Caricature du président turc Recep Tayyip Erdogan à la « Une » de Charlie Hebdo
Avant la parution de la caricature du président turc à la « Une » de Charlie Hebdo suscitant l’ire du sultan d’Ankara et de ses sbires partout en Turquie et dans le monde, Sener Levent, journaliste Chypriote turc, éditorialiste notamment au quotidien Avrupa, a consacré un article très clair et instructif sur le comportement de l’aspirant calife d’Ankara. Le titre de l’article est : « Comment devrions-nous vivre sur cette île ?[1] »
Je me permets de porter à votre connaissance quelques extraits significatifs de ce papier : « (…) Milosevic a été le premier chef d'État à être jugé par le Tribunal Pénal International de l'ONU. Certains souhaitent que Tayyip Erdogan soit jugé par cette Cour. Il est considéré comme responsable de nombreux événements sanglants. Le chef du parti néerlandais, Parti populaire pour la liberté, Geert Wilders, l'a qualifié de "fasciste" et de "terroriste". Erdogan fut indigné. Il a réagi violemment. Il a déclaré : "Les Pays-Bas ont un petit député. Connaissez vos limites ! Le fascisme n'existe pas chez nous, il existe dans votre monde ! Ni le fascisme ni le nazisme n'existent dans notre monde, dans nos valeurs. Vous êtes les fascistes ! "
Si Tayyip Erdogan n'est pas fasciste, alors pourquoi est-il si en colère contre le mot fasciste ? Un homme mûr rit et surmonte la calomnie. Il ne s’en soucie pas. Et Erdogan est furieux et jure comme si la vérité avait été dite. Il faut demander aux prisonniers politiques en Turquie si Erdogan est un fasciste. Demandez, par exemple, à Selahattin Demirtas, qui a été injustement privé de sa liberté pendant cinq ans.
Les journalistes et universitaires qui ont échappé au régime turc et se sont réfugiés dans les villes européennes doivent être interrogés également. Il faut interroger les membres du "Groupe Yorum" dont les amis sont morts lors d'une grève de la faim en prison. La mère devrait être interrogée dans les villages kurdes incendiés et détruits qui gardait le corps sans vie de sa fille dans le congélateur puisqu'elle n'était pas autorisée à l'enterrer. Et je dois me demander moi-même aussi : Le lynchage est-il ou non du fascisme ?[2] (…)
Je souhaite ajouter, afin de clore cet article : Demandez aussi aux Arméniens de l’Artsakh (Haut-Karabagh) et de l’Arménie ainsi qu’aux Français d’origine arménienne habitant dans le Rhône (Décines, Vienne) qui ont été les victimes des Loups Gris turcs et franco-turcs, si le qualificatif utilisé par Sener Levent pour décrire le président turc est justifié[3].
[1] O Politis, 27 octobre 2020.
[2] Sener Levent fait référence ici à l’envoie de partisans d’Erdogan, à l’appel du président turc, détruire les locaux du journal où travaille le journaliste car il a osé qualifier d’ « invasion » l’entrée de l’armée turque dans le canton kurde syrien d’Afrine, en février 2018. Cela a provoqué une colère noire cher Erdogan. Les partisans d’Erdogan, faisant le signe de ralliement des Loups Gris (extrémistes de droite) ont failli lyncher Levent ; ils ont été condamnés à de très légères peines, ce qui a provoqué des protestations dans la partie de Chypre occupée par la Turquie.
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