat a entraîné la réduction des dépenses sociaux. L’effondrement du système bancaire a augmenté les circuits parallèles de la corruption. Selon les autorités , le chômage se situe 17%, beaucoup plus en général et frappe les plus diplômés. Inflation à plus de 30% et le rial ne vaut plus que 0, 0002 euros , ce qui pousse à la course au dollar. Le PIB par habitant était en 2011 de 7719$ il est aujourd’hui de 5628 dollars. Sans parler de la population qui est passé de 37 millions en 1979 ( année de Khomeiny) à 85 millions aujourd’hui. Un changement de politique est vraiment nécessaire. 

                  • xana 21 juin 2021 22:11

                    Ca c’est ce que prétendent les médias US. Pas de surprise, toi tu entonnes le même refrain. Normal, pour un laquais.

                    Mais au moins tu ne te présente pas comme un Iranien en exil, comme le fait l’auteur de cette propagande.

                    De ta part, on sait d’où ça vient. Hélas (pour toi)...

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Mazdak Teherani

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