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Accueil du site > Tribune Libre > Culture et démocratie seraient-elles incompatibles ?

Culture et démocratie seraient-elles incompatibles ?

Le mot qu’invente Renaud Camus, est aussi laid que ce qu’il désigne : « La grande déculturation » (1). Mais il dit bien ce qu’il veut dire. La culture, dit-on, s’est répandue. Ne voit-on pas en première de couverture de son livre, une foule se presser dans l’escalier hélicoïdal de la pyramide du Louvre pour « faire le musée » ? Oui, mais, selon le jeu de mot de l’auteur, la culture s’est répandue… comme le lait de Perrette, le personnage de La Fontaine qui rêvait monts et merveilles avec le fruit de sa vente  : « Adieu, veau, vache, cochon, couvée ! »

Inutile de rêver non plus ! La démocratisation de la culture est un échec. Pis, les tentatives pour rendre la culture accessible au plus grand nombre ont même entamé son socle et menace la pérennité de sa transmission : les classes moyennes se détournent d’elle. Comment est-ce Dieu possible ?

Les indices d’un diagnostic

Il est pourtant difficile de récuser les indices que l’auteur réunit.

1- L’École a évidemment sa part de responsabilité. Quand presque 80 % d’une classe d’âge tendent à accéder au baccalauréat, c’est forcément au prix d’une dévaluation de l’examen. C’est d’ailleurs toute l’échelle des diplômes universitaires qui en est affectée. D’autre part, l’humanitarisme suspect qui fait de « l’élève en difficulté » une appellation fort peu contrôlée en englobant indistinctement voyous et élèves méritants, a fini par rendre l’acte d’enseigner impossible.

Dans l’attente de la sortie du film qui vient de recevoir la palme d’or au Festival de Cannes, Entre les murs de Laurent Cantet, il n’est que de voir la bande-annonce. Combien de thuriféraires de cette récompense enverraient leur enfant de préférence dans une classe telle que la bande-annonce la montre ? Un rapport que paraît cacher le ministre vient ces jours-ci de confirmer la ghettoïsation que renforce l’assouplissement de la carte scolaire promise par le président de la République : moins d’« élèves favorisés » dans les « établissements défavorisés », moins d’« élèves défavorisés » dans les « établissements favorisés ».

2- Mais l’École n’est pas seule en cause. Un esprit du temps a prétendu tout niveler : les créations sont devenues des produits jusqu’à dénier toute hiérarchie entre elles : une pop star se donne en « concert » tout comme un orchestre philharmonique. Or, est-ce la même chose ?

3- La notion d’auteur, déjà étrangère à l’inculture, a été évacuée également par des études prétendument savantes comme « les femmes » de Molière : ne surtout pas confondre, par exemple « l’auteur » et « le narrateur » ! On a assisté à ce que nomme l’auteur d’un autre mot très laid « la désautorisation ». L’expression « cinéma d’auteur » montre bien qu’il est un autre cinéma, le plus répandu, qui se retrouve orphelin de père. C’est l’acteur qui le remplace et dont on se souvient.

4- La langue française, quant à elle, est violentée quotidiennement par ceux-là mêmes qui occupent les postes les plus élevés et devraient donner l’exemple : « Avec Carla, c’est du sérieux ! » a-t-on pu entendre de la bouche même du président de la République au cours de sa conférence de presse du 8 janvier 2008. L’auteur a placé la formule en exergue à son livre. Un chirurgien expliquera de son côté à la radio qu’il a quitté le public pour le privé afin de « pouvoir faire toute la recherche qu’il avait envie  ». Tel autre expert, interviewé demande de « réfléchir à justement le moyen de leur donner c’qu’i z’ont envie, les gamins  ». On est tenté d’y ajouter l’ignorance crasse d’un chef d’établissement scolaire écrivant par deux fois « il va s’en dire », dans une lettre secrète adressée à une fédération de parents pour dénigrer un professeur.

5- Les médias et la télévision en particulier ont leurs responsabilités eux aussi. À force de courir après l’audience maximale pour offrir, selon le mot du sieur Le Lay, ex-patron de TF1 « le temps de cerveau disponible » aux annonceurs publicitaires, ils ont réduit la culture à sa plus simple expression. Elle n’est plus une confrontation de la personne avec ce que l’humanité a créé de plus grand pour s’élever et grandir soi-même, mais elle se dissout dans les usages et les divertissements les plus vils qui stimulent les réflexes primaires et rivent les hommes au sol et à leurs instincts comme les bêtes.

6- Soumis à la même loi du marché, les livres connaissent un sort identique. Puisque l’éditeur doit vendre ou disparaître, seules des recettes éprouvées garantissent… les recettes. Ce n’est pas parce qu’on est publié qu’on peut être connu, mais c’est parce qu’on est connu qu’on sera de préférence publié ! Le résultat en termes de culture ne se fait pas attendre !

En somme, « donnez -moi vos enfants, dit le système aux parents de tous les milieux, selon l’auteur. Peu importe qu’ils soient riches ou pauvres, que vous soyez vous-mêmes cultivés ou incultes : j’en ferai des petits-bourgeois prolétarisés comme tout le monde, ignorants, sans usage, sans syntaxe, bien-pensants, anti-racistes et bien intégrés. »

Des hypothèses pour expliquer un désastre

Pourquoi un élan aussi noble qui prétendait ouvrir à tous l’accès à la culture a-t-il ouvert sur un tel désastre ? Que l’on songe, après la Seconde Guerre mondiale, à l’entreprise enthousiasmante du TNP avec Jean Vilar ! Les raisons qu’avance Renaud Camus sont dérangeantes et l’une d’elles est même critiquable. Mais y être confronté oblige à réviser ses idées reçues, ne serait-ce que pour en vérifier la validité.

L’auteur use de deux métaphores pour faire comprendre que la culture malheureusement résisterait à toute démocratisation ou du moins à sa conception égalitariste. La première est celle du parc de la Villa Médicis dont, il y a peu, dix candidats se sont disputé la direction à Rome. Ils n’avaient pas tort. Car qui s’est déjà promené dans ce parc en lisière de celui de la Villa Borghese, à deux pas des somptueux escaliers de la Piazza d’Espagne, en plein cœur de Rome, sait quel bonheur on y respire devant les lignes Renaissance de la loggia de son palais. Mais voilà, si le parc est ouvert à la foule, c’en est fini de cette jouissance, tout comme il est bien difficile de goûter une toile dans la cohue qui se presse et défile en procession à une exposition qu’il est de bon goût « de faire ».

L’autre métaphore est la scène biblique où deux femmes se disputent un enfant devant le roi Salomon : celui-ci menace de trancher en découpant en deux l’enfant pour en remettre par souci d’égalitarisme un morceau à chacune. Seulement, il n’y aurait plus d’enfant.

Renaud Camus rappelle toutefois que la culture est d’abord un patrimoine transmissible : selon le mot d’Hugo à propos de l’amour d’une mère, « chacun en a sa part et tous l’ont tout entier  ». Mais qu’on le veuille ou non, il faut en hériter pour se l’approprier. Ne peuvent y prétendre que ceux qui ont des titres à faire valoir. Or, ces titres, sans être réservés à une classe sociale particulière, demandent beaucoup de temps à qui veut les acquérir, car c’est à un long travail personnel qu’il convient de consentir, et le plus souvent solitaire : apprendre à goûter, à déguster, nécessite une longue éducation. Rien à voir avec le fast-food qu’on engloutit, qu’il s’agisse d’alimentation ou de divertissement !

Culture et démocratie, le paradoxe

Et Renaud Camus d’en venir à dénoncer ce qu’il nomme d’un autre mot bien laid : « l’hyperdémocratie ». Il désigne ainsi une application de la démocratie à des domaines où elle ne saurait s’exercer. L’égalité en droits, explique-t-il, qui caractérise la démocratie, ne signifie pas une égalisation de responsabilités entre parents enfants, ou entre professeurs et élèves. De même, une égalité de chances d’accès à la culture n’est pas la promesse d’un même niveau pour tous. On l’admet volontiers.

En revanche, sa dénonciation de « l’idéologie antiraciste », qu’il rend responsable d’un nivellement par le bas, est trop parasitée pour être admise sans inventaire. Puisque la notion de race, selon la génétique, n’est pas opérationnelle à propos de l’espèce humaine, mieux vaut parler d’ethnie. Il n’est pas douteux, cependant, qu’une stratégie dite « antiraciste » s’est développée et qu’elle en est venue à frapper d’interdit toute critique envers un membre d’une communauté ethnique, comme si c’était s’en prendre à la communauté tout entière. Qui a vécu aux Antilles a pu en faire les frais surtout de la part de ceux qui sont les premiers à mépriser leurs propres compatriotes insulaires.

Ces réserves n’empêchent pas, cependant, que la réflexion de Renaud Camus soit salutaire. Une démocratie où les incultes sont dominants ne peut être que confisquée par ceux qui savent les manipuler. Or, ce livre conduit à prendre conscience d’un paradoxe qui se pose aux démocrates : la culture conditionne la qualité de la démocratie d’un pays, mais une démocratie pourrait par le seul égalitarisme ne pas promouvoir l’accès du plus grand nombre à la culture, voire le contrarierait.

Sans illusion sur une solution prochaine du problème, Renaud Camus fait référence aux monastères du Haut Moyen Âge qui, par temps de barbarie, sauvèrent ce qu’ils purent de la culture antique. Il voit, en effet, dans internet un moyen prodigieux pour édifier des niches de sauvegarde comparables dans ce temps de « grande déculturation » et « d’ensauvagement » en attendant des jours meilleurs. N’est-ce pas d’ailleurs ce à quoi travaille déjà Agoravox ?

Paul Villach

(1) Renaud Camus, La Grande Déculturation, Éditions Fayard, Paris, 2008, 151 pages.


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94 réactions à cet article    


  • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 20 juin 2008 20:23

    Pour beaucoup, au plaisir qu’apport la culture par la dimension qu’elle révele, s’ajoute celui de la partager avec d’autres. Quelques-uns seulement. La culture est un identifiant et un discriminant. Partie de sa valeur consiste en ce qu’elle n’est pas utilitaire. Avec la croissance exponentielle de ce qu’il FAUT savoir, le temps vient à manquer pour ce qui apparaît vite comme une coquetterie à ceux qui sont bien occupés... La culture est refoulée à la marge et perçue comme antidémocratique, une volonté de faire bande à part. Chaque nouvelle génération s’ecarte donc davantage d’une culture comme identifiant - qui en vient à ne plus être que la connaissance en commun des faits divers et et des résultats sportifs - pour se retrancher dans la culture de son sous-groupe, de sa communauté. celle qui a l’utilité d’affermir une appartenance... Puis un jour, comme disait Paul Fort... il y a plus de baleines

     

    Pierre JC Allard


  • ZEN ZEN 20 juin 2008 10:22

    Paul

    Je n’ai pas lu le livre dont tu parles
    Le diagnostic est assez délicat à faire , tant les causes sont multiples et enchevétrées. Merci de nous donner quelques pistes de recherche

    J’ en propose quelques autres à creuser. Les analyses de Michéa me semblent aller au coeur du problème.

