La crise de recrutement de professeurs des écoles s’aggrave encore...
C'est peut-être une bonne nouvelle pour les gourous du libéralisme triomphant, qui ont fait du "dégraissage" de la fonction publique leur dada pour baisser les impôts des rentiers. Le mammouth de l'éducation nationale, déprime oblige, n'en finit plus de maigrir tout seul. D'après café pédagogique, il manquera 1200 postes d'institutrices à la rentrée dans les écoles primaires, faute de candidats aux différents concours de recrutement...
Source : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/05/24052018Article636627432071031697.aspx
La nouvelle est plus mauvaise pour les parents d'élèves, en particulier pour ceux qui ont fait des enfants par choix et qui considèrent l'école autrement que comme une simple garderie pour encaisser des allocations. Pour les plus pauvres, c'est la certitude d'être livrés à eux-mêmes et, dans certains quartiers, de voir leur éducation prise en charge par les "associations communautaires" ou par les trafiquants de cages d'escalier. A défaut de faire d'excellents français (Maurice Chevallier), cela fera d'excellents consommateurs (Joey Starr), ce que le système ultra-libéral attend d'eux.
Vous objecterez que le problème n'est pas nouveau. Pour l'académie de Créteil, il y a eu 1379 candidats admissibles pour... 1450 postes. Du classique, car on ne bouscule pas pour aller tenter d'enseigner dans les territoires perdus de la république, dans une région où il est devenu quasiment impossible de se loger correctement, niveau des prix de l'immobilier oblige.
Il y a toutefois une inquiétante nouveauté dans ces statistiques : les académies de province sont elles-aussi touchées par la crise du recrutement d'enseignants du primaire. Ainsi, l'académie de Nantes, autrefois "préservée", devra recruter 80 contractuels à la rentrée 2018 pour occuper les postes vacants en Loire-Atlantique. Autrement dit, même en zone rurale et côtière, les diplômés ne sont plus attirés par le "plaisir d'enseigner". Certes, le niveau trop élevé de recrutement (master 2, bac+5) freine les candidatures, pour des étudiants qui visent autre chose que d'aller réciter des comptines avec des bambins d'école maternelle. Emigration oblige (programme Erasmus), beaucoup partent vers des cieux plus cléments et plus attrayants que la morosité hexagonale, ses maigres salaires et ses logements coûteux, sans parler de ses problèmes de violence dans les établissements scolaires.
C'est toutefois une question de civilisation qui se profile si rien ne bouge. On notera la volonté du gouvernement de mettre en place la prime de 3000 euros par an pour les enseignants de REP+, ce qui n'est pas un luxe en région parisienne notamment. Mais tant que les professeurs d'école n'auront pas retrouvé leur autorité d'antan et qu'ils se retrouveront à la merci de gamins désocialisés, de parents immatures et d'une hiérarchie infantilisante, rien ne changera.
On attend les propositions de nos "analystes" du CAC 40, pourfendeurs de la fonction publique symbole de l'état républicain, pour instruire, éduquer et même soigner notre jeunesse. Car là où on manque de profs, on manque aussi de professionnels de santé. L'instruction des enfants et leur bonne santé, cela passe avant les profits de quelques rentiers !
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