Le gigantisme n’est pas renouvelable
C’est entendu, les énergies renouvelables sont en pleine expansion, mais de là à détruire des forêts pour l’imposer, il y a un pas qu’il vaudrait mieux ne pas franchir.
C’est pourtant hélas ce qui se passe, un peu partout, sur le territoire national, des projets catastrophiques se développent, au détriment de la préservation des espaces vivants…
Fort heureusement, le bon sens existe encore un peu dans ce pays, et ainsi, le projet de raser près de 13 hectares de forêt dans la montagne de Lure (Alpes de haute Provence) a été abandonné... grâce à la justice…
Pourtant, les multinationales du photovoltaïque n’ont pas abandonné pour autant, et projettent encore d’installer jusqu’à 1000 hectares de panneaux solaires dans des zones naturelles, ou agricoles.
C’est d’autant plus idiot que, si on se contentait de mettre des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments existants, aussi bien privés que publics, il y aurait largement de quoi produire de l’électricité pour tout le pays…
En effet, d’après l’ADEME, la surface totale des toits de France est de 2276 km², soit un potentiel de production énergétique de 90 TWh/an, pour un coût inférieur à 12 cts d’€/kWh... et une autre estimation va jusqu’à estimer cette surface exploitable à plus du double (4693 km²)
Voyons ce qui se passe du coté de l’éolien : la aussi, c’est le gigantisme qui a les faveurs des énergéticiens, avec les inconvénients qui s’en suivent : le bruit, le vol du paysage, sans oublier les conséquences avec les oiseaux…
Pour faire tenir les 8000 éoliennes françaises, il a fallu couler 2 608 000 m³ de béton…
Ça a motivé quelques opposants qui, pour soutenir leur combat, ont sorti une chanson plutôt réussie.
Là aussi, ce choix de l’éolien géant entraîne aussi une perte énergétique due au transport... alors qu’à contrario, choisir l’option de petites éoliennes, destinés seulement à une bourgade, voire un simple quartier permettrait une réelle économie, puisque l’électricité produite serait quasi consommée sur place.
Ajoutons que les éoliennes à axe vertical seraient moins dommageables pour le paysage, tout en limitant leur positionnement dans les vallées où les vents soufflent plus régulièrement. lien
S’il est vrai que leur rendement est légèrement inférieur aux autres éoliennes, les avantages de ce type d’éoliennes sont nombreux : elles sont plus faciles à entretenir, sont plus discrètes, respectant le paysage, moins bruyantes, et celles à voilures tournantes présentent l’avantage d’un meilleur rendement, puisqu’elles s’adaptent constamment à l’orientation des vents. lien
On vous le dit, « small is beautifull »...
il en va de même pour le bio-méthane... la tendance actuelle s’est tourné aussi vers le gigantisme, avec les inconvénients qui vont avec : elles nécessitent plus de transport de matières, rendant la transition écologique moins performante, alors que des installations limitées aux activités agricoles seraient plus efficaces en implantant des micro-centrales au cœur d’une exploitation agricole ou d’un regroupement de celles-ci... avec l’autre avantage d’alimenter énergétiquement les bâtiments à proximité.
Ainsi il existe des digesteurs de petite taille permettant pour une somme modique (650 €) de produire du biogaz à partir des déchets alimentaires d’un ou de plusieurs foyers dans le cas d’immeubles, option choisie par l’entreprise HomeBiogas, ces digesteurs étant rentabilisés en moins d’un an.
Avec 2 kg de restes de cuisine, le petit digesteur permet de produire 2 heures de gaz de cuisson par jour. Lien
Des digesteurs limités à une ou plusieurs installations agricoles, tout en permettant une gestion intelligente des fumiers et déchets végétaux produits, produiraient aussi beaucoup plus d’énergie, d’autant que le digesteur couplé à un moteur produiraient chaleur et électricité, consommée sur place ou envoyée dans le réseau lorsqu’il y a surplus de production.