     

    Qui a peur des humanités ? ( Catherine Kintzler)

    Entretien de Jean-Claude Michéa
    "Dans une optique libérale, c’est l’acte éducatif lui-même qui tend à devenir problématique.. La prétention d’enseigner quelque chose à quelqu’un...est, par définition, toujours suspecte. Il est en effet plus facile d’y voir une manière déguisée d’imposer à autrui ce qui ne constitue qu’une opinion privée, en droit toujours déconstructible.."
    -Pour la défense de l’école républicaine
    -L’éducation sans principes d’une société sans dessein

    -Contrer l’offensive libérale sur l’école
    -L’école républicaine mise en bière
    -Les saboteurs libéraux de l’ecole publique
    -Malaise dans l’éducation, par Dany-Robert Dufour
    -L’école britannique livrée au patronat


    • Paul Villach Paul Villach 20 juin 2008 10:42

      @ Zen,

      Merci, cher Zen, d’apporter ta contribution. Car le sujet est d’importance et je pense comme toi que cet obstacle sur lequel on bute et qui contrarie la démocratisation de la culture a de multiples causes, y compris celles qu’on voudrait ne pas trop regarder en face. Le livre de Renaud Camus pousse à se faire violence. Paul Villach


    • karg se 20 juin 2008 10:44

      Une grande partie de ce diagnostique est basé sur des constatations télévisuelles, et non pas sur des études réels. Je trouve ça plus que léger, un peu à l’image de ce que l’auteur dénonce.

      Le premier point montre que l’auteur à une vision décalé du rôle des études : effectivement le niveau culturel du bac à baisser, mais il faut pas oublier que l’arrivé des bac techniques et professionnels a considérablement amélioré la qualité des jeunes diplômés, l’objectif de 80% d’une classe d’age n’est pas d’avoir un énorme population très cultivé mais une population un minimum instruite avec un bon niveau technique pour qu’elle trouve du travail. Je préfère 80% d’une classe d’age avec des bases de culture que 5% d’une élite bien cultivé mais au chômage.

      Sur le second point l’avènement du net, l’explosion de l’offre dématérialisé à complètement brisé cette tendance, les oeuvres culturelles et artistiques formatées n’ont plus et n’auront plus le succès qu’elles ont eux. On ne battra plus jamais les reccords de ventes des chansons formatés dans année 60-70-80-90, l’offre est devenu trop éclectique et le publique à maintenant les moyens de se fournir en dehors des majors.

      Quatrième point, la plupart des exemples sont médiatiques et grands publiques, sachez que ces personnages, quand ils ne sont pas médiocres comme notre président, sont tout à fait capable de changer de niveau de langage...sauf que maintenant la "populace" ne supporte plus d’avoir des politiques ou des experts qu’elles ne comprends pas.

      Cinquième point : les média ne sont pas responsable, ils sont le reflet de médiocrité du français moyen, de sa paresse et de absence d’envie d’effort. Mais les français ne sont pas dupe, l’empire TF1 s’écroule aussi vite que la TNT avance, signe que la médiocrité ne servait que de dénominateur commun, mais qu’elle n’est pas un signe d’adhésion.

      Sixième point, les ventes de livre en ligne permette d’accèder à des catalogues que jamais son petit libraire de province été capable de mettre dans ses rayons. Ne vivant pas à Paris ou dans un grande ville les commandes chez Amazon m’ont permis d’accèder à des ouvrage introuvables.

      Dans le fond l’auteur voit des phénomènes en fait bien anciens :

      - d’une part une offre culturelle basée sur le plus petit dénominateur commun et qui parait donc de mauvaise qualité, sauf que ce phénomène est clairement en régression depuis le début des années 2000.

      - d’autre part une professionalistion des études, avec un développement plus rapide des filières techniques et technico-commerciales que des fillières culturelles, conséquence d’une stratégie utilitariste de l’état mais aussi des étudiants, en réponse à l’attitude des entreprises. Ce choix à été fait dans les années 70-80, le nombre de bachelier a toujours augmenté depuis sa création.

      Deux ouvrages indispensables :

      La longue traîne de C.Anderson

      La nouvelle question scolaire E.Maurin

       

       


      • finael finael 20 juin 2008 13:23

        Votre niveau de français illustre parfaitement cette déculturation :

        - Diagnostic et non diagnostique ...

        - des études réelles et non "réels" ...

        - une vision décalée et non décalé ...

        Et je ne cite que les deux lignes et demie que le fait de répondre me montre !!!


      • finael finael 20 juin 2008 13:38

        Je n’ai pas lu cet ouvrage mais ma position sur la disparition de la culture la plus élémentaire est qu’il est "préférable" pour les gouvernants, et autres en position de pouvoir, que le "peuple" soit le moins cultivé possible - et prenne pour de la culture la soupe qu’on lui sert.

        Je sais, e’d mon temps moins de 15% des élèves avaient leur baccalauréat. Mais même ceux qui n’avaient que le "certif" ou le BEPC savaient lire et écrire.

        Je ne crois aucunement que la culture, au sens large, doive être réservée a une zélite quelconque mais bien qu’il ne serait y avoir démocratie sans culture. Seulement au lieu d’élever le niveau des citoyens on a abaissé celui des diplômes.


      • Gilles Gilles 20 juin 2008 14:19

        Le commentaire de karg se est à mons avis trés pertinent.....peu importe les fautes d’orthograhes, qui n’en fait pas ?

        Vous aussi vous vous mettez à juger les gens sur leurs malheureuses petites fautes ? Le contenant plus que le contenu, c’est ça la déculturation mon gars !


      • karg se 20 juin 2008 14:47

        L’orthographe n’est qu’un code, le fait que vous ne repondez pas à mes arguments mes à mes erreurs techniques montre que ce que vous appelez culture n’est qu’un gout pour l’élitisme, à l’image de la grammaire française extrèmement complexe et que personne ne maitrise vraiment. Ce qui nous empêche pas de parler et de communiquer pour dire des choses intelligentes.


      • karg se 20 juin 2008 17:24

        Les français ont tendances à se faire mousser avec la difficulté de la langue française, c’est un manifestation d’élitisme ridicule à une époque où l’éduction a d’autres missions que transmettre une culture ancienne. Les allemands ont simplifiés leur grammaire, les chinois ont réformés leur écriture à plusieurs reprises, mais l’idée d’adapter la langue française aux contraintes modernes ne passe pas.

        Dans le fond l’auteur n’a aucun argument autre que la médiocrité médiatique pour mettre en évidence l’incompatibilité entre démocratie et culture. C’est peu, surtout qu’il s’en tient uniquement à l’aspect technique de la langue, et non pas à au fond culturel qui lui implique des connaissances littéraire, historique, philosophique et scientifique. Qu’il ose écrire que la connaissance scientifique et historique n’a pas avancés en France depuis les années 50-60.

        J’ai une vision profondément utilitariste du langage et de l’enseignement, elle n’est évidement pas partagée par l’élite "intellectuelle", représentée par des boulés comme BHL ou Finkielkraut. Pendant ce temps là le français moyen à un niveau intellectuel sans commune mesure avec le français moyen de 1950.


      • Christophe Christophe 20 juin 2008 21:50

        @Florentin,

        Le problème tel que vous le posez repose principalement sur la forme, la syntaxe, mais nullement sur le fond, la sémantique.

        Entre une phrase bien formée et une autre mal formée, l’important n’est pas la forme, mais bien le sens que nous pouvons lui attribuer ; si bien entendu nous posons l’hypothèse assez réaliste que le langage est un outil de communication.

        Je peux concevoir que pour un puriste de la langue, la fameuse phrase de Chomsky des idées vertes dorment furieusement est acceptable dans sa forme bien qu’elle n’ait aucun sens, alors qu’une phrase connue du film ET téléphone maison est fausse dans la forme tout en ayant du sens. Nous savons que l’interprétation d’une langue se situe entre la forme et le fond, entre la syntaxe et la sémantique.

        Il est donc important de savoir sur quelle hypothèse repose la nature même de la langue. Pour ma part, le langage est une symbolique de communication ; donc la forme importe peu, même si il est plus plaisant d’avoir à la fois le fond et la forme, mais le fond est bien plus intéressant.

        A l’inverse de ce que vous soutenez, ce n’est pas parce que la syntaxe et la grammaire ont quelques lacunes qu’il y a perte dans le niveau culturel, mais bien dans le fait de savoir manier la langue sans exprimer la moindre idée ... parler sans chercher à communiquer !

        Quant à la communication, nous pourrions en parler. Car elle est sans doute bien plus inexistante dans la société de communication qu’elle ne l’était sans faire état de sa présence au sein de la société. Une société de communication n’est rien d’autre qu’une tautologie sans intérêt, la communication fait partie intégrante de la vie sociale.


      • finael finael 20 juin 2008 23:54

        Le langage EST la pensée consciente, même au niveau le plus simple c’est la seule façon de formuler des idées et de les communiquer avec un sens - théoriquement - commun pour tous les interlocuteurs.

        C’est tellement vrai, et tous les traducteurs et interprètes le savent, qu’à chaque langue correspond une forme de pensée et que certains mots, certaines expressions sont intraduisibles d’une langue dans une autre : le mot n’existant pas, le concept non plus.

        Bien sûr nul n’est à l’abri de fautes d’orthographe ou de grammaire, mais le fond repose sur le sens que communique - ou pas - le message.


      • Christophe Christophe 21 juin 2008 01:28

        @Finael,

        Nous sommes d’accord sur le fait que le langage permet l’expression de la pensée consciente. Mais entre la pensée et sa restitution en unité compréhensible (utilisant une symbolique comme le langage par exemple), aussi bien que l’interprétation pour une construction de la pensée, il existe une incommunicabilité partielle. C’est sur cette incommunicabilité que s’appuient la plupart des ouvrages de Camus (Albert).

        Les expressions langagières ne sont que des approximations de la pensée. La communication repose principalement sur l’explicite mais il existe une bonne part d’un message qui reste implicite. Dans la relation entre langage et concept, nous sommes assez d’accord, mais je préciserai que sans le terme (disons plutôt le sémème), il n’existe pas de concept correspondant ; mais cela ne signifie pas que pour tout concept il existe un signifié en correspondance.

        Différentes approches, principalement en sémiotique, me semblent pourtant claires sur ces points ; que cela concerne Wittgenstein, Peirce, Jackobson, Rastier et bien d’autres.

        Mon propos n’a rien de nouveau, Schank (psychologie cognitive), dans son principe de dépendance conceptuel tend à montrer que plutôt que de s’attacher au sens de chaque mot d’une phrase, on cherche à en cerner le sens de façon globale, en tenant compte de l’implicite. C’est aussi la meilleure des méthodes pour traduire convenablement d’une langue à une autre.

        Si dans une approche conceptuelle, nous pouvons considérer qu’il existe une correpondance entre un sémème et sa représentation mentale (noèmique puis logico-philosophique), dans un discours, l’implicite (le non dit, l’émotion, ...) est traduit en représentation mentale de la même façon qu’un terme utilisé dans le discours.


