Sigmund Freud, réformateur social ?
Avec Sigmund Freud, passons des convergences qui peuvent s’établir entre neurasthénie et hystérie, pour voir comment il arrive à cette dernière de s’unir à la névrose d’angoisse qui, pour sa part…
« […] peut se manifester sous deux formes : à l’état chronique et par accès d’angoisse. » (Idem, page 100)
En ce qui les concerne,
« Les symptômes chroniques sont :
1) L’anxiété relative au corps (hypocondrie) ;
2) L’anxiété relative aux fonctions physiques (agoraphobie, claustrophobie, vertiges des hauteurs) ;
3) Anxiété à propos des décisions à prendre et de la mémoire, c’est-à-dire du fonctionnement psychique (folie du doute, ruminations mentales, etc.). » (Idem, page 100)
Tout en admettant qu’il peut y avoir une prédisposition héréditaire à la névrose d’angoisse, très vite Freud en vient à ceci :
« Une chose demeure certaine, c’est que cet état peut se produire, chez les hommes comme chez les femmes, dans le mariage, ce qui est imputable, durant la seconde période des poussées sexuelles, au coït interrompu. » (Idem, page 101)
Voilà donc ce qu’il en coûterait psychiquement, là aussi, de tenter de jouer un très vilain tour à l’instinct génésique… Ainsi, Freud ne peut-il manquer de le souligner :
« On trouve ici le même schéma causal que dans la neurasthénie. » (Idem, page 101)
Ce n’est certes pas le mariage en lui-même – et, par exemple, l’éventuel ennui d’une cohabitation partagée et de tous les aléas relationnels qui peuvent en découler – qu’il faudrait incriminer. Et Freud tient immédiatement à le préciser :
« Les cas, relativement plus rares, de névroses d’angoisse en dehors du mariage se rencontrent surtout chez les hommes qui, sentimentalement liés, pratiquent, par précaution, le coït interrompu. » (Idem, page 101)
Par contre, pour peu qu’une soupape de sécurité ait en quelque sorte été mise en place, ce qui apparaissait jusqu’alors comme une fatalité cesse de se manifester. Ainsi donc, que l’instinct génésique puisse s’organiser une petite place hors mariage, et voici que la névrose d’angoisse se trouve évitée. En effet, l’incomplétude de la relation sexuelle fait des ravages partout, y compris hors mariage…, mais le mariage lui-même n’empêche pas du tout l’éventuel géniteur d’aller, de temps à autre, exprimer ailleurs l’intégralité de ses aptitudes à la reproduction et, en quelque sorte, d’y rétablir sa santé psychique.
Nous en arrivons donc à ce paradoxe que la situation sanitaire est bien meilleure (pour l’homme)
« […] dans le mariage où le coït interrompu se trouve souvent compensé par des relations extra-conjugales normales. » (Idem, page 101)
Evidemment, il est hors de question d’imaginer que Sigmund Freud pouvait se satisfaire de ce genre de raisonnement : mais nous y trouvons bien la marque d’un désarroi croissant.
Passons à une troisième forme de névrose d’angoisse : la dépression périodique…
« Elle se distingue, la plupart du temps, de la mélancolie vraie par son rapport, en apparence rationnel, avec quelque traumatisme psychique. Et pourtant ce dernier ne constitue qu’une cause déclenchante. » (Idem, page 101)
Fondamentalement, le problème est donc toujours le même :
« J’ai réussi à ramener toute une série de cas semblables au coït interrompu. » (Idem, page 101)
Impossible, dès lors, pour Sigmund Freud de ne pas y aller de main morte :
« Conclusions. – Il s’ensuit de ce qui précède que les névroses sont parfaitement évitables mais totalement incurables. La tâche du médecin est tout entière d’ordre prophylactique. » (Idem, page 102)
Mais quelles mesures d’ordre social ou sociétal promouvoir sous les fourches caudines des impératifs de la reproduction sexuée ? En fait, nous allons découvrir, comme Sigmund Freud lui-même, que la question n’est pas vraiment là, et ceci pour autant que nous sommes – tout de même – des êtres humains… C’est-à-dire que nous « parlons »…
NB. Je poursuis le travail entamé ici.
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