C’est ainsi que le laboratoire de Bähler a mis au point un petit digesteur (275 m³) avec le double avantage de produire, outre la chaleur et l’électricité, un fertilisant liquide et inodore, plus un digestat solide pouvant être utilisé comme litière. lien
Fin 2016, on comptait pas moins de 130 installations en Europe, (lien) mais le potentiel est des milliers de fois plus important : en France, on dénombre plus de 400 000 exploitations agricoles, malgré la baisse constantes de celles-ci. Lien
Cette énergie a aussi depuis peu les faveurs de l’Afrique comme on peut le voir dans cette vidéo.
Ajoutons pour la bonne bouche que les coopératives laitières, les fruitières, et les fromageries représentent elles aussi une source importante de bio-gaz, telle celle de l’abbaye du Tamié, en Savoie, qui utilise son petit lait pour produire de l’énergie. lien
j’ai personnellement participé à un reportage sur ce site, réalisé par Marc Peyronnard, il y a plusieurs années.
Ajoutons que dans le continent africain, en Chine et bien ailleurs, il est courant de découvrir de petites installations qui récupèrent le méthane des fosses septiques pour cuire les aliments. lien
De plus, il ne faut pas oublier que ce gaz peut être utilisé comme carburant, et l’on pourrait imaginer demain que les véhicules tournant au biogaz viennent faire le « plein d’essence », dans les fermes de son secteur...source non négligeable pour les paysans qui pourraient ainsi améliorer leur pouvoir d’achat, d’autant que le potentiel de biogaz en France est, selon les différentes sources de 12 à plus de 50 Mtep/an (millions de tonnes équivalent pétrole), de quoi faire tourner tous les moteurs du pays, poids lourds compris. lien
On peut aussi faire la même critique sur l’énergie hydraulique, qui actuellement, fait la part belle aux grands barrages, lesquels ont aussi des conséquences sur l’environnement, puisqu’ils inondent d’importante surfaces de terrains agricoles, voire privent de leurs lieux de vie des citadins qui n’en demandaient pas tant…
il en a été ainsi pour le village de Grand Croix, en Maurienne, abandonné car il allait être dévasté ou menacé par la construction d’un barrage, celui du Mont-Cenis.
Ce n’est hélas pas un cas isolé : que ce soit celui de Sainte Croix, d’Eguzon, de Salagou, de Vassivière...elles sont vastes ces zones de bonnes terres agricoles, habitées, qui ont été dévastées par les barrages géants…
Et ne parlons pas du risque de catastrophe, lorsque le barrage cède pour une raison ou une autre...
En Europe, cela s’est déjà produit à plusieurs reprises avec les conséquences que l’on imagine. lien
le tristement célèbre de celui de Malpasset (un nom prémonitoire) en 1959 est là pour le rappeler, provoquant la mort de plus de 600 personnes.
Celui de Vajont, en Italie, a tué 1900 citoyens...et dans le monde, ce sont près de 9000 humains qui ont péri suite aux ruptures de barrages...lien
il y a pourtant moyen de faire autrement, avec bien moins de risques, et en produisant beaucoup d’énergie, destinée aux villages environnants.
Fort heureusement, les projets de micro centrales hydroélectriques des torrents de montagne, ou de rivières, se multiplient, et produisent de l’énergie à l’échelle d’un village, à condition de respecter l’environnement, comme, par exemple, à Crévoux, Cervières, dans les Hautes-Alpes... ou à Pralognan (Savoie) et notre pays offre de multiples possibilités. lien
Au-delà de ces choix, l’hydraulique offre d’autres solutions, comme les centrales au fil de l’eau, les centrales d’éclusée, de lac, voire les marémotrices...lien
On le voit, il existe de nombreuses alternatives aux installations gigantesques, et elles sont de nature à mieux respecter l’environnement, car comme dit mon vieil ami africain : « c’est petit, mais c’est longtemps ».
Le dessin illustrant l’article est de Phil
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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