      • alceste 21 juin 2008 12:29

        Je ne vois pas en quoi inciter les jeunes ou moins jeunes à puiser dans le trésor du patrimoine artistique et culturel représent l’élitisme !

        l’élitisme, c’est de considérer que cette culture n’appartient qu’à quelques privilégiés de la société.

        Mais puisque nous allons vers une société selon vos voeux, parfaitement utilitariste, supprimons donc joyeusement tout ce qui n’est pas utile, akomencé par lortograf.




      • Deadlikeme Deadlikeme 23 juin 2008 07:45

        Merci Finael,

        j’allais justement le dire en réaction épidermique à ce commentaire...

        un peu de retour aux sources basiques de la syntaxe française ("culture" apprise dès le primaire...non ???) ne serait pas inutile pour ne pas dire plus que recommandé...

        mais quand nos journaleux quotidiens "causent" un français de bric et de broc, s’autorisent les plus grandes déviances à la radio, à la télé, memê dans certains articles écrits....

        à commencer même par le chef de l’état lui-même dans ses discours.. hélas... la culture n’est même plus de la confiture.....


      • Marsupilami Marsupilami 20 juin 2008 10:47

         @ L’auteur

        Très intéressante présentation de ce livre de Renaud Camus, qui doit l’être tout autant. Camus a une immense culture et est en même temps un fieffé réactionnaire élitiste, ce qui lui donne un point de vue assez pertinent pour analyser ce phénomène. Un article paru hier dans Agoravox traitait du même problème avec un angle différent, Sarkozy et la princesse. Même en n’étant pas du même bord politique que Camus, on ne peut nier qu’il y a une marchandisation de la culture qui la nivelle par le bas. Heureusement qu’il y a Internet, effectivement, ce qui est paradoxal puisqu’il contribue aussi à cette massification culturelle...

         


        • Merci pour cet article qui donne évidemment envie de lire ce livre. Le constat est vraiment terrible mais le pire c’est que nous le savons tous peu ou prou !

          Que faire ? Comment tenter de rétablir la situation ? L’aculture est bien en route et nous perdons progressivement mais sûrement nos repères.


          • Paul Villach Paul Villach 20 juin 2008 11:30

            @ Florentin

            Ne soyez pas sceptique, cher Florentin ! Ne trouvez-vous pas sur AGORAVOX de ces réflexions que vous ne trouvez pas ailleurs, parce qu’interdites de séjour dans les médias traditionnels ? Paul Villach


          • Paul Villach Paul Villach 20 juin 2008 12:06

            @ Florentin

            "une censure qui ne viendrait pas de la foule, mais plutôt d’un "rédacteur en chef", dont l’avis me semblerait légitime, autorisé."

            Existe-t-il ce grand manitou, même à vos yeux ? Aux qualités que vous exigez d’un "rédacteur en chef", connaissez-vous beaucoup de candidats qui fussent dignes d’êre rédacteur en chef ?

            Je suis d’accord avec vous, en revanche, pour déplorer les agressions de commentateurs qui vous lisent en diagonale ou qui appartiennent à des meutes partisanes chargées, par des descentes organisées, de faire la police de la pensée.

            Mais comment la culture peut-elle séduire si elle ne s’expose pas ? Et s’exposer, c’est aussi prendre le risque de s’exposer aux outrages. Voilà un beau paradoxe que je livre à votre méditation, cher Florentin. Paul Villach

             


          • leonmarchenoir leonmarchenoir 20 juin 2008 12:31

            Ouais, internet un monastère ? Plus que sceptique. D’autant qu’on ne parle jamais des monastères, sur ce site que pour les ridiculiser.. Voir par exemple l’article indigne de marsupimachin sur le mont Athos, il y a quelques jours.


          • Paul Villach Paul Villach 20 juin 2008 11:53

            @ Léon

            Subtile question ! Tout dépend du sens que vous donnez au mot "résister". Mais les deux sens sont acceptables, avec ou sans négation. Paul Villach

             


          • Pierre de Vienne Pierre Gangloff 20 juin 2008 11:51

            Las, toute cette énergie et ce temps passé à se lamenter d’une situation qui n’existe que depuis le prisme de votre position, alors qu’ailleurs emerge de nouvelles cultures, de nouveaux savoirs, qui nont évidemment pas les faveurs de gens comme vous, qui ont dominé et régenté le monde du savoir et de l’éducation, et qui découvrent avec stupéfaction que l’on ne les écoute plus, parce que leur discours ( le votre) s’est sclérosé. Alors oui, la chapelle Sixtine ressemble à un hall de gare bruyant et désagréable, mais dans la même ville, sur la ligne de métro qui mêne à l’aréoport de Ciampino, un taggeur, un voyou ( comme était considéré le Caravage de son vivant) fait des choses magnifiques. Attention ! pas d’équivalence entre ces deux univers, simplement un regard qui essaye de rester éveillé.La culture ce n’est pas simplement un effort, des concours, des examens, des diplômes, c’est aussi de l’empathie avec le monde.

             


            • dom y loulou dom 20 juin 2008 14:21

              j’abonde volontiers ici avec vous pierre

              il semblerait surtout que c’est la liberté de l’expression politique qu’on veuille nous enlever quand on ne peut nous ensevelir dans l’hypnose des divertissements.

               

              "tais-toi et nous prendrons pitié de toi, mais exprime le basique bon sens... et tu seras traité en terroriste"

              voilà les bons auspices sous lesquels on veut nous maîtriser... quand en face on ne songe qu’à élargir le champ des possibles.


            • ZEN ZEN 20 juin 2008 12:24

              L’exemple vient d’en haut..

              Le commentaire de Gilles , passé presque inaperçu hier , sur un autre fil, mérite le détour...

              J’en donne le début pour vous mettre l’eau à la bouche...

               

              Un homme politique c’est un intellectuel qui ne pense pas."
                par Gilles (IP:xxx.x75.225.28) le 20 juin 2008 à 11H18

               

              Ce mépris de la culture et de la connaissance est généralisé dans ce gouvernement monopolisé par la droite réactionnaire. Voici ce que déclarait cette chère C Lagarde


              • "Que de détours pour dire une chose au fond si simple : il faut que le travail paye. Mais c’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’y a guère une idéologie dont nous n’avons fait la théorie. Nous possédons dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé maintenant. Retroussons nos manches."

              On dirait presque du Mao dans le texte ! Un homme c’est deux bras et deux jambes au service de la cause avant d’être une boucvhe à nourrir ou un cerveau qui pense....

              (lire la suite..)


              • Paul Villach Paul Villach 20 juin 2008 12:33

                @ Zen !

                Cette honorable ministre n’a-t-elle pas ajouté : "Let’s go !" ? Paul Villach


              • Yannick Harrel Yannick Harrel 20 juin 2008 13:53

                Mme Lagarde pense pourtant... mal mais pense tout de même... et in american in the mind please !


              • Gilles Gilles 20 juin 2008 14:28

                Zen

                Cette citation "Un homme politique c’est un intellectuel qui ne pense pas." est d’un américain, un certain Harold Rosenberg. Je l’ai vu sur un site relatant une interview d’Emmanuelle Mignon... et elle m’a bien plu !

                car justement, selon cette Emma, Sarko évite de penser, n’aime pas trop penser, mais il est IMPATIENT ET IL AGIT, ce qui est la caractèristique des politiques, des vrais, selon elle

                Sinon, j’ai posté ce post ce matin et puis l’article est passé en bas de page. Je trouve ça un peu énervant ! SI on intervient pas le jour de publication, eh bien, hop c’est fini, à la trappe


              • Céline Ertalif Céline Ertalif 20 juin 2008 23:38

                Bonsoir,

                Belle citation de Christine Lagarde qui me rappelle un autre adage : en politique, il faut battre sa coulpe sur la poitrine des autres ! Qui doit retrousser ses manches ?


              • ZEN ZEN 20 juin 2008 13:26

                La question est biaisée..

                La République a été évidemment génératrice de culture...

                Ce qui est une cause, dans ce que je n’hésite pas à appeler l’effondrement culturel de notre époque , c’est l’effacement des valeurs républicaines au profit d’un ultralibéralisme mondialisé et de l’idéologie qu’il véhicule ( qui commence en 1974 avec Giscard) , caractérisé par une perte de repères , de sens , de goût du savoir, de la saine émulation dans la connaissance, au profit de l’équivalence des idées, du relativisme, du scepticisme généralisé, bien propres à préparer les esprits à ne pas résister, à être des consommateurs passifs , jouisseurs plus que qu’esprits éveillés...
                Ce que Barber apppelle "l’infantilisation des esprits "

                Michéa à la suite de Lash ont a peu près tout dit sur cette question..

                Mais je suis peut-être vieux jeu...


                • Paul Villach Paul Villach 20 juin 2008 14:49

                  @ Zen

                  Je partage volontiers votre correctif, Zen. Il reste que l’interrogation de Renaud Camus oblige à en revérifier la pertinence.

                  Est-ce que nous ne tombons pas dans le travers des croyants (religieux ou politiques) qui, en réponse aux critiques des incroyants, assurent que celles-ci ne s’adressent qu’aux usages dévoyés de "la vraie religion", en oubliant qu’il n’existe pas de "vraie religion" mais seulement des applications diverses selon les circonstances et les époques ?

                  Oui, je veux croire que les valeurs de la République postulent l’accès de tous à la culture. Mais force est de reconnaître que leurs applications à ce jour, avec des variantes diverses, se soldent par un échec évident.

                  Le libéralisme économique auquel la démocratie est aujourd’hui associée est même un obstacle majeur à cet accès puisque c’est ce qui se vend qui est produit en masse. Or cette discrimination qui est efficace pour des outils ou des appareils, ne l’est pas dès qu’il s’agit des créations intellectuelles. Van Gogh ne vend, sauf erreur, qu’une toile dans sa vie. Rimbaud n’est édité au mieux qu’à quelques centaines d’exemplaires, de son vivant, etc. Paul Villach


                • chmoll chmoll 20 juin 2008 13:37

                  Culture et démocratie seraient-elles incompatibles ?

                  ben ça dépend, si la démocratie est cultivé comme le p’tit énervé,i pousse d’la dictorcatie



                    • Gilles Gilles 20 juin 2008 14:40

                      Morice ton lien est déjà caduque. A croire que ce genre d’article sur Sarko et les intellos n’intéressera pas la postérité, selon le Figaro


                    • Traroth Traroth 20 juin 2008 14:56

                      En fait, ce livre répète en grande partie ce que Brighelli dit dans "la fabrique du crétin" : détournement de la culture, généralisation de "l’opinion" (toutes les opinions étant finalement interchangeables), baisse générale du niveau de l’enseignement et, en conséquence, du niveau scolaire des "apprenants", etc.


                      • Traroth Traroth 20 juin 2008 15:00

                        Autre chose : un point de vue qui me dérange, c’est "80% d’une classe d’âge au bac, ça veut dire que le niveau du bac a baissé", comme s’il s’agissait d’une fatalité. Oui, avec l’école telle qu’elle est, c’est une fatalité. Mais je reste persuadé que la plupart des gens sont effectivement capables d’atteindre un bon niveau. Simplement, on rend l’école sélective de manière à conserver une quantité suffisante de main-d’oeuvre peu qualifiée (le bac ne sert ici que de cache-misère). En d’autres termes, l’école est conçue de manière à pousser un certain nombre d’enfants à échouer et à gâcher leur vie, afin de les rendre plus faciles à exploiter.


                        • karg se 20 juin 2008 17:36

                          Bien sur, tout les pays riches ont un système éducatif qui gardent longtemps les élèves, et bien sur nous français sommes idiots de faire pareil puisque c’est parfaitement inutile : les bacheliers n’ont aucune culture et n’apporte rien de plus que les apprentis à 14 ans dans les usines.


                        • Traroth Traroth 20 juin 2008 18:07

                          Donc si on reste longtemps à l’école, c’est qu’on est forcément très cultivé ? Ca n’est pas sérieux.

                          Le fait est que les programmes ne cessent d’être allégés, que les livres deviennent de plus en plus minces, que les horaires des élèves sont de plus en plus légers, qu’on a de moins en moins d’ambitions concernant l’école (maintenant, si on en sort en sachant lire, écrire et compter, c’est déjà bien), etc. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : on est dans un contexte généralisé de baisse des attentes. C’est vrai pour l’école, c’est vrai pour les prisons, c’est vrai pour la société dans son ensemble. Mais pas pour ceux qui possèdent des yachts, bizarrement...


                        • karg se 20 juin 2008 19:28

                          Moins d’horaire c’est pas un mal ont a les écoliers et les étudiants qui passent le plus de temps en cours, la culture c’est aussi du travail personnel. Nos étudiants manquent terriblement d’autonomie.


                        • Traroth Traroth 25 juin 2008 12:12

                          Pas d’accord. L’école est là pour enseigner.Elle a du mal à le faire, le constat est quasi-unanime, et ce n’est pas en allégeant les horaires que ça va s’arranger. Pour les étudiants, le problème est similaire : est-ce qu’on veut qu’ils acquièrent des connaissances ou qu’ils "deviennent autonomes" ? Il reste à démontrer qu’aider les jeunes à acquérir de l’autonomie fasse bien partie des missions de l’université.

                          Etrangement, ces jeunes si peu autonomes le sont *TOUS* au bout de seulement un an sur le marché du travail. Comme quoi, la nécessité...


                        • Traroth Traroth 25 juin 2008 12:14

                          Encore un petit rappel : il y a une époque pas si lointaine où le système scolaire et universitaire français marchait très bien. Entre temps, des réformes ont été menées. Il faudrait peut-être s’atteller à trouver lesquelles sont mauvaises et ont causées ces régressions, et faire machine arrière, non ?


                        • Sandro Ferretti SANDRO 20 juin 2008 15:02

                          Arrétez de lire et de parler de R. Camus.

                          Lisez ( relisons) Albert Camus, le seul, le vrai.

                          Le reste est littérature....


                          • sisyphe sisyphe 20 juin 2008 18:41

                            Je plussoie allègrement. ..


                          • Emma T. Emma T. 23 juin 2008 06:09

                            Des quatre mains itou je plussoie ...

                            Et j’ajouterais une vieille lune : d’aucuns ici pourraient simplement relire "La distinction" d’un certain Pierre B. voire quelque délicieux ouvrage d’ Anne Martin-Fugier.

                            Et juste une petite question à ces mêmes agoravoxiens, champions "tout corps d’état" : avez vous sincèrement l’impression d’avoir été plus cultivés à 15 ans que vos propres enfants au même âge ?

                            - Si oui, vous n’auriez pas su leur transmettre votre culture ni votre goût exquis pour de si jolies choses ? C’est mal.

                            - Si non, qu’est ce qui vous permets de présupposer que les enfants des autres soient moins cultivés que leurs parents au même âge ?

                            (Houlà, je sens que je vais me faire moinsser sévère là ! lol )

                             


                          • Polemikvictor Polemikvictor 20 juin 2008 15:09

                             

                            Pour la culture, il y a des maisons et pour la sécurité il y a des compagnies républicaines.
                             
                            Le mot culture est devenu un mot inutilisable si on veut s’exprimer avec précision.
                            Du « la culture pour un jeune Mède c’est de savoir tirer à l’arc et dire la vérité » de mon prof de Philo, ce qui signifiait maitriser les savoirs de son époque et posséder des vertus morales .Nous sommes arrivés à :
                             
                             
                            Qui montre que ce mot hormis sa signification agricole ou biologique est devenu trop flou pour avoir une signification.
                            Ce que montre également la définition de WIKIPEDIA :
                             
                             
                             
                             Dans cet article l’auteur s’en tient à la définition restrictive : « L’utilisation populaire du mot culture dans beaucoup de sociétés occidentales, permet de réaliser un classement de son caractère en fonction de la consommation de biens ou de l’exercice d’activités considérées comme élitistes : la cuisine, l’art, et la musique par exemple. »
                             
                            Toujours origine Wikipedia
                             
                            Je n’accepte cette Boboïsation de la culture qui la ramène à un ensemble de loisirs non sportifs.
                             
                            Les grands enjeux vitaux pour notre civilisation occidentale doivent être ceux qui en permettront le développement du point de vue matériel et institutionnel :
                             
                            Maitrise des connaissances : savoir trouver une information, la valider, la comprendre, la critiquer.
                             
                            Etre capable de raisonner juste et de façon factuelle et ne pas se laisser envahir par l’émotionnel, qui est une forme particulièrement perverse de paresse intellectuelle.
                             
                            Ecologique : gestion de l’énergie, dans notre situation la thermodynamique a plus de contenu culturel que la danse
                             
                            Création de richesse : l’affaire Kerviel, par exemple montre un pan de l’activité humaine qui crée de l’argent sans produire de richesses matérielles pour la société, ce n’est surement pas tenable
                             
                             
                            C’est la que se trouve la culture de notre époque .
                             
                             
                             

                            • Gzorg 20 juin 2008 16:03

                              c koi la Khulthure ?


                              • alceste 23 juin 2008 06:50

                                @ Gzorg,

                                Votre question est stimulante, et , plutôt que de reprendre une définition objective comme on en trouve dans les dictionnaires ou les encyclopédie, j’ai eu envie de témoigner de ce que cela représentait pour moi, c’est pourquoi je déballe mon point de vue un peu en vrac :

                                La culture ?

                                Elle se fonde sur la curiosité, désir de connaître et d’apprécier ce qui n’est pas "moi". Garder cette curiosité intacte. Ne jamais être blasé.
                                Apprendre l’admiration, l’humilité vis à vis des créateurs, patiemment apprendre à voir, à écouter, à lire.
                                Accepter d’avoir des maîtres, d’apprendre des méthodes.
                                La culture se fonde sur la connaissance, de façon à pouvoir comparer, relier ou opposer des oeuvres d’art de tous les temps.
                                Comprendre que les portes du temps ne sont jamais fermées.
                                Découvrir et redécouvrir une même oeuvre, prendre la mesure du temps qui passe et de la façon dont on évolue, dont la société qui nous entoure évolue.
                                Se sentir aussi proche d’un sculpteur maya que d’un écrivain français du XIXème siècle.
                                Aiguiser sa sensibilité, connaître des moments où il faut se laisser traverser par de puissantes émotions qui nous enlèvent à nous-mêmes,
                                Mais affiner aussi sa réflexion personnelle : apprendre à suspendre parfois son jugement, à accepter de ne jamais "avoir fait le tour" .
                                Faire des choix qui échappent au "conditionnement" social, politique, religieux,familial. Apprendre à ne pas être toujours en accord avec ses meilleurs amis, et à se trouver subitement très proche de personnes différentes.
                                Renoncer à la facilité, au "prêt à penser", au consensus, interroger toujours, en acceptant que les réponses ne soient pas des gratifications immédiates.

                                 


                              • orange orange 20 juin 2008 16:24

                                Je suis très loin de tous ces commentaires scientifique.

                                Pour moi la culture, moi qui me suis formé pour une revanche d’avoir été une partie de ma vie dans la transparente des autres moins intelligent qu’ils en avaient l’air.

                                La culture c’est non seulement savoir lire et écrire , mais c’est aussi, le savoir être ( notre comportement social) A quoi sert de faire de grande études, si l’on ne sais pas se conduire en exemplaire.

                                 


                                • Traroth Traroth 20 juin 2008 16:36

                                  Les mots ont un sens, quand même. La culture, ce n’est pas non plus savoir jouer au foot ou avoir un joli nez.


                                • Lavigue 20 juin 2008 17:06

                                  Je n’ai pas encore lu cet ouvrage mais bien des auteurs soulèvent l’antagonisme existant entre la culture et la démocratie.

                                  Ces penseurs sont qualifiés souvent de réactionnaires ou de conservateurs à l’instar de Finkielkraut mais surtout de Richard Millet dont les deux derniers livres "Le désenchantement de la littérature" et "L’opprobre" ont suscité la polémique dans le landerneau médiatique.

                                  Richard Millet stigmatise "la démocratie utilitaire" qui a "évacué la dimension littéraire de la langue française" pour permettre l’intégration de populations étrangères. Cet écrivain, la plus belle plume de sa génération, il est né en 1953, enrage de voir cette langue, vecteur d’une culture pluriséculaire se déliter sous le joug d’une mondialisation qui a court terme signera son acte de décès.

                                  On peut ne pas partager la violence verbale de ces auteurs de la post-modernité - que l’on peu approximativement définir comme la fin des grands récits narratifs commencés en 1789 avec la Révolution Française et achevés en 1989 avec la chute du mur de Berlin - mais on ne saurait jeter un voile pudique sur cette métamorphose que Malraux définissait comme ce qu’il reste de la vie après la disparition de l’homme. Le grouillement de la vie quand celle-ci a quitté le corps de l’homme.

                                   

                                   

                                   

                                   


                                  • sisyphe sisyphe 20 juin 2008 17:40

                                    Je me méfie, par principe, des auteurs élitistes, qui viennent pleurer sur la fin de la culture. Quant à la question la culture est -elle incompatible avec la démocratie, je la trouve carrément honteuse.

                                    Elle est le fait d’un amalgame reactionnaire qui cache mal son petit socio- racisme de base.

                                    Je n’ai pas lu ce livre, je ne peux donc faire de commentaires que sur l’analyse qui en est faite ici, mais il me semble que la question posée est réellement déplacée. Si on la prenait à l’envers, affirmerait-on que la culture se porte mieux en autocratie ?

                                    Je pense qu’il vaut mieux : d’une part s’interroger sur ce que la culture devient dans un système où elle est remplacée par des incitations constantes à la consommation , au lieu d’inciter à la reflexion, à travers le dveloppement de l’ensemble des nouveaux moyens de communication : écrans divers (TV, jeux video, cinéma de blockbusters, etc...), et au détriment des véritables objets de culture (litterature, philosophie, sciences, sciences sociales)

                                    - d’autre part, sur les nouvelles formes qu’elle revêt, pas forcément répertoriées au titre de culturelles : tags, groupes de musique, troupes de théâtre amateur, slam, etc...

                                    En bref, la vraie question qui, me semble-t-il, devrait se poser, n’est pas celle de la compatibilité de la culture avec la démocratie, mais avec le monde marchand et ses contraintes de consommation immédiate et compulsive.

                                    Mais, n’ayant pas lu le livre, peut-être mon interprétation n’est-elle que parcellaire. Toujours est-il que la démocratie(et donc la démocratisation des moyens d’accès à la culture) me semble un élément indispensable à la culture et à son évolution. Encore faut-il que, dans cette optique, la culture ne soit pas escamotée au profit de ce qui s’en donne l’apparence, mais n’est, en fait, que du divertissement (au sens où ça divertit du véritable accès aux différentes formes de culture) et de l’incitation à la consommation marchande.


                                    • ZEN ZEN 20 juin 2008 17:48

                                      @ Sisyphe , bonjour

                                      Tout à fait en phase avec tes deux derniers paragraphes surtout


                                      • sobriquet 20 juin 2008 17:53

                                        Je rejoins l’avis donné dans quelques commentaires : vous semblez avoir une vision bien étriquée de ce qu’est la culture, la réduisant aux manifestations élitistes d’une société bourgeoise détachée de toute réalité. Quelque chose de pas très éloigné de ce que l’on appelle culture dans l’oxymore "industrie de la culture", en particulier dans ses prétentions universalistes.

                                        Vous auriez dû parler des tentatives d’étouffement des langues vernaculaires, de l’interdiction des pratiques traditionnelles au nom de la sécurité et de la modernité, de la disparition des richesses spirituelles par l’étiolement des liens sociaux. Car, à mes yeux, c’est là que le diagnostic que vous faites prend tout son sens.

                                         

                                         


                                        • orange orange 20 juin 2008 20:41

                                          Les mots ont un sens qe oui, mais chacun de nous à une manière de comprendre les mots qui ont plusieurs définition. Je sais que je suis nul pour comprendre les mots.

                                          Si quelqu’un est assez intelligent ici, me donne un tuyau pour m’aider. Est ce qu’en lisant ce livre " la grande déculturation "

                                           


                                          • Soleil2B Soleil2B 20 juin 2008 22:15
                                            Culture et démocratie seraient-elles incompatibles ?

                                             

                                            - Cette incompatibilité a un nom : Sarközy.


                                            • Yakelkun ? 20 juin 2008 22:31

                                              N’était-ce pas Montesquieu qui affirmait "Eduquer c’est former des citoyens à devenir de plus en plus difficilement gérables ?"


                                              • Lucien Morice Lucien Morice 20 juin 2008 23:14

                                                @ sisyphe

                                                très .............................. livre que j’ai pas lu


                                                • Lucien Morice Lucien Morice 20 juin 2008 23:42

                                                  ce qui l’autorise à penser ce qu’il pense et à dire ce qu’il dit


                                                • sisyphe sisyphe 23 juin 2008 18:46

                                                  Ben oui, mon brave Lucien Morice, ou autre pseudo !

                                                  J’ai l’honnêteté de dire que, n’ayant pas lu le livre, je réponds à l’analyse qui en est faite ici, sur cet article.

                                                  En revanche, vous, vous intervenez, comme d’habitude pour ne rien dire : ni sur le livre, ni sur l’article : bref, vous confirmez votre rôle de troll et d’ absolu inutile.

                                                  Soutien à vos proches......


                                                • morice morice 21 juin 2008 00:02

                                                   Lucien Morice, énième avatar de Bretzel man... qui doit en être ici à la bonne centaine. Deux nouveaux par semaine en général ; trollisme patent. 


                                                  • Lucien Morice Lucien Morice 21 juin 2008 00:22

                                                    CHUuuuuuuutttttttttt

                                                    tu sais bien que la valstar ça te réussis pas, allez rentres à la maison maintenant


                                                  • Céline Ertalif Céline Ertalif 21 juin 2008 00:19

                                                    J’avoue que cet article me laisse indécise.

                                                    La culture est certainement une affaire politique. Le danger dans notre culture nationale, c’est pas tant l’élitisme que l’académisme. Absolutisme, jacobinisme et colonialisme. C’est l’éternelle résurgence, et les nouveaux habits républicains du conservatisme cachent mal la tradition autoritaire qui voudait en plus la légitimité.

                                                    Bien évidemment la culture légitime est toujours celle des catégories dominantes. Les bonnes manières viennent de la cour (voir l’oeuvre de Norbert Elias), le bon français celui des banlieues des chateaux de la Loire et la bonne littérature celle qu’on connait dans le 5ème arrondissement. Excusez les banalités que je profère en cette heure tardive, qu’une journée harassante explique sans les justifier.

                                                    La culture ouvre la pensée individuelle, c’est la face évidente. C’est même la morale de l’histoire. Mais la politique dit une autre chose plus cachée : l’imaginaire si précieux à l’individualité de chacun ne s’articule que par des éléments culturels très collectifs que l’on peut combiner à l’infini. La culture, c’est l’humanité entière dans la tête de chacun. Sauf que l’humanisme n’est jamais totalement universel.

                                                    Oui la culture est aussi discriminante. Qu’a-t-on appris du bas-breton ? Et pourquoi la culture corse est-elle aussi attachée que la culture américaine à la possession individuelle des armes ? Il y a des histoires différentes et l’oubli des raisons des autres est tout de même parfois un peu organisé par les puissants. Les puissants... ceux qui sont toujours solidaires des catégories dominantes. La culture unit et c’est généralement ce qu’elle montre, mais elle sert aussi à séparer et c’est généralement ce qu’elle cache. La morale montre et la propagande cache. Malheureusement, il n’y a jamais eu de morale sans un peu de propagande.

                                                    L’académisme est toujours l’indécente nostalgie des privilégiés.


                                                    • alceste 21 juin 2008 06:19

                                                      @ paul Villach,

                                                      Je ne peux que souscrire, hélas, au contenu de votre article. Pour avoir été un témoin bien placé, j’ai pu mesurer l’avancée irrésitible de l’ "Inculturation". A partir du moment où, sous couleur de progrès et de démocratie, on s’est coupé des sources vives du passé, où la patience et l’humilité nécessaires ont été remplacée par le plaisir immédiat et la pseudo-créativité, où l’activisme spectaculaire a triomphé du lent travail de mûrissement de la pensée, nous avons préparé l’avènement de la société déculturée et tout à fait décomplexée. Tant mieux : l’hyper-consommation ,l’industrie du gadget et l’imposture médiatique y ont beaucoup gagné.


                                                      • aldebaran aldebaran 21 juin 2008 07:34

                                                        Le sujet est digne d’intérêt

                                                        Je n’ai pas encore lu ce livre, mais il rejoint certaines de mes préoccupations. Ceci dit, pour ma part, je suis tenté de reformuler le titre de l’article (dans une perspective moins franco-française) "Culture et occidentalisme sont-ils encore compatibles ?"

                                                         


                                                        • le pen la vie la vraie 21 juin 2008 08:43

                                                          soral le dit, à l’envers du féminisme, qu’il y aura toujours plus d’atomes crochus entre le plombier et la bonniche qu’entre la bonniche et la maitresse de maison. Le problème avec les intellectuels réactionnaires, c’est qu’ils s’affilient toujours davantage avec leurs frères ennemis qu’avec le peuple. Tant que la critique du gauchisme en restera à la culture, elle reniera le peuple, et disons-le les identités de coeur qui devraient être le ciment reliant les uns aux autres. Pleurer sur la perte du français relève à mon sens d’un corporatisme frileux, d’une élite qui craint de perdre son pouvoir. C’est un sentiment partagé, quoiqu’ils en disent, par tous les intellectuels et qui ne peut transgresser les frontières entre les différents niveaux des classes sociales. Les réactionnaires devraient s’intéresser davantage aux valeurs qu’aux fautes de grammaire. Ce sont les valeurs communes qui fondent le lien social et non les règles culturelles. Parler d’un relativisme culturel devient d’ailleurs de plus en plus faux, puisque la revendication culturelle n’est que le prisme par lequel tout intellectuel aujourd’hui a décidé de restreindre le champs de la pensée. Il serait plus urgent et plus intéressant de creuser le fossé du relativisme moral qui sape bien plus surement les fondements de notre savoir vivre.


                                                          • Deneb Deneb 21 juin 2008 09:04

                                                            Votre article est singulièrement elitiste, vous attaquez l’antiracisme qui est un vrai progrés moral.

                                                            "une pop star se donne en « concert » tout comme un orchestre philharmonique. Or, est-ce la même chose ?"
                                                            Tout depend quelle pop star. Quand il s’agit de Jimi Hendrix ou de Sting, ca n’a tout de même rien à voir avec la star-ac.
                                                            Il y a aussi des orchestres classiques médiocres, j’en ai vu souvent. Il y a un mois j’ai quitté une salle de concert où on assassinait J.S. Bach. J’en suis encore traumatisé.


                                                            La grande deculturation est la conséquence directe du mercantilisme dans la culture. Quand la culture est traitée comme un produit elle obeit aux lois du marché. Les nantis sont donc persuadés de pouvoir se payer une culture, vu qu’il ne peuvent se payer un cerveau. Une toile de maître, quand on n’arrive pas à en saisir la subtilité, au moins on la possede, matérielement.

                                                            Il est aussi notoire qu’un créateur s’éclate en créant. Du coup, tout le monde voudrait créer, ce qui est en principe très bien.Sauf que tout le monde voudrait être payé pour sa création, aussi mediocre soit-elle. Alors les talents abandonnent cette lutte inégale, où sont considérés comme artistes ceux qu savent se vendre.

                                                            C’est clair qu’avec Internet, avec la disparition de la rareté, la culture mercantile vit ses derniers soubresauts. Les malheureux essais de Mme Albanel pour ménager la chevre et le chou sont voués à l’echec.

                                                            Je suis désolé de vous decevoir, M. Villach, mais la culture "officielle" à laquelle vous tenez tant va être jetée en pature à la foule. Et c’est au bout de quelques décennies que l’on fera le bilan. Si je suis persuadé que JS Bach en sortira grandi, sera-ce le cas avec tous les artistes "officiels" que l’on enseigne à l’ecole, avec tout le "sérieux" qui s’impose.

                                                            Et si c’était le "sérieux" le responsable. Trouvez vous que l’on doit faire preuve de sérieux lorsqu’on enseigne Cervantes ou Molière ?


                                                            • Senatus populusque (Courouve) Courouve 21 juin 2008 10:54

                                                              Incompatibles, peut-être pas, mais indépendantes, sûrement.

                                                              Culture doit s’entendre au sens large (littérature, arts, sciences, droit, philosophie, histoire) et ne pas être réduite à l’art (ou pire, au spectacle).

                                                              La liberté d’expression est une condition de la démocratie, et aussi une condition de la culture. Sans liberté d’expression, pas de possibilité d’une connaissance objective.


                                                              • Christophe Christophe 22 juin 2008 02:20

                                                                @L’auteur,

                                                                En fait je me pose quelques questions sur l’approche qu’a l’auteur de cet ouvrage, en tenant compte du résumé que vous faites.

                                                                Pourquoi un élan aussi noble qui prétendait ouvrir à tous l’accès à la culture a-t-il ouvert sur un tel désastre ?

                                                                Qu’est-ce qui fait que la culture se dégrade. Est-ce à dire que l’accès au plus grand nombre à la culture en soi pose problème ? Sur ce point j’en doute. Si nous nous référons à l’art par exemple, n’est-ce pas Dali qui exprimait qu’il pouvait, au sommet de sa carrière, faire n’importe quelle peinture, d’un niveau qu’il jugeait lui-même d’une pauvreté artistique évidente, mais qu’il suffisait qu’il y apose sa signature pour que cela soit une oeuvre d’art ? Cette dérive n’est donc pas si récente que cela ! La dérive n’a fait que s’accroitre, et, pour satisfaire les besoins d’un marché, il faut répondre à la demande et donc créer de toute pièce des artistes qui finalement n’en portent que le nom. Ainsi l’art véritable se noie dans une bouillie sans nom, mêlant de tout et du n’importe quoi.

                                                                L’auteur use de deux métaphores pour faire comprendre que la culture malheureusement résisterait à toute démocratisation ou du moins à sa conception égalitariste. La première est celle du parc de la Villa Médicis dont, il y a peu, dix candidats se sont disputé la direction à Rome. Ils n’avaient pas tort. Car qui s’est déjà promené dans ce parc en lisière de celui de la Villa Borghese, à deux pas des somptueux escaliers de la Piazza d’Espagne, en plein cœur de Rome, sait quel bonheur on y respire devant les lignes Renaissance de la loggia de son palais. Mais voilà, si le parc est ouvert à la foule, c’en est fini de cette jouissance, tout comme il est bien difficile de goûter une toile dans la cohue qui se presse et défile en procession à une exposition qu’il est de bon goût « de faire ».
                                                                 

                                                                La métaphore sur la villa Médicis est peut-être pertinente, quoique les plus beaux jardins de cette longue lignée de mécènes me semble se trouver en Toscane ; beaucoup gravitant autour de Florence. Cependant, la référence à la Villa Borghese aurait peut-être nécessité quelques explications, puisque le reproche que vous faites aux visites de musées, que je partage en partie, ne s’applique pas à la villa Borghese, sans doute l’un des plus musées du monde.

                                                                La visite de la villa Borghese est réglementée, le nombre de visiteurs en simultané étant limité ; la visite ne devenant possible que par réservation. C’est donc un choix que de limiter l’accès tout en laissant à tous la possibilité d’avoir accès à la culture ; et là, il n’y a pas de sous culture dans ce musée et nous avons le temps (pourtant limité lui aussi) de nous pencher sur les oeuvres.

                                                                Je ne pense pas du tout que la démocratisation de la culture soit un problème, mais le problème se situe bien dans sa marchandisation. Tout être humain a une sensibilité lui permettant d’interpréter, à sa façon certes, l’expression qu’a voulu transmettre un artiste dans le temps ; il n’est pas nécessaire de faire des études d’histoire de l’art, bien qu’il faille, à mon sens, toujours s’informer un minimum pour mieux cerner l’expression d’une oeuvre ; mais l’approche consumériste ne pose aucunement cette condition. La question serait plutôt : pouvons-nous démocratiser la culture sans la marchandiser ? A cette question, la réponse est oui ; c’est donc un choix politique qui s’est opéré.

                                                                Par ailleurs, dès le départ, vous faites un parallèle entre l’éducation scolaire et la culture. Dès lors que l’approche est strictement la même, il est appris à consommer les connaissances comme il faudra consommer tous ce qui nous entoure, il ne faut guère s’attendre à la prise en compte des efforts à fournir pour acquérir et conserver un tant soit peu de connaissances et de bases culturelles ; la consommation est un acte instantané ; la culture, comme la connaissance nécessite du temps et des efforts.

                                                                Je peux vous citer un exemple de démocratisation de la culture, puisque je sors d’une représentation de l’orchestre national du Capitole, à Toulouse. Sauf à poser l’hypothèse peu réaliste que Tugan Sokhiev soit un piètre chef d’orchestre, que Geneviève Laurenceau soit une piètre volioniste, ... ou que les oeuvres de Tchaïkovski, Chostakovitch, Verdi, Berlioz, Saint-Saëns, Borodine, ... ne soient pas d’un niveau artistique suffisant, cette représentation a permis à nombre de personnes peu enclines à écouter ces musiques de les apprécier, au moins sur le moment !


                                                                • Paul Villach Paul Villach 22 juin 2008 11:11

                                                                  @ Christophe

                                                                  Je souscris volontiers à vos objections.

                                                                  L’intérêt du livre de Renaud Camus est de poser des questions qui fâchent ou qu’on voudrait fuir : celle des rapports de la démocratie et de la culture en est une.

                                                                  Le problème, je vous l’accorde, est que démocratie et culture sont des notions à plusieurs sens. En ce qui me concerne, j’entends la démocratie comme un mode d’organisation visant à respecter la dignité de ses citoyens qui est tantôt en construction, tantôt en destruction. Quant à la culture, je ne l’entends pas au sens ethnographique seulement, mais au sens éducatif, à savoir cette confrontation de la personne aux réalisations les plus remarquables de l’humanité pour grandir elle-même en humanité et donc affirmer sa dignité.

                                                                  Démocratie et culture sont donc indissolublement liées, l’une conditionnant l’autre. Or il ne semble pas que cela se passe comme ça, parce que la démocratie est toujours en ébauche et jamais achevée, quand elle ne connaît pas des régressions sévères, comme celle que nous connaissons ou avons surtout connues par le passé.

                                                                  Des indices montrent certes que cette culture est devenue plus accessible. Mais d’autres aussi nombreux témoignent d’un détournement des créations culturelles en produits pour répondre, selon la loi du marché, à la demande qui est conditionnée par un niveau moyen culturel à un moment donné. Force est de reconnaître que ce qui se vend - films, livres, émissions, tableaux - obéit à des recettes éprouvées où la stimulation des réflexes primaires est dominante. À titre d’exemple, voyez le palmarès dont TF1 se flatte régulièrement en janvier, et qui la place en tête des chaînes de télévision pour avoir réuni 90% sinon plus des plus fortes audiences de l’année précédente. Voyez également les "Harry Poter", les "Da Vinci code" et quelques autres qui ont connu des ventes phénoménales...

                                                                  Or qui dit réflexes primaires dit éloignement de l’élan culturel qui arrache la personne au monde animal pour gagner en humanité.

                                                                  Quant à l’École, elle est à la fois le produit et la productrice de ce contexte, enfermée dans le cercle vicieux de l’interaction. Voyez les sujets de français qui ont été donnés au bac ces jours-ci et qui illustrent ce formalisme producteur d’inculture à mes yeux. Paul Villach


                                                                • fernandi fernandi 23 juin 2008 02:31

                                                                  Bachelier cette année, je vous trouve inutilement sévère. Le laxisme dans le baccalauréat est plus dans le système de correction que dans le sujet. Je vous avoue que je ne vois en aucun cas une quelconque baisse de niveau dans les énoncés que je lu la semaine dernière. Du moins les sujets invitant à la dissertation, ou exigeant que l’élève structure de lui même sa réponse (cf. Histoire, Géo, Philo, SVT, SES, Littérature, Français). Les autres sujets, sous forme de questions réponses, étaient certes plus simples. Les langues aussi, je vous l’accorde.


                                                                • jaja jaja 22 juin 2008 16:50

                                                                  "Une démocratie où les incultes sont dominants ne peut être que confisquée par ceux qui savent les manipuler."

                                                                  Et justement dans les démocraties comme dans tous les régimes politiques passés, une minorité s’est toujours emparée de la culture pour en faire son arme de domination par excellence...

                                                                  Nos démocraties, tout comme les pouvoirs monarchiques qu’elles ont renversés, sont en fait dirigés par des oligarchies nettement distinctes de la masse des gens. Et ce qui les distingue, au premier chef, c’est de posséder la culture qu’il est à peine envisageable lorsque l’on sort du peuple d’acquérir... (Disons un pour cent y parviendra).

                                                                  Alors que tous les jeunes de la classe bourgeoise se forment à leurs futurs rôles de dirigeants dans les meilleurs lycées et universités, grâce à l’argent de papa maman et à l’habitude du milieu envers la culture, les jeunes des classes populaires triment ou zonent dans leurs quartiers. Ils sont victimes d’une sous-culture scolaire dont le but final est d’en faire disons des ouvriers du bâtiment. De plus leurs parents sont bien incapables de les élever selon les canons d’une culture bourgeoise qu’ils ne possèdent pas...

                                                                  La culture est donc une acquisition de classe permise par les mécanismes mêmes de l’exploitation et du pillage. Je me forme grâce au travail effectué par d’autres et à ma place !

                                                                  De plus il faut noter la réticence des couches populaires à absorber tel quel le savoir de la classe dominante qui entre trop souvent en conflit avec leurs propres valeurs. Cela tous les pédagogues sérieux le savent..

                                                                  Le problème du fossé culturel entre les hommes ne pourra être résolu avant un repartage général et égalitaire des richesses garantissant à tous les mêmes moyens matériels de faire des études prolongées et de se cultiver..

                                                                  La possession exclusive de la culture sera le dernier bastion de toutes les classes dirigeantes...


                                                                  • armand armand 22 juin 2008 17:09

                                                                    Il n’en reste pas moins que tout le monde peut apprécier un tableau de Rembrandt ou une scupture de Rodin, alors que seule une élite auto-proclamée vibre aux facéties de Sophie Calle qu’elle a proclamée ’Art’ sérieux.

                                                                    Et si le problème était là ?

                                                                    La ’vraie’ culture, à laquelle tout le monde, à des degrés divers, a accès, une culture qui produit du lien social, face à une culture éphémère, réservée à des tranches de consommateurs soigneusement isolées les unes des autres.

                                                                    Et si la force de certaines expressions culturelles populaires, ’de masse’ ne venait pas surtout de leur classicisme ? Lignes mélodiques reconnaissables et rimes dans le rap, figuratisme dans la BD, recours aux grands mythes collectifs au cinéma.

                                                                    Il est curieux de constater d’ailleurs que les dynamiteurs de la culture classique, ceux qui mettent en avant une non-culture de la provocation fondée sur la rupture avec toutes les traditions sont souvent des milliardaires - voyez Pinault. Et que l’art dit ’moderne’, dans ses formes les plus extrêmes a été brandi comme symbole de la puissance et de la vitalité américaines dès les années ’50.


                                                                    • Paul Villach Paul Villach 22 juin 2008 17:32

                                                                      @ Armand

                                                                      Il n’est que de descendre le Canal Grande à Venise pour voir sur une estrade devant le Palazzo Grassi, siège du musée de Pinault, une tête de mort d’au moins deux mêtres de haut faite de bric et de broc, c’est le cas de le dire, de ferblanterie, de récipients divers. Une enseigne qui se suffit à soi-même.

                                                                      L’ennui est qu’il construit un autre musée à la pointe de la Dogana après la Salute pour y loger son fourbis ! Carpaccio, Bellini, Giorgione, Titien, Véronèse, Tintoret, Lotto, Guardi, Canaletto, Tiepolo, au secours ! Paul Villach


                                                                    • italiasempre 22 juin 2008 17:38

                                                                      @Paul Villach

                                                                      eh bien, on est pour une fois sur la meme longueur d’onde.

                                                                      Un monsieur qui apprecie autant les grands maitres italiens ne peut pas etre completement mauvais


                                                                    • Paul Villach Paul Villach 22 juin 2008 19:14

                                                                      @ Italiasempre

                                                                      En doutiez-vous ? Ce n’est pas la première fois que que je fais pareille déclaration... Et, comme vous le voyez, ce n’est pas à Estelle Denis ! Paul Villach


                                                                    • italiasempre 22 juin 2008 23:15

                                                                      justement si....

                                                                      pardon par cette faute de jugement.

                                                                      Cordialement


                                                                    • fernandi fernandi 23 juin 2008 02:42

                                                                       :(

                                                                      Je grimace, très fort, derriere mon écran. C’est vous qui n’avez aucune culture. Merde non, les révolutions culturelles ne sont pas faites par l’élite financière !!

                                                                      Aah, que je souffre de vos blasphèmes. Vous irritez mes yeux.

                                                                      Les expressionnistes étaient, pour la plupart, soldat, prolétaires. Merde. Duchamps n’est pas milliardaire. Pinault n’est pas Duchamps. Et le milliardaire est aujourd’hui la première victime de votre "deculturisation". Mais oui, mais oui, Sophie Calle artiste de patrons. Mais oui bien sûr.

                                                                      Gaston Chaissac ? MIchel Nedjar ? non ?


                                                                    • fernandi fernandi 23 juin 2008 03:23

                                                                      J’affirme : "article de vieux". Livre de vieux. Propos de vieux. L’auteur dénigre France Culture, arte... Il ne retrouve pas SA culture, notre vieux réac est perdu.

                                                                      Aristote, de son temps, était effrayé par l’ignorance des générations futures. Phénomène de société ? Et oui, je suis désolé de vous apprendre que déjà vous êtes à côté de vos parents, aieux, et à côté d’Aristote et ses potes, de pauvres incultes. Et je suis fier d’appartenir à ce jour à la génération la plus ignare de tous les temps. (âgé de 16 ans).

                                                                      Ah la belle époque de la culture solide a disparue... Tout fout le camps... Arrêtez c’est trop triste.

                                                                      Certes la démocratisation de la culture n’est pas au point du tout. Mais la critique de notre bon Camus ne tient pas la route. Premièrement l’élite culturelle n’est pas moins douée aujourd’hui qu’hier (ah si, c’est vrai, elle apprécie Sophie Calle, quelle honte, bande de vieux), deuxièment les masses, bien que très distants de la culture le sont toujours moins qu’il y a 50 ans. La culture n’est pas démocratisée, mais la déculture est une idée de vieux réac, car la démocratisation n’existe que par l’apport de nouveaux moyens de communication, de nouveaux bâtiments... Il n’y a rien qui fut retiré. La démocratisation ne consiste pas en un partage de connaissances, mais en un élargissement du public. La culture n’est pas matérielle. Tu peux en donner à tout le monde, et t’en seras pas moins con. C’est magique.

                                                                      Le malaise inquiètant est à mon avis c’est la fuite de la reflexion. C’est une question d’époque plus que de démocratisation. A l’heure du capitalisme forcené, on ne réfléchis plus, notre ministre l’a compris. La culture est restée bien au chaud chez l’élite et l’ensemble des francais (et pas que nos purs sang bien aimés de Camus [1]) et l’ensemble des français, donc, a pu en profiter un petit peu plus qu’avant, chacun à sa manière, beaucoup en préfèrant le classicisme, (comme notre bon Camus j’imagine). Le malaise est donc, selon moi, du côté de la reflexion. C’est presque mal vu aujourd’hui. L’université doit être rentable, le secondaire doit permettre un métier,... Le vocabulaire est en nette déperdition, c’est vrai. C’est troublant.

                                                                      Autre fait, la culture, j’insiste s’installe, je n’en doute pas, se démocratise, apparaît dans de nouvelles classes sociales, mais très inquiétant, l’intêret pour la culture, lui dispaît.

                                                                       

                                                                      Excusez les fautes d’orthographe. On a tous nos faiblesses. Par contre sur la culture, vous m’aurez pas, je connaissais et appréciais Sophie Calle, moi, je suis une pauvre victime de la démocratisation de la culture. Une pauvre victime de la gratuité de l’horrible centre Georges Pompidou, une pauvre victime de l’accessibilité (néologisme ?) d’internet, une pauvre victime de France Culture... Ah mon Dieu.


                                                                    • armand armand 23 juin 2008 11:11

                                                                      Désolé.

                                                                      Pour moi Sophie Calle ce n’est pas de l’art, c’est un ’gimmick’ comme on dit en anglais.

                                                                      Et brandissez les termes ’jeune’ ’vieux’ tant que vous voulez : le ’jeunisme’ à tout crin n’a jamais tenu lieu de ’culture’ - ce n’est pas la belle (?) Sophie, plus de cinquante piges au compteur, qui me démentira.

                                                                      Je mets en cause une véritable terreur intellectuelle qui sévit depuis des générations maintenant, selon laquelle ’tout’ est culture et ’tout’ se vaut. Qui met sur le même plan Rembrandt et un urinoir ou une boîte de conserves pleine de ’echte artiste scheise’. Cette même terreur qui rend la vie impossible aux quelques artistes figuratifs qui croient encore à un métier fait d’apprentissage, de lenteur, d’assimilation, et de recherche d’une (illusoire) perfection, tout en vantant le happening spontané, de préférence alimenté par d’incultes millardaires.

                                                                      Il y a quatre-viongt ans, une Américaine, auteure de livres de voyages, remarquaient déjà que les boulevards étaient infestés de gens qui avaient "more money than they were educated for". Sa remarque reste d’une actualité étonnante.


                                                                    • Emma T. Emma T. 23 juin 2008 11:30

                                                                      Bravo jeune homme !

                                                                      Bravissimo même ! (Ca c’est pour faire italien, façon loge de la Scala ou encore disputatio très à propos entre Mickey mon Ange et Léonardo qu’est un génie ! Arghhh mais comment ça, Vasari himself relate cet événement et il m’aurait échappé ???)

                                                                      Non, là, j’exagère, il y a UNE chose à regretter dans "La pré-démocatic’cultur" : c’est qu’on ne faisait pas la queue nulle part ou quasi. (Enfin, si, aux Offices mais là, on pouvait fastoche avoir une carte "cerchia d’amici " - traduire "entre nous"- et rentrer par la petite porte au nez et à la barbe de la foule hagarde et néanmoins docile... hé hé pauvres gueux, quelle idée vous avez là de venir voir MA galerie pleine de MES "Maîtres anciens" ? Que les choses soient claires : la culture, ça se mérite !).

                                                                      Ah oui, ça c’est vrai, je les regrette ces salles désertes et encaustiquées, ces places d’Opéra à une semaine de Smic (au bas mot et au poulailler) ces petits fours et ce champagne remplacés même dans les meilleures maisons par des chips et de la bière.

                                                                      Fait pas bon vieillir, va (comme dirait Louise Bourgeois !) !


                                                                    • Emma T. Emma T. 23 juin 2008 12:12

                                                                      @Fernandi

                                                                      Mon message précédent de "Bravissimo" s’adresse à Fernandi, je n’aimerais pas une confusion.


                                                                    • Paul Villach Paul Villach 23 juin 2008 14:24

                                                                      @ Armand

                                                                      Je souscris à votre vive réaction contre ces fadaises qui nous bassinent à la fin ! Paul Villach


                                                                    • fernandi fernandi 24 juin 2008 15:17

                                                                      @ Armand

                                                                      Mes excuses pour le deuxième commentaire, seul le premier vous était déstiné, mais lorsque vous réagissez à un commentaire, tout autre message écrit dans l’encart en bas de la page vient s’accoler au commentaire précédemment commenté.

                                                                      En effet, le qualificatif vieux n’était pas destiné à votre remarque, mais simplement à la "déculturisation". Préférer le figuratif à l’abstrait, au coceptuel,... n’est pas, à mon avis, restreints aux réacs, c’est une véritable question de goût. Je pourrais débattre longtemps avec vous sur la supériorité de Duchamps à Monet, mais ce n’est pas le bon contexte. Les deux appartiennent à notre culture aujoud’hui. En revanche si vous n’admettez pas ça, vous êtes un vieux réac, car qu’on aime ou pas, l’urinoir a révolutionné le monde artistique.

                                                                      Pour ce qui est de la supériorité d’un Rembrandt face à un urinoir, ou une merde en boîte - vous parlez de Mazetti ? (j’étale un peu, mais c’est pour mieux vous prouver la réussite de notre chère démocratisition), j’avoue que là vous me prenez par les sentiments, car j’ai un faible pour Rembrandt, mais cela n’empêche que Duchamps a marqué l’histoire de l’art, et que la grandeur de Rembrandt est liée à son époque sans photographie, sans reproductions en série, sans objets industriels que Duchamps aimait tant.

                                                                      Et en effet "tout le monde" apprécie le figuratif classique, tandis que l’art contemporain reste réservé, non pas à une élite, car là votre élite est vraiment très large, mais au moins à un publique intéressé, plus instruit aussi. C’est là un echec de la démocratisation de la culture, car le but était que tout le monde puisse comprendre (non pas aimer, mais bien comprendre) le sens des grandes oeuvres contemporaines, telles que l’urinoir, ou des gens comme J. Beuys, assez difficiles d’accès.

                                                                      En vous relisant je trouve qu’on croirait Staline, un peu plus qu’Hitler d’ailleurs. " La ’vrai’ culture" et celle à laquelle tout le monde a accès, l’art contemporain appartient à "une élite auto-proclamée"... Selon vous, l’idéal serait que la culture mise en avant soi une culture classique, réaliste, plutôt que cette ’fausse’ culture élitiste de bourgeois ? Ça fait réfléchir.


                                                                    • fernandi fernandi 24 juin 2008 17:06

                                                                      @ Paul Villach

                                                                      Merci pour votre mépris. C’est fatiguant de discuter avec un avis contraire n’est-ce pas ? En plus un avis contraire tant omniprésent, tant rabâché, tant bassinant, qu’il est le seul sur une centaine.

                                                                      Je vous sens fier du méli-mélo, du fatras que vous avez trouvez et qui s’accorde avec vos idées.

                                                                      fatras :

                                                                      1- Le niveau du bac évoluant de façon inversement proportionnelle avec le nombre d’obtention, on ne peut conclure quant à l’évolution du niveau des élèves. That’s mathematics. 

                                                                      2-En effet l’éphèmere est préféré au chef d’oeuvre, mais qui aujourd’hui, ne connait pas Bach, tandis qu’il y a 50 ans ? Et quel lien entre la démocratisation de la culture et sa capitalisation ?

                                                                      3- Je ne comprends pas votre exemple des "femmes". Voulez-vous dire "les femmes savantes" ? De plus l’effacement de l’auteur dans le cinéma n’est pas nouveau, au début du XXeme siecle, lors des premières salles de projection, le cinéma muet était un divertissement pour les basses classes et le titre restait tandis que le réalisateur n’était pas mentionné, ou bien le héros. 

                                                                      Et d’ailleurs, mentionner le cinéma d’auteur est en contradiction avec le 2. Camus nous dit d’une part : plus de hierarchie entre la "culture-produit" et la "culture-art", puis juste après nous dit, vous voyez, la distenction entre le "cinéma-produit" et le "cinéma-art" corrobore ce que je dis.

                                                                       

                                                                      4-Je suis d’accord, mais il faut distinguer perte du vocabulaire et renouvellement de la langue. Mais là encore ça n’a rien à voir avec notre démocratisation.

                                                                      5-Cet argument ne tient vraiment pas debout. Camus nous dit : il n’y a qu’a voir comment on parle de culture à la télévision, c’est bien la preuve que nous sommes en deculturation, c’est bien la preuve que la démocratisation de la culture n’a pas fonctionnée. C’est stupide, car la culture à la télé, c’est ça la démocratisation de la culture, Camus nous dit donc : Voyez : la culture n’est pas démocratisée, c’est à cause de la démocratisation. Selon l’auteur, parce qu’on a mis de la culture à la télé, il n’y en a pas. Mon avis est plutôt : parce qu’on en a pas mis, il n’y en a pas. Qu’en pensez-vous ?

                                                                      6- La disparition du livre, c’est une idée reçue. De plus, le développement des techniques permet aujourd’hui a de nombreuses petites maisons d’édition de s’ouvrir. Regardez la bande-dessinnée, c’était il y a vingt ans une zone commerciale réservée aux grandes maisons, c’est aujourd’hui un lieu d’expérimentation. (penser à Satrapi, c’est un exemple qui met tout le monde d’accord). 

                                                                      Mais en réalité je suis d’accord avec l’auteur, que seuls les connus vendent (et non pas publient), mais il le dit lui-même, c’est la loi du marché, ce n’est pas la démocratisation.

                                                                       

                                                                      Pour la suite j’ai la flemme


                                                                    • fernandi fernandi 24 juin 2008 17:31

                                                                      Mon dernier commentaire est mal éxprimé, un peu superficiel et pas terminé, je voulais juste vous montrez d’une part que le livre mélange de tout, du vrai, du faux, du subjectif, de l’objectif d’autre part qu’il conclue avec grand tort à l’incompatibilité culture/démocratie.


                                                                    • Breton8329 rol8329 24 juin 2008 20:39

                                                                      Bravo pour ce commentaire objectif. Je ne comprends pas l’indulgence des lecteurs envers ce fatra pseudo intellectuel qui abuse de la réthorique la plus éculée pour économiser de laborieuses et improbables démonstrations. Avec de tels procédés, tout devient simple ! Je suis quand même surpris de trouver ce type de rédaction sous la plume d’un rédacteur émérite alors qu’il signale habituellement les hommes politiques peu scrupuleux.


                                                                    • Breton8329 rol8329 24 juin 2008 20:48

                                                                      Bien vu pour la première partie de votre commentaire, par contre, je ne partage pas votre point de vue sur la réflexion. Pensez vous réellement que la proportion de français qui avait autrefois le temps de réfléchir était supérieur à celle d’aujourd’hui ? Je ne le pense pas. Tout d’abord, pour réfléchir, il faut des outils que l’on acquiert au collège et au lycée. Peu de personnes les possédait. Ensuite, il faut avoir du temps. Hors, les français étaient accaparés par leur travail, par les prémices de la société de consommation, ils parlaient voiture, réfrigérateur, moulinex... Aujourd’hui, le temps de travail est inférieur, les français disposent de plus de jours de congé, une majorité de français possèdent les outils pour aborder la "culture" avec les moyens de la comprendre. Je pense donc qu’il n’y a pas à s’alarmer. Simplement, on peut être déçu que tous les français ne s’intéressent pas à la culture. Mais c’est un autre problème


                                                                    • fernandi fernandi 25 juin 2008 19:25

                                                                      @rol8329

                                                                      D’accord avec vous, mais vous comparez notre époque à celle de 36, ou de la France à la sortie de la guerre. Ou alors je ne suis pas d’accord avec vous. J’essaie d’imaginer vers quoi nous allons. Moins de culture ? Vers une France très ignorante ? Non j’ai du mal à l’imaginer. Pourquoi ? La culture, bien qu’elle soit peut-être, à tort, plus considérée comme un épanouissement que comme un devoir, une nécessité citoyenne (ce que j’appelle le désintérêt de la culture). Mais allons vers plus de débat, plus conférences, d’assemblées générales,... Je ne sais pas. Non je ne pense pas. Le fait le plus significatif pour moi sont les dernières elections présidentielles. Le débat était particulièrement animé, mais aussi particulièrement pauvre. Aujourd’hui on ne se pose plus de question. C’est le temps des évidences. Enfin c’est plus une impression qu’autre chose, mais j’ai le sentiment que ce que demandent la plupart des français, c’est du matériel. La culture est en France encore bien vue, et valorisée dans la vie active, mais la reflexion...mouais. Je finis ma terminale S cette année, et je remarque que dans cette section (pas dans ma classe, étonnament), l’histoire est beaucoup plus mise en valeur que la philosophie.

                                                                      C’est à creuser.


                                                                    • jaja jaja 22 juin 2008 17:36

                                                                      "Il n’en reste pas moins que tout le monde peut apprécier un tableau de Rembrandt ou une scupture de Rodin, alors que seule une élite auto-proclamée vibre aux facéties de Sophie Calle qu’elle a proclamée ’Art’ sérieux."

                                                                      D’accord avec vous Armand... Un petit gamin de banlieue peut rester scotché devant une sculpture de Rodin et en ressentir des impressions très vives.

                                                                      Cela ne le rendra pas meilleur en Français,Maths, physique, chimie, histoire, géographie.. etc... et c’est là que se fera la différence avec les fils et filles des beaux-quartiers....

                                                                      Quand à la contre-culture c’est souvent une vaste rigolade... Les expositions du Centre Pompidou me laissent de marbre.... Je ne connaissais même pas Sophie Calle, vous m’avez contraint à aller jeter un oeil sur Wikipédia...


                                                                      • Le péripate Le péripate 22 juin 2008 19:50

                                                                        J’arrive un peu tard sur le fil (le titre m’avait déplu). J’ai lu les quelques réactions, et, à part Florentin dont je salue encore une fois la finesse d’esprit (excellente compréhension de Michéa), je note que personne ne s’est interrogé sur le fait que rien ne permet de penser que le progrès est inéluctable, et que les corrélations entre démocratie et culture ne sont pas forcément raisons. Mais, heureusement, nous avons trouvé le moyen de sauvegarder pour le plus grand nombre Bach, Bechet et les Beatles (et d’autres).

                                                                        Car il y a un paradigme sous la question soulevée : le progrès.

                                                                         


                                                                        • italiasempre 23 juin 2008 00:05

                                                                          Non.

                                                                           

                                                                          Seulement Nietzche peut dire qu’on a une excellente compréhension de Nietzche ?


                                                                        • Yakelkun ? 23 juin 2008 10:30

                                                                          Mais qui donc disait "La démocracie est ce qui est resté de la République lorsque les Lumières se sont éteintes"  ?

                                                                          Ne manquons nous pas simplement de "Lumières" ?


                                                                          • docdory docdory 23 juin 2008 11:13

                                                                             Cher Paul Villach

                                                                            Ce processus de déculturation s’observe aussi en médecine , dont il complique l’exercice . En effet , certaines questions " classiques " de l’interrogatoire médical deviennent difficilement utilisables . Quelques exemples :

                                                                            Les questions : " allez -vous normalement à la selle ? " ou bien " avez-vous du sang dans les selles " , sont strictement incompréhensible pour 95 % des moins de 25 ans . " Avez vous la diarrhée " commence à être , dans certains cas , une question mal comprise , avec des réponses du genre " c’est quoi ça , j’suis pas docteur " . Tout cela nécessite parfois d’adopter des périphrases ennuyeuses pour se faire comprendre du malade . 

                                                                            Les motifs de consultations deviennent plus difficile à débrouiller . Ainsi , un jeune peut consulter avec le motif suivant " j’ai mal au dos , je me sens bizarre " , qui peut en fin de compte correspondre à une fièvre à 39°5 avec courbatures ( la possession d’un thermomètre familial ayant quasiment disparu , les gens consultent de plus en plus rarement en disant simplement " j’ai la fièvre " .)

                                                                            Enfin , il persiste parfois un vernis culturel qui permet d’entendre quelques perles réjouissantes ! Ainsi , la réflexion inattendue d’un banlieusard , chômeur invétéré , dont la culture ne m’avait jamais semblé la préoccupation principale . Lorsque je l’informai qu’il était atteint d’une urétrite provoquée par des chlamydiae ( variété de bactéries ) , et du caractère sexuellement transmissible de cette infection , il me répondit , tel un Ulysse des temps modernes menacé par des dangers d’un nouveau genre : " puisque c’est ça , docteur , je vais larguer ma gonzesse , j’ai pas envie de TOMBER DE CHLAMYDE EN SIDA ! " ( sic ) ...

                                                                             

                                                                             

                                                                             


                                                                            • Breton8329 rol8329 24 juin 2008 20:28

                                                                              Face à l’avalanche de poncifs et d’approximation, je n’ai pas dépassé le deuxième paragraphe de ce texte aux prétentions un poil au dessus du niveau de son rédacteur. Lorsqu’il écrit : "Quand presque 80 % d’une classe d’âge tendent à accéder au baccalauréat, c’est forcément au prix d’une dévaluation de l’examen". Le "forcément "à lui seul impose la marque d’un esprit étriqué qui n’imagine pas un seul instant que la raréfaction du travail manuel dans notre société s’est accompagné d’un développement de l’appétence pour les certifications plus intellectuelles dont fait partie le bac. Et oui, qui peut dire que le bac est, à été, un examen difficile ? Si la proportion d’élève qui obtenait le bac était autrefois si faible, c’est uniquement parce que la classe sociale majoritaire n’avait pas les moyens ni le besoin de décrocher ce sésame. Aujourd’hui, les choses ont évolué : la société s’est tertiarisée et les nouvelles générations se sont adaptées. L’intelligence des enfants étant, sauf rares exceptions rapidement détectables, sensiblement équivalente, il n’est pas surprenant que 80% d’une classe dâge décroche le bac. Mais ce nombre est encore trop faible car notre belle société française se trouve désormais en concurence sur les métiers à forte valeur ajoutée avec des pays comme l’inde ou la Chine qui produisent chaque année des millions d’étudiants de haut niveau. Les français devraient se réveiller : plutôt que de dévaloriser ceux qui obtiennent le bac au nom de considérations d’un autre âge, ils devraient au contraire faire en sorte que 80% d’une classe d’âge parvienne au niveau bac +5 ! Voilà l’objectif. Votre article est simplement abjecte !